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ché de Milan, dans laquelle on comprendroit AN. 1508. Breffe, Bergame, & toutes les autres dépendances du duché de Milan qu'on recouvreroit fur les Venitiens. VII. Que fi cette république avoit recours au Turc, pour en obtenir du fecours, les confederez redoubleroient leurs efforts, & la ligue feroit regardée dèslors comme une ligue faite contre les Infideles. VIII. Qu'aucun des princes liguez ne pourroit faire ni paix, ni tréve avec les Venitiens que du confentement des autres. IX. Enfin, que pour empêcher que les differends qui fubfiftoient toujours entre l'empereur & le roi catholique, ne traverfaffent le projet & les entreprises de la ligue, on nommeroit d'un commun confentement de part & d'autre des commiffaires qui termineroient à l'amiable les contestations, dès que la guerre contre les Venitiens feroit finie.

VII.

duc de Fer

On réfolut encore de foliciter le duc de On follicite Savoie d'entrer dans la ligue; & afin de l'y le duc de engager plus facilement, on lui fit efperer Savoye, le qu'il pourroit reconquerir le roiaume de Chyrare, & le pre qu'il prétendoit lui appartenir, & dont marquis de les Venitiens s'étoient emparez, ce qui avoit Mantouë fort chagriné le duc. Ainfi en lui faifant efpour la li perer qu'il pourroit y rentrer, on le prenoit par le côté qui le flatoit davantage. On trouliguedeCam va un accès auffi facile auprès des ducs de bray, to. 1. Ferrare & de Mantouë, qui avoient auffi perp. 87. du plufieurs villes & châteaux ufurpez par les & fuiv. Venitiens. Ils regarderent la propofition Mariana 1. qu'on leur fit d'entrer dans la ligue, comme Guice, 1. 8. un honneur & un avantage dont ils devoient profiter, & ils promirent de figner.

gue.

Hift. de la

1. 1.

29.

VIII.

Afin d'augmenter les forces de la ligue, Poury faire on y engagea les Florentins ; mais cet engaentrer les gement ne fit point d'honneur à fes auteurs.

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On ne pouvoit le faire fans nuire beaucoup à

ceux de Pife. Ces deux peuples en contenta- AN. 1508. tion l'un contre l'autre, avoient choifi pour Florentins arbitres de leurs differends les rois de France on aban& d'Arragon. Le public étoit pour ceux de Pifans. Pife. Chacun jugeoit en leur faveur. On s'at

donne les

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tendoit au moins que les deux princes termi- Marianal. neroient la difpute à l'amiable. Mais le defir 29. n. 66. d'avoir les Florentins de leur côté, leur ferma Rayna'd, ad les yeux, & ils abandonnerent les Pifans à an. 1508, n. leurs adverfaires. Les princes pour justifier leur conduite aux yeux du public, publierent que c'étoit l'unique moien de conferver la paix d'Italie. Il eft vrai que dans le deffein qu'ils avoient pris de détruire la république de Venife, il étoit de leur interêt de laiffer le refte de l'Italie tranquille, pour n'être point obligez d'occuper leurs armes ailleurs, & pour réunir toutes leurs forces contre les Venitiens. On accufa les deux rois de n'avoir favorifé les Florentins, que pour les engager à entrer dans la ligue de Cainbray, & à fournir cent mille écus qu'ils avoient promis pour les frais de la guerre, pourvû qu'on voulût leur remettre la ville de Pife. » Trafic honteux, dit Mariana, & indigne de la genero- «< fité de ces deux grands princes: car pou-* voient-ils l'un & l'autre, fans fe deshono- « rer, & fans flétrir leur memoire, vendre à fi « vil prix la liberté, & trahir les interêts d'un « peuple dont la confiance devoit faire la fùre- « té? Il faut avouer que Ferdinand étoit plus inexcufable que Louis XII. & ce fut une ta. « che à fa gloire d'avoir abandonné les Pi- « fans, qu'il avoit reçûs fous fa protection.

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Enfin, après avoir fait encore entrer le roi de Hongrie dans cette ligue, en le flattant qu'il pourroit recouvrer la Dalmatie far les

de Cam

Venitiens, elle fut fignée à Cambray le di AN. 1508. xiéme de Decembre de cette année 1508. par IX. Marguerite d'Autriche & le cardinal d'AmSignature boife, felon les pouvoirs que l'un & l'autre de la ligue avoient reçûs de ceux qui les faifoient agir. bray. Le nonce du pape qui étoit fur les lieux, refufa de figner pour fa fainteté, prétendant bid. n. 67. le cardinal d'Amboife le fit en fa place, fous pas un plein-pouvoir à cet effet. Mais Buona curf le feul titre de légat du fouverain pontife en in diariis. France, quoique cette qualité ne lui donnât Surital. 8. pas ce pouvoir. L'ambaffadeur d'Arragon

Mariana

eb. 27.

X.

differe à fi

gner cette

Ligue.

Guicciard.

n'avoir

aiant vû que cette ligue étoit avantageufe à fon maître à qui elle affûroit la jouiffance paifible de la Caftille jufqu'à la fin de la guerre, la figna fans balancer, fûr que Ferdinand fçauroit bien éluder cet engagement, s'il ne le trouvoit pas conforme à fes interêts. L'empereur ratifia le traité à Malines treize jours après, & Louis XII. environ dans le même temps, avant qu'on fçût à Venife le fuccès & la fignature de cette ligue.

