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AN. 1509.

Hongrie en qualité d'ambaffadeur. Il devint auffi auditeur Ciacon, in de Rote, & fut pourvu fucceffivement de plufieurs autres Alex. VI. t. évêchés. Alexandre VI le créa cardinal en 1493, & il prit 3. p. 168 & le furnom de cardinal d'Alexandrie. Il étoit pourvu de cette

204.

LXXIX.

dignité, quand il accepta l'évêché de Parme qu'il a auffi poffédé. Il a paffé pour un des plus habiles jurifconfultes de fon temps. Il a laiffé plufieurs ouvrages fur le décret, fur les décrétales, & plufieurs matières particulières du droit civil LXXVIII. & du droit canon, & quelques pièces d'éloquence. Il avoit Du cardinal affifté aux conclaves où furent élus Pie III & Jules II. Camille Copis. Porcario fit fon oraison funèbre. Avant lui étoit mort Melchior Copis auffi cardinal, qui mourut à Rome le deuxième de Mars. Il étoit d'Autriche, & fils de Gafpard Meckan confeiller d'état de l'empereur Maximilien I. Ce prince, pour récompenfer en la perfonne du fils les bons fervices que lui avoit rendus le père, procura à Melchior l'évêché de Brixen; & Alexandre VI lui donna le chapeau de cardinal en 1503, fur la recommandation de ce même prince. Melchior travailla toute fa vie à remplir exactement fes devoirs, & il fut en grande confidération à Rome fous le pontificat de Jules II. Il fut enterré dans l'église de fainte Marthe de Ara Cœli. Dans cette même année on reffentit prefque par toute Tremble- l'Europe de furieux tremblemens de terre; mais Conftanre arrivé à tinople en fut plus affligée que tout autre lieu. Le tremblement y dura plus d'un mois; prefque toutes les murailles de la ville furent renverfées; la fortereffe du tréfor, comSurita in pofée de cinq groffes tours, & beaucoup d'autres édifizar. rer. Per- ces, éprouvèrent le même fort. Pierre Bizarre auteur de fic. lib. 10. ce fiècle en excepte les églifes des chrétiens, de quoi les auteurs Grecs ne tombent pas d'accord. On peut dire toutefois que la grande église de fainte Sophie ne fut point Turco-Gra- endommagée, à l'exception de la tour que les Turcs y cia, lib. 1. avoient fait bâtir, & du tombeau de Mahomet II père de Cufpin. de Imperat. in Bazajet, qu'on y avoit élevé avec beaucoup de dépenfe. Bajar. II. Quelques auteurs ajoutent que la chaux & le ciment que les Menanin. de Turcs avoient fait mettre fur les images des Saints, tombèreb. Turc. l. rent tellement, que ces images parurent toutes neuves & Bafel. in ap- nouvellement faites. Un hiftorien Génois, qui étoit alors à pend ad Nau- Conftantinople, marque le commencement de ce trembleRaynald. hoc ment de terre dans le mois d'Août ; & les annales des Turcs dans le mois de Septembre vers l'Exaltation de fainte Croix.

ment de ter

СР.

comment. Bi

&c.

16.

Leunclav. 1.

5. c. 14.

cler.

an, n 34.

Outre

LXXX.

communié

Outre tous ces effets la mer s'enfla de telle forte entre Conftantinople & Pera, que l'eau paffa au-deffus des AN. 1509. murs; qu'il y périt près de treize mille perfonnes, parmi lefquelles il y en avoit plufieurs de la cour de Bajazet, qui s'enfuit à Andrinople, où il s'enferma dans une loge pour éviter le danger. On compte jufqu'à huit mille architectes & charpentiers qu'il affembla pour réparer ces ruines. Dans le mois de Juin, le patriarche Grec de CP. ( on croit que c'étoit Pacome) excommunia Arfenius, archevê- Arfenius exque de Monembafia ou Malvafia dans la Morée, homme à par le pala vérité favant, mais qui par la faveur des Vénitiens avoit triarche Grec été facré métropolitain de cette ville, par un évêque & de CP. deux prêtres, du vivant de fon prédéceffeur. La fentence Cruf. in Tur du patriarche Grec fut prononcée & rendue publique: Ar- Guillet. Lafenius fut excommunié & dépofé, avec ordre à tous les prêtres ced. anc.'& & clercs qu'il avoit ordonnés, de fe faire réordonner. Le motif de cette excommunication, qui le rendit fi odieux aux Spond. hoc Grecs fchifmatiques, fut qu'il fe foumit à l'églife Romaine, an. n. 16. Arfenius irrité de cette conduite du patriarche, vint à Rome trouver le pape, lui en fit fes plaintes, & chargea les Grecs de tant d'accufations, que fa fainteté en écrivit aux Vénitiens qui étoient établis dans la Morée, pour engager les Grecs à faire fatisfaction à ce métropolitain. Mais les Vénitiens furent mal écoutés, & coururent rifque de leur vie.

co-Græc.l.2.

nouv. P.

327.

AN. 1510 Bulle du pa. pe contre les

LXXXI.

duels.

Bullar, in Jul.

