Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Provençaux: Phanette & Laure ne pouvoient manquer d'être du nombre de ces Dames qui compofoient la cour d'Amour. Il eft même probable qu'elles en faifoient le principal ornement & qu'elles firent auffi des vers. Il eft certain que les Poëtes contemporains de Laure célébrèrent fa beauté. Pétrarque feul fit à fa louange 318 Sonnets & 88 Chanfons. Cette femme célèbre mourut à Avignon le 6 Avril 1348, & fut

inhumée dans l'Eglife des Cordeliers de cette Ville, où l'on voit encore aujourd'hui fon tombeau dans une petite chapelle. L'Épitaphe qu'on a gravée fur le mur, annonce que fon mari eft enfeveli dans le même fepulchre.

L'on fait que François I. voulut voir ce tombeau lors de fon paffage par Avignon, & qu'il compofa lui-même cette Epitaphe.

En petit lieu comprins vous pouvés voir,]
Ce qui comprend beaucoup par renommée ;
Plume, labeur, la langue & le favoir,
Furent vaincus par l'aimant & l'aimée.

O gentille ame! étant tant eflimée,
Qui te pourra louer qu'en fe taifant?
Car la parole eft toujours réprimée,
Quand le fujet furmonte le difant.

Nous avons déjà dit que Goujet attri-
bue mal à propos, ces vers à Cle-
ment Marrot. V. VAUCLUSE, dans

notre Géographie; voyez auffi TROU-
BADOURS dans ce Volume.
(V. P.)

[ocr errors]

OCTOUL, ETIENNE) Mathé Il lui falloit calculer les révolutions du

maticien né à Ramatuelle

au Diocèfe dé Fréjus en 1589, fit profeffion dans l'Ordre des Minimes à Avignon, en 1608. Après avoir fini fes études de Théologie, & s'ètre préparé au Sacerdoce par la piété, le P. Octoul tourna fes vues du côté des Mathématiques, où fon goût & la pénétration de fon efprit l'entraînoient fans efforts. Il en approfondit les diverfes parties, & il se fixa à l'étude de celle qui a pour objet le cours des Aftres, leur grandeur, leur fituation, leurs diftances, l'Aftronomie.

Dès-lors, les ouvrages des Mathématiciens qui l'avoient précédé, ceux de fes contemporains, les Tables Aftronomiques de Lamberge furent entre fes mains. Il couroit avec eux la même carrière, il partagea leur gloire. Philofophe comme Gaffendi, Aftronome comme Kepler, il effaya de nouvelles découvertes dans la connoiffance des corps céleftes, par l'invention d'une pyramide aftronomique qu'il explique dans fon ouvrage, & dont il fe fervoit pour les obfervations. Le fruit de fes travaux étoit de fixer, s'il lui étoit poffible, trois époques, auffi effentielles à l'Aftronomie que néceffaires à la Chronologie, favoir; à quel jour, felon le Calendrier Julien, le monde avoit été créé, en quel méridien le Soleil devoit être placé, & à quel degré du Zodiaque,

Hommes Illuft. de la Prov, Tom. II.

Soleil depuis la création du monde jufques à la naiffance de J. C. pour en former des jours naturels, & en déterminer l'égalité. Il crut avoir rempli fon objet dans un livre intitulé: Inventa Aftronomica primæ mundi Epocha, &c. Avignon, in-4°. 1643. Ce Religieux mourut au Couvent de Pourrières, en 1655, à l'âge de 66 ans. (P. N.)

OLDRA. V. ELDRA.

OLIVIER, ( PIERRE ) Religieux de l'Ordre de St. Dominique, étoit né en Provence. Il fe diftingua par fa piété & par fes ouvrages. Il fit imprimer en 1540, à Paris, un petit traité de Inventione Dialectica, où il promettoit de traiter toute la Philofophie d'une manière nouvelle, fi le Public goûtoit cet effai. Cet Ecrivain profeffoit alors la Théologie. Son ouvrage nous annonce un homme d'efprit; mais on ne fait à quoi attribuer fa négligence à donner ce nouvel ouvrage qu'il annonçoit. Le Public n'auroit-il pas été fatisfait du premier?

