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put fe retenir de l'épancher dans le fein de l'ambaffadeur de Venife. Mais cette mort ne AN.1510. fervit qu'à multiplier les fujets de broüillerie

CII.

Le pape

Belcarius,

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France.

qui étoient entr'eux. Le pape demanda l'épargne du cardinal défunt, qu'on difoit mon- exige l'ar gent que le ter à trois cens mille écus d'or, comme une cardinal adépouille qu'il prétendoit lui appartenir. Le voit laiffe roi la lui refusa, & lui fournit ainfi un nouveau en moufujet de fe fâcher, ou du moins de fe plaindre. rant. Les deux armées compofées d'Allemands rer. Gallic. & de François, harceloient toujours les Ve- 1. 12. n. 3. nitiens dans le Padoüan & dans le Vicentin, & s'emparoient de quelques places en atten- Nouveau dant l'armée de l'empereur, qui ne paroiffoit traité entre pas fe preffer beaucoup. Ce prince avoit fait l'empereur depuis peu un nouveau traité avec Louis XII. & le roi de Il contenoit que la France ne feroit obligée Ferron. in qu'aux frais ordinaires de la guerre, & qué Lud. XII. l'empereur furviendroit aux extraordinaires ; que Chaumont demeureroit dans l'état de Terre-ferme jufqu'au quinziéme d'Août, & retiendroit jufqu'à ce temps-là les troupes Françoifes; que Louis prêteroit à Maximilien cent mille écus d'or, à condition qu'il auroit Verone en engagement, jufqu'à ce qu'il fût entierement rembourfé. Chaumont, qui fe difpofoit à s'en retourner dans fon gouvernement, reçut de Paris avec la copie de ce traité l'ordre de l'accomplir, & témoigna au comte de Hanaw, qu'il étoit prêt de s'unir à lui pour attaquer la place qu'il jugeroit à propos. Dans ce même temps arriva le duc de Termini avec quatre cens lances Efpagnoles, que le roi catholique fourniffoit à l'empereur en vertu du traité de Cambray. Avec ce ren-' fort on délibera fi l'on affiegeroit Padouë, comme le fouhaitoit Maximilien. Mais on aima mieux s'attacher à Montfelicé, petite

CIV.

ville entre Eft & Padoue, à l'attaque de la AN. 1510. quelle l'armée des confederez perdit tant de foldats, qu'on fut für le point de l'abandonner. Soncino Benzone tombé entre les mains des coureurs, fut condamné à être pendu par Gritti, qui le regarda comme un traître, qui avoit livre Créme fa patrie pour une Compagnie d'armes. Comme cet officier ferLes confe- voit dans l'armée Françoise en qualité de coderez font lonel d'infanterie, Chaumont ne penfa plus le fiege de Monfelicé, qu'à preffer le fiege de Monfelicé, & à fe ven& prennent ger fur la garnifon. Ses troupes donnerent cette ville. l'affaut le vingt-uniéme de Juin. Les VeniBembo.l.10. tiens qui étoient au premier rampart, furent Guice. 1.9. emportez avec tant de fureur, que la confternation fe mit entre eux : ils voulurent fe refugier dans le fecond, mais ils y furent poursuivis de fi près, que les affiegeans y entrerent avec eux: il en arriva de même au troifiéme rampart, & à la tour; & les foldats de la garnifon s'étant fauvez dans le donjon, on y mit le feu, & tout ce qui s'y trouva périt par les flammes. Ce fut là le dernier exploit de cette armée, après lequel les Allemands demanderent qu'on marchât vers Trevife. Mais les fix femaines portées par l'accommodement de fa majefté imperiale, s'étant écoulées, fans que l'on apprit de fes nouvelles, Chaumont fe retira dans le duché de Milan, après avoir laiffé au comte de Hanaw les trois cens lances & l'infanterie qu'il demanda, parce que la prefence de ce general étoit necef faire ailleurs.

Jules II. prévoïant qu'il en viendroit aux mains avec la France, demanda aux Venitiens la liberté du duc de Mantouë, afin de fe l'attacher. Le duc fortit de fa prifon, & recouvra fa liberté le quatorziéme de Juillet.

En attendant la guerre avec la France, le pape la faifoit faire aux états du duc de Ferrare AN. 1510. par le duc d'Urbin fon neveu; mais il n'eut CV. d'abord qu'un mediocre fuccès. Le duc d'Ur- L'armée dú bin s'empara de quelques petites places qui pape attafe trouverent fur fa route, & enfuite affiegea du duc de quelesétats Lugo mais Châtillon officier François qui Ferrare, commandoit un corps de troupes en Lombar- Mariana la die, étant accouru promptement avec trois 29. n. 98. cens lances au fecours des affiegez, & étant entré dans la place le vingt- neuvième de Juillet, fon arrivée allarma tellement les ennemis, que le duc d'Urbin ne fe voïant pas en état de s'oppofer aux François, leva le fiege avec précipitation, & fe retira promptement à Imola pour fe mettre à couvert.

CVI.

