Imágenes de páginas
PDF
EPUB

1575, in-8°. Cet ouvrage eft curieux & amufant, mais on y trouve bien des fables. Il avoit ramaffé des matériaux pour une Histoire de Provence : la mort l'empêcha d'exécuter fon projet. Il mourut vers l'an 1577, fuivant J. R. de Soliers.

[ocr errors]

NOSTRADAMUS ( CESAR ) fils aîné de Michel, nâquit à Salon en 1555, un peu avant que fon père donnât une nouvelle édition de fes prétendues Prophéties, augmentées de 300 qui n'avoient point encore paru, puifque la préface de cette nouvelle édition, datée du premier Mars 1555, eft adreffée à ce fils qui venoit de naître. Après les études ordinaires, il fut envoyé à Avignon pour y étudier en Droit. Il aima auffi les Arts, & les cultiva, du moins la Peinture, dans laquelle on affure qu'il étoit devenu habile. Il fut Conful de Salon en 1598. Dans plufieurs de fes ouvrages il fe qualifie Ecuyer & Gentilhomme Provençal ; & dans d'autres, Ecuyer du Duc de Guife, Charles de Lorraine, qui fut Gouverneur de Provence, depuis 1595 jufqu'en 1632. Le premier Nov. 1622, Louis XIII étant venu à Salon Céfar eut l'honneur de lui préfenter quelques Sonnets, que Sa Majefté reçut avec bonté. Etant déja âgé il épousa Claire de Grignan, fille de Jean de Grignan, & de Jeanne de Crapone; Crapone; il n'en eut point d'enfans. S'étant depuis rétiré à St. Remi, il y fut attaqué de la pefte, dont il mourut à l'âge de 74 ans, en 1629.

Nous avons de Céfar Noftradamus une Histoire de Provence, fous ce titre: Hiftoire & Chronique de Provence de Céfar de Noftradamus, Gentilhomme Provençal, où paffent de tems en tems

& en bel ordre, les anciens Poëtes, perfonnages & familles qui ont fleuri depuis 600 ans. Outre plufieurs races de France, d'Italie, d'Espagne, Languedoc, Dauphiné & Piémont y rencon trées, avec celles qui depuis fe font diverfement ennoblies; comme auffi les plus fignalés combats & remarquables faits d'armes qui s'y font paffés de tems en tems jufqu'à la paix de Vervins. Lyon, in-fol. 1614. Cet ouvrage eft écrit d'un Style barbare; on y chercheroit envain de l'ordre, de la méthode, de l'enchaînement dans les faits, du naturel & de la fimplicité dans les idées & dans les expreffions; mais ceux qni connoiffent l'Hiftoire des troubles de la Ligue en Provence, n'y lifent point fans intérêt, cette partie particulière de nôtre Hiftoire. L'Auteur dit, dans la vie qui eft à la fin de fon Livre, qu'il s'eft fervi dans la huitième & dernière partie des Mémoires de Gafpard de Fourbin, Sieur de Soliers de St, Cannat; de François du Périer, Gentilhomme d'Aix ; de Saubol ( ou Sobolis), Procureur au Siège Préfidial d'Aix.

On dit qu'il avoit fait une fuite de cet ouvrage, qu'il envoya en 1629 à M. de Peyrefc: cette addition commence à l'an 1601, & finit à 1618. Il avoit tiré ce qu'il y a de meilleur dans les premiers livres de fon histoire, des Mémoires de Jean Noftradamus fon oncle.

Peyrefe trouva que le ftyle de cet Auteur étoit en grande partie Poëtique; qu'il s'en étoit rapporté à des Mémoires contredits par quelques monumens authentiques; qu'il étoit tombé dans de lourds anachronismes quant le commencement de l'année au