Du Verdier attribue à cet Auteur un Traité de la connoiffance de Dieu & de nous-mêmes; & un autre de la Gloire de Dieu, imprimés à Paris en 1556. C'eft à-peu-près l'époque de la mort du P. Olivier. (V. P.)

OLIVIER, (CLAUDE MATHIEU) nâquit à Marseille, le 21 Septembre 1701, 1701, de Jean-Baptifte Olivier, Négociant, & de Magdelaine Granot. Il fit

C

1

fes études d'Humanité & de Philofophie au Collège de l'Oratoire de fa Patrie; enfuite il étudia pendant 3 ans la Théologie chez les Dominicains. Il vint alors à Aix pour faire fon cours de Droit dans l'Univerfité de cette Ville. Il fit toutes fes études avec une fupériorité de génie qu'il eft difficile d'atteindre; & s'il eût moins aimé le plaifir & la diffipation que le plaifir entraîne, & qu'il ne fût pas mort dans un âge si peu avancé, il feroit devenu, fans contredit, l'un des plus grands & des plus favans hommes de fon fiècle. Ayant paru fe fixer à la profeffion d'Avocat, qu'il exerçoit à Marseille, il attiroit la foule & les Connoiffeurs à l'Audience, toutes les fois qu'il devoit y parler. Feu M. de Saci, de l'Académie Françoife, & Madame de Lambert, qui avoient vu un de fes plaidoyers, en ont porté le jugement le plus flatteur. Tous n'avoient pas la même qualité, parce que Olivier fe donnoit rarement la peine de les tra vailler. Quelques heures enlevées à fon amour pour la fociété & le divertiffe ment lui fuffifoient fouvent pour fe mettre en état de parler & d'écrire, même fur des caufes importantes, & fes productions fe reffentoient ordinairement de cette précipitation. Il devoit la multitude de fes connoiffances, moins à l'étude, qu'à la vivacité & à la pénétration de fon esprit, à une facilité furprenante pour apprendre tout ce qu'il vouloit, & à la mémoire la plus heureufe pour le retenir. Cependant, quand fon zèle pour l'étude le faififfoit, il paffoit les femaines entières, les nuits même, attaché au travail. Exceffif en tout, après avoir donné 15 jours à étudier le Code & le Digefte, ou à

s'enivrer des beautés de Démosthènes, d'Homère, de Cicéron, ou de Boffuet, il en paffoit quinze autres, & fouvent un mois entier, à une vie désœuvrée & frivole. Delà, fa profeffion lui fut peu lucrative; parce que, n'étant que rarement chez lui, on fe trouvoit obligé de recourir à d'autres: ce qui, joint à la perte de la plus grande partie de fon bien, dans le tems du fameux systême de Law, le réduifit dans un état gêné; mais il trouvoit des reffources dans fa philofophie; il avoit appris à fe contenter de peu, & il n'en étoit pas moins gai.

[ocr errors]
[ocr errors]

Son érudition & fon commerce aimable, les agrémens de fon efprit, lui ont toujours fait un grand nombre d'amis, parmi lefquels il en a compté de très-diftingués par la naiflance & par les talens. Ce fut lui qui contribua le plus à l'établiffement de l'Académie de Marseille, foit par fon zèle à foutenir les commencemens, qui furent très-difficiles, foit par l'idée avantageufe que donnèrent de l'Académie les lettres qu'il écrivit en fon nom au Maréchal de Villars & à l'Académie Françoise. Depuis que celle de Marfeille fut formée, il ne manqua à aucune féance, excepté dans les cas d'absence ou de maladie. Il y venoit rarement les mains vides. Les Registres de cette Académie qui a toujours fait beaucoup d'honneur à la Littérature, font mention d'un nombre confidérable de differtations historiques ou critiques, & de morceaux de Poéfie ou d'éloquence de fa façon, lus dans fes affemblées; mais que la négli gence de l'Auteur à les conferver, a laiffé perdre, ou du moins difparoître, pour la plus grande partie.