Elle fe re tire, & le

duc de Fer

rare recou

Le duc de Ferrare recouvra bien-tôt ce qu'il avoit perdu, & les villes que le duc d'Urbin avoit prifes n'aïant plus rien à craindre des garuifons qu'il avoit emmenées en fe retirant, retournerent fous leur ancien maître. vre ce qu'il Mais l'armée du pape fe voiant maîtreffe de avoit perla campagne par la retraite de Châtillon, re- du. prit une partie de ce qu'elle avoit conquis; & le cardinal de Pavie trouva moïen de fe faifir de Modene au nom du pape,avec le fecours de quelques intelligences qu'il entretenoit dans la ville. Les Rangoni en ouvrirent les portes, & le duc de Ferrare couroit rifque de perdre encore Reggio, s'il n'y eût fait entrer des troupes, & s'il n'eût reçû du maréchal de Chaumont un fecours de deux cens lances. Chaumont fût venu lui-même à fon fecours, HIV s'il n'eût point été occupé contre les Suiffes, qui piquez contre la France de ce qu'elle CVII. avoit levé des Grifons & des Allemands en Irruption leur place, s'affemblerent fur la frontiere au dans le Minombre de quatorze mille hommes, & vou-lanez, &

des Suiffes

lurent fe venger fur le Milanez. Le pape & AN. 1510. les Venitiens qui fe flattoient par le moïen de cette nation de chaffer les François de toute

la Lombardie, & même de l'Italie entiere, & Mariana l. de rétablir dans le duché de Milan Maximi29. n. 99, lien Sforce qui en avoit été dépouillé, l'entretenoient à leurs dépens, le pape en païoit lui feul huit mille hommes.

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Le maréchal de Chaumont mit des troupes dans Yvrée, pour fermer aux Suiffes le paffadu val d'Aofte. Mais ceux-ci s'affemblant à Bellinzone, donnerent clairement à connoître qu'ils en vouloient au duché de Milan. Cette ville étoit autrefois de ce duché, elle eft au pied des Alpes fur le Tefin, & appartient aux trois cantons d'Ury Schwitz & Underwal, à qui elle fut cedée en 1500. lorfque le Milanez changea de maître. Les Suiffes dès le fixiéme de Septembre descendirent dans le duché de Milan, & vinrent camper à Caftiglione. Chaumont qui ne s'appli quoit qu'à mettre en ufage tout ce qu'il pou voit inventer pour embarraffer ou retarder leur marche,brûlant les vivres & les fourrages qu'il n'avoit pas le loifir de mettre en lieu sûr, ne put néanmoins empêcher qu'ils n'ar rivaffent dans le duché de Milan au pont de Vedano, que le baron de Molard s'étoit chasgé de garder avec deux mille fantaffins Galcons, qui en furent chaffez; ce qui facilita la marche des Suiffes jufqu'à Centurio, d'où ils s'avancerent jufqu'à Côme, où la bourgeoifie CVIH. les reçut pour éviter le pillage. Mais ces trouLes Suiffes pes manquant de vivres & d'argent fe muti- · fe retirent nerent & fe révolterent fi ouvertement, qu'ils fans avoir prirent réfolution de fe retirer, & de repren ien fait. dre le chemin de Bellinzone; ce qu'ils exe3.1, p.414. cuterent, fans qu'on pût les arrêter

Pet, de An

ne.

CIX. Les Veni

Guice. 1,

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Le fénat de Venife s'étoit flatté que les Suiffes occuperoient les François affez long- AN. 1510, temps pour faire quelque entreprise confiderable. Il dépofa Baglioné à la place duquel il mit Luc Malvezzi, & lui ordonna de reprendre les places que les confederez avoient emportées au commencement de la campa gne, & d'affieger enfuite Verone. Son armée étoit compofée de huit cens hommes d'armes, trois mille chevaux légers, & dix mille hommes d'infanterie, fans compter les milices Venitiennes, compofées de païfans qui continuoient de fervir la république avec autant de zele, que s'ils avoient eu part au gouvernement. Le mois de Septembre n'étoit pas encore paffé, que l'armée de Venise forma un fiege régulier devant Verone, après avoir re- tiens affic pris Monfelicé, tout ce que les Imperiaux gent Vera avoient pris dans le Padoüan & dans le Vicentin, & Vicenze même : mais Chaumont eut encore la gloire de leur faire lever ce fiege par le feul bruit de fon approche. Les Venitiens le pouffoient avec vigueur, ils s'étoient déja rendus maîtres de tous les dehors; la fortereffe de Saint-Felix & le boulevart voifin étoient tellement endommagez, que les affiegez perdirent l'efperance de les garder plus long-temps; mais l'arrivée de Chaumont leur rendit le courage: ils firent une fortie fi vigoureufe, que la plupart des Venitiens prirent la fuite, & le refte fut tué fur la place; leurs travaux furent comblez, leus artillerie encloüée, & Malvezzi leva le fiege du confentement du fénat, dont les débris de l'armée fe retirerent à Saint Boniface, derriere l'Aldego, où elle fe retrancha fur un terrain tellement couvert par la riviere & les marais, qu'il étoit impoffible de la foreer,

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