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AN. 15099 tiens appel

lent de cet

te bulle au

Concile; & Venife en fut quitte pour la défertion de quelques moines, que l'ignorance ou l'interêt attachoit aux préventions de la cour de Rome. Ils emporterent avec eux à Ferrare un petit butin qu'ils avoient compofé du pilla futur conge des facrifties, apparemment pour commen- cile. cer à executer la bulle du pape. Le reste du Guicciard. clergé feculier & regulier demeura dans l'o- 1. 8. béiffance due au fouverain. Le fénat dans fon ade d'appel répondoit à la bulle de Jules, & fe plaignoit fortement de fa conduite, & de celle du roi de France.

CC que

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XIX

Bulle da pape contre

Ext. Bulla

n. I.

ful. 11. Couft, 22

Dès que le pape eut apris cet appel, if donna une autre bulle par laquelle il prétendoit le détruire. Elle eft du premier Juillet. On y voit tout le reffentiment qui l'ani- cet appel. moit; il traite l'appel des Venitiens de harRayn, hoc dieffe infupportable, & de temerité. » Pour ann. n. 13. excufer leur conduite, dit-il, ils alleguents fans raifon que la bulle de Pie I I. ne lie ceux qui étoient appellans dans le temps qu'elle fut rendue. Il parle de la bulle que Pie II. donna dans l'affemblée de Mantouë contre de femblables appellations, mais qui en effet ne pouvoit empêcher que les appels, autorifez de tout temps dans l'églife, ne fuffent légitimes. Jules croiant que cette bulle auroit un pouvoir plus efficace s'il la revêtiffoit de fon autorité, ordonne par celle-ci qu'elle aura force tant au-delà qu'au-deça les Monts contre les ecclefiaftiques & les fecaliers de quelque dignité qu'ils foient, rois, cardinaux, chapitres, univerfitez, communautez, colleges, congregations, parlemens même. Il déclare qu'elle aura toujours force, quand même on auroit omis de la publier; qu'outre les peines portées contre ceux qui la violeroient, ouqui confentiroient au viole

ment, ils feroient tenus pour fchifmatiques & AN. 1509. héretiques; fubiroient les peines qu'elle prononce, & qu'ils feroient damnez avec Dathan & Abiron. Il conclut que l'appel des Venitiens eft nul, & que tous les lieux qu'ils habitent font interdits.

Venitiens.

Pendant que le pape fulminoit ainfi contre les Venitiens, le roi de France fans attendre le fecours de fes alliez, avançoit toujours fes conquêtes. Son armée étoit composée de deux mille hommes d'armes, de fix mille Suiffes, de plus de douze mille fantaffins, partie Gafcons, partie Milanois, & d'autres qui tous ensemble pouvoient monter à quarante mille hommes. Les Venitiens attaquerent Treviglio, & la réduifirent bien-tôt à l'extré mité. Les habitans voïant qu'ils ne pouvoient XXX. plus réfifter, capitulerent. Le roi de France Treviglio apprit trop tard la fituation où elle fe troupris par les voit, il fe hâta pour la fecourir; mais il n'étoit plus temps, elle s'étoit renduë le neuBembol 7 viéme de Mai: fon fort n'en fut pas plus heuJuftin. 1.11. S. Gel. bift, reux elle fut faccagée, & l'on dévalisa la garnifon qui étoit de cinquante hommes d'armnes, & de mille fantaffins que Chaumont avoit laiffez fous le commandement de Fontrailles. Cette prompte reddition détermina le roi à chercher l'occafion d'engager les ennemis à une bataille. Il paffa l'Adda à Caffan où il fit jetter trois ponts, fans que les ennemis ofaffent venir difputer ce paffage, quoiqu'ils n'en fuffent éloignez que de cinq milles. Et le jour même il vint camper à une demie-lieuë de l'armée Venitienne. Mais comme cette armée étoit poftée bien avantageufement, Louis ne jugea pas à propos de l'atta

de Louis

XII.

quer.

y

Quelques generaux François furent d'avis

de ne point s'engager dans une action avant l'arrivée des troupes de l'empereur, qui obli- AN.1509, geroient l'armée Venitienne à faire diverfion; mais fa majefté ne défera point à ces confeils, & réfolue de profiter de l'ardeur qui paroiffoit dans fes foldats, elle alla attaquer Rivolta le douzième de Mai, & l'emporta d'affaut; elle marcha enfuit vers Vaila ôter aux , pour ennemis la communication avec Cremone. L'Alviane voulut prévenir cette marche en occupant ce pofte: ce qu'il pouvoit faire aifément; mais pendant que fon arriere-garde étoit entre Vaila & Agnadel, l'avant-garde Les Fran Françoife tomba fur elle. Chaumont & Tri- çois & les vulce le commandoient, & ne furent pas fu- Venitiens perieurs. Les Suiffes furent rompus, cent la bacavalerie Françoife fut affez mal menée par taille d'Al'infanterie Venitienne. Le roi arrivé fur ces gnadel. entrefaites avec le corps de bataille & l'arrie- Guicciard. re-garde, rallia les Suiffes, emporta une di- 1.8.

& la

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commen

gue où les ennemis avoient fait à la hâte quel-Brantôme. ques batteries, avec de l'infanterie qu'ils y éloge de avoient poftez, & les Gafcons qui paroiffoient Louis XI I. rebutez, firent un effort qui les rendit en un moment maîtres du terrain fi long-temps difputé.

