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phabet.

Tout ce qu'il écrivoit de bon & de beau, rélativement à fa profeffion d'AVocat lui appartient. Il connut les bons Auteurs; mais non pas pour les copier en vil plagiaire, & pour aller enfuite offrir des productions, ainfi compofées de pièces de rapport, aux Journalistes, aux Folliculaires, & aux faifeurs de Dictionnaires de Droit, humblement priés de les rendre publiques. M. le Chancelier ayant eu occafion de lire un mémoire qu'il avoit fait dans l'affaire célèbre du P. Girard & de la Cadière, s'écria: cet Avocat n'eft pas fait pour les Provinces.

Pascal plaidoit le jour que M. Surian, Evêque de Vence, fi connu par fon éloquence, vint, en fa qualité, prendre féance, au Parlement; ce Prélat, frappé de la rapidité de la diction de cet Avocat & de la force de fes raifonnemens, ne put s'empêcher de dire tout haut aux Magiftrats: voilà un terrible Dialecticien; Meffieurs, tenez-vous fur vos gardes.

Dans le fameux procès des fieurs Gouffre & Lyonci, Négocians de Marfeille, contre le Jéfuite la Valette, il foutint, le premier en France, que le Général d'un Ordre étoit garant, dans de pareils procès, du fait de fes Religieux; il confeilla à fes Cliens d'appeller le Général au procès: on peut regarder ce confeil, comme la première pierre arrachée à l'édifice de la Société. Pafcal eft mort à Aix, en 1772; on tenoit l'Audience au Parlement, lorfqu'il mourut. La nouvelle parvint tout de fuite au Palais & l'Audience ceffa.

On nous fait espérer que fes héritiers feront imprimer fes Confultations : ils

Hommes Illuft. de Prov. Tom. II.

doivent ce préfent au Public; qui admira fi longtems fes talens, qui eut en lui tant de confiance, & qui n'en parle encore qu'avec refpect & attendriffement. (E. H.)

PASTOUR, (MELCHIOR) né à Cotignac, au commencement du 17me. fiècle, fit fes premières études à Aix, & alla ensuite à Avignon pour étudier en Théologie. Il fe décida bientôt pour la profeffion d'Avocat, & prit fes degrés en droit. Alors il revint à Aix, où il exerça fa profeffion jufques en l'année 1640, qu'il obtint une Chaire de Profeffeur, qu'il occupa pendant 23 ans avec diftinction, ayant pour Adjoint fon ami, Pierre Reboul. Il s'étoit attaché particulièrement à l'étude du Droit Canon; & fa mémoire étoit fi fidèle, qu'il rapportoit en entier les paffages qu'il citoit en preuve de ce qu'il avançoit.

Sa science étoit rélevée par des mœurs douces & irréprochables. La candeur & la fincérité faifoient fon caractère. Samodeftie & fon défintéreffement ne lui permirent jamais de demander une Chaire plus lucrative, qu'oiqu'il en vaquât trois par la mort des Profeffeurs Brochot Achard & Fabrot. Ce vrai Sage regarda toujours la médiocrité de fortune comme l'état le plus convenable à l'homme qui defire d'être heureux. Il mourut en 1664.

On a de lui 1°. un Traité fort eftimé : de Beneficiis & Cenfuris Ecclefiafticis ad ufum utriufque fori ufum utriufque fori, cui acceffit liber pofthumus de bonis temporalibus Eclefiæ acquirendis & confervandis. Sollier Avocat au Parlement de Toulouse, a fait des notes fur ce traité, où l'on trouve quantité de questions d'ufage. Mais comme cette jurifprudence eft fort incer

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taine, on ne doit pas s'étonner fi toutés fes opinions ne font pas reçues. 2°. Tractatus Juris Feodalis. M. de la Touloubre, Avocat au Parlement d'Aix, dans la préface de fon livre, intitulé: Jurif prudence obfervée en Provence fur les matières Féodales & les Droits Seigneuriaux, obferve que le Traité de Paftour ne donne qu'une idée très imparfaite, & fouvent fauffe, des ufages de la Provence, fur les Fiefs & les Droits Seigneuriaux. Il ajoute que Paftour, qui avoit beaucoup d'érudition, n'avoit pas l'expérience du Barreau; & que, quoique excellent Profeffeur du Droit, il ne pouvoit traiter cette matière avec autant de vérité qu'un Avocat poftulant, qui voit journellement des caufes rélatives à cet objet, & qui eft plus à portée d'acquérir les connoiffances des ufages & des principes, concernant les matières Féodales.

