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ler promptement au fecours des Chrétiens. Il
arriva à la vue d'Arcilla le trentiéme d'Octo- AN.1508.
bre, & canonna le camp des Maures d'une
maniere fi continuelle, qu'ils furent obligez
de l'abandonner: & le roi de Fez n'eut plus
d'autre parti à prendre que de mettre le feu
à la ville, & de fe retirer avec le reste de fon
armée délabrée à Alcaçarquivir. Cet avantage
mit à couvert les places Portugaifes, & le roi
Eminanuel écrivit à Ferdinand pour le remer-
cier du fecours qu'il avoit envoïé fi à propos.
Ferdinand n'étoit pas fans inquietude dans
fes états. Quelques foins qu'il eût pris pour de Caftille
Les grands
affermir fon autorité dans la Caftille, il y peu fatis-
avoit toujours des mécontens parmi les faits de Fer-
grands dont il craignoit la brigue & la puif- dinand.

ils

XIII.

fance. Les principaux étoient D. Alphonfe Mariana
Maurique évêque de Badajoz, & celui de ibid. n. 64•
Catane en Sicile. Depuis la démarche qu'ils, Raynald.
avoient faite d'abandonner le parti de Fer-hoc an .13
dinand pour s'attacher au roi Philippe, ils
avoient toujours été opposez à sa majefté ca-
tholique: & le peu d'efperance qu'ils eurent
d'en obtenir le pardon, ne fervit qu'à forti-
fier leur haine, & à les affermir dans leur
opiniâtreté; au lieu d'effacer le fouvenir de
leur faute paffée par un prompt retour,
s'ôterent eux-mêmes toute reffource par des
fautes nouvelles & plus grandes que les pre-
mieres. Ferdinand en aiant porté fes plaintes Le pape
au pape, pour faire le procès à ces deux évê- nomme des
ques, fa fainteté commit l'archevêque de To- commiflai-
lede & l'évêque de Burgos, pour faire les res pour in-
informations néceffaires, & les lui envoier
pour les juger. L'évêque de Badajoz voulut évêques
s'enfuir & fe retirer en Flandres auprès de d'Epagne.
l'archiduc; mais il fut reconnu & arrêté pro- Mariana
che de fan-Ander. Le prélat fur quelque ibid. n. 54.

XIV.

formerca

tre deux

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temps en prifon dans la citadelle d'Atriença 3 AN. 1508 & enfuite remis entre les mains de l'archevêParif. M. S. que de Tolede, conformément aux ordres de Arch. Vat. fa fainteté.

p. 285. Raynald. ut Supra.

Ces deux évêques n'étoient pas les feuls qui faifoient de la peine à Ferdinand. Ce prince malgré fa vigilance & fes bienfaits fe trouvoit fouvent dans l'embarras. Comme il étoit à Cordoue, il fut averti que le cardinal D. Bernardin de Carvajal, légat en Allemagne, favorifoit davantage les interêts de l'empereur que ceux de la Caftille, dont il étoit charge; le prince en écrivit au pape, & lui demanda de retirer ce miniftre peu fidele. Le pape y fatisfit auffi-tót, & rappella le cardinal à Rome. Le roi catholique partit de Cordoüe fur la fin de l'automne pour aller à Seville, où il fut reçû avec de grandes demonstrations de joie. Il menoit avec lui la reine Germaine fon époufe & fon petit-fils D. Ferdinand. Mais ce prince né pour être traverfé & vivre dans diffipe une l'agitation, fut contraint de quitter Seville conjura. au fort d'un hyver rigoureux, & de reprendre en diligence la route de Caftille pour diffiper une conjuration qui fe formoit contre lui, à la tête de laquelle étoit le duc de l'Infantado. Dès qu'il fe fut montré il affoiblit le parti des conjurez, & gagna les grands par careffes, intimida les autres par menaces, fit des graces aux plus opiniâtres, & les mit dans fes interêts.

X V.

Ferdinand

tion.

Mariana

64.

XVI,

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Le foudan gypte

Le foudan d'Egypte nommé Campfon, follicité par les rois de Cambaie & de Calicut, preffé même en fecret par les Venitiens, & veut chaffer plus encore par l'interêt du commerce de les Portu- l'Egypte, entreprit de chaffer les Portugais gais des des Indes. Ce deffein paroiffoit difficile, le foudan le fentoit, & ne voulant pas d'abord

des.

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en venir à une violence ouverte, il tenta la

Spond, ad an. 1508. no

voie de la négociation. Il choifit le P. Maur AN. 1508. gardien du faint fépulchre de Jerufalem, & Bar. dec. 20 l'envoïa en Italie & en Espagne pour mena- 1. 2. c. 6. &a ger cette affaire auprès du pape & de leurs feq. majeftez catholique & Portugaife. Mais ce. moien n'aïant pas eu le fuccès dont il s'étoit flatté, il réfolut d'emploier la force, & d'obtenir par les armes ce qu'il n'avoit pû gagner l. 29. n. 68. par la négociation.

3.

Mariana

Ciacon, in addit. to. 3.

.244.

Raynald.

XVII. Il fait équipper

contre eux

une flotte

Ofor 1. 40

6.

Maff. 1.

