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dépendit d'une de ces circonftances que l'on attribue communément au hazard mais que la Religion annonce avoir été amenée par un effet de la grace. Marie de Croze étoit née fenfible; fon amant lui fit un affront qu'elle ne put fupporter fans émotion. L'eff.t que produifit fon trouble fut fi violent qu'elle tomba en défaillance, à laquelle fuccèda une maladie qui la conduifit aux portes du tombeau.

Dans cet intervalle, M. d'Authier fai foit des efforts pour ramener le bon ordre dans le Manaftère de la Celle. Marie de Croze s'adrefle à ce fondateur, & ces deux perfonnages furent bientôt d'accord fur les moyens qu'il y avoit à prendre pour la réforme de cette maifon. A la vérité, les Religieufes s'oppofèrent à toutes leurs démarches, & maltraitèrent M. d'Authier, même dans fa maifon de Brignole, où elles vinrent en furie, déchirer, brûler fes papiers, & brifer fes meubles.

Bien loinde fe décourager, d'Authier confeilla à Marie de Croze de les ramener par la douceur.Trois ou quatre confentirent à garder la clotûre,& ce zélé Miffionnaire partitpour Paris dans l'intention d'yperfectionner fon ouvrage.Il y fut à peine arrivé,

qu'il écrivit à Marie de Croze de venir à l'Abbaye du Val de- Grace, où la ré- · forme fut conclue. Le Cardinal Mazarin, Abbé de St. Victor, y donna fon confentement le 22 Janvier 1658, & obtint des Lettres-Patentes de S. M. pour autorifer cette réforme.

Les Religieufes employèrent toutes leurs reffources, pour empêcher l'enregiftrement de ces Lettres au Grand Confeil. M. d'Authier obtint qu'elles feroient enregistrées au Parlement de Provence; & pour cet effet, il fe rendit à Aix en 1600, dans le tems que la Reine Mère étoit en cette Ville. Marie de Croze revint de Paris avec deux Religieufes du Val-de-Grace: Arrivées à Aix le 30 Mars de la même année, elles furent logées chez les Dames de la Vifitation, & quelque tems après elles prirent poffeffion de leur nouveau Monaftère. Le 3 Avril fuivant, Marie de Croze prit l'habit de la réforme, fous l'étroite Obfervance de la régle de St. Benoit, & le nom de Saur Marie du St. Sacrement. Elle mourut trois mois après c'est-à-dire, le 28 Juin 1660, à l'âge de 42 ans, avec la confolation d'avoir établi une maison qui,dans la fuite, eft devenue le féjour de la paix & de la vertu

EMANDOLX DE LA PALUD (MAGDELAINE ), célèbre par le procès de Gaufridy, Curé des Acoules, dont nous avons parlé au Volume précédent, paroit avoir d'abord été dupe de fa naiveté; enfuite accoutumée à un genre de vie qui tenoit du merveilleux,

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elle dut fe faire un plaifir de continuer à paffer pour forciere. Nous allons rapporter en abrégé fon histoire.

Gaufridy, que le feul defir de fatisfaire une paffion brutale rendit criminel, jeta les yeux fur cette fille. Elle réuniffoit aux graces extérieures une dévotion

affez commune aux jeunes perfonnes de fon fexe; & la fonction de Directeur, donna toujours un grand afcendant fur les perfonnes qui abandonnent toute leur confiance à celui qu'elles ont choifi pour les diriger.

MAGDELAINE écouta les leçons de Gaufridy; ce féducteur adroit lui infpira l'amour du vice, fous les dehors apparens de la vertu; le Parlement de Provence, convaincu de la féduction, fit grace à celle qui en avoit été la victime, lorsqu'il condama Gaufridy au dernier fupplice.

Si Magdelaine de la Palud eût vécu dans la fuite avec la modeftie, & la retenue qui convenoient ; fi elle eût paffé fes jours dans la retraite & le filence, il n'y auroit eu aucune nouvelle information, & le Parlement ne l'auroit pas condamnée. Mais elle joua de nou

veau le perfonnage de Magicienne & le peuple, toujours crédule, ne manqua pas de lui attribuer les malheurs qu'il éprouva, & de la citer devant les Juges qui l'avoient déja abfoute.

