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bord de la rivière d'Adda qu'il paffa avec précipitation, & AN. 1516. vint camper dans le Bergamafque avec les troupes Allemandes; & la terreur ne le quitta point, qu'il ne fût arrivé à Trente. Les Suiffes, à fon exemple, délogèrent le même jour, & fe retirèrent à Lodi & à Saint-Ange qu'ils pillèrent: peu de temps après ils s'en retournèrent chez eux par la Valteline. Quant aux troupes, elles reftèrent encore quelque temps en corps d'armée; mais bientôt après tous les foidats fe diffipèrent faute d'être payés régulièrement, & d'être employés à quelque entreprife. Les Allemands fe débandèrent entièrement; les uns fe retirèrent dans Vérone, & plus de trois mille prirent parti dans l'armée de France.

CXLV.

états.

Cimareli hift. d'Urbin.

lib. 12.

Bellai, l. 1.

Le pape voyant que les François ne témoignoient aucun Le pape dé- reffentiment de fes contraventions au traité, chaffa le duc pouille le duc d'Urbindefes d'Urbin de son état en vingt-deux jours ; & pour empêcher le connétable de Bourbon de le rétablir, il lui fufcita de l'embarras dans le Milanès, en gagnant le chancelier MoroGuicciard. né, qui ne voyoit qu'à regret fa patrie fous une domination étrangère. Il avoit ménagé une confpiration avec les CoMémoires du lonnes & les bannis de Milan; mais fur le point d'éclater, elle fut découverte par un espion du connétable, qui fuæ que le pape y étoit entré, & qui demanda permiffion au roi de faire éclater fon reffentiment contre la cour de Rome. François I lui répondit, qu'il falloit ramener fa fainteté avec douceur, & ne point l'irriter par de fàcheufes extrémités. Le connétable remit auffitôt entre les mains du roi le gouLe connéta- vernement du Milanès, prévoyant que la cour de Rome le ble de Bour- feroit bientôt perdre à la France; & Lautrec, par des inda gouverne. trigues qui ne doivent point ici trouver leur place, fut fait ment du Mi- gouverneur de l'état de Milan. Le pape inveftit Laurent de Medicis du duché d'Urbin, & l'ancien duc dépouillé alla se réfugier à Mantoue.

CXV.

bon fe démct

lanès.

CXVI.

bret entre

prend de re

varre.

Les Navarrois fe lafsèrent bientôt de la domination des Jean d'Al- Caftillans, & ceux de la faction de Beaumont qui en avoient chaffé Jean d'Albret, furent les premiers à le rappeler. Ils couvreriaNa- l'informèrent des mesures qu'ils avoient prifes pour le réta blir fur le trône. Le fils du connétable lui manda qu'il pouvoit compter fur une armée de vingt mille hommes; & ce prince de fon côté en leva une de Gafcons, avec le confentement de François I. Tout cela cependant ne put fe faire fi fecrétement, que Ferdinand d'Aragon, viceroi de Na

Gomès, in vita Ximen.

1.6.

CXVII.

Son armée & il meurt.

eft battue,

varre n'en eût connoiffance; il en donna auffitôt avis au cardinal Ximenès, qui leva promptement une armée compofce AN. 1516. de vieux foldats, dont il donna le commandement à Ferdinand Villaiva, avec ordre de diffiper la faction de Beaumont, & d'ailer garder le paffage de Roncevaux pour en défendre l'entrée à Jean d'Albret, & à fon retour de faire rafer toutes les places fortes de la Navarre, à la réserve de Pampelune, où l'on feroit conftruire une citadelle pour maintenir les Navarrois dans leur devoir. Jean d'Albret n'eut aucune connoiffance de ces ordres ; & ceux qui commandoient fon avant garde, & le corps de bataille ignorant que Villalva s'étoit emparé des défilés des montagnes, donnèrent dans l'embuscade qu'il leur avoit dreffée, & toutes leurs troupes furent taillées en pièces. L'arrière-garde avec laquelle le roi de Navarre affiégeoit le château de S. Jean de Pié-de-port, après avoir pris la ville, prit tellement l'épouvante, que ce prince, abandonnant le fiége, fut obligé de fe retirer dans la principauté de Béarn. Villalva fit auffitôt travailler à la démolition des places pour exécuter les ordres de Ximenès. Jean d'Albret s'abandonnant à fon défefpoir, mourut peu de temps après ; & fa mort fut bientôt fuivie de celle de fon époufe, qui ne lui furvécut pas fept mois, laiffant pour héritier de leurs droits leur fils Henri qui n'avoit que quatorze ans. Quant à Villalva, il ne jouit pas long-temps de l'honneur d'avoir confervé la Navarre: il mourut fubitement au fortir d'un repas que lui avoit donné le connétable de Navarre dans fon château de Lerin, & le bruit fe répandit qu'il avoit été empoisonné.

CXVIII.

