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fe reti

que l'on voudroit y tenir. Toutes les mefures AN. 1510. qu'on avoit prifes enFrance inquieterent d'auCXX. tant plus fa fainteté, qu'elle fut informée que Cinq cardi- les cardinaux entroient dans ce deffein, & naux quit- que cinq d'entr'eux l'avoient déja quitté dans sent le pape fon voiage de Rome à Boulogne, & s'étoient rent à Mi- rendus à Milan, tout préparez à agir contre lui. Ces cardinaux étoient Bernardin de CarMariana, vajal, François de Borgia archevêque de Cohift. Hifp. fence, René de Prie évêque de Baieux, FreRaynald, deric de Saint-Severin, & Guillaume Briçonhoc ann. n. nct évêque de Saint Malo, qui avoit eu tant

lan.

30. n. 4.

$9.

CXXI.

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Les Benti

gne & de

de crédit fous le regne de Charles VIII. Ils avoient obtenu du pape la permiffion d'aller à Notre-Dame de Lorette, pourvû qu'ils vinffent le joindre à Boulogne à un jour marqué; & ils profiterent de cette occafion pour obtenir un fauf-conduit des Florentins, & demeurer à Florence autant de temps qu'ils voudroient ; mais pour plus grande fûreté, ils pafferent peu de temps après à Milan, malgré tous les expediens que fa fainteté mit en ufage pour les faire revenir fa cour; promeffes, menaces, argent, offres de benefices.

Les Bentivoglio que Jules avoit chaffez de vogliopro- Boulogne depuis quelques années, conferpolent à voient toujours un vif reffentiment de cette Chaumont action, & ne cherchoient que l'occafion de de furpren- s'en venger. Ils crurent enfin l'avoir trouvée are Boulo- aiant appris que le pape étoit à Boulogne ; & faire enle- pour ne point manquer leur coup, ils allerent ver le pape- trouver le maréchal de Chaumont, & lui proMariana, poferent de furprendre cette ville, & de fe ibid. rendre maître du pape. Ils lui representerent Graffis to. 3. que cette expedition n'étoit point difficile s'il P. 597. vouloit faire diligence; & ils s'offrirent d'efRaynald. fuier les premiers les plus grands dangers bec ann. n. comme étant les plus intereffez dans le fuccès,

Paris de

21. & 23.

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& parce qu'il n'étoit pas jufte qu'ils ne fuffent pas les plus ardens dans une affaire qu'il AN. 1510. n'étoit pas obligé d'entreprendre, & qu'ils n'attendoient que de fa bonté. » Nous avons (ajoûterent-ils) un grand nombre d'amis « dans Boulogne, nous connoiffons leur zele «< pour nous notre adverfité ne les a ren- « dus que plus fenfibles à nos interêts; dès « que vous paroîtrez nous favorifer, & que « l'armée Françoife fe déclarera pour nous, « ils prendront les armes, & expoferont leurs << biens & leur vie pour nous venger des vio- * lences du pape. ce Chaumont animé par ce difcours fe mit en chemin, & vint camper à Crefpolano, qui n'eft qu'à dix milles de Boulogne; il pouvoit y arriver le jour même, y entrer & fe faifir de toute la cour de Rome, s'il eût écouté les Bentivoglio qui le preffoient de ne point s'arrêter; mais le maréchal voulut abfolument remettre la partie au lendemain, & ce délai lui fit manquer fon coup. A fon approche la confternation ne laiffa pas CXXII: d'être grande dans la ville, principalement Confterna la cour du pape, qui étant compofée d'ec- tion dans clefiaftiques, étoit plus fans défenfe, & ainfi la cour du plus facile à s'allarmer du danger. La crainte pape à Boulogne. étoit d'autant mieux fondée, qu'il n'y avoit Raynald pas moien de fe retirer, à caufe des courfes hoc an. que faifoit la cavalerie Françoise au-delà de 23, Boulogne.

Dans la confternation où l'approche du péril avoit jetté les cardinaux, ils perfuaderent au pape de s'accommoder avec Chaumont; & pour l'y déterminer, ils lui reprefenterent que les bourgeois n'étant pas trop affectionnez au faint fiege, c'en étoit affez pour former une confpiration qu'il falloit prévenir; que les François avoient toujours té Tome XXV,

E

de Venife &

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moigné qu'ils s'accorderoient à des conditions AN.1510. raisonnables: & qu'en tout cas on en feroit quitte pour les laiffer jouir paifiblement du duché de Milan. Mais Jules plus emporté que jamais, n'écouta point ces remontrances. Il fit venir l'ambaffadeur de Venise, & lui re¿xxIII. procha vivement la lenteur du fecours que la Reproches que le pape république lui avoit promis: » Je vous donne fait auxam- encore ( dit-il) jufqu'à demain pour tout baffadeurs » délai, & fi le fecours que vous m'avez fait efperer n'arrive point, je traiterai avec Arragon. Chaumont aux dépens de ceux qui me manquent de parole. Il querella fort auffi l'ambafladeur d'Arragon pour un pareil fujet : Sans vous (dit-il) je n'aurois pas dépofé l'acte de l'inveftiture de Naples enso tre les mains du cardinal de Reggio, je ne l'ai fait qu'à votre confideration, & parce que vous m'aviez afluré que l'on n'envoieroit des troupes Efpagnoles, & cependant elles ne paroiffent point. Enfin ne fçachant plus fur qui jetter fa colere, il manda les magiftrats de Boulogne & les corps de métiers pour leur faire valoir la bonne opinion qu'il avoit euë de leur fidelité. Il leur exagera la tyrannie des Bentivoglio; il remit tous les impôts, & demanda feulement que le peuple prit les armes pour la défense du faint fiege, Mais chacun fe renferma dans fa maison, & n'eut aucun égard à fes inftances.