Epouvantée de l'accufation, Magdelaine s'adreffa aux Religieux de la Trinité d'Aix ; elle leur fit un don de fa Chapelle de N. D. de Grace, & elle s'enfuit avec un Prêtre Italien. Arrêtée, conduite aux prisons, interrogée, elle fait le détail de fa vie, qui paroît être celle d'une fainte. Les témoins appellés au procès, rapportent tous des faits extraordinaires, & persistent à la déclarer forcière. Enfin, la Cour jugea qu'elle feroit enfermée dans un Monaftère entre quatre murailles pour y passer le refte de fes jours. L'Arrêt eft du 17 Juillet 1663.

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MERIGON (BALTHASARD-MA- Enquêtes, le 9 Novembre 1575, lors

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de 70 ans, & non pas 1783, comme on l'a dit au Volume précédent, par erreur Typographique.

ETIENNE (FRANÇOIS D' ), Seigneur de St. Jean de la Salle & de Montfuron, fut reçu au mois de Décem bre 1562, Confeiller au Parlement de Provence; il devint enfuite Préfident aux

des Enquêtes, près le Parlement de Provence, & enfin il fut Président à Mortier en 1585. (*) Le Baron de Vins fit enfermer d'Etienne à l'Archevêché avec le Préfident Louis Duchefne, à cause de leur attachement à Henri IV. D'Etienne fut enfuite à Avignon, où il mourut en 1592, âgé de 44 ans.

(*) Cet article corrige quelques erreurs qui s'étoient gliffées dans le Volume précédent, au mot Etienne. Nous devons ces corrections à un Magiftrat éclairé, qui joint au favoir, la modeftie & le talent de fe faire admirer, fans vouloir permettre qu'on le

nomme.

Il étoit neveu d'Etienne, Prévôt de la Métropole d'Aix, lequel refuta publiquement la fauffe Doctrine que SaintChaumont, Archevêque d'Aix, prêcha dans fon Eglife le jour de Noël de l'année 1563.

Saint Chaumont ayant enfuite abandonné fon fiège pour être Calviniste, le Chapitre demanda fa place pour d'Etienne. Mais le Roi le nomma en 1568 à

LOQUET (JEAN-ANDRÉ ), Ingénieur Hydraulique, né à Cade net & mort à Paris le 18 Décembre 1771, fut chargé en 1740 de la reprise du Canal de Provence, commencé pour la première fois en 1507, & depuis repris fouvent & toujours fans fuccès. Il avoit le génie & l'activité néceffaires pour le faire réuffir. Il écrivit à ce fujet. 1°. Un Traité ou Analyfe du Canal projeté pour dériver une partie des eaux de la Durance, in-8°. 1741. 2°. Explication des moyens' propofés pour faciliter la conftruction du canal de Provence, in 4°. 1742. 3°. Devis des ouvrages à faire pour la conflruction du canal en Provence, in-4°. 1746. 4°. Canil de Provence & fon utilité, in 8°. 1750. 5o. Canal de Richelieu en Provence, in-8°. 1752,&c.

Le réfultat de l'examen du produit de ce canal, fe trouve monter à deux millions 600,000 liv. & celui de la dépenfe à huit millions, 400,000 liv.

FORESTA (JEAN DE), de la noble Famille de ce nom, établie en Provence nâquit en 1474. Dès fon enfance, il montra des difpofitions pour l'étude des let

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l'Evêché de Gap, dont l'Evêque s'étoit auffi déclaré Huguenot: d'Etienne mourut avant d'être facré.

Gabriel d'Etienne, fils de François fut Préfident à Mortier, comme fon père. C'est lui qui a donné au public les Décifions recueillies par François Dufort favant Jurifconfulte, & les a augmentées de notes explicatives & bien rédigées.