Il fit conftruire & équipper à Suez, qui n'eft qu'à trois journées de chemin du grand Caire, une flotte compofée de fix galeres, hoc an. n. 9. d'un gros galion, & de quatre gros bâtimens de charge, fur laquelle il fit embarquer huit cens Mammelus, & choifit pour chef de cette expedition un certain Mirocem Perfan de naiffance, habile & experimenté general, qui qui eft vic du port de Suez mit à la voile, defcendit le torieufe. long de la mer rouge, rangea les côtes d'Arabie, doubla le golphe de Perfe, aborda au roiaume de Cambaie, & vint mouiller dans Pifle & au port de Diu, une des plus riches villes de tout l'Orient par le grand commer- 622. ce qui s'y faifoit. Laurent d'Almeyda fils du Raynald viceroi des Indes, avoit été envoié pour dé- hoc an n. 9. fendre les côtes, & escorter les vaiffeaux Por-, Befius p. zn tugais qui étoient partis du port de Cochin chargez de riches marchandifes pour retourner en Portugal. Arrivé au port de Chaoul, il apprit l'arrivée de la flotte du foudan d'Egypte, que le gouverneur de Diu avoit jointe avec trente-quatre fuftes. On fe contenta le premier jour de fe canonner de loin avec plus. de bruit que de mal.

Le lendemain Almeyda comptant beaucoup fur la valeur de fes gens, entreprit d'enlever à l'abordage le vaiffeau de Mirocem,

Mariana t. 29. c. 16.

1. 17

qui portoit le pavillon d'amiral: mais il ne AN. 1508. put en venir à bout, il fut mème dangereufement bleffé de deux fléches, & un grand nombre de matelots & de foldats furent mis hors de combat. On revint à la charge le lendemain : le gouverneur de Diu qui faifoit l'arriere-garde de l'armée ennemie, & qui étoit toujours demeuré au large, entra dans le port de Chaoul avec fes vaiffeaux; les Portugais beaucoup plus foibles que leurs ennemis, formerent la réfolution hardie de fortir du port, & de fe faire jour au travers de la flotte du foudan pour gagner le large. Pendant la nuit ils couperent les cables & appareillerent ; on les pourfuivit affez vivement. L'amiral tout defemparé par le combat de la veille, fut canonné avec tant de furie, qu'il faifoit eau de toutes parts. Almeyda fut XVIII. Mort da tué, & les ennemis fa rendirent maîtres de general de fon vaiffeau. Son pere viceroi des Indes ne la flotte verfa pas une larme, & ne voulut pas qu'on Portugaife, le pleurât: Le fort de mon fils, difoit-il, est Mariana 1. » plûtôt digne d'envie; ce feroit le deshono29. n. 69. rer que de pleurer fa mort: puifque la mort eft inévitable aux hommes pouvoit-il » mourir plus glorieufement qu'en défendant fa patrie & la religion contre les ennemis de J. C. & de fon roi.

& 79.

Mort de

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30

33

L'églife Romaine perdit cette année fix XIX. cardinaux. Le premier fut Antoine Ferrerio quelques évêque de Peroufe; il étoit deSavonne, né de cardinaux. parens d'une condition très-commune. Il ferAntoine vit premierement d'écüier au cardinal Reca

Ferrerio.

nati, & enfuite il entra au nombre des domeftiques du pape Jules II. qui le fit protonotaire & fon maître d'hôtel on lui donna les évêchez de Nole, d'Eugubio, & de Peroufe, & il fut enfin cardinalen 150s. Divers

Garimbert

Aubery. Onuphr. Vghel.

Raynald hoc an.n.14.

cardinaux qui connoiffoient fes mauvaises inclinations s'oppoferent à fa promotion:mais AN. 1508. le pape s'obftina à le nommer, & il ne fut pas long-temps à fe repentir d'un fi indigne h ft. card. l. choix. Ferrerio aiant été envoïé légat àBou- 4. logne, y exerça une tyrannie incroïable contre les habitans, en fit mourir plufieurs, & leur vola jufqu'à trente mille ducats d'or.Le pape le fit arrêter, parce qu'il fut foupçonné de l'avoir voulu faire mourir, & ille fit enfermer dans la citadelle Adrienne. Tous fes meubles furent vendus pour païer ce qu'il Paris in iti avoit volé à Boulogne. Le pape touché de ner. ful. II. compaffion lui rendit quelque temps après M. S.Arch. une espece de liberté. Il lui donna une reVat. p. 298. traite honnête à faint Onuphre, & on lui accorda même la permiffion de fe retirer chez le cardinal Recanati, oùil mourut de chagrin le treiziéme de Juillet.

Ciacon, in ful. II. to.

3. P. 257.

to. 3.

Guicciard

Le fecond fut le cardinal Jean Colonne XX. petit-neveu de Martin V. fils d'Antoine prin- Du cardinal ce de Salerne, & frere de Fabrice & de Prof- Colonne. per grands capitaines. Le pape Sixte IV. le Ciacon. in fit cardinal le quinziéme de Mai 1480. Quel- vit ful. II. que temps après Sixte aiant pris les armes contre Ferdinand roi de Naples, fit arrêter le bit. l. 1. cardinal Colonne comme partifan de ce prin- Paul. fov. ce; & il auroit couru rifque de perdre la vie, 3 fi le traité de paix qu'on conclut alors, ne lui Onuth A eût procuré le moien de fortir du château bery. Spond faint-Ange, où il fut prifonnier plus d'un an. Après plufieurs autres actions qu'on a rapportées en leur temps, il mourut à Rome le vingt-fixiéme de Septembre âgé de cinquante-un an, & fut enterré dans l'églife des douze Apôtres, où l'on voit encore aujourd'hui fon épitaphe.

XX I.

Le troifiéme fut Antoine Trivulce fils de Et des care

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