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4.

Cabrera

placent fans

inquiétude le temps d'agir, & il ne trouvoit rien d'impoffible AN. 1510. que ce qui n'étoit pas faifable. Ce cardinal mourut à Lyon *le Spond. ad 25e. de Mai, âgé de cinquante ans, dans le monaftère des Cé- ann. 1510. n. leftins: on a remarqué à fa louange que, quoiqu'il fut tout- * Raynalpuiffant dans le royaume, premier miniftre, feul favori du roi, dus, Onuphre que par conféquent il pût avoir plufieurs bénéfices, même des & plus confidérables, il n'en eut jamais d'autres que fon arche- raison cette vêché. Il avoit procuré à la ville de Rouen un parlement fe- mort dans dentaire, au lieu de la juridiction de l'échiquier dont elle s'é- l'année fuitoit jufques-là contentée. Il l'embellit auffi de fontaines, de cloches, de places, & de plufieurs autres édifices. Il ne recevoit que le tiers du revenu de fon archevêché; & les deux autres étoient employés, felon l'ufage des canons, à la nourriture des pauvres, & aux réparations des lieux faints. Cependant il ne laiffoit pas d'orner les temples, de fonder des couvents & des hôpitaux, & de contribuer à toutes les actions de piété qu'il jugeoit capables d'augmenter la gloire de Dieu & le bien de fon troupeau qui lui fut toujours très-cher.

On dit qu'il ne demanda jamais rien au roi fon maître, & qu'il fe contenta de recevoir les gratifications de S. M. lorfqu'il appréhendoit qu'elle ne trouvât mauvais qu'il les refufât. Il eut un foin particulier des gens de lettres, & fans cacher l'envie qu'il eut d'être pape, il protefta qu'outre l'intérêt du roi qu'il fe propofoit en cela, le motif qui le lui faifoit fouhaiter, étoit la réformation des mœurs des eccléfiaftiques, & d'une infinité d'abus auxquels les papes n'avoient guère fongé à remédier; mais tout le monde ne le croyoit pas là-deffus. Il montra beaucoup de défintéreffement à l'égard d'un gentilhomme de Normandie qui avoit une terre voisine de la belle maison de Gaillon, qui appartenoit à l'archevêché de Rouen. Ce gentilhomme n'avoit point d'argent pour marier fa fille, & pour en trouver il offrit au cardinal de lui vendre fa terre à vil prix. Un autre auroit profité de cette occasion: mais l'archevêque fachant le motif du gentilhomme lui laiffa fa terre, & lui donna gratuitement la fomme dont il avoit befoin. Son teftament fut une preuve authentique de fa charité, & de fa modération à l'égard de fes parens. Il confeilla à ceux-ci de ne se jamais mêler des affaires d'état, de crainte qu'ils n'y engageaflent leur honneur & leur confcience. Il fe repentit d'avoir employé à cette forte d'affaires le temps qu'il

vante.

devoit donner à l'inftruction de fes brebis. Son cœur fut dé AN. 1510. pofé dans l'églife des Céleftins de Lyon, où l'on voit fon portrait au côté droit du grand autel; & fon corps fut porté à

vie de Louis

XII. t. 4. P.

Rouen, où eft fon tombeau derrière le chœur de l'église cathédrale, où on lit encore aujourd'hui fon épitaphe en quatre Bembo. l. 10. vers latins. Le roi honora fes funérailles de fa présence, & téMezeray, a- moigna beaucoup de chagrin de cette perte. On crut durant brégé chron. un temps que la mort de ce cardinal ferviroit à raccommoder le pape & le roi: Jules en témoigna en effet une grande joie, & il ne put fe retenir de l'épancher dans le fein de l'ambaffadeur de Venife; mais cette mort ne fervit qu'à multiplier les fujets de brouilleries qui étoient entre eux. Le pape demanda Le pape exi- l'épargne du cardinal défunt, qu'on difoit monter à trois cents que le cardi. mille écus d'or, comme une dépouille qu'il prétendoit lui nal avoit laif- appartenir. Le roi la lui refufa, & lui fournit ainfi un noufé en mou- veau fujet de fe fàcher, ou du moins de fe plaindre.

171.

ge

rant.

CII.

l'argent

Belcar. rer.

1.3.

CIII.

pereur & le

roi de Fran

ce.

Lud. XII.