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douceur & une humilité peu ordinaires à fon âge préfageoient celles dont il feroit doué dans la fuite. Parvenu à un âge plus avancé, il inftruifit fes condifciples. des vérités de la Religion, les édifiant par fes difcours & par fes exemples. Dès qu'il leut atteint l'âge de vingt & un ans, c'eft-à-dire, en 1495, il quitta cntièrement le monde, & reçut l'habit des Religieux de l'étroite Obfervance de St. François.

A peine fut-il reçu novice, qu'il ne mit plus de bornes à fon zèle, remplif fant fes devoirs avec la plus févère exactitude; étant toujours le premier aux offices du Choeur & du Cloître, & n'étant jamais plus content que lorsqu'il faifoit, quelque chofe qui contrarioit les fens.

Après avoir reçu les Ordres facrés, il fe propofa de ne plus fortir du Cloître & de renoncer à toute converfation mondaine mais Catherine d'Arragon,fille du Roi d'Espagne, le fit fortir de fa folitude.

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en le nommant fon Directeur. Il eft aifé de préfumer que cette Reine devint bientôt un modèle de vertu, fous la con

duite du faint perfonnage. Le Roi d'An gleterre, Henri VIII, fon mari, vivoit pour lors avec elle dans la plus grande union; ayant eu le malheur de s'attacher à Anne de Boulen, dont il avoit eu une fille extrêmement belle, il conçut le deffein de l'époufer, & de répudier fa femme fous quelques prétextes qu'il voulût faire croire valables.Forefta, pour lequel le Prince avoit une grande vénération, ayant été confulté, répondit au Roi que ce divorce étoit contraire aux préceptes de la Religion. Mais le Roi, qui vouloit être obéi, le fit renfermer dans un ca chot, & lui fit offrir tout ce qui pouvoit tenter la cupidité d'un'homme pour l'engager à favorifer fes vues. Quelques brillantes que fuffent ces offres, elles ne purent l'ébranler: tel que le Saint précurfeur de J. C. De Forefta, eut la noble hardieffe de reprocher à ce fecond Hérodefe les crimes d'adultere & d'incefte, dont il alloit fe fouiller & les malheurs qu'il attireroit fur fon Royaume. Henri VIII, étouffant alors tous les principes de vertu qu'il avoit reçus dans fa jeuneffe, n'imagina d'autre moyen pour affouvir fa paffion, que de fe féparer de l'Eglife, lui & tout fon Royaume. Il fut foutenu dans fon projet par Hugon Latimar, qui pour défendre la caufe eut avec de Forefta une difpute publique, dans laquelle, au lieu de raisons

AILLARD (NOEL), né à Aix après le commencement du dernier fiècle, érudia en droit, & prit fes degrès dans l'Univerfité de fa patrie. La répu

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valables, il ne proféra contre de Foresta, que des injures. Ce St. Religieux n'en fut point affecté; il fouffrit patiemment tout ce que Latimar dit contre lui; mais il s'éleva hautement lorfque cet héréfiarque ofa infulter le Pape & le faint Siège,& il lui répondit, avec véhémence, comme un défenfeur zélé d'une bonne caufe. Les raifons que de Forefta allegua parurent fi convaincantes à Henri VIII qu'il rompit l'Affemblée dans la crainte que le peuple n'adoptât les fentimens du pieux Cordelier, Ilfit de nouveau charger de chaîne Forefia qui fut reflerré dans un cachotencoreplus affreux que celui qui lui avoit fervi de demeure. On l'en tira le 22 Mai 1538, pour fubir l'exécution de la Sentence que le Sénat d'Angleterre rendit à la réquisition d'Henri VIII, par laquelle de Foresta fut condamné à périr par les flammes; il fut fufpendu par les bras à une double potence, & l'on alluma fous lui un grand feu que des Bourreaux prenoient foin d'attifer avec de la poudre à canon. Ce fut dans cet horrible tourment que ce glorieux Prêtre reçut la couronne du martyre à l'âge de 64 ans.

