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HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE.

LIVRE CENT VINGT-UNIE ME.

ULES II. toujours plein de zele
pour recouvrer les domaines de AN. 15081
l'état ecclefiaftique, qui étoient

1.

maines de

paffez en des mains étrangeres, Jules II après avoir chaffé les Bentivoglio redemande de Boulogne, attaqua les Venitiens. Outre aux VeniCervia que ceux-ci occupoient depuis près tiens lesdo de deux fecles, & Ravenne depuis l'an 1441. l'état eccle ils étoient encore maîtres de Rimini, de Faen- faftique za, d'Imola, de Cefene, & de quelques au- qu'ils poftres villes moins confiderables de la Roma- fedoient. gne dont ils s'étoient emparez quand les Machiav étars du duc de Valentinois furent démembift. lib. 6. brez. Jules redemanda toutes ces places aux Nicol, Bafel Ferron. l. 4.

Tome XXV

in addit. ad

Venitiens; mais d'abord il le fit avec mode AN. 1508. ration. Il leur fit expofer la justice de fa deNaucler. mande, & l'honneur qu'ils fe feroient d'y adMariana, hérer fans réfiftance: mais voïant qu'ils ne fe 29. c. 15. rendoient point, il réfolut de leur déclarer la guerre.

II.

Il s'adreffe

contre les

Venitiens.

On croit que la retraite que les Venitiens avoient donnée chez eux aux Bentivoglio & le refus qu'ils avoient fait du neveu du pape pour l'évêché de Vicenze, comme on l'a vû ailleurs, étoient les vraies raifons qui engageoient le pape à fe déclarer contre les Venitiens, & que le recouvrement des villes qu'ils poffedoient, n'en étoit que le prétexte ; quoique cependant il ne fût pas fâché de les avoir: car il étoit affez jaloux de ce qu'il croïoit lui appartenir. Incapable de foutenir feul une guerre qui furpaffoit de beaucoup fes forces & fes moïens, il oublia le reffentiment qu'il avoit contre l'empereur Maximilien, Louis XII. roi de France, & Ferdinand roi d'Arragon, & ne penfa plus qu'à ménager une alliance avec ces trois princes.

Louis XII. fut le premier à qui il s'adreffa, au roi de & il lui envoïa le comte de Carpi pour négoFrance, & cier cette affaire : le cardinal d'Auch en fit lui propofe la propofition dans le confeil du roi, & elle de fe liguer fut appuiée par le cardinal d'Amboife premier miniftre, qui étoit grand ennemi des Bellefor. 1. Venitiens. Le projet d'alliance portoit que ceux qui fe ligueroient s'affifteroient mutuellement de toutes leurs forces jufqu'à ce qu'on cût recouvré tout le pais qu'on prétendoit ufurpé par les Venitiens. Ce projet fut lû Le confeil dans le confeil, & on y accepta la propofition, de France fans prefque aucune altercation. Il n'y eut opine pour l'alliance, qu'Etienne Poncher évêque de Paris qui tâcha de détourner le coup. Il foutint que la

6.c. 16.

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France ne pouvoit avoir de meilleurs confederez que les Venitiens en Italie, & que la An. 1508, focieté de tous les autres étoit ruineufe. Il regardoit le confentement que le confeil venoit de donner, comme l'effet d'une baffe complaifance pour le premier ministre, ou comme une obéiffance fervile aux volontez du roi, qui n'avoit un confeil établi que pour lui remontrer ce que la juftice demandoit, & l'empêcher de faire de mauvaises entreprises. Il eft aifé de voir que l'évêque avoit raison; mais l'autorité l'emporta. Louis XII. auffi prévenu contre la république, que fon miniftre, n'étoit pas fâché de trouver un prétexte pour lui faire de la peine.

ann. 1509 n. gr.

Comme on vouloit auffi gagner l'empe- IV. L'empereur reur, on députa vers lui, & l'on fe fervit & le roi adroitement pour l'engager dans ce parti, de d'Arragon tous les démêlez qu'il avoit eus avec la ré- entrent dans publique, & qui n'étoient pas encore bien cette ligue. éteints. L'empereur fe fit lire le projet d'al- Raynald. liance: il le trouva convenable, & l'agréa. On eut plus de peine à faire confentir Ferdinand roi d'Arragon: il trouvoit de grandes difficultez dans cette ligue, il les propofa: on tâcha de les réfoudre, mais quoiqu'il ne pas fort convaincu de la juftice de cette ligue par les raifons qu'on lui donna, voïant que le pape, l'empereur & le roi de France favorifoient cette union, & qu'elle lui pourroit procurer le recouvrement de tout ce qui avoit été engagé aux Venitiens dans la Pouille à l'occafion de l'expedition de Charles VIII. au roïaume de Naples, il y entra avec les autres, bien réfolu de les abandonnes dès que fes interêts demanderoient de lui qu'il changeât de parti.

fût

V.