Les deux armées compofées d'Allemands & de François Gallic. I. 12. harceloient toujours les Vénitiens dans le Padouan & dans le Vicentin, & s'emparoient de quelques places en attenNouveau trai- dant l'armée de l'empereur, qui ne paroiffoit pas fe preffer ré entrel'em- beaucoup. Ce prince avoit fait depuis peu un nouveau traité avec Louis XII. Il contenoit que la France ne feroit obligée qu'aux frais ordinaires de la guerre, & que l'empereur furFerron, in viendroit aux extraordinaires; que Chaumont demeureroit dans l'état de Terre-ferme jufqu'au quinzième d'Août, & retiendroit jufqu'à ce temps-là les troupes Françoifes; que Louis prêteroit à Maximilien cent mille écus d'or, à condition qu'il auroit Vérone en engagement, jufqu'à ce qu'il fût entièrement rembourfé. Chaumont, qui fe difpofoit à s'en retourner dans fon gouvernement, reçut de Paris avec la copie de ce traité l'ordre de l'accomplir, & témoigna au comte de Hanaw qu'il étoit prêt de s'unir à lui pour attaquer la place qu'il jugeroit à propos. Dans ce même-temps arriva le duc de Termini avec quatre cents lances Efpagnoles, que le roi catholique fourniffoit à l'empereur en vertu du traité de Cambray. Avec ce renfort on délibéra fi l'on affiégeroit Padoue, comme le fouhaitoit Maximilien. Mais on aima mieux s'attacher à Monselicé, petite ville entre Eft & Padoue, à l'attaque de laquelle l'armée des confédérés perdit tant de foldats, qu'on fut fur le point de l'abandonner. Soncino Benzone, tombé entre les mains des coureurs, fut

condamné

AN. 1510.

CIV.

lencé, &

10.

Guicciard. I.

condamné à être pendu par Gritti, qui le regarda comme un traitre qui avoit livré Crême fa patrie pour une compagnie d'armes. Comme cet officier fervoit dans l'armée Françoise en qualité de colonel d'infanterie, Chaumont ne penfa plus Les confédé qu'à preffer le fiége de Monfelicé & à fe venger fur la gar- res font le nifon. Ses troupes donnèrent l'affaut le vingt-unième de fiége de Mon Juin. Les Vénitiens qui étoient au premier rempart, turent prennent emportés avec tant de fureur, que la confternation fe mit cetre ville. entr'eux : ils voulurent fe réfugier dans le fecond, mais ils Bembo, lib. y furent poursuivis de fi près, que les affiégeans y entrèrent avec eux: il en arriva de même au troifième rempart 9. & à la tour; & les foldats de la garnifon s'étant fauvés dans le donjon, on y mit le feu, & tout ce qui s'y trouva périt par les flammes. Ce fut là le dernier exploit de cette armée, après lequelles Allemands demandèrent qu'on marchat vers Trévife. Mais les fix femaines, portées par l'accommode nent de fa majefté impériale, s'étant écoulées fans que l'on apprit de fes nouvelles, Chaumont fe retira dans le duché de Milan, après avoir laiffé au comte de Hanaw les trois cents lances & l'infanterie qu'il demanda, parce que la préfence de ce général étoit néceffaire ailleurs.

CV.

les états du

29. n. 98.

Jules II prévoyant qu'il en viendroit aux mains avec la France, demanda aux Vénitiens la liberté du duc de Man- L'armée du toue, afin de fe l'attacher. Le duc fortit de fa prifon, & pape attaque recouvra fa liberté le 1 4e. de Juillet. En attendant la guerre duc de Feravec la France, le pape la faifoit faire aux états du duc de rare. Ferrare par le duc d'Urbin fon neveu ; mais il n'eut d'abord Mariana, l qu'un médiocre fuccès. Le duc d'Urbin s'empara de quelques petites places qui fe trouvèrent fur faroute, & enfuite affiégea Lugo; mais Chatillon officier François qui comman doit uncorps de troupes en Lombardie,étant accouru promp. tement avec trois cents lances au fecours des affiégés,& étant entré dans la place le 2 1e. de Juillet ; fon arrivée alarma tellement les ennemis,que le duc d'Urbin ne fe voyant pas en état de s'opposer aux François, leva le fiége avec précipitation & fe retira promptement à Imola pour le mettre à couvert.

CVI.

Le duc de Ferrare recouvra bientôt ce qu'il avoit perdu; Elle fe retire & les villes que le duc d'Urbin avoit prifes, n'ayant plus rien & le duc d à craindre des garnifons qu'il avoit emmenées en fe Ferrare re retirant, retournèrent fous leur ancien maître. Mais l'armée qu'il avoit du pape se voyant maîtreffe de la campagne par la retraite perdu.

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de Châtillon, reprit une partie de ce qu'elle avoit conquis AN. 1510. & le cardinal de Pavie trouva moyen de fe faifir de Modène au nom du pape, avec le fecours de quelques intelligences qu'il entretenoit dans la ville. Les Rangoni en ouvrirent les portes, & le duc de Ferrare couroit rifque de perdre encore Reggio, s'il n'y eût fait entrer des troupes, & s'il n'y eût reçu du maréchal de Chaumont un fecours de deux cents lances. Chaumont fût venu lui-même à son secours, s'il n'eût point été occupé contre les Suiffes, qui piqués contre la France de ce qu'elle avoit levé des Grifons Irruption & des Allemands en leur place, s'affemblèrent fur la frontière des Suiffes au nombre de quatorze mille hommes, & voulurent sevendans le Mi- ger fur les Milanois. Le pape & les Vénitiens qui fe flattoient Mariana, par le moyen de cette nation de chaffer les François de toute 1. 29. n. 99. la Lombardie, & même de l'Italie entière, & de rétablir dans le duché de Milan Maximilien Sforce qui en avoit été dépouillé, l'entretenoient à leurs dépens; le pape en payoit lui feul huit mille hommes.