Lorfque M. du Trouffet d'Hericourt `vint occuper l'Intendance des Galères à Marfeille, il conçut pour Olivier de l'eftime & de l'amitié ; & plus perfuadé que lui-même qu'il avoit befoin d'un emploi moins infructueux que les Lettres, il lui obtint un brévet d'Ecrivain du Roi fur les Galères. Comme cet em. 'ploi lui laiffoit du loifir, il entreprit d'écrire la Vie de Philippe, Roi de Macédoine; & il s'appliqua à cet ouvrage avec tant de zèle contre fon caractère naturel, qu'il le finit en deux ans; mais la maladie dont il fut attaqué, l'empêcha d'y mettre la dernière main & de lui donner cette perfection dont il étoit fi capable. Il languit pendant plufieurs années, mêlées d'intervalles bons & affez tranquilles, & de rechûtes extrêmement fâcheuses, qui l'épuifèrent (a).

[ocr errors]

Il mourut le 24 Octobre 1736 n'étant encore âgé que d'environ 35 ans. M. de la Vifclède, Secrétaire de l'Académie de Marseille, lut fon E'oge dans l'Affemblée de cette Académie, le 25 Août 1737 ; & cet Eloge, qui a été imprimé, fait beaucoup d'honneur à fon Auteur, & à celui qui en eft l'objet. Nous n'en avons rapporté ici qu'un extrait. On trouve à la fin de cet Eloge la lifte fuivante des Ouvrages d'Olivier, tant imprimés que Mif., avec la date des années auxquelles il lut ces ouvrages à l'Académie, dont il fut un des premiers Membres.

1o. Traduction de quelques endroits choifis de Tibulle, 1726. 2°. Differta

tion fur le Chritias de Platon, imprimée dans les Mém. de Lit. & d'Hift. recueillis par le P. des Molets de l'Orat. tom. 1, première part. 1726. 3°. Epttre en vers à M. Racine, fils du célèbre Tragique. Il y introduit Melpomène, faifant des plaintes amères, de ce que M. Racine n'avoit pas voulu fuivre le genre d'ouvrage qui avoit occupé fon Père; 1726. 40. Differtation fur la Vie & les Ouvrages d'Héfiode, 1726. 5°. Differtation hiftorique fur l'ancienne Académie de Marseille, lue à la première Assemblée publique de l'Académie, en 1727; imprimée dans fon premier recueil de la même année à Marseille, 1727. 6o. Projet & Plan de l'Hiftoire de Mirfeille, 1727. 7o. Difcours fur les défauts qui peuvent étre des fuites de l'imitation, dans les Mém. du P. des Molets, tom. IV, prem. part. en 1727. 8°. Allégorie en vers, intitulée : la Paresse, lue à l'Affemblée publique de 1728. 9°. Odé tirée du Pleaume 28me. envoyée pour tribut à l'Académie Françoise en 1729, & lue à l'Affenblée publique de celle de Marseille en 1730. 10°. Difcours fur le befoin que la raifon a de l'imagination, envoyé en 1730, pour tribut à l'Académie Françoise, & imprimé dans fon Recueil. Ce difcours fut lu à Marseille en 1731. 11°. Mémoires fur les fecours donnés aux Romains par les Marfeillois pendant la feconde guerre punique, 1731. 12°. Parallèle de Tibulle & d'Ovide, 1731. 13°. Plan de l'Hiftoire Ecclefiaftique de

