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le fer continue à jetter des étincelles jufqu'à fauter prefqu'entierement de deffus le charbon en petits grains, qui font d'abord comme de la pouffiere, enfuite comme du fable, & à la fin comme des têtes d'épingles; & il emporte avec lui prefque toute la maffe de l'autre metal. Mais quand on fait fondre l'autre metal le premier & qu'on met le fer deffus ce metal fondu; alors tres-fouvent il ne fe fond que feulement la matiere noire du fer, fans qu'on puiffe faire fondre la matiere blanche, laquelle nage fur l'autre metal, ou s'y enfonce felon que le fer eft plus ou moins pefant que l'autre metal, & la matiere noire du fer leur fert de scories. Dans cette fituation le fer ne petille & n'étincelle jamais, même avec les metaux fulphureux, comme nous allons voir dans le détail fuivant.

Quand on fait fondre du fer jusqu'à ce qu'il ait ceffé de jetter des étincelles, & jusqu'à ce qu'il fe tienne en une fonte tranquile; fi pour lors on met un morceau d'argent deffus, l'argent fe fond & les deux metaux fe confondent en une masse, sans que le fer recommence à jetter des étincelles: mais fi l'on fait fondre l'argent le premier, & fi l'on met un morceau de fer fur cet argent fondu, l'argent se tiendra en fonte, & le fer ne fe fondra pas. Il arrivera pour lors un effet qui m'a paru particulier à l'argent, qui eft que la partie huileufe du fer fe fondra d'abord feule, elle coulera de deffus le fer, & entrera dans la maffe de l'argent fondu, comme l'eau entre dans une éponge, laif. fant la partie du fer la plus blanche & la plus metallique deftituée de fon foufre brûlant qui lui fert ordinairement de fondant : & c'eft-là la raifon pourquoy le fer pour lors ne fe fond que tres-difficilement. L'argent qui a bû ce foufre devient noiratre & fort caffant; il le faut mettre à la coupelle de plomb pour l'en feparer.

Voilà l'effet du mélange du fer avec l'argent, qui eft le metal le moins fulphureux que nous aïons. Il n'arrive pas la même chofe quand on niêle le fer avec un metal fulphureux, comme eft l'or, le cuivre & l'étain; foit qu'on les faffe fondre devant le fer, ou qu'on faffe fondre le fer

le premier: parceque ces metaux aïant d'eux-mêmes beaucoup de foufre, ils ne boivent pas le foufre brûlant du fer comme faifoit l'argent qui a fort peu de foufre.

Le fer fondu avec l'un de ces trois metaux produit encore des effets differens. Etant mêlé avec l'or, il continue à petiller comme fi on l'avoit fondu seul, sans jetter une plus grande quantité d'étincelles: ce qui marque que le foufre de l'or n'eft pas un foufre brûlant comme celui du fer; car il en auroit augmenté les étincelles.

Quand on fond un morceau de fer jufqu'à la ceffation du petillement, fi l'on met pour lors une plaque de cuivre rouge deffus, il arrive premierement que le cuivre devient blanc comme de l'argent, aprés quoy il devient noir & luftré comme du vernis noir de la Chine, troifiéme. ment il fe ride comme une pomme fort ridée reftant toûjours noir, & un moment aprés il fe fond & fe confond avec le fer: mais comme le fer eft plus leger que le cuivre, il monte sur la fuperficie du cuivre comme une scorie blanchatre, & s'étant joint au soufre du cuivre, il recommence à jetter des étincelles en plus grande quantité qu'auparavant, & beaucoup plus larges & plus brillantes que lorsqu'il petilloit feul & fans le cuivre, ce qu'il ne faifoit pas avec l'or: marque évidente que le cuivre contient un foufre brûlant auffi bien que le fer, & que l'or n'en contient pas. Ces étincelles brillantes durent long-temps: à la fin elles ceffent, & la mafse fonduë continue à jetter une tres-grande quantité de petits grains de metal fans étincelles. Ces petits grains font d'abord fort menus, & ne s'élevent pas plus de quatre ou cinq pouces ; mais à la fin ils deviennent auffi gros que des têtes des plus groffes épingles, & ils s'élancent en l'air de la hauteur d'un pied ou d'un pied & demi. Quand on met quelque baffin audeffous du charbon qui tient cette maffe petillante; on reçoit ces petits grains qui fautent en l'air, que l'on reconnoît fort bien & fans loupe, les uns de cuivre pur, les autres de fer fondu, & d'autres de fer mêlé de cuivre. L'étain ayant été mis en fonte au Soleil, fi l'on y ajoûte

du fer, le fer fe fond promptement & fe mêle parfaitement avec l'étain, & mieux qu'aucun autre metal. Ils fe tiennent tranquilement en fonte, fans que le fer petille ou jette des étincelles : ce qui marque que le foufre de l'étain approche de celui de l'or, & qu'il n'eft pas brûlant comme celui du fer ou du cuivre. Ils fument un peu enfemble, & fe vitrifient en un émail noir. Le metal qui fe trouve fous l'émail, eft blanc comme de l'argent de coupelle, & dur & caffant comme du fer fondu.