Le pape, fans défavoüer expreffément la Le pape fignature que le cardinal d'Amboife avoit faite en fon nom, montra par fa conduite qu'il n'eût pas voulu aller fi vite. Il craignoit les fuites de l'établiffement de l'empereur en Italie. Il n'aimoit pas affez Louis XII. pour augmenter fon pouvoir; & il eût bien voulu rePetr. de couvrer les domaines de l'état ecclefiaftique, Angler. ep. fans favorifer aucun de ces deux princes. Comme les Venitiens eurent bien - tôt conRaynald. noiffance de la ligue, & en parurent allarmez, hot annon. Le pape preffentit d'abord leur ambaffadeur,

1. 8.

409.

3.

pour fçavoir fi fes maîtres feroient dans la difpofition de donner quelque fatisfaction au faint fiege en rendant du moins Faenza & Rimini, Mais n'en aiant eu aucune bonne ré

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ponfe, il s'adreffa à Badoere fon collegue; il
lui reprefenta le péril éminent qui menaçoit AN. 1508,
fa république, fi la ligue étoit executée, &
lui dit que l'unique moien pour l'empêcher
de la ratifier, étoit de reftituer au faint fiege
Faenza & Rimini, parce qu'il trouveroit dans
cette reftitution une excufe fuffifante pour ne
point ratifier le traité qui tomberoit auffi-tôt
que lui pape n'en feroit pas l'appui. Badoëre
en écrivit à la république: le fenat s'affembla,
& après avoir férieufeinent déliberé fur la ré-
ponfe qu'il convenoit de faire à l'ambaffadeur,
on fe rendit à l'avis du procurateur Trevifani,
qui reprefenta qu'on ne devoit point fe fier au
pape; qu'après avoir recouvré Faenza & Ri-
mini, il figneroit la ligue pour avoir encore
Ravenne & Cervia; que l'inobservation des
traitez étoit le caractere de la cour de Rome.
Sur les remontrances de Trevifani, on refusa
de s'accommoder avec le pape, qui fur ce re-
fus accepta & ratifia la ligue de Cambray. Son
acte de ratification en forme de bulle eft du
vingt-deuxième de Mars 1509.

Maures

Il n'y eut prefque que le feul Emmanuel roix. de Portugal, qui ne voulut point entrer dans Les Port cette alliance, & qui pendant que les autres gais font la ne travailloient qu'à fe faire une guerre affez guerre aux fanglante, augmentoit la foi, fon empire & d'Afrique. La réputation dans l'Afie & dans l'Afrique. Mariana Un certain Maure nommé Zefam, mécontent l. 29. n. 62. du roi de Fez, dont il étoit coufin germain, Ofor 1. 5. étoit venu de lui-même s'offrir aux Portugais, Raynald avec promeffe de les rendre maitres d'Azamor Barrof. dec. une des plus confiderables villes de la côte, 2. 3. 6. 20 s'ils vouloient fe fier à lui. Emmanuel ne crut 3 4 pas devoir négliger l'offre du Maure: il fit Maffe. l. 3o équipper une flotte confiderable, fur laquelle 40 il fit monter quatre cens chevaux & deux mil

loc. an n.98

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le hommes d'infanterie, fous le commande→ AN508. ment de D. Juan de Menezés. La flotte étant partie de Lisbone le vingt-fixiéme de Juillet, ne fut pas plûtôt arrivée fur les côtes d'Afrique, qu'on reconnut que le Maure étoit un perfide, & qu'on avoit trop légerement ajoûté foi à fes promeffes; il fe fauva & rentra dans Azamor: les Portugais craignant d'être furpris par les Infideles, fe rembarquerent promptement & perdirent quelques-uns de leurs vaiffeaux qui demeurerent échouez fur la vafe avec une galere. La flotte n'aïant pû gagner le port de Lisbone, fut obligée d'entrer dans le détroit de Gibraltar pour se mettre à l'abri dans quelques ports, jufqu'à co que les vents permiffent de retourner en Portugal. Mais cette difgrace produifit un grand bien.

de la ville

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XII. Le nenviéme d'O&obre le roi de Fez, irIls chaffent rité des conquêtes des Portugais, ou animé les Maures du defir d'en faire lui-même, vint mettre le d'Arcilla, fiege devant Arcilla avec une nombreuse armée. Il emporta la place d'affaut, & celui Mariana qui la commandoit fe retira dans le château, Raynald, qui fut auffi-tôt battu fans interruption avec hoc an, n. une prodigieufe artillerie. D. Juan de MeneSurital. 5. zés qui s'étoit retiré dans le port de Tan

ibid. n. 63.

5. 23.

ger, aiant appris cette fâcheufe nouvelle, vint avec fa flotte au fecours des affiegez, chaffa les ennemis d'un baftion dont ils s'étoient rendus maîtres, & fit entrer dans la place des foldats, des vivres, des munitions, & toutes les chofes dont les affiegez avoient befoin pour fe défendre. Ferdinand, qui étoit alors à Seville, craignant que les Maures ne formaffent de nouvelles entreprises, envoia ordre au comte Pierre de Navarre, qui étoit avec fa flotte dans la baie de Gibraltar, d'al

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