Les cardinaux qui voioient l'embarras où étoit le pape, & qui craignoient beaucoup. pour eux-mêmes, le prefferent encore de fe rendre à leurs avis: ils engagerent les ambaffadeurs de l'empereur & des rois d'Espagne & d'Angleterre à s'unir à eux, & tous de concert firent tant d'inftances, que le pape conLe pape en fentit enfin qu'on chargear le comte Jeans

CXXIV.

pour

avec le maréchal de

François Pic oncle paternel du prince de la Mirandole, d'aller trouver le maréchal de AN. 1510, Chaumont & de traiter avec lui. Le comte voïe traiter étant arrivé au camp, fut reçû avec beaucoup d'honneur, & empêcha l'armée Fran- Chaumont. çoife d'agir, fur l'afurance qu'il donna que Guicc. l. 9, Jules étoit difpofé à recevoir la loi qu'on youdroit lui impofer. Chaumont parut un peu embarraffé; il fçavoit les intentions du roi fon maitre fe réconcilier avec le pape; & quoiqu'il fût bien réfolu de ne point plier fous l'excommunication que le pape avoit lancée contre lui, il ne laiffoit pas d'en craindre les fuites, parce qu'il fçavoit que l'igno, rance des peuples & leurs préjugez pour la cour de Rome, donne fouvent à fes cenfures une force qu'elles n'ont pas, quand le pape paffe les bornes de fon pouvoir. D'ailleurs il s'étoit laiffé intimider par l'ambassadeur d'Angleterre, qui alla lui déclarer une rupe ture entiere entre les deux rois, s'il pouffoit plus avant fon entreprife. Toutes ces raifons le firent confentir à une fufpenfion qui dura deux jours, pendant lefquels on dreffa les articles fuivans.

du

vec le ma-"

I. Que toutes les cenfures feroient levées, cxxv & qu'il y auroit une trève de fix mois entre Articles de le faint fiege & le duc de Ferrare. II. Que de l'accom les Bentivoglio feroient abfous & rentreroient modement dans les biens qui leur appartenoient de l'a+ pape aveu même de fa fainteté ; & qu'à l'égard des réchal de autres qu'ils avoient poffedez avant leur for Chaumont, tie de Boulogne, il leur feroit permis de choifir des tribunaux non fufpects; qu'on leur accorderoit une amniftie en la meilleure forme, en y comprenant tous ceux qui les avoient favorisé directement ou indirectement, quand même ils feroient fujets de fa

faintetés qu'il leur feroit libre de demeurer AN. 1510. en quelque lieu d'Italie qu'il leur plairoit, pourvû que ce fût à quatre-vingt milles au moins de Boulogne. III. Que la ville de Modene feroit inceffamment mife en dépôt entre les mains de l'empereur, & que durant la fufpenfion d'armes, les deux parties nommeroient des arbitres qui prononceroient définitivement fur l'affaire de Comacchio. IV. Que le pape executeroit à l'égard des Venitiens le traité de Cambray. V. Que Louis XII. rentreroit dans Cotignola, & nommeroit à tous les benefices fituez dans les états d'Italie. VI. Que le cardinal d'Auch feroit mis en liberté : & que ceux de fainte Croix, de Cofence, de faint Severin, de Baïeux & de faint Malo rentreroient en grace.

Pic de la Mirandole porta ces articles à Jules, qui les lut affez tranquillement contre fon ordinaire. Mais pendant qu'il étoit indéterminé fur le parti qu'il avoit à prendre, il reçût un fecours de troupes Efpagnoles, & il apprit que l'armée Venitienne approchoit, & avoit déja paffé le Pô. Cette double nouvelle lui rendit toute la joie. Mais afin de mieux couvrir fon deffein, il ne rejetta pas d'abord les articles que Pic venoit de lui apporter. Il fe contenta de renvoier vers Chaumont pour lui propofer quelques adouciffemens, réfolu de l'amufer ainfi, jufqu'à ce qu'il eût mis le maréchal hors d'état de fe faire craindre. Chaumont qui ne fe douta Chaumont point de l'artifice du pape, ou qui n'y fit point fe laifle a d'attention, fe laiffa tromper. Mais quand il mufer par vit Fabrice Colonne arrivé avec quatre cens une négo- lances, il reconnut fa faute, & perdit toute lui propofe efperance d'accommodement. En effet le pape lui fit dire qu'il ne s'accommoderoit ja

CXXVI.

ciation que

Le pape.

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