Si à cet étain & fer fondu ensemble on ajoûte du plomb de chacun parties égales, la matiere fe fondra difficilement; & en la laiffant refroidir, la maffe fondue produit fur le champ une efpece de vegetation, & jette fur toute fa fuperficie une poudre jaune de l'épaiffeur d'un doigt; en forte que la poudre qui fort de la maffe fondue, paroît le double de celle qui l'a produite, & la maffe fonduë qui étoit fort boffuë devient plate & même creuse. Cette poudre fort d'abord en forme de champignons fur la fuperficie de la maffe fonduë, qui tombent enfuite en une poudre jaune. Si l'on ajoûre un peu de cuivre à ce mélange de fer, d'étain & de plomb; il ne produit plus de champignons ni de poudre.

L'étain étant fondu le premier, & les clous de fer mis fur cet étain fondu pour se fondre enfuite; il ne fe fait point de petillement ni d'étincelles, tres-peu de fumée, & la fonte eft tranquile, comme nous venons de le voir. Mais fi l'on fond le fer le premier, & fi l'on met l'étain fur ce fer fondu; l'étain fe calcine dans un moment en une chaux blanche, & auffi-tôt aprés il fe fond & fe confond avec le fer: il en fort une prodigieufe quantité de fumée: le fer & l'étain petillent ensemble fans jetter d'étincelles, & chaque grain qui en faute en tres-grand nombre, entraîne avec lui un filet de fumée blanche, laquelle fe durcit en l'air & tient ensemble comme de la toile d'araignée, & remplit l'air de flocons & de fils blanchatres qui couvrent tout ce qui fe trouve alentour. Chaque grain de ce metal qui s'élance en l'air, & qui for

me un fil blanc depuis la maffe du metal d'où il fort jufqu'à la hauteur où il peut aller, monte jufqu'à douze, quinze & dix. huit pouces, ce qui fait un mouvement fort agreable aux yeux, qui reffemble à une grande quantité de fufées volantes & de ferpentaux qu'on lâcheroit en même temps.

L'étain fin mis feul au verre ardent fume beaucoup, & s'en va enfin entierement en fumée, ne laiffant aucun refidu. L'étain de vaiffelle fume plus que l'étain fin, s'en va plus vîte en fumée, & laiffe à la fin une matiere terreuse qui ne change plus. L'étain & le plomb, parties égales, fument beaucoup, & fe vitrifient à la fin. Ce verre fume encore quelque temps, puis il ceffe de fumer, & fe change à la fin en une matiere terreuse.

OBSERVATION

DE

L'ECLIPSE DU SOLEIL

Faite à Marly le 12 May 1706, en presence du Roy, de MONSEIGNEUR, & de MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE.

M

1706.

'Onfieur l'Abbé Bignon ayant communiqué à l'Academie une Lettre qu'il avoit reçûë de M. le 15. May. Comte de Pontchartrain, par laquelle il lui mandoit que le Roy vouloit qu'on choisît quelques Aftronomes de l'Academie Royale des Sciences pour aller observer à Marly en fa prefence l'Eclipfe du Soleil, pendant que les autres refteroient à l'Obfervatoire pour y faire les obfervations de cette Eclipfe. Mrs Caffini le fils & de la Hire le fils furent choifis pour aller à Marly, & ils porterent avec eux un Quart de cercle de deux pieds de rayon, une Pendule

à feconde, une à demi-seconde, & plufieurs Lunetes de diverses grandeurs.

On avoit attaché à deux de ces Lunetes, dont l'une étoit de neuf & l'autre de fept pieds, deux fupports qui portoient une planchette perpendiculaire à l'axe de la Lunete, à la distance de l'oculaire d'environ deux pieds, & l'on avoit tracé sur un carton pose sur cette planchette un cercle égal à l'image que le Soleil paffant par la Lunete formoit fur ce carton. Ce cercle étoit divifé par des cercles concentriques en doits & demi-doits.

On avoit placé au foyer commun des deux verres d'une autre Lunete de cinq pieds, un chaffis avec des fils de foïe fimple paralleles entr'eux, dont les deux extrêmes comprenoient exactement l'image du Soleil. Les autres fils divifoient cet efpace en douze parties égales.

Ils arriverent à Marly le 11 May aprés midy, où M. le Comte de Pontchartrain les ayant prefenté au Roy, Sa Majefté leur ordonna de choifir un lieu propre pour faire exactement l'observation de cette Eclipfe.

Monseigneur le Duc de Bourgogne jugea à propos de mettre les Inftrumens dans le Salon de Marly qui regarde la Cascade que l'on appelle ordinairement la Riviere, lequel eft expofé au Midy avec un peu de declinaison vers l'Orient. On y plaça le foir la Pendule à feconde, & l'on obferva en fa prefence & de toute la Cour des hauteurs du cœur du Lion avec le Quart de cercle pour regler la Pendule.

Le lendemain matin 12 May l'on observa dans le Salon du Château où étoient les Inftrumens quelques hauteurs du Soleil pour fçavoir l'état de la Pendule; & ayant placé les trois Lunettes dont on a parlé cy-deffus fur la terraffe qui eft prés de ce Salon, on attendit le moment de l'Eclipfe.

Monfeigneur le Duc de Bourgogne fut le premier qui l'apperçût entre les nuages à 8 28′ 57′′ lorfqu'elle étoit éclipfée d'environ un demi doit, & jugea qu'il y avoit au moins deux minutes qu'elle avoit commencé; de forte

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