CVII.

lanois.

Le maréchal de Chaumont mit des troupes dans Yvrée pour fermer aux Suiffes le paffage du val d'Aofte. Mais ceuxci s'affemblant à Bellinzone, donnèrent clairement à connoître qu'ils en vouloient au duché de Milan. Cette ville étoit autrefois de ce duché; elle eft aux pieds des Alpes fur le Tefin, & appartient aux trois cantons d'Uri, Schwitz & Underwal, à qui elle fut cédée en 1500 lorfque le Milanois changea de maître. Les Suiffes dès le fixième de Septembre defcendirent dans le duché de Milan, & vinrent camper à Caftiglione. Chaumont qui ne s'appliquoit qu'à mettre en ufage tout ce qu'il pouvoit inventer pour embarraffer ou retarder leur marche, brûlant les vivres & les fourrages qu'il n'avoit pas le loifir de mettre en lieu für, ne put néanmoins empêcher qu'ils n'arrivaffent dans le duché de Milan au pont de Védano, que le baron de Molard s'étoit chargé de garder avec deux mille fantaffins Gafcons, qui en furent chaffés: ce qui facilita la marche des Suiffes jufqu'à Centurio, d'où ils s'avancèrent jufqu'à Côme, où la bourgeoifie les reçut pour Les Suifles éviter le pillage. Mais ces troupes manquant de vivres & d'argent, fe mutinèrent & fe revoltèrent fi ouvertement, qu'ils prirent réfolution de fe retirer & de reprendre le chemin de Bellinzone; ce qu'ils exécutèrent, fans qu'on pût les arrêter. Le fénat de Venife s'étoit flatté que les Suiffes occupe

CVIII.

fe retirent

fans avoir rien fait.

Pet. de Angloria, epift.

roient les François affez long-temps pour faire quelque entreprise confidérable. Il dépofa Baglioné, à la place duquel AN. 1510. il mit Luc Malvezzi, & lui ordonna de reprendre les places que les confédérés avoient emportées au commencement de la campagne, & d'affiéger enfuite Vérone. Son armée étoit compofée de huit cents hommes d'armes, trois mille chevaux-légers, & dix mille hommes d'infanterie, fans compter les milices Vénitiennes, compofées de payfans qui continuoient de fervir la république avec autant de zèle, que s'ils avoient eu part au gouvernement. Le mois de Septembre n'étoit pas encore paffé, que l'armée de Venise forma un fiége régulier devant Vérone, après avoir repris Monfelicé, tout ce que les Impériaux avoient pris dans le Padouan & dans le Vicentin, & Vicence même : mais Chaumont eut encore la gloire de leur faire lever ce fiége par le feul bruit de fon approche. Les Vénitiens le pouffoient avec tiens afliévigueur, ils s'étoient déjà rendus maîtres de tous les dehors; Guicciard. la fortereffe de Saint-Felix & le boulevart voisin étoient tel- 1. 8. lement endommagés, que les affiégés perdirent l'espérance de les garder plus long-temps; mais l'arrivée de Chaumont leur rendit le courage. Ils firent une fortie fi vigoureufe, que la plupart des Vénitiens prirent la fuite & le refte fut tué fur la place: leurs travaux furent comblés, leur artillerie enclouée, & Malvezzi leva le fiège du confentement du fénat; les débris de l'armée fe retirèrent à Saint-Boniface, derrière l'Aldego, où elle fe retrancha fur un terrain tellement couvert par la rivière & les marais, qu'il étoit impoffible de la forcer.

CIX.

Les Véni

gent Vérone.

inutilement

Genes.

Il étoit temps de mettre les troupes en quartier d'hiver; CX. mais le repos n'étoit pas du goût du pape : la retraite des Le pape fait Suiffes, fes deux vaines tentatives contre Ferrare & contre une feconde Gènes ne le rebutèrent point: il reprit le deffein de chaffer tentative fur les François de cette dernière ville. On eut beau lui repréfenter que les François étoient fur leurs gardes, & avoient pris de juftes mefures pour se garantir des intelligences de fa fainteté au-dedans & de ses infultes au-dehors, qu'ils avoient dans le port de Gènes une armée navale, & que la garnison y étoit très-forte : il s'obftina contre toutes ces remontrances, & menaça les Vénitiens de rompre avec eux, s'ils ne lui fourniffoient l'armée navale qui gardoit l'embouchure du Pô. Ils y confentirent malgré eux, & donnèrent

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