Ainfi fut formée cette ligue fameufe con- Prétexte

de Louis

XII.

nue fous le nom de ligue de Cambray, parce AN 1508. qu'on choifit la ville de ce nom pour le lieu qu'on em. du congrès. Mais afin de prévenir, s'il étoit ploïa pour pollible, tous les foupçons que les Venitiens couvrir cet- auroient pû former fur ce congrès, & pour se ligue. tenir la négociation fecrette, on fit entendre Guicciard. que le but de l'affemblée étoit de conclure un hift. 1. 8. traité par lequel on termineroit les differends Seyfel hift. furvenus entre Charles de Luxembourg prince d'Espagne, & le duc de Gueldres allié de la France. Afin de rendre ce prétexte plus Rayn. ad plaufible, on figna le dixiéme de Decembre ann. 1509. 1508. le traité du duc de Gueldres, & on af4fecta d'en donner connoiffance, pendant que le même jour on figna fans bruit & fans éclat e traité de la ligue offenfive contre les Venitiens, qui étoit le véritable motif du congrès. Comme les princes confederez ne pou voient fe trouver en perfonne à cette allemblée, chacun y envoïà des députez. Marguerite d'Autriche ducheffe douairiere de Savoie, gouvernante des Pais-Bas, fille de Maximilien, s'y trouva pour l'empereur. Cette princeffe avoit tous les talens d'un homme habile pour les affaires, propre à fléchir les efprits, & à concilier les humeurs les plus oppofées. Louis XII, envoïa le cardinal d'Amboife fon premier miniftre; le roi d'Arragon y avoit auffi fon ambaffadeur. Mais tout fe traitoit principalement entre le cardinal & la ducheffe de Savoie, & l'on ne faifoit que fuiyre ce qui avoit été difcuté & arrêté entre eux deux.

VI.

Il feroit inutile de parler ici du traité conArticles fe- cernant le duc de Gueldres. Celui contre les Venitiens porte, I. Que le pape, l'empereur, le roi de France & le roi d'Arragon s'entreaideroient en toutes manieres pour recou

crets contre les Veni

tiens

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vrer les états & les places que les Venitiens avoient ufurpé fur eux; que les villes qu'ils AN. 1508 retenoient au pape dans la Romagne, Ra

Mariana

bift. Hifp.l.

29.8.65"

venne, Cervia, Faënza, Rimini, Imola & Poiez l'his Cefene, lui feroient renduës: Qu'on refti ftoire de la tueroit à l'empereur Roveredo, Verone, Pa- ligue de doue, Vicenze, Trevife, & le Frioul: Au Cambray z. roi de France, Breffe, Créme, Bergame, Paris 1709. Cremone, la Giradadda, & toutes les an- tom, 1. l. 1, ciennes dépendances du duché de Milan: Au p. 5o. roi d'Arragon, Trani, Brindes, Otrante, Gallipoli, & tous les ports que les Venitiens occupoient dans le roiaume de Naples. II. Qu'au premier d'Avril de l'année fuivante les princes auroient leurs armées prêtes pour entrer en campagne; & parce que l'empereur étoit lié par la tréve de trois ans qu'il venoit de conclure avec la république, le pape pour fournir à Maximilien une raifon de ne pas accomplir ce traité, le fommeroit de le venir fecourir comme avoué de l'églife Romaine, pour recouvrer les domaines du faint fiege. III. Qu'en même temps que les trois princes attaqueroient les Venitiens avec leurs armes temporelles, fa fainteté les prefferoit fous peine d'excommunication, de reftituer ce qu'ils avoient ufurpé, & fulmineroit un interdit contre la république. IV. Qu'on exhorteroit les rois de Hongrie & d'Angleterre, les ducs de Savoie & de Ferrare, & le marquis de Mantoüe d'entrer dans cette ligue.. V. Que jufqu'à la fin de la guerre l'empereur, ni fon petit-fils le prince d'Espagne, n'inquieteroient en aucune maniere le roi d'Arragon touchant leurs prétentions fur la Caftille, qui appartenoit à Jeanne mere du prind'Espagne. VI. Que Maximilien donneroit à Louis XII. une nouvelle inveftiture du du

ce

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