Le roi d'Ef

pagne en

cour de

d'Albret.

Le roi Charles, mécontent de cette entreprise de Jean d'Albret, parce qu'il croyoit que François I y avoit quelque part, envoya à la cour de France Philippe de Clèves, voie faire des feigneur de Raveftein, pour fe plaindre du procédé qu'on plaintes à la tenoit à fon égard, & pour témoigner le défir qu'il avoit de France, fur bien vivre avec le roi, comme il avoit fait jufqu'alors. Ce l'entreprise feigneur fut auffi chargé de propofer un traité, & de mé- de Jean nager pour cet effet une entrevue à Noyon. Sa majestė y confentit, & chargea Gouffier de Boify fon principal miniftre, de s'y aboucher avec le feigneur de Chievres, qui tenoit le même rang à la cour du nouveau roi d'Espagne. Les conférences commencèrent le premier jour du mois Conférences d'Août & durèrent jufqu'au 1 3e. Gouffier infifta fur la refti- tenues

CXIX.

Chievres.

Bellai

tution du royaume de Navarre, & de la partie de celui de AN. 1516. Naples qui étoit échue à Louis XII, comme Charles l'avoit Noyon, entre Gouffer promis par le traité avec le comte de Naffau, auffitôt après de Boity & la mort de Ferdinand. Chievres s'en défendit, fur ce qu'il le fieur de n'y avoit aucune apparence que les Espagnols confentiffent Mém. du à la reftitution de la Navarre, qu'ils regardoient comme une barrière capable d'empêcher les François d'entrer dans le Belleforeft, centre de leur pays; ni à la reddition du royaume de Naples, Belcar.Paul. qu'ils ne pouvoient quitter fans expofer la Sicile, d'où ils tiroient des bleds dans les années de ftérilité affez fréquentes en Efpagne : & qu'ainfi il falloit attendre que Charles eût pris poffeffion de la Caftille & de l'Aragon, afin qu'il pût parler en maître, & faire ce que bon lui fembleroit.

du Tillet.

Joy.

CXX.

& le roi

Goutlier fe rendit à ces raisons, qui paroiffoient fpécieufes; Articles du & pour donner une plus grande affurance à François 1 fans traité entre commettre l'autorité de Charles, on fit un traité par lequel François I il fut dit, qu'il y auroit ligue défenfive entre la France & d'Espagne. l'Espagne, envers & contre tous; que Charles épouferoit Ferron, in Louite, fille du roi très-chrétien, qui n'avoit qu'un an ; & Lud. XII. qu'en attendant qu'elle fût nubile, il feroit tenir vingt-cinq mille écus par quartier pour fon entretien à la cour de France, où elle feroit élevée auprès de la reine fa mère jufqu'à l'âge de douze ans: qu'elle auroit pour fa dor la portion du royaume de Naples, qui devoit appartenir à la France, par le par tage fait en 1501 ; & que fi elle mouroit avant la contommation du mariage, Charles épouferoit une de fes fœurs, en cas qu'elle en eût ; & fi le roi très-chrétien manquoir de filles, il lui donneroit Renée de France fa belle-four aux mêmes conditions: que ces mariages ne s'exécutant pas, la portion de Naples feroit réunie à la monarchie Françoife, & que la Navarre feroit reftituée à Henri fils de Jean d'Albret dans fix mois; que fi dans un temps fi court Charles ne pouvoit difpofer les états de Caftille à cette reftitution, François I auroit la liberté d'employer une armée pour la recouvrer, fans contrevenir au traité. On y ajouta encore cet article, que fi l'empereur vouloit rendre Vérone aux Vénitiens dans deux mois, on lui donneroit cent mille écus Varillas, pour le dédommager de fes frais, & qu'en cas de refus, hift. de Fran- Charles lui laifferoit vider fa querelle. Varillas reconnoît un autre traité qui contenoit les mêmes conditions, à la réferve que, pour la reftitution de la Navarre & de la por

fois I. in

quarto, t. 1. pag. 123.

AN. 1516. Voyez le P. Daniel, hift.

422.& t.Vill.

p. 388, dera.

tion du royaume de Naples, les deux rois promettoient de s'en rapporter à des arbitres; mais ce traité eft chimérique. Les conditions étoient un peu rudes pour Charles; c'eft pourquoi, fi la main parut confentir en fignant le traité, il de France, t. eft certain que le cœur n'y confentit pas, comme les effets v. in-quarto. le firent voir bientôt après. Cependant on fit publier folennellement la paix dans les deux royaumes avec de grandes édit. démonftrations de joie ; & même pour rendre le traité plus ferme, & plus à l'épreuve de l'infraction, les deux princes fe donnèrent mutuellement l'ordre chacun de fon pays, pour être comme le fceau de leur foi. François donna à Charles l'ordre de faint Michel, inftitué par Louis XI; & le roi d'Espagne donna au roi de France celui de la toifon d'or, fondé par Philippe le-Bon duc de Bourgogne, faïeul maternel de Charles.

tri

cordat.

concord. p.