J. P. Reboul, fon Succeffeur dans fa chaire, a écrit fon Eloge en latin; c'eft de-là que nous avons extrait cet article. Cet Auteur nous apprend encore, que Paftour s'étoit fait une délicateffe de retirer de l'argent de l'impreffion de fon ouvrage, s'eftimant affez récompensé de pouvoir être utile à fa Patrie.

PASTUREL, (TOUSSAIN) Religieux Minime, né à Aix en 1671, & mort à Avignon en 1731, fe rendit auffi eftimable par fes talens que par fes vertus. Nourri, dès fa jeuneffe, de la lecture des meilleurs Auteurs Latins, il en parloit la langue avec autant de facilité que de pureté. Il avoit fu s'approprier la nobleffe de Virgile, l'élégance d'Ovide, l'éloquence de Cicéron. Une brillante mémoire, un goût naturel pour le beau, l'avoient attaché au fiècle d'Augufte,

le

dont fa cellule étoit le Latium. Il en feigna la Philofophie & la Théologie avec fuccès à fes jeunes Confrères. Le zèle le dévoua enfuite au ministère de la Chaire; mais ce ne fut que pour quelques années. Sa manière de prêcher, ne répondant jamais à la force de fa compofition, laiffoit prefque fes difcours fans fruit. Le P. Pasturel joignoit à fes lumières la régularité, l'attention à la maintenir, & un ardent amour de fon état. Il avoit été Provincial Ciel l'ayant préfervé du fléau destructeur qui ravageoit les Villes de la Provence, en 1720 & 1721 : témoin oculaire du facrifice de tant de généreux Athlètes, qui s'étoient exposés pour le falut de leurs frères, il a tranfmis à la poftérité leurs noms, leurs travaux, leur martyre, dans un ouvrage intitulé: in Provincia & Comitatu Venaiffino Peftiferis infervientes demortui grassante lue Laureáque Martyrii Chriftianæ charitatis merito donati, &c. Aix, Adibert, 1722, in-4°. Ce Martyrologe curieux eft cité par plufieurs Ecrivains, & fort recherché. On a encore du même Auteur, Juftification du Mandement de Mgr. l'Archevêque d'Arles, donné au fujet des calamités publiques. Avignon 1724, in-8°. des Infcriptions & des petites Pièces en vers latins. (P. N.)

PAVES, (JOACHIM) né à Toulon, fit profeffion dans l'Ordre des Minimes à Avignon, en 1637, à l'âge de 17 ans. La piété fervente qui avoit conduit fes prémières démarches, ne connut jamais de rélâchement : l'humilité fut le fondement fur lequel il éleva l'édifice de fa perfection. Occupé dans fa retraite de la prière & de l'étude, il aimoit à fuir le monde, lorfque le monde lui vint,en.

PAU

lever fon repos. Ses Supérieurs l'obli-
gèrent de fe prêter aux befoins fpirituels
du prochain. Il le fit avec les lumières
& le zèle d'un Directeur éclairé dans
les voies de Dieu, Pénitent rigoureux
pour lui-même, il n'étoit que douceur
fans que
fa douceur
envers les autres,
entraînât à la négligence des devoirs.
Ce vertueux Religieux, mort à Mar-
feille en 1701, à l'âge de 81 ans, a
laiffé un ouvrage de dévotion, fous ce
titre le Triomphe du Tiers-Ordre de
St. François de Paule, & la Pratique
Chrétienne de la Dévotion des Treize-
Vendredis. Marfeille, Brebion, 1690,
in-12. Tout refpire dans cet ouvrage la
dont l'Auteur
piété tendre & folide

étoit rempli. Quoiqu'il paroiffe n'avoir
en vue que la dévotion envers Saint
François de Paule, fes maximes peuvent
cependant être utiles à tous les fidèles,
& les raffermir dans la vertu. (P.N.)

PAUL, (PLERRE) fut le reftaurateur de la Poéfie Provençale avec Louis Belaud, dont nous avons parlé dans la première partie des Hommes Illuftres & dans le Supplément.