(a) La folie eft une des miséres de l'humanité. M. Olivier fut attaqué de cette cruelle maladie. On lit dans le Mff. d'un des Académicirns de fon tems, qu'il mourut d'inani❤ tion, ayant pouffé l'extravagance au point de fe refufer toute forte d'alimens, & ne fe Bourriffant que de fes excrémens. C 2

Marfeille, en 1731. 14°. Mémoires fur les fecours donnés aux Romains par les Marfeillois, durant la guerre contre les Gaulois, 1731. 150. Differtation fur l'Epoque de la Fondation de Marfeille, 1731. 16°. Epitre en vers à M. le Bailli de l'Aubepin, 1732. 17°. Difcours pour exhorter l'Académie à faire l'Hiftoire de Marfeille, 1735. 18°. Hiftoire de Philippe, Roi de Macédoine, & père d'Alexandre le Grand, avec un Difcours préliminaire; Paris, 1740, 2 vol. in-12. L'Eloge de l'Auteur par M. de la Vifclède, eft à la tête de cet Ouvrage. On le trouve auffi dans un des Recueils des Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie de Marseille. (V. P.)

OPPEDE. V. MAYNIER.

ORAISON, (MARTHE D' ) fille de François, Marquis d'Oraifon & Vicomte de Cadenet, & de Magdelaine de la Louve, nâquit l'an 1590, au Château du Bourg de Cadenet, Diocèle d'Aix. Ornée de toutes les graces de la nature, elle étoit la feule à ignorer qu'elle en eût. Le defir de plaire à J. C. fixoit toute fon attention. Ce motif l'engageoit à donner aux pauvres qui le repréfentent, tout ce qu'elle pouvoit obtenir de fes parens. L'excellente éducation qu'elle reçut, perfectionna les avantages dont elle étoit douée. Dès qu'elle fut parvenue à un âge à pouvoir être établie, on la donna en mariage, en Octobre 1610, à Alexandre du Mas de Caftellane, Baron d'Allemagne & Vicomte de Valernes. Ces deux illuftres Epoux s'aimoient tendrement, & vivoient dans l'union la plus parfaite, lorsque le Baron fut griévement bleffé dans un combat particulier, & mourut des fuites de fa bleffure, en

1612.

Cette vertueufe Dame n'étoit alors âgée que de 22 ans. Elle avoit une fille qui devint l'imitatrice de fes vertus, & qui fut mariée dans la fuite avec Antoine de Villeneuve Marquis de Trans & des Arcs. La Baronne fenfiblement affligée de la perte qu'elle venoit de faire, s'adonna entiérement aux exercices les plus auftères du Chrif tianifme. Elle employoit tous les revenus de fes terres à faire des aumônes & au foulagement de ces perfonnes, qui meurent fouvent de mifère, pour s'épargner la honte de la faire connoître. Elle vifitoit fréquemment les malades, fecourant les uns par fes libéralités, les autres par fes exhortations, rendant à tous, les fervices les plus bas & les plus humilians Elle s'attachoit , pour l'ordinaire, à prendre soin des malades les plus dégoûtans; & l'on peut dire qu'elle a fait, en ce genre, des traits: héroïques. Je n'en rapporterai qu'un feul; il fuffira pour donner une idée de fon ardente charité. Une femme étoit réduite dans l'état le plus pitoyable par plufieurs chancres, dont elle étoit dévorée. La Baronne en ayant été informée, fe rendit chez elle, la confola, l'exhorta à la patience, & prit foin de fes chancres, qu'elle panfoit tous les jours après les avoir baifés plufieurs fois. Dieu bénit tellement fes foins, que la malade fut dans peu de tems guérie, au grand étonnement des Médecins , qui avoient déclaré fon mal incurable.

La charité de la pieufe Marquife sétendoit à tout. Les pauvres filles étoient mariées à ses fraix; & tandis qu'elle ne mangeoit que du pain, & qu'elle ne buvoit que de l'eau à fes repas, les

« AnteriorContinuar »