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Ce combat ainfi commencé infenfiblement, devint general: on fe battit des deux côtez avec fureur, & la victoire fut long-temps douteufe: on ne diftinguoit plus le lâche du brave, le fage du temeraire; l'infanterie Italienne étant tombée fur l'infanterie Françoise la chargea avec tant de bravoure, qu'elle la fit d'abord plier, & gagna fur elle du terrain. Ce petit avantage fembloit promettre la vidoire aux Venitiens; les bataillons Italiens & eft longFrançois étoient mêlez : tout étoit confondu, temps doug & l'on ne fe reconnoiffoit prefque plus. Mais teufe,

XXXII.

La victoire

fouvent, & fur-tout à la guerre, les plus pe

AN.1509. tits incidens caufent de foudaines révolutions, Mariana & mettent la victoire entre les mains de celui 3.29. 8. 81. qui fe croioit perdu. L'artillerie Françoise

Les Fran

çois rem.

portent la

victoire.

qu'on avoit placée entre des broflailles qui en déroboient la vûë aux ennemis, fut fi bien fervie, & fit un feu fi terrible, qu'elle éclaircit fort les rangs des bataillons Venitiens qui n'avoient pas fongé à fe précautionner contre une attaque à laquelle ils ne s'attendoient pas, XXXIII. & qu'elle les mit tous en defordre. La cavalerie Françoife qui n'avoit point encore combattu, profitant de la confufion où étoient les ennemis, fondit fur eux de toutes parts avec tant de furie, que les aiant enfoncez, ils ne penferent plus qu'à prendre la fuite, après avoir laiffé un grand nombre de morts fur la place. Comme la cavalerie ennemie ne tint pas, elle ne perdit pas beaucoup de monde; mais le carnage de fon infanterie fut trèsGuicciard. grand, & huit mille de fes foldats, felon Gui1. 8. chardin, demeurerent fur le champ de bataille. Toute l'artillerie des Venitiens & tous leurs bagages furent pris, leurs officiers les plus braves tuez ou faits prifonniers ; les François ne perdirent pas plus de cinq cens hommes, fans aucune perfonne de marque, encore quelques hiftoriens diminuent beaucoup ce nombre, en le réduifant à deux cens. Enfin le comte de Petigliano fe fauva, & l'Alviane abattu de fon cheval d'un coup de lance dont il eut l'œil crevé, fut fait prifonnier.

iCard. Con

taren de rep.

Liv. s.

Tel fut le fuccès de cette fameufe action connue par les Italiens & les Efpagnols fous le nom de Ghiara d'Adda, & que les François appellent la bataille d'Agnadel, parce qu'elle fe donna proche le village de ce nom, le quatorziéme de Mai 1 509. Dès que

Louis

une cha

tions de

de Louis XII.

4.

chron. t. 4.

Louis XII. fe vit vainqueur, il defcendit de cheval, rendit fes actions de graces au Dieu AN. 1503. des armées, & fit quelque temps après bâtir XXXIV. au même endroit une chapelle à l'honneur de Louis XII. la fainte Vierge, fous le nom de fainte Marie fait bâtir de la Victoire ; & ce trophée fi convenable à pelle fous un roi très-chrétien fubfifte encore aujour- Pinvocad'hui. Brantome remarque que ce prince aiant tion de là pourfuivi les fuiards jufqu'à Chafoufine d'où fainte Vieril contemploit à fon aise la ville de Venife, fit e, en ac braquer fix coulevrines, & tirer cinq ou fix graces de cens volées de canon à coup perdu. Ce qui cette vic répandit une fi grande confternation dans tout toire. l'état de Venife, que la république affoiblie Brant. élege par la perte qu'elle venoit de faire, perdit de Louis XII. prefque tout ce qu'elle poffedoit. En dix-fept Daniel, hift. jours fa majefté très-chrétienne recouvra touto. 5. in tes les villes dépendantes du duché du Milan, p. 280. qui vinrent implorer la clemence du prince, Mex abreg en lui offrant leurs clefs. Creme, Cremone, Bergame, Breffe & Cravaggio, qui devoient P. 164. être cedées au roi par le traité de Cambray, xxxv. n'attenditent pas qu'on vînt les fommer & les 11 fe rend attaquer; elles ouvrirent leurs portes aux François. Piccighiton fe rendit à la premiere places du fommation. Peschiera fut emportée d'affaut duché de après douze jours de siege, la garnison paffée Milan, au fil de l'épée, pour le venger de ce que les Sexfel. hift. ennemis avoient fait à Treviglio. Les pertes des Venitiens ne fe bornerent ful. II. to. pas là. Les troupes de Jules II. qui étoient 3. p. 224. entrées dans la Romagne au nombre de douze XXXVI. mille hommes, commandez par le cardinal de Frogiès des Pavie, par François-Marie de la Rovere fon troupes du neveu, devenu duc d'Urbin après la mort de pape dans Guy Ubalde fon oncle maternel, & par le la Romaduc de Ferrare, faifoient de leur côté des gne. progrès confiderables. Le nouveau duc d'Urr 29. n. 824 Tome XXV,

B

maître de

toutes les

de Louis XII.

Ciacon, in

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Mariana l.

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