en mar

premier de Janvier, lorfqu'il eût dû le marquer au jour de l'Incarnation; qu'il avoit donné une nobleffe ancienne à des hommes nouveaux, & l'avoit ôtée aux anciennes familles, ou l'avoit omife, &c. mais, difoit Peirefe, ces défauts font dignes d'excufe, parce, parce qu'an Auteur ne pouvant pas tout examiner par lui-même, eft obligé de s'en rapporter à la foi d'autrui. Le deffein qu'a eu Noftradamus d'être utile à fa patrie, & fon grand travail méritent des éloges, I admire la candeur avec laquelle il a mieux aimé commencer la fuite des Comtes de Provence par Gilbert, dont on eft indubitablement fûr, que par Bozon, au fujet duquel & de fes fucceffeurs jufqu'à Gilbert, les fentimens font fi partagés. Cet Hiftorien fut auffi Poëte. Il composa un nombre de pièces de poëfie, dont la plupart furent imprimées à Touloufe en 1606. En 1607 il fit paroitre des vers funèbres fur la mort de Charles du Verdier, Ecuyer de M. de Guife, qui excelloit à jouer du Luth & qui étoit mort en 1601 à la fleur de fon âge. En 1608 il donna des pièces heroïques, & diverfes poëfies, qu'il dédia au Gouverneur de Provence. L'Epitre, dédicatoire datée de Salon le 20 Juin

1608, fignée Céfar de Noftre-Dame eft fuivie d'un Sonnet au même. Dans cette Epitre, & dans un court Avis au Lecteur, il parle d'un Poëme intitulé Hippiade, ou les Chevaliers, qui devoit contenir dix livres & environ 12000 vers: ce Poëme n'a jamais paru : je ne crois point qu'on doive le mettre au rang des ouvrages dont on regrette la perte.

Le recueil de 1608 contient deux.

Sonnets à la louange de l'Auteur; l'un de Paul Hurault de l'Hofpital, Archevêque d'Aix; l'autre du Préfident: Fauchet; & des Stances de Paul Filère. Les Poëfies de Céfar y commen-cent par un Sonnet à Guillaume du Vair, Chevalier & Prince du Senat de Provence. Les autres pièces font:: le Tableau de Narciffe pris de Philoftrate, au même M, du Vair: Plainte: de la Provence fur la funefte mort d'Henri d'Angoulême, grand Prieur de France; & les malheurs arrivés depuis icelle, jufqu'à la venue de M. le Duc de Guife. Selon cette plainte, qui eft précédée de deux Sonnets à M. du Vair & au Duc de Guife, il falloit que le palais que le Duc d'Angoulême occupoit à Salon fut richement meublé, fuivant ce que le Poëte en dit ...... Or quand je me fouviens

[ocr errors]

Que fa riche maifon de Salon fut en proye,
Ne plus, ne moins qu'aux Grecs les richeffes de Troye.
Le cœur me fend de deuil: l'un prenoit un rondache,
L'autre un fin coutelas, l'autre une fine hache
L'autre un grand cimeterre artistèment doré,
De maint feuillage antique en damas honoré.
Tableaux, buffets, joyaux, antiques & médailles,
Arcs, cuiraffes, efpieux, braffars, timbres, efcailles,
Chanfrains, brides & mors, vafes d'or & d'argent,
Voloient jufques aux mains d'un indigne Sergent...
L'un defroboit un frain, & l'autre un efperon,
Un ject, une vervaine, un leurre, un chapperons

Ceftuy prenoit un luth, ceft ny prenoit un livre ;
L'un attrapoit un vafe, l'autre un baffin de cuivre,
L'autre enterroit un meuble, & ce qui fut le pis,
On jettoit par les murs vaiffelles & tapis, &c.

Après cette plainte on a dans le même
recueil des Cartels pour le Tournoy
que fit M. le Duc de Guife à Aix:
un Difcours fur un horrible verglas &
grande mortalité d'oliviers à Salon le
6 Fevrier 1603. La Plume, Ode pyn-
darique en faveur du fieur Lucas Ma-
therot, le plus excellent Ecrivain de
cet age; & deux Sonnets.

Ses autres poëfies font des Rimes Spirituelles, dédiées à M.M. les Archevêques d'Arles & d'Embrun. L'Epitre dédicatoire eft datée de Salon le 1er. Novembre 1607. L'Oraifon de Manaffes, captif à Babylone; une prière du Poëte après une maladie qui l'avoit conduit au bord du tombeau; des paraphrafes des pleaumes 113, 78, & 136; le martyre de St. Etienne tout en rimes mafculines, huit cantiques fur la Naiffance de Jefus Chrift, & trois fonnets. Le 3me. eft pris du commencement du combat des Anges, Poëme héroïque, dédié au Roi; on ignore fi ce poëme a été imprimé ou non; les perles, ou les larmes de la Ste. Magdelaine; avec quelques rimes faintes; & Dimas ou le bon Larron. Les larmes font de 1606, en vers héroïques, dédiées à la Comteffe de

Carces; le Poëme en forme de ftances. intitulé Dymas, eft adreffé au Duc de Lorraine, & il eft de la même année. Il y a beaucoup de piété dans fes poëlies, & beaucoup de Romanefque.