La mort de Jeanne, Reine de Sicile, fut l'époque de l'extinction des Troubadours, qui faifoient les délices des Cours de l'Europe. Ce ne fut que dans le 16o. fiècle qu'on vit reparoître quelques Poëtes qui firent revivre les beautés des rimes Provençales. Paul, Belaud, Galaup de Chafteuil & enfuite Bertet font de ce nombre. Paul étoit de Marseille, où il prit naiffance vers l'année 1565, de Parens nobles

dont la famille eft dit-on, éteinte par la mort de deux célibataires de ce fiècle. Le temple des Mufes eut des attraits pour lui. Il ofa faire reparoître des Vers Provençaux,

PAU

qui lui ont mérité le titre de Trouba-
dour moderne, & la gloire d'avoir ré-
tabli la poéfie de notre langue. Lié avec
François d'Aix & avec les autres Poëtes
il cultiva particuliére-
de fon temps,
ment l'amitié de Louis Belaud de la
Belaudière, Poëte de Graffe: il paroît
même que ces deux Poëtes avoient fait
connoiffance fous les drapeaux de Mars,
puifque Paul eft furnommé le Capitaine,
dans l'Eloge abrégé qui fe trouve à la
tête des Œuvres Provençales de Belaud.

Marseille d'Altoviti fe diftinguoit alors dans la Poéfie Françoife; Paul ne pouvoit manquer de cultiver fon amitié. Cette illuftre fille jeta des fleurs fur fon tombeau & fur celui de Belaud. V. ALTOVITI.

Paul mourut au commencement du 17me. fiècle. Il fit imprimer les Œuvres de fon ami Belaud, & y ajouta les fiennes fous ce titre Lous Paffatems de Loys de la Bellaudiero mez en fa luzour. Barbouillado & Phantafies journalieros de Pierre Pau. Marfeille, 1595, in-4°. (V.P.)

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PAUL DE MARSEILLE, (LE PÈRE) Religieux de l'Ordre des Capucins, appellé dans le fiècle, François David étoit fils de noble Nicolas David & de Magdelaine Campo. Il entra dans l'Ordre des Capucins le 16 Novembre 1606, à l'âge de 24 ans. Avant de fe faire Religieux, il avoit pris fes degrès en Droit, & s'étoit fait recevoir Avocat. Il paffa par les différens emplois de Gardien, de Cuftode,'de Definiteur & de Commiffaire général, & fe diftingua par fa piété, par fes connoiffances théologiques, & par fa prudence dans l'adminiftration qui lui fut confiée. Nous avons de lui un feul Ouvrage de piété F-2

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fous ce titre les Flammes de l'Amour pivin. Marseille, Guerin, 1659, in-8°. Ce livre fut imprimé après la mort de l'Auteur, arrivée dans fa patrie le 29 Septembre 1648. Le P. Damafe, de Graffe, prononça fon Oraison funèbre à fes obfèques. (P. C. )

PAUL, (LE CHEVALIER) dont le nom eft Paul de Saumur, nâquit dans un bâteau, au mois de Décembre 1 597, d'une Lavandière, qui faifoit le trajet de Marseille au Château d'If. Paul de Fortia, Gouverneur du Château d'If, fut fon Parrain, & lui donna le nom de Paul, fous lequel il fe diftingua dans la fuite.

Le jeune Paul paffa fes premières années dans ce fort auprès du P. Julien de Malaucène, dont nous avons parlé. Il étoit encore enfant, lorfque le defir de voyager le détermina à s'embarquer en qualité de Mouffe. Le Capitaine auquel il fe préfenta l'ayant refufé, parce qu'il le voyoit trop jeune, Paul fe gliffa derrière des ballots de marchandifes que l'on avoit embarqués, & ne fe montra que lorfque le vaiffeau fut en pleine mer. Le Capitaine fe détermina alors à le garder, à la follicitation de tout l'Equipage. Paul voyagea pendant trois ans avec ce Capitaine; il fe mit enfuite au fervice d'un Commandeur de Malte, en qualité de Matelot.

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La valeur & l'habileté qu'il montra dans les fréquens combats de ce Brigantin contre les Turcs, lui concilièrent l'eftime de tout l'Equipage, au point que le Capitaine ayant été tué, il fut mis à fa place.

Ce commencement de fortune rehauffa le courage de Paul. İl déclara dès lors une guerre cruelle aux Turcs dans l'efpoir de parvenir à quelque emploi plus confidérable; il les pourfuivoit par tout, leur enlevoit leurs marchandifes & leurs bâtimens, les bravoit jufques dans leurs ports, & ne revenoit jamais à Malte qu'avec quelque prife, ou qu'après quelque exploit qui augmentoit fa réputation mentoit fa réputation, & lui procuroit toujours quelque nouvelle grace. H avoit pofté quelques pièces de Canon fur une tour de l'Archipel qui porte encore aujourd'hui le nom de CapitanPaulo Paulo, & dans le tems que fon Bri gantin étoit mouillé au pied, il foudroyoit les vaiffeaux & les bâtimens qui paffoient à portée.

