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P. BEM

BO.

PIERRE BEMBO.

Pe

IERRE Bembo naquit à Venife le 20. Mai 1470. de Bernard Bembo & d'Helene Marcella. Son pere, qui étoit d'une des premieres familles de la Republique, & qui mourut en 1518. dans fa quatre-vingt-fixiéme année, après avoir paffé par les principales Charges, ayant été envoyé en 1478. en Ambaffade à Florence, où il devoit réfider deux ans, fuivant la coutume, jugea à propos d'y mener Pierre Bembo fon fils, qui n'avoit alors que huit ans, afin qu'il pût apprendre les fineffes de la Langue Italienne, que l'on parloit fort mal à Venife. En quoi les Auteurs de fa vie prétendent qu'il réuffit parfaitement; mais il eft probable, qu'il y a en cela de l'exagération; car quoique le fejour de Florence ait pu être de quelque utilité à Bembo pour fe perfectionner dans la connoiffance de fa Langue, il étoit encore trop jeune pour l'apprendre pa

faitement; d'ailleurs on ne l'y par- P. BEMloit pas alors auffi purement que вo. l'on a fait depuis. Ce n'eft donc que par la lecture des bons Auteurs qu'il eft parvenu à cette perfection que l'on admire en lui.

Son pere ayant fini fes deux années le ramena à Venise en 1480. & il y continua à s'appliquer à la Langue Latine, qu'il avoit commencé à étudier à Florence. Son pere alla encore en Ambaffade à Rome,en 1488. mais il ne le mena pas avec lui cette fois, il le lailla à Venife pour poursuivre un procès qu'il avoit avec un nommé Simon Goro. Une difpute que Pierre Bembo eut à ce fujet avec un neveu de cet homme lui fut funefte, car il en reçut fur la main droite un coup d'épée, qui lui bleffa le doigt du milieu dont il fut toujours incommodé depuis.

Jean Alexandre Urticio, fon Précepteur, en lui enfeignant la Langue Latine, lui avoit fait concevoir une fi grande idée de la Grecque qu'il fouhaitoit depuis long-tems l'apprendre auffi; mais comme il n'y avoit point en Italie de Maîtres

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BQ.

P. BEM- habiles en cette Langue, il obtint enfin, quoiqu'avec peine, de fon pere la permiffion d'aller en Sicile chercher Conftantin Lafcaris, qui l'enfeignoit à Meffine.

Il partit pour cela de Venife avec un de fes amis, nommé Ange Gabrieli, le 30. Mars 1492. & alla par terre jufqu'à Naples, où il s'embarqua, & arriva à Messine après dix jours d'une navigation périlleuse le 4. Mai fuivant, comme il le marque

dans une de fes Lettres.

Cafa dit qu'il demeura trois ans
à Meffine, mais il fe trompe en cela,
de même qu'en plufieurs autres
chofes; car on voit par une de fes
Lettres qu'il étoit de retour à Ve-
nife au mois de Septembre 1494.
Ce qu'il y a de fûr, c'eft qu'il fit
de grands progrez fous Lafcaris, &
qu'il acquit une grande connoiffan-
ce de la Langue Grecque.

Peu de jours après fon retour
il alla avec Gabrieli faire fa Philo-
fophie à Padoue, où il paroît qu'il
étoit le premier Octobre de la mê-
me année. Il retourna l'année fui-
vante à Venife, & fon pere voulut

alors

C.

alors l'engager de renoncer à l'étude, P. BEM pour fe mettre en état dans d'entrer BO. les Charges; mais fon inclination l'emporta fur la volonté de fon pere. Beccatelli donne un air de pieté au motif qui le détermina; il dit qu'étant entré dans une Eglife pour prier Dieu de lui faire connoître fa volonté, il entendit un Prêtre qui difoit la Meffe, lifant ces paroles de Jefus-Chrift à S. Pierre Pierre fuis-moi. Ce qu'il s'appliqua à luimême, & regarda comme un ordre du Ciel, qui l'appelloit à l'Etat Ecclefiaftique. Cafa, fon autre Hiftorien, rapporte auffi ce fait; mais il prétend qu'il arriva lorfqu'il eut été nommé au Cardinalat, & que ce fut ce qui l'engagea à l'accep

ter.

Son pere ayant été envoyé en 1498. à Ferrare, pour y commander au nom de la Republique de Venife, il l'y fuivit, & y acquit l'eftime du Duc Alphonse d'Eft, & de Lucrece Borgia fa femme; il s'y fit auffi un grand nombre d'amis, entr'autres Jacques Sadolet, avec qui il eut dans la fuite de grandes liaiTome XI. Hh

P, BEM- fons. Ce fut là quil commença fes Azolains, dont je parlerai dans la fuite.

BO,

Il retourna à Venise en 1500, Mais faifant reflexion que l'applica tion qu'il donnoit à l'étude n'étoit pas un moyen pour parvenir aux Dignitez que l'on n'accorde ordinairement qu'à ceux qui fe font connoître par leurs actions & voyant d'un autre côté que fon pere n'étoit pas en état de l'entretenir avec fes freres d'une maniere conforme à leur naiffance, il réfolut de fortir de fa Patrie, & d'aller chercher fortune ailleurs.

Il alla dans ce deffein à la Cour d'Urbin, où tous les Gens de Lettres étoient bien reçus. Il y fut bientôt eftimé & aimé; le Duc fur tout & la Ducheffe lui donnerent plufieurs marques de bienveillance, & commencerent à le faire connoître à la Cour de Rome, Ainfi fa réputation l'y avoit précedé, lorfqu'il y alla en 1512. avec Julien de Medicis, frere du Cardinal, qui fut Pape l'année fuivante, & y logea avec Sadolet chez Frederic Fregofe Archevêque de Salerne,

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