On a emploïé dans cette recherche la methode que nous avons accoûtumé de pratiquer depuis que nous travaillons à l'Aftronomie, dont il eft fait mention il y a prés de 50 ans par M. l'Abbé Giustiniani dans fon Livre des Auteurs de la Ligurie. Il en a été auffi parlé dans l'Hif toire de l'Academie de M. Duhamel, & dans les Ouvrages de quelques autres Auteurs aufquels nous l'avons communiquée.

2. Mon fils & M. Maraldi ont trouvé par nôtre methode que cette Eclipfe a commencé de paroître totale au lever du Soleil dans l'Ocean atlantique, au milieu du trajet qui eft entre l'Ifle de Cayenne & les Ifles du Cap vert. Énfuite l'Eclipfe parut totale un peu à l'Occident des Iles du Cap vert, l'ombre totale de la Lune ayant parcouru plus de to degrés de la circonference de la terre en 4 minutes d'heure. Aprés elle traverfa les Canaries, d'où elle paffa vers Cadix, & parcourut la partie Meridionale de l'Espagne, paffant par Seville, par Valence, par la Catalogne. Elle entra enfuite dans le Royaume de France par le Rouf fillon, & paffa par la partie Meridionale du Languedoc, l'Eclipfe ayant été observée totale à Perpignan, à Narbonne, à Befiers, à Montpellier & à Arles, où elle a été centrale.

Elle a été auffi obfervée totale à Tarafcon, à Marseille, à Avignon, à Geneve & à Zuric. Elle aura auffi été totale à Valence en Dauphiné, à Grenoble, dans la partie Orien tale de la Savoye, à Sion dans les Suiffes, à Aufbourg, à Ratisbonne, dans la Boheme, dans la Pruffe, dans la partie Septentrionale de la Moscovie, dans la grande Tartarie, & elle aura ceffé de paroître totale au coucher du Soleil à 150 degrés de longitude & 52 degrés de latitude Septentrionale, l'ombre totale de la Lune ayant parcouru tout cet espace de terre compris entre l'Ocean atlantique & la Tartarie Orientale en 2 heures 50 minutes.

匪

Les lieux de la terre qui ont été éloignés de la trace décrite par le centre de l'ombre jufqu'à la distance d'un degré, c'est à dire de 25 lieuës vers le Midy & d'autant

vers

vers le Septentrion, un peu plus, ou un peu moins, auront eu auffi l'Eclipfe totale, mais par un moindre espace de tems; de forte qu'il y aura des lieux qui ne l'auront vûë totale que pendant un instant.

La durée de l'obscurité totale qui a été estimée à Arles d'environ 6 minutes (quoyqu'en comparant le commencement & la fin de l'obfcurité, où l'on n'a point marqué de fecondes, elle ne s'y trouve que de 5 minutes) aura été des plus grandes; car l'excés du diametre apparent de la Lune au Soleil diminué par la paralaxe, devoit être parcouru environ en 5 minutes de tems.

tres,

Les païs qui ont eu l'Eclipfe centrale auront eu la durée de l'obfcurité totale un peu differente les uns des auà caufe de la difference qui résulte de la distance de la Lune en diverfes heures du jour à diverfes parties de la furface de la terre, & à diverses distances de la Lune à fon Perigée, d'où elle s'éloignoit dans cette Eclipfe, outre la difference qui eft caufée par la diverse obliquité des rayons du Soleil à diverfes parties de la terre.

Cette trace que le centre de l'ombre dans l'Eclipse a parcouru fur la furface de la terre, a croifé obliquement la trace qui fut décrite dans l'Eclipfe centrale du Soleil de l'an 1699, dont on a fait la defcription dans les Memoires de l'Academie de la même année. On marqua que l'Eclipfe centrale alla du Groëlande par la partie Septentrionale de l'Ecoffe, par la partie Meridionale du Dannemark, par les parties Septentrionales de la Pomera nie, entre la Pologne & la Tranfylvanie, par la petite Tartarie, par la Mer noire, par l'Armenie, par la Perfe, par le Royaume de Mogol, par les Indes Orientales jufqu'aux confins du Royaume de Siam, y étant toûjours allée du Nord-Oüeft vers le Sud-Est, au lieu que celle de cette année est allée du Sud-Oüeft vers le Nord-Eft. Ces deux traces fe font croifées en Pologne.

Nous avons auffi décrit les lieux où l'Eclipfe de cette année a été de fix doits, tant du côté du Midy que du côté du Septentrion. Du côté du Midy la phase de fix 1706,

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doits eft arrivée au lever du Soleil dans la mer, où l'Equinoxial coupe le premier Meridien. Delà elle eft paffée par l'Afrique fuivant une ligne qui la traverse depuis la Guinée jufqu'au Golfe de la Sidre. Enfuite elle a traverfé la Mediteranée & a paffé par l'Ifle de Candie, par l'Afie mineure, par la Georgie, par la petite Tartarie & par la partie Meridionale de la grande Tartarie.

La phase Septentrionale de 6 doits a commencé dans la mer qui eft entre l'Ifle de Terre-neuve & les Açores, a paffé par la partie Orientale de l'Irlande, à l'Occident de l'Ile de Spitberg, & dans les païs qui font proches du Pole Septentrional.