Charles, Duc de Savoie, étant venu en Provence durant les troubles de la ligue, Céfar Noftradamus présenta à ce Prince un autre Poëme, intitulé: le Songe de Scipion avec une Ode à la louange du même, & fur la paix. Le Songe eft allégorique. C'eft Scipion l'Africain qui pion l'Africain qui eft le héros du Poëme, c'eft lui qui donne des avis fenfés dont le Poëte vouloit faire part à la France & au Roi en particulier. Ces avis ont tous rapport aux défordres qui regnoient alors & aux divifions qui affligeoient le Royaume; mais il y a beaucoup trop de verbiage; it nous apprend, lui-même que c'eft de Françon de Fortia, fa première maitreffe, qu'il a appris les préceptes & l'art d'écrire l'Hiftoire; voyez la page 446 de fon ouvrage.

Pierre Guyon, Avocat d'Avignon honora les deux Noftradamus, Michel & Cefar, de ce diftique :

Tempora lapfa canit Cafar, ventura Michaël Ut cecinit, Vates dignus uterque polo. NOSTRADAMUS (CHARLES) frère du précedent, & fecond fils de Michel, excella, dit-on, dans la poëfie Provençale; l'on a de lui quelques pièces en ce genre.

André, 3me. fils de Michel, fe fit Capucin & prit le nom de Séraphin.

Il étoit né en l'année 1557. Ses pa rens l'appliquèrent à l'étude des lett.es, mais la diffipation l'empêcha d'y faire des progrès. Doué des avantages de la nature, il fut recherché dans toutes les Sociétés; fa voix agréable & fa délicateffe qu'il avoit en pinçant le luth ou

en jouant de quelque autre inftrument, fa facilité à faire des vers, talent hέréditaire dans fa famille, étoient autant de motifs pour le faire délirer & pour exciter fon amour propre.

M. le grand-Prieur, Gouverneur de Provence, l'eftima dès qu'il le connut, & fe l'attacha en qualité de gentilhomme de fa maifon. Deux familles nobles de Salon étoient alors divifées par des raifons d'intérêt ou d'honneur; celle de Milani - Cornillon & celle de Noftradamus. Les trois frères qui compofoient cette dernière bleffèrent mortellement le fieur de Cornillon. André fut conduit en prifon; & tandis qu'on inftruifoit le procès, il fit vœu de fe confacrer à Dieu dans l'ordre de St. François, s'il avoit le bonheur d'échapper à ce danger. Il trouva peu de tems après le moyen de s'évader par une fenêtre, & il entra dans l'ordre des Capucins le 4 Décembre 1587 à Salon, d'où il partit le lendemain pour Avignon où il fit fon noviciat.

Une particularité furprenante eft le repas qu'il donna ce jour là à la Nobleffe du Pays & aux Gentilshommes qui formoient la fuite du Duc d'Efpernon; il leur annonça à la fin le projet qu'il avoit formé, leur parla long-tems & avec feu fur la vanité des chofes du fiècle, & les pria de l'accompagner à la maifon des Capucins, où ils affiftèrent à la cérémonie de la prise d'habit,

Sa profeffion fut le fceau de fa conftance & l'époque à laquelle il embrassa avec ardeur l'humilité, la pauvreté & la folida piété. Pénétré du plus vif regrèt des égaremens de fa jeuneffe, il fe les repréfentoit chaque jour, pour s'exciter à la pénitence; en un mot il donna toujours l'exemple de la plus auftère vertu. Jamais on ne put lui faire accepter le gouvernement temporel d'aucune maifon de fon Ordre, Son unique occupation étoit l'étude & la pratique des devoirs des Religieux.

Il mourut à Brignole, le 3 Décembre 1701, âgé de 44 ans, accompliffant la prédicttion de fon père, qui avoit, dit-on, prognoftiqué, qu'il mourroit avec trois pans de corde fur le corps. Il fut enterré fous la chaire de l'Eglife des Capucins.

