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ELLICOT. Cette famille a produit un grand nombre d'hommes célèbres, dont nous allons faire connoître les principaux.

Antoine Pellicot, qui eft le plus ancien de cette famille, dont nous ayons connoiffance, fervit en Rouffillon, en qualité de Gentilhomme ou de Franc Archer, fous M. de Chevrière, en 1469.

N. Pellicot, fils du précédent, nâquit à Seillans, & fe confacra, de même que fon père, au fervice de fon Roi. Il fe diftingua autant par fa valeur que par les talens. Il poffédoit la fcience des Mathématiques, & il obtint le titre de Grand-Ingénieur. C'eft en cette qualité qu'il préfida à la conftruction du Fort de N. D. de la Garde à Marfeille. Antonius Arena, parle de lui avantageufement dans fon Poëme, intitulé: Meygra entreprifa, &c. pag. 19. Pellicot fe diftingua beaucoup en effet, lors de l'invasion de l'Empereur Charles V. Mais il fe couvrit de gloire en 1543 & en 1544 au fiège de Nice, par Charedin dit Barberouffe. Ce guerrier fe conduifit avec tant de bravoure & de fagacité, que les Princes de l'Empire ayant demandé enfuite des Troupes auxiliaires au Roi de France contre Soliman; Pellicot fut nommé pour commander l'Armée Françoise, à la tête de laquelle il fit des prodiges de valeur, & mourut glorieufement les armes à la main, vers l'année 1550.

Antoine II, fils de Bernardin, & petit

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fils d'Antoine I, né à Seillans ne 1494; étudia en droit, & fut reçu Docte ur en cette Faculté. Après avoir exercé pendant plusieurs annés, avec distinction, la profeffion d'Avocat, il fut pourvu en 1543 d'une charge de Maître des Comptes, ou comme l'on difoit alors de Préfident rational. Il s'y fit beaucoup d'honneur, mais ce qui releva infiniment fon mérite, ce fut la manière dont il défendit fa caufe, & celle de fes accufés dans le prétenducomplot entre M. de Grignan, Gouverneur de Marfeille, le Préfident d'Oppéde & quelques autres. Parmi les accufations fur lefquelles portoit cette affaire fameufe Guillaume Guerin reprochoit fur-tout à Pellicot & à fes prétendus complices d'avoir voulu livrer Marfeille au Duc de Savoie. Les accufés furent renfermés à la Bastille pendant plus de trois ans; & ce ne fut qu'au génie tranfcendant de Pellicot qu'ils qu'ils dûrent le triomphe de leur innocence. Ce jurifcontulte agit avec tant d'habileté dans fes confrontations, qu'il fit varier les témoins, & confondit par- là la calomnie & les calomniateurs. Guerin fut puni de mort par Arrêt du 20 Avril 1554, fes complices condaninés à diverfes punitions; & les victimes de fa rage fortirent en triom. phe de leur cachot, pour reparoître glorieusement dans leur pays. Pellicot ne put, pas échapper entiérement à la fureur de fes ennemis, puifqu'il fut empoisonné à Cavaillon, dans le tems

qu'il efpéroit de jouir de la gloire qu'il s'étoit acquife.

BONIFACE, frère d'Antoine, étoit né à Seillans en 1514, avec les plus grands talens l'éducation qu'il reçut lui aida à les développer; & ayant pris les degrés de Docteur en droit, dans un âge peu avancé, il fut de il fut de bonne heure l'oracle du barreau, & le Démosthènes provençal.

En 1555, la ville d'Aix le nomma en la charge d'Affeffeur. B. Pellicot refufa cette place parce que dans ce tems là, l'Affeffeur n'avoit que le quatrième rang. On voulut l'obliger à fe défifter de fon refus: il attaqua la délibération; & il plaida avec tant de force fa caufe & celle des Avocats, fes confrères, qu'il obtint un Arrêt par lequel il fut ordonné que les Affeffeurs auroient rang immédiatement après le premier Conful; & il fut le premier qui jouit de cet honneur.