Extrait de fa vie, dédiée à M. JeanAuguftin de Forefta, Comte Palatin Préfident au Parlement de Provence parent de ce faint perfonnage. Par M. Augery Prétre. Aix 1652, in-12.)

tation qu'il fe fit dans le Barreau lui mérita la confiance générale. Il étoit Syndic de Robe du Corps des poffédans fiefs; & en cette qualité, il fit

des Remontrances de la Nobleffe de Provence an Roi, pour la révocation des Arrêts de fon Confeil, portant réunion à fon domaine des terres aliénées & inféodées par les Comtes de Provence, avec les preuves tirées de leurs Teftamens, & de plufieurs Actes authentiques, imprimées à Aix 1669, in - fol. qui eurent leur effet. Cet ouvrage qui mérite nos éloges, par la manière dont il eft écrit annonce des recherches immenfes, des connoiffances profondes & une patience admirable par la lecture des anciens titres, qui y font cités & même tranfcrits en entier. Ce Jurisconfulte, mourut dans l'exercice de fes fonctions en 1695, âgé de 82 ans. Il avoit été Procureur du pays, Affeffeur en 1652.

GAILLARD (RENAUD DE), Sieur de Chaudon, Avocat au Parlement de Provence, frère du P. Gaillard étoit l'aîné de 18 enfans. Il eft Auteur de de differens Contes dans le goût ceux de la Fontaine, & de quelques Poéfies facrées; entr'autres des Paraphrafes en Vers héroïques fur les livres de la Sageffe, des Proverbes, de l'Ecclefiafte & de Job. Il a fait auffi des Poefies provençales: il mourut à Aix au mois de Mai 1706, âgé de 66 ans. On 1i attribue fauffement le Noël des Bohémiens, traduit de l'Espagnol par Louis Puech. V. PUECH.

GALÉAN, ajoutez Charles-HyacinteAntoine de Galéan, Prince du St. Empire, Duc des Infarts, Comte Palatin, Chevalier honoraire de l'Ordre de St. Jean de Jérufalem; Commandeur des Ordres Militaires de St. Maurice & de St. Lazare en Savoie, Chevalier de l'Ordre de St. Hubert au Palatinat du Rhin, & de celui de l'Aigle blanc de

Pologne; Grand-Maître de la Maifon & de la Cour de l'Electeur de Bavière l'un de fes Confeillers intimes & d'Etat actuel, Membre des Académies de Leipfic, de Milan, de Florence, de Cortone, de Nîmes, d'Arras, de Beziers, des Arcades de Rome, de la Société Royale de Londres, & défiré dans toutes celles, où fes talens étoient connus, fut enlevé aux Savans & aux Lettres le 1. Avril 1778 à Manheim, dans la 41me. année de fon âge.

GASSENDI DE CAMPAGNE ( Es& petit PRIT DE) étoit de Digne, neveu du fameux Philofophe de ce nom. Il fervoit avec honneur, depuis plufieurs années, dans la Marine, lorfque tout-àcoup, il prit le parti de la retraite. Trois excellens guides le conduisirent fucceffivement dans les voies du falut. Ce furent M Arnauld, Curé d'Ollioules, le P. Gautier, Supérieur de l'Oratoire à Marfeille, & le P. Marrot, Supérieur de N.D. des Anges. Il mena dans cette Solitude, une vie fi auftère & fi pénitente, qu'il effrayoit les autres Solitaires, au point que le P. Marrot, fut obligé de le

prier de fe retirer, pour ne pas décourager les autres entièrement. Il alla demeurer avec fa fœur à Aix, où il continua fon ancien genre de vie : il ne mangeoit qu'une fois par jour, n'usoit que de pain, d'eau, & de légumes; une chaife de paille lui fervoit de lit, & il portoit toujours la haire & le cilice. Son tems étoit partagé entre la prière, la lecture, le travail & la vifite des malades. Enfin, il pouvoit dire avec St. Paul. Capio diffolvi & effe cum Chrifto il parvint bientôt à fon but; épuifé par fes auftérités, il mourut dans les fentimens de la foi la plus vive & de

la

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