Il brula avant fa mort un Poëme qu'il avoit fait en langue vulgaire fur la Magdelaine; un autre fur la vie du véritable Capucin, un troisième fur la vie de Ste. Barbe, & quelques autres dont nous ignorons le fujet.

On conferve encore au Couvent de Salon, un de fes ouvrages, composé après fa converfion, mais avant fon entrée en Religion, dont voici le titre: Stances chrétiennes de André de Noftre Dame, Gentilhomme Provençal. Il contient 142 pages de 18 vers chaque. Nous allons en citer quelques uns pour faire connoître fon ftyle poëtique.

Toi qui de tout ce monde apperçois les confins, Qui affis fur le chef des plus hauts Cherubins Contemples clairement le centre des abymes, Aye pitié de moi pour l'amour de ton Fils, J'entaffe devant toi le nombre de mes crimes, Et me repens auffi de les avoir commis.

Ton Fils égal à toi de toute éternité,
M'arrachant du tombeau que j'avois mérité, &c. &c.

On ne doit pas oublier qu'il y a deux
fiècles que ces vers ont été faits.

(P. C.) NOSTRADAMUS (CÉSAR DE SEVA) du Diocèfe de Toulon, entra dans l'Oratoire en 1637, n'ayant pas encore atteint fa 16me. année. Après fa philofophie, il enfeigna les humanités à Marseille, à Pezenas, à Condom, &c. ordonné Prêtre en 1649, il alla faire fes études de Théologie à Notre Dame des Ardilliers. Il demeura depuis à St. Magloire, à Toulon, à Aix, & à Notre Dame de Grace, où il doit être mort après l'affemblée générale de fa Congrégation, tenue en 1666, à laquelle il avoit été député, de même qu'aux deux précédentes de 1661 & de 1663.

Ce Père eft Auteur de quelques harangues & autres pièces de Collège, qu'il avoit été obligé de faire lorfqu'il enfeignoit la Rhétorique. Il les fit imprimer fous ce titre :

1o. Præful Maffilienfium, Sylva, Maffiliæ, 1643 in-4°. Cette Sylve fut compofée à l'occafion de l'arrivée de J. B. Gault dans fon Diocèfe. 2°. Gratum vale Maffiliæ, & Scholafticorum in campis pelicia, poëma, ibid. 1644, in-4°. 3o. Gaftoni Borbonio plaufus, Pifcenis, 1645 in-4°. 4°. Illuftriffimis, nobiliffimis, ampliffimis Occitaniæ comitiis, Xenia, D. D. Orator Pifcenenfis, Collegii Oratorii nomine, aufus fieri poëta, anno 1646, in-4°. 5°. Triumphatoris Principis Condæi, &c. Panegyricus, in-4°. Ce difcours fut prononcé à la rentrée des claffes du Collège de Condom en 1648,

& imprimé la même année. 69. In obitum illuftriffimi reverendissimique D. D- Antonii de Crus Condomienfium Epifcopi, Epicedion, 1648.

(B. O.)

NOTARII (BERENGER) Domini cain, né à Arles, fut l'un des Prédicateurs généraux dès l'année 1264. Il alla enfuite prendre fes degrès à Paris; & il y finit fes Leçons fur les fentences en 1270. Après avoir rempli divers emplois honorables, il fut fait Provincial de Provence en 1282. Ce fut dans ce tems-là qu'il affifta à la rédaction des coûtumes de Toulouse. Après fes trois années de Provincialat, il continua d'enfeigner la Théologie, & de prêcher avec beaucoup de fuccès. Il mourut fort âgé à Montpellier, le 8 Juillet 1296.

On a de lui une Lettre circulaire aux Réligieux de la Province, qui eft imprimée dans l'année Dominicaine.

(Art. de M. Paul,)

NOVES, (LAURE DE) dont nous aurons occasion de parler une feconde fois à l'article TROUBADOURS, nâquit à Avignon ou aux environs de cette Ville le 4 Juin 1314, d'Audiffret de Noves. Sa beauté lui fit donner le furnom de Belle, & les Hiftoriens la nomment plus ordinairement, la belle Laure. Elle fut mariée à Hugues de Sade, ce qui a induit en erreur quelques Auteurs qui l'on crue de cette maifon.

Phanette de Gantelmi tante de Laure, prit foin de fon éducation, & lui donna des maîtres qui la formèrent dans les lettres. C'étoit alors le tems des Poëtes

« AnteriorContinuar »