Boniface ne confacroit fes talens qu'à la défenfe des pauvres, ou à celle des caufes les plus célèbres.Sa réputation parvint jufqu'au Trône. Le Roi Charles IX, ayant fufpendu le Parlement de Provence, par fon Édit du 24 Novembre 1565, envoya deux Préfidens & douze Confeillers qu'il choifit dans le Parlement de Paris & dans fon Grand Confeil, & nomma Boniface Pellicot, pour remplir les fonctions de fon Procureur-général. L'on peut voir dans les Hiftoires de cette Province l'éloge de cet, Orateur, & la gloire qu'il acquit dans cette charge honorable.

Le Roi fatisfait de fes fervices l'en recompenfa, en le nommant Préfident au Parlement en 1573. Il le commit deux ans après pour l'établissement du siège de Graffe; & en 1578, on le députa pour aller auprès du Comte de Suze, Gouverneur de la Provence, afin de l'empêcher d'y entrer avec des troupes. Boniface mourut en 1583, dans le tems qu'il venoit de recevoir le brevet de premier Préfident.

Ce favant Magiftrat a laiffé des manufcrits très précieux. Ses plaidoyers & fes mémoires feroient honneur aux plus grands Orateurs de l'ancienne Rome.

JOSEPH, fils de Bernardin, frère d'Antoine & de Boniface, fit dans l'étude de la Théologie des progrès auffi rapides que ceux de fes oncles l'avoient été dans la connoiffance des loix. Devenu Docteur en Théologie, il fut promu ǎ un Canonicat de la Métropole d'Aix; il fut enfuite Prévôt de ce Chapitre dont il rétablit les droits, en ob tenant les Arrêts les plus favorables. (*) Sa piété & fes talens lui méritèrent l'eftime & la confiance générale. Il étoit Vicaire-général du Diocèfe d'Aix, lorsque Gaufredi, Curé des Accoules, dont nous avons parlé dans le Volume précédent, fut accufé de magie. L'Evêque de Marseille, Jacques Turicella, ayant été requis d'affifter au procès de ce Curé facrilège, nomma pour le remplacer, Jofeph Pellicot, & lui donna des Lettres de Vicaire-général du Diocèfe de Marseille. Jofeph Pellicot, en

(*) Ces Arrêts font cités dans le nouveau Duperier; quæft. not. tom. I, liv. 2, quest. 7, p. 160 & fuiv. Dans Decormis, tom. I, col. 716 & 870. Dans Boniface, tom. 3, liv. 5, tit. 13, chap. 1, p. 515.

Hommes illuftres de Prov. Tome II.

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cette qualité, exorcifa plufieurs fois Magdelaine de la Palud, en préfence d'Antoine de Thoron & de plufieurs autres membres du Parlement, & concourut à l'Arrêt qui condamna Gaufredi au feu.

Il réfigna fa Prévôté à fon neveu, nommé Jofeph comme lui, & mourut à Aix en 1627.

JEAN, fils d'Antoine II, Préfident rational, né à Aix, fuivit fes ancêtres dans la carrière de la Jurifprudence. Il devint Juge & Viguier de Marseille en 1558; fa patrie l'appella à l'Affefforat en 1565, & en 1574, le Roi le nomma premier Confeiller au Siège d'Aix. L'extrait des procès qu'il rapporta font des vrais modèles dans le genre des rapports. Mais le travail exceffif abrégea fes jours. Ce Magiftrat favant & laborieux périt à la fleur de fon âge en 1583, après avoir légué, à fon fils aîné Boniface, deux Traités écrits de fa main, dont l'un traitoit de la Philofophie, fous ce titre: Libellus de animo; l'autre relatif aux loix, étoit intitulé: De principiis juris. Cet Auteur avoit fait imprimer à Avignon en 1565, un ouvrage de piété dont le titre eft: Confeffion Chrétienne & Catholique de la vérité du St. Sacrement de l'Autel; & en 1560, un Traité de la Remiffion des Pechés, juftification, pénitence & bonnes auvres. En 1574, il donna au public, à Aix, un Traité de Eglife de Dieu contre les Calviniftes, & autres qui fe font féparés & divifés d'icelle pour faire fecte à part. Ces ouvrages écrits avec chaleur & élégance font remplis d'érudition, & annoncent la piété de leur Auteur.