On trouve une bulle du pape Jules II du 24e. de Février de cette année, par laquelle il prononce anathème & les autres cenfures eccléfiaftiques contre ceux qui fe battent en duel, & qui pour des causes affez légères font affez barbares que de s'entre-tuer & répandre ainfi leur fang. La divifion des princes continuoit toujours, & chacun II. conft. 19. d'eux ne penfoit qu'à dreffer des embuches, ou en fecret ou en public, à Louis XII roi de France, & à le chaffer d'Italie, dans l'appréhenfion qu'il n'étendît trop loin fa domination; le feul empereur Maximilien ne lui étoit point oppofé, parce qu'il avoit recouvré fes anciens domaines, avec le fecours des armes de France.

LXXXII.

Offres de l'empereur

France con

Jules, qui ne manquoit guère non plus dans les occafions au roi de favorables de faire connoître fa haine contre la France, tre les Véni tâcha d'inspirer du foupçon aux Vénitiens contre Louis, au tiens. fujet de l'union qui étoit entre ce prince & l'empereur. Il Petrus de Angleria, ep. leur repréfenta qu'ils ne s'accordoient que pour les perdre,

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434.

& qu'il y avoit déjà des mesures prifes contre eux, qui leur AN. 1510. feroient très-préjudiciables fi elles réuffiffoient. En effet l'empereur avoit d'abord offert au roi de France de confentir qu'il gardât Trevife, Vicence & Padoue, pourvu qu'il se mît en campagne, qu'il fit la guerre aux Vénitiens, & qu'il les chaffât de ces trois places. Il alla plus loin, il envoya un de fes domeftiques affidés à Lyon où la cour de France étoit alors, pour affurer Louis qu'il lui donneroit préfentement en gage la ville de Vérone, à condition qu'il lui préteroit cinquante mille ducats; & qu'en cas qu'il ne fût pas remboursé dans un temps limité de tous fes frais & des intérêts, cette place lui demeureroit acquife; & que s'il l'étoit, il la lui rendroit de bonne foi. Le confeil du roi de France avoit été d'avis qu'on acceptât cette propofition; mais le roi la refufa d'abod, & voulut renvoyer les députés de Maximilien avec un refus. Celui-ci qui avoit charge de fon maître d'engager le roi de France à ce qu'il défiroit, dit que fi fa majesté vouloit prêter à Maximilien la fomme qu'il demandoit, il ajouteroit encore aux offres qu'il venoit de lui faire, un paffage für à Mincio, & le territoire de Vallegio, qui demeureroit à la France à perpétuité, fi dans un an les cinquante mille ducats n'étoient pas payés. Le traité fut conclu à cette condition, & l'argent fut compté au député.

LXXXIII.

fe réconci

lier avec le

in diariis.

1. %.

Cet accord entre l'empereur & le roi de France intrigua Les Véni- beaucoup les Vénitiens: ils comprirent que fi Louis XII, tiens veulent en acceptant Vérone & Vallegio pour gage, fe chargeoit de prendre Vicence, Padoue & Trevife, ils fe verroient pape. refferrés dans leurs marais, & feroient fruftrés de l'efpérance Buonacurf. de remettre le pied dans l'état de Terre-ferme, puifqu'ils ne Guicciard, le pourroient qu'en attaquant les François & les Allemands, dont les forces étoient & feroient toujours au deffus des Belcar. 1. 11. leurs. Ainfi le fénat, après une mûre délibération, n'y vit Mariana, pas d'autre reffource, que de fe mettre abfolument à la difcrétion du pape, & d'acheter la paix avec le faint fiége à Raynald, telles conditions qu'on voudroit lui impofer. Louis XII, qui étoit informé des mauvais offices que fa fainteté lui rendoit en Suiffe, en voulant détacher cette nation du service de la France, & qui prévoyoit ceux qu'elle lui rendroit en Angleterre, fit tous fes efforts pour empêcher l'abfolution des Vénitiens. Il envoya à Rome Albert Pio de Savoie comte de Carpi, pour fe joindre au cardinal d'Auch, neveu du

11. 49,

lib. 29.

hoc ann, n. 1.

AN. 1910.

LXXXIV.

cardinal d'Amboife; il rappela même celui-ci pour complaire au pape à qui il n'étoit pas agréable. Carpi partit en pofte pour se rendre au plutôt à Rome. Ses instructions lui per- Démarches mettoient d'employer les offres les plus touchantes pour de Louis XII flatter Jules II, & l'engager à l'obfervation du traité de pour empe Cambray, en l'affurant que le roi, réfolu de fe conduire réconciliadéformais par fes lumières, le laiffoit le maître du voyage tion. qu'il méditoit de faire en Italie au printemps prochain, pour l'avantage de la cause commune.

cher cette

LXXXV. Raifons qui

obligent le

nitiens.