La ligne qui diftingue les païs Meridionaux qui ont eu un peu d'Eclipfe de ceux qui ne l'ont point vûë, paffe à l'Occident de l'Ile de S. Thomé par la partie Meridionale de l'Egypte, par la partie Septentrionale de l'Arabie, & par le milieu de la Perse & du Mogol.

Du côté du Septentrion une partie de la penombre tombe hors de la terre.

La difference de 2 à 3 minutes d'heure qui s'eft trouvée entre les tems des phases de cette Eclipfe obfervée à Paris, & le tems qui avoit été calculé dans les Ephemerides & la Connoiffance des Temps, & la difference de quelques parties de doits qui s'eft trouvée dans la grandeur de l'Eclipfe ne paroîtra pas confiderable à ceux qui n'ignorent point la multitude des principes qui concourent à déterminer une de ces Eclipfes, & les obfervations qu'il faut comparer ensemble pour établir chacun de ces prin

cipes.

Du côté du Soleil il y a fa longitude moïenne, le lieu de fon Apogée, fa plus grande équation, la methode de la diftribuer par divers degrés de distance de l'Apogée pour déterminer fon lieu veritable, le demi-diametre apparent du Soleil & les regles de fa variation, fa paralaxe, fa refraction fujette à des irregularités phyfiques tres-difficiles à réduire à quelques regles exactes, & l'obliquité de 'Ecliptique à l'Equinoxial. Il y a auffi l'équation du temps,

qui confifte dans la réduction du temps moïen au temps veritable, dans laquelle les Aftronomes modernes different entr'eux de plufieurs minutes, comme il est arrivé même dans cette Eclipfe.

Du côté de la Lune il y a les principes correfpondans à ceux du Soleil que nous venons d'indiquer, & plufieurs autres équations qui ne conviennent point au Soleil. Une qui dépend de la distance du Soleil à l'Apogée de la Lune. Une qui dépend de la distance de la Lune au Soleil. Une de la distance même du Soleil à son propre Apogée, qui ont toutes des regles particulieres de variation, auffi-bien que le diametre apparent de la Lune & fa parallaxe, 'qui font la plus grande diverfité des Eclipfes totales & partiales. Il y a auffi à déterminer les noeuds de la Lune, leurs moïens mouvemens, leurs équations, l'inclinaifon de l'orbite de la Lune à l'Ecliptique & fa variation, d'où dépend la latitude de la Lune.

Du côté de la terre il y a fon expofition au Soleil, qui varie à chaque inftant en des fens differens par le mouvement journalier fuivant l'Equinoxial & fes paralleles, & par le mouvement annuel fuivant le Zodiaque : les longi, tudes & les latitudes des lieux dont on veut fçavoir s'il y aura Eclipse ou non; quelle doit être la difference de la grandeur & de fa durée en differens lieux.

Pour la détermination de chacun de ces principes on emploïe differentes hypothefes fur lefquelles on peut avoir quelque doute, parcequ'on n'a pas toutes les obfervations qui feroient neceffaires à une détermination précife, & celles qu'on a ne font pas toûjours faites avec affez d'exactitude.

Nonobftant toutes ces difficultez on a réduit la methode des Eclipfes à un tel état, qu'elle peut fervir à trouver la longitude Geographique des lieux éloignez où la même Eclipfe a été obfervée avec affez de précision. Nous en avons fait l'experience dans cette derniere Eclipfe fur les obfervations qui nous en ont été envoyées de differens lieux. Nous les donnerons fuivant l'ordre des longitudes

des lieux où cette Eclipse a été observée dans un autre Memoire.

1706. 30. Juin

SUITE DE L'ARTICLE TROIS

J'A

les

DES ESSAIS DE CHIM I E.

PAR M. HOMBER G.

'Ay propofé dans mon dernier Memoire la matiere de la lumiere pour mon fouffre principe, & pour le feul principe actif. J'ay prouvé que cette matiere eft continuellement en mouvement, & qu'elle penetre fans ceffe tous corps poreux qui font dans l'univers; ce que j'ay crû un attribut neceffaire du principe actif. J'ay prouvé aussi que la matiere de la lumiere en penetrant les corps poreux s'y peut arrêter, les augmenter de poids & de volume, les changer de figure, & joindre differens principes ensemble pour en composer des mixtes nouveaux, ce qui eft le caractere que je donne à mon fouffre principe, il me reste maintenant à proposer une idée vrai-femblable de la maniere que la matière de la lumiere s'introduit & s'arrête dans les autres principes, & comment ces autres principes par-là changent de figure & deviennent des matieres fulphureufes, qui font la partie active de tous les

mixtes.

Il faut fe fouvenir icy que nous avons fuppofé dans tous les corps non seulement des pores qui donnent un passage tres-libre à la matiere de la lumiere, mais auffi une partie folide, qui eft proprement la fubftance de chaque corps, contre laquelle la matiere de la lumiere eft poufsée continuellement par le Soleil & par les autres flames, & de deffus laquelle cette matiere reflechit & ne la penetre que fort difficilement.

Nous devons confiderer la matiere folide d'un corps en deux manieres: La premiere eft quand nous la regar