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Dans l'entrevue de Boulogne, le roi, comme nous l'avons CXXI. vu, fit prier le pape de confirmer la pragmatique-fanétion; Fin de l'afmais Leon X rejeta cette propofition, & le chancelier du faire du conPrat donna l'idée du concordat qui abolit la pragmatique. Pinjon. hift. Il y travailla lui-même, avec deux cardinaux que le pape pragm & nomma à cet effet; mais avant que de le faire recevoir par 727. Hifi de le concile de Latran, François I envoya à Rome Roger de la prag. & du Barme, avocat du roi au parlement de Paris, avec ordre de concordat pourfuivre cette affaire, & d'obtenir du pape les bulles par Dupuis, Paris, 1652. convenables. De Barme arriva à Rome, travailla felon les Comment. ordres qu'il avoit reçus, & manda au roi que le pape & fon fur les liberconfiftoire vouloient ajouter quelques limitations à certains fe Gall. par articles du traité de Boulogne. Le roi avoit donné des or- Pithou. dres exprès de s'en tenir aux articles dont on étoit convenu à Boulogne; mais de Barme ne put jamais y engager le pape, & le roi fut obligé de céder.

tés de l'égli

Congréga

zième du

Le quinzième Décembre on tint une congrégation générale CXXII. dans le palais du pape, pour y examiner les décrets qu'on tion généiadevoit propofer dans la feffion fuivante du concile de La- le avant la tran. Un des fecrétaires du concile, de l'ordre du facré collége, feftion onlut un acte qui contenoit le concordat entre fa fainteté & concile de le roi de France; auquel un évêque trouva à redire, parce Latran. qu'il attribuoit aux laïques la juridiction contre les ecclé- Labbe, fiafliques. Un autre lut l'acte qui aboliffoit la pragmatique- 280. fanction, & qui fut approuvé de tous. Enfuite on fit lecture d'autres actes qui concernoient les prédicateurs, les pri

coll. conc t.14 P.

viléges des religieux: & d'autres affaires qu'on devoit pro AN. 1516. pofer quatre jours après dans l'onzième feffion. Les démar ches de la cour de Rome, & la foibleffe de François I, firent beaucoup de peine au parlement de Paris, mais ne l'affoiblirent pas entièrement. Le Lievre, avocat général, qui avoit plus à cœur qu'un autre les libertés gallicanes, déclara à l'ouverture du parlement de cette année 15 16, qu'il appeloit de la fentence & du décret de caffation, révocation & abrogation de la pragmatique; mais cet appel ne fit point d'autre effet que de donner aux François de la haine pour la conduite de la cour de Rome: ce qui n'empêcha pas le pape de poursuivre ce qu'il avoit commencé.

CXXIII. Onzième feflion du

Latran.

& Labbe

P. 186.

Paris t. tv.
MS. archiv.
Vatic.

&

Il tint l'onzième feffion le dix-neuvième de Décembre, y présida. La meffe fut célébrée par l'archevêque de concile de Durazzo, & l'évangile tiré du quatorzième chapitre de faint Matthieu, fut chanté par le cardinal de fainte Marie in viá 1. 14. p. 283. Latá. Après les autres prières accoutumées, les députés de collect, conc. Pierre patriarche des Maronites du Mont-Liban, furent admis pour rendre obéiffance au pape au nom de leur patriarche: leur lettre fut lue à haute voix par André fecrétaire du concile, & portoit une profeffion de foi, dans laquelle les Maronites reconnoiffoient que le Saint-Elprit procédoit du Père & du Fils comme d'un feul principe & d'une unique fpiration; qu'il y avoit un purgatoire; qu'il falloit se confeffer de fes péchés au moins une fois l'an à fon propre pafteur, & recevoir l'Euchariftie autemps de Pâque. Le patriarche, dont la lettre fut traduite de chaldéen en latin, y remercie fa fainteté, de ce qu'elle lui avoit envoyé JeanFrançois cordelier pour lui enfeigner certains points de la foi catholique, & l'inftruire de quelques cérémonies que les Maronites manquoient d'observer. Il témoigne que ce religieux s'eft dignement acquitté de fon devoir; qu'il le lui renvoie avec quelques-uns des fiens, pour prêter l'obéisfance & fidélité en fon nom, & au nom de tout le clergé & des peuples Maronites; & qu'il l'informera de l'état dans lequel ils gémiffent fous la tyrannie des infidelles. Cette lettre CXXIV. étoit datée du quatorzième de Février dans le monaftère Bulle con- de Camibin au Mont-Liban.

cernant les

On lut après une bulle que le concile approuva, & qui prédicateurs. Collect, conc. établiffoit les règles que les prédicateurs devoient obferver ibid. p. 288. en prêchant la parole de Dieu : « d'autant que plufieurs & jeg.

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