Mais Carpi trouva en arrivant les chofes plus avancées qu'il ne penfoit. Sa fainteté avoit déjà engagé fa parole fur l'abfolution des Vénitiens. Les Turcs étoient alors très- redoutés en Italie où la confternation de la prife d'Otrante par Mahomet II fubfiftoit encore. Le pape craignoit qu'ils ne fiffent une irruption fur les terres de l'églife. Les Venitiens exagéroient le danger pour fe rendre plus néceffaires : & plus ils donnoient de peur des Turcs, plus ils fe rendoient pape à fe précieux aux autres. Jules II perfuadé qu'ils pouvoient feuls rendre favo retenir les infidelles au-delà du golfe Adriatique, ou les re- rable aux Vépouffer s'ils s'avançoient avec une flotte, ne vouloit pas Raynald. hos les détruire. Dans cette vue il entra en négociation avec la anu, n. 2. république. Il fe fonda fur deux conjonctures: l'une, que n'ayant d'abord exigé que la fuppreffion du Vidame de Ferrare, & la décharge de fes fujets pour ce qui regardoit l'impôt du commerce de la mer Adriatique, il fe contenteroit de cela: l'autre, qu'il avoit été étroitement uni avec les Vénitiens durant les quarante années qu'il avoit été cardinal; que leurs états lui avoient fervi d'afile, avant qu'il paffàt en France; & que les fénateurs qui l'avoient connu plus particulièrement, le tenoient pour généreux & reconnoiffant.

donne l'ab

L'absolution fut donc accordée aux Vénitiens, & la cé- LXXXVI. rémonie s'en fit avec beaucoup d'appareil le 25e. de Fé- Le pape leur vrier 15 10. Les fix ambaffadeurs de la république, profter folution. nés aux pieds du pape, furent publiquement abfous dans Guicciardin, l'églife de faint Pierre, & fa fainteté leur impofa pour pé- 4.8. & 9. Raynald.ad nitence de visiter les fept églifes de Rome. Les conditions hunc ann. auxquelles ils furent réconciliés, étoient felon Guicchardin: 1519. n. 2. I. Que la république fe défifteroit de l'appel qu'elle avoit 7 Parif. de interjeté au concile. II. Qu'elle ne conféreroit à l'avenir Grafis c 3. aucun bénéfice que ceux de patronage laïque, & ne trou- Diar. cerem. bleroit en aucune manière la poffeffion & la jouiffance de "1. 5. p. 520.

Pet. Juftinia

zi, l. 11. Delphin. 1. 9. ep. 66.

ceux qui auroient obtenu des provisions en cour de Rome; AN. 1510. qu'il feroit permis à tous fes fujets d'y porter leurs procès du reffort de la juridiction eccléfiaftique. III. Qu'elle ne pourroit mettre aucune impofition fur les biens eccléfiaftiques. IV. Qu'elle renonceroit à tous droits & prétentions fur les terres de l'églife, & fpécialement au droit de tenir un vidame à Ferrare. V. Que les fujets de l'état eccléfiaftique pourroient naviguer fur le golfe, fans que leurs bâtimens, de quelque nature de marchandifes qu'ils fuffent chargés, ou pour leur compte, ou pour celui des étrangers, puffent être foumis à aucune vifite ou impofition. VI. Que la république n'entreroit en aucune manière en connoiffance du traitement que le pape pourroit faire à ses vaffaux, auxquels elle ne donneroit ni fecours ni retraite. VII. Que fi dans les traités qu'elle avoit faits avec les prédéceffeurs de Jules, ils lui avoient accordé quelques grâces préjudiciables à la chambre apoftolique, elles feroient nulles, fans qu'il fût befoin d'une plus expreffe déclaration. VIII. Enfin qu'elle répareroit les dommages qu'elle avoit caufés aux églifes & à leurs biens dans le cours de la guerre. Par ce traité Jules fut pleinement fatisfait; il prit tellement la protection des Vénitiens, qu'il permit aux fujets de l'églife Romaine de combattre à leur folde. Et cette république qui depuis plufieurs fiècles étoit celle, de toutes les puiffances d'Italie, qui fe fût moins étonnée des foudres du Vatican, s'humilia toutefois dans une caufe, où il ne s'agiffoit que de politique; & fut obligée de fubir les conditions impérieufes d'une paix arbitraire, telles qu'un fouverain altier & heureux voulut les impofer. Les Vénitiens, ainfi réconciliés aves le faint fiége, ne dé. Les Véni- fefpérèrent plus du rétablissement de leur république. Ils mitiens, après rent fur pied une armée de quatorze cents hommes d'armes, ciliation, lé- quatre mille hommes de cavalerie légère, & de dix mille vent une ar- hommes d'infanterie, y compris les fujets du faint fiége, à qui le pape avoit accordé la permiffion de fervir la répuBembo, hift. blique. Il ne s'agiffoit plus que de choifir un général. Le comte de Petigliano étoit mort depuis peu à Padoue. Le fénat jeta les yeux fur le marquis de Mantoue, qui étoit actuellement prifonnier dans le château de faint-Marc. Le doge Loredano lui en fit la propofition, & lui fit promettre qu'il feroit toujours au service de la république, & qu'il en donneroit caution. Le marquis ennuyé de fa prifon accepta

LXXXVII.

leur récon

mée.

Guicch. 1. 9.

Venet.

de

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