FRANÇOIS, fils de François & petit fils de Jean eft le même dont nous

avons parlé à la page 59 de ce volume, où, par erreur typographique le nom patronimique de ce vertueux Théologien, eft écrit avec un feul L. Nous prévenons nos lecteurs que la famille. de Pellicot a toujours employé deux LL dans fon nom & nous allons rectifier quelques autres fautes qui fe font gliffées involontairement dans l'article de François Pellicot.

Ce Marseillois râquit en 1627, il entra dans l'Ordre des Trinitaires le 7 Mars 1642 & il profeffa avec diftinction la Philofophie & la Théologie. Il quitta cet Ordre avant d'aller en Efpagne & il parcourut l'Allemagne, avant de fe fixer à Paris auprès de la Reine mère. Il dédia à cette Princeffe en 1662 fon livre, intitulé: Remarques fur les avis les plus importans de la glorieufe Mère Ste. Thérèse de Jefus, compofées en Espagnol par le très-illuftre & trèsexcellent Seigneur, Dom Jean de PaLafox de Mendoce, du Confeil de S. M. Catholique, Evêque d'Ofina & ci devant de Angelopolis en Amérique. Paris.

Ce fut lui qui traduifit en Espagnol le Manifefte que Louis XIV publia fur les droits de la Reine Marie-Thérèse fon époufe, pour arrêter les plaintes de toutes les Couronnes, lorfqu'il menaça d'attaquer le Roi d'Efpagne. Cette traduction attira les plus grands éloges à Pellicot, qui mourut peu d'années après, avec la réputation d'un homme favant & vertueux.

PERRIN (DENIS-MARIUS DE ),Chevalier de St. Louis, né à Aix en Provence, mort le 29 Janvier 1754, âgé de 72 ans a publié les Lettres de' Madame de Sévigné, avec des notes, imprimées en 1734, quatre Vol. in- 12.

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& en 1754, neuf Vol. in-12.

PHILIEUL (VASQUIN), Poëte né à Carpentras, fut Docteur ez droits, & s'appliqua à la Poéfie. Vers 1555, du Verdier dit dans fa Bibliothèque qu'il a traduit en vers le Poëme des Echecs par Vida, & que cette traduction a été imprimée à Paris in-4°, mais fans marquer le tems de l'impreffion.La Croix Dumaine parle de ce Poëme des Echecs, compofé par Philieul, & imprimé en caractêres François l'an 1559 à Paris, fans défigner fi c'eft une traduction de Vida. Ce ne fut pas là le feul ouvrage que notre Auteur mit au jour. Il fit paroître toutes les œuvres vulgaires de François Pétrarque, contenant quatre Livres de Madame Laure d'Avignon fa maîtreffe; jadis par lui compofé en langage Tofcan, & mis en vers François par Vafquin Philieul de Carpentras, Docteur ez droit ; avec que Briefs fommaires, ou argumens requis pour plus facile intelligence du tout. En Avignon de l'Impr. de Barthelemi Bonh, 1555 in-8°. Philieul dit dans fon Epître dédicatoire, à la Reine Cathérine de Medicis, à qui il adreffa fa traduction, qu'il n'avoit

Ni digne engin, ni pouvoir, ni science. L'Abbé Goujet, dans fa Bibliothèque Françoise, femble adopter cet aveu modefté, & affure que Philieul avoit toujours vécu loin du centre de la politeffe & du bon goût. Il donne dans un excès contraire à celui de cet Auteur. Les deux jugemens me paroiffent trop rigides. Philieul a divifé fa traduction en quatre Livres qu'il intitule: Livres de Laure d'Avignon, quoique cette héroine ne foit pas l'objet de toutes ces pièces. Dans le premier Li

vre font tous les Sonnets & Chants où Pétrarque vante les perfections qu'il trouvoit ou croyoit trouver en elle. Les regrets du Poëte fur la mort de Laure forment le fecond Livre. Le troisième, contient des Sonnets & des Chants fur divers fujets & les fix Triomphes compofent le quatrième. La mefure des vers la plus ordinaire dont Pailieul fe fert dans les deux premiers Livres eft celle des vers de dix fyllabes. Il varie davantage dans le troisième, on y trouve des vers de fix, de huit, & de dix fyllabes & quelquefois des vers héroiques. Les fix Triomphes font en vers de dix fyllabes. Du Verdier trouvoit que les vers de ce Traducteur étoient rudes & mal-rendus ; mais fi l'on fe tranfporte au tems où ils ont été faits, on ufera peut-être d'un peu plus d'indulgence. Philieul mourut plufieurs années après le milieu du feizième fiècle. On lui attribue encore la Traduction des Status du Comté-Vénaiffin.