le

S'étant battu avec une feule Barque contre cinq Galères Turques, & les ayant forcées à fe retirer, après avoir brifé leurs mâts & leurs voiles, Grand-Maître le fit Chevalier Servant d'Armes, & lui donna le commande ment d'un vaiffeau. Le Cardinal de Richelieu le demanda au Grand-Maître, Quelques années après, Paul étant & le fit Capitaine d'un Vaiffeau de de retour à Malte, s'engagea pour fim- guerre. Ce fut en 1638, qu'il brûla la ple foldat au Fort St. Elme. Son Capo- Flotte Efpagnole. Dans la même anral le chagrinant dans toutes les occa- née, il enleva un vaiffeau Algérien dans fions fans aucun fujet, il l'appella en le canal de Malte. Il donna encore les duel & le tua. Il fut arrêté auffitôt ; plus grandes preuves de courage & mais des Chevaliers François obtinrent d'expérience aux fièges de Rofes, de Barfa grace du Grand Maître, firent rom-celone, de Taragone, d'Orbitello & de pre fon engagement & le firent embar- Carthagène. quer fur un Brigantin armé en course.

En 1647, le Chevalier Paul, à la tête d'une Efcadre de cinq Vaiffeaux & de deux Brûlots, fe battit devant Naples, pendant cinq jours, contre la Flotte Espagnole, & remporta une victoire qui augmenta beaucoup fa réputation. Au commencement de l'année 1649, il coula à fond, près de Malte Vailleau Anglois qui lui avoit refufé le Salut. Il ne fe fauva de ce Vaiffeau que trois ou quatre personnes; tout le reste fur noyé, au nombre de 140. Dans la même campagne, il fit encore plufieurs prifes, dont une fut eftimée plus de 300,000 écus.

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En 1650, il battit cinq Vaiffeaux avec un feul; il reçut plus de 150 coups de canons fur fon bord, & il en tira lui-même plus de 1200. Après cette belle action, il débarqua fans aucun obftacle à Portolongoné, le fecours d'hommes, de vivres & de munitions que le Gouverneur de cette place attendoit.

Les actions héroïques que nous avons indiqués jusqu'ici, élevèrent le Chevalier Paul aux premiers grades de la Marine. Il devint Chef d'Efcadre, LieutenantGénéral & Vice-Amiral des mers du Levant. Le Grand-Maître Lafcaris le fit chevalier de Juftice en 1651, & la Réligion lui envoya une Croix d'un prix très-confidérable. Le Chevalier Paul, quoique d'une naissance obfcure, avoit les fentimens élevés; il fit préfent à fon tour, à la Religion, d'un Vaiffeau armé, qu'on eftima trois ou quatre cent mille livres.

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fon adreffe merveilleufe à manier fon Cheval, & par la magnificence de fon habit. Il traita enfuite fplendidement plufieurs Seigneurs de la Cour.

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De retour à Toulon, il partit de ce Port à la tête de trois Vaiffeaux, de fix Galères & d'autant de Schebeks fe battit devant Caftellamare contre quatorze Galères ennemies, & les força de fe retirer.

Il fe rendit à la Cour en 1655. Le Duc de Vendôme l'ayant préfenté à Louis XIV, ce Prince lui fit un accueil très-honorable, donna les plus grands éloges à fa bravoure & à fon habileté, & le félicita du fuccès éclatant de fes fervices.

donna

Il fe fignala tellement dans le combat, que notre Armée navale aux ordres du Duc de Vendôme contre celle d'Espagne à la hauteur de Barcelone, que l'Auteur de la rélation du combat dit, que le Chevalier Paul montra dans cette occafion tant de valeur & de conduite, qu'on n'en fauroit parler affez dignement.

Louis XIV étant allé à Toulon en 1660, éprouva que le Chevalier Paul étoit auffi bon Courtifan que bon Marin. Ce Guerrier, qui avoit un fort beau jardin hors de la Ville, rempli d'Oranges en plein vent, fit confire fur les arbres une partie des Oranges. Le Roi & toute la Cour furent très-furpris de cette galanterie ; ces Oranges confites, mêlées confufément avec d'autres qui ne l'étoient pas, firent croire à

quelques Dames , que que les Oranges

croiffoient ainfi en Provence.

On appelloit ce jardin la Caffine du Chevalier Paul. « Nous trouvâmes à >> Toulon, disent Bachaumont & Cha

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