PITHON-CURT ( N. ), étoit de Carpentras : il entra dans l'état Eccléfiaftique, & il réunit à la piété le goût le plus décidé pour l'étude. Il fut nommé à la Cure de Boiffy, au Diocèfe de Chartres qu'il dirigea jusques à sa mort arrivée en 1780. On a de lai un ouvrage intitulé: Hiftoire de la Nobleffe du Comté - Vénaiffin. C'eft un hommage rendu à ces familles dont les ancêtres ont mérité par leur courage le titre de Nobleffe. Ces fortes d'ouvrages feroient bien utiles pour les jeunes Gentilshommes, fi l'on y diftinguoit exactement les familles qui doivent leur illuftration à l'art militaire d'avec celles qui fe font élevées par

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des titres moins glorieux. Il eft bon d'ob. ferver ici en paffamt que plufieurs familles nobles du Comté-Vénaiffin doivent leur origine aux dignités de la robe cependant, on ne doit pas s'imaginer que celles qui fe font diftinguées dans la Magiftrature, feroient devenues nobles par les charges qu'elles ont poffédées. L'Hiftoire Confulaire de Carpentras nous présente plufieurs Gentils hommes décorés du premier chaperon & gradués en droit ils ne s'étoient fait pourvoir de ce grade que pour obtenir le rang de premier Conful qui eft attaché à la qualité d'Avocat. Leur nobleffe eft cependant conftatée d'ailleurs par des titres très-anciens & très-honorables. Pithon-Curt auroit pu entrer dans des détails relatifs à cet objet qu'il a omis.

PORTA (MATHIEU DE), Provençal étoit un très-habiie Jurifconfulte du XIVme. fiècle, il mérite de trouver une place parmi les Hommes illuftres, qui ont rendu des fervices importans à la Province. Porta, choifi par les trois Etats pour haranguer la Reine Jeanne en 1359, fit à cette Princeffe de très-humbles remontrances fur l'alié nation de fon domaine. C'eft à fes preffantes follicitations que la Reine re

AMBAUD (JOSEPH-CHARLES

voqua toutes les donations, conceffions & aliénations qu'elle avoit faites. Les Hiftoriens de Provence ne nous apprenent rien de plus fur la vie & les écrits de ce Jurifconfulte.

PORTAIL (ANTOINE ), né au Diocèfe d'Arles, Prêtre de la Congrégation de la Miffion de France, fut contemporain & difciple du B. Vincent de Paule, inftituteur de cette Congrégation. Ses vertus le rendirent cher à fon Maître; il fe retira avec lui au Collège des Bons Enfans à Paris, en 1625, & il paffa le reste de ses jours dans la pratique d'une vie folitaire & édifiante.

PORTAIL avoit tous les talens qui peuvent faire un nom. Doué d'une facilité étonnante pour parler & pour écrire, il s'étoit diftingué dans fes études de Théologie en Sorbonne; mais fon humilité lui fit préférer la retraite aux louanges que fon mérite lui auroit procuré, s'il eût expofé fes talens au grand jour. Il paffa dans le filence le refte de fa vie confacrée aux auftérités ; édifiant par fon exemple, & inftruifant fes confrères. Il fut lié d'amitié avec le pieux Fondateur, pendant près de 50 ans, & finit fes jours entre fes bras, en l'année 1660.

exercée avec la plus grande diftinction.

Race 29 Décembre 1725, dans Il fit les études en l'Univerfité de Mont

le Comté-Venaiffin, de parens nobles, fe prépara de bonne heure à l'étude de la Medecine, à laquelle il fe deftinoit à l'exemple de fes ancêtres, qui l'avoient

pellier, avec autant d'ardeur que de fuccès; & il y fut reçu Docteur, de la manière la plus flatteufe & la mieux méritée. Il fuivit bientôt après les grands

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