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lèvent le fié

De Rapin Thoiras, hift. d'Angl. tom. v. vie d'Hen

dome y avoit fait entrer Biez, Saucour & la Lande, trois officiers pleins de valeur & d'expérience, qui fe défendirent AN. 1520. avec tant de courage pendant les quarante-deux jours que ge d'Hefdin. dura le fiége, que les Impériaux & les anglois réduits à la moitié de leurs foldats par la défertion, & ne pouvant plus coucher feus leurs tentes à caufe des pluies qui tomboient toutes les nuits, furent contraints de fe retirer. De Bures ri Vill. p. reprit le chemin de Flandre, & le comte de Surrey fut 166. obligé de fe rembarquer pour l'Angleterre fur la fin d'Octobre, après s'être approchés de Corbie, qu'ils trouvèrent fi bien fortifiée, & la garnison si bien difpofée à fe défendre, qu'ils n'osèrent en entreprendre le fiége. Cependant ils brûlèrent Dourlens & les villages d'alentour, à quoi fe termina leur expédition : enforte que tous les efforts de l'empereur & du roi d'Angleterre n'auroient pas fait grand mal à François I pendant cette campagne, s'il n'eût pas été lui-même la caufe du mauvais fuccès de fes armes en Italie, par la négligence qu'on apporta à fournir l'argent néceffaire pour l'entretien des troupes.

AN. 1522.

I.

Ciacon, de

Duchefne

383.

liv. 6.

L

LIVRE CENT-VINGT-HUITIÈME.

E pape Adrien VI étoit parti de Tarragone, ville de Catalogne fur la mer Méditerranée, le deuxième d'Août Arrivée d'A- de cette année. Comme il eut un vent favorable, il ne fut drien VI à pas long-temps à aborder à Gènes, où il fėjourna pendant Gènes. trois jours. Il vit cette ville encore défolée du pillage qu'elle vit. pontif. in avoit fouffert deux mois auparavant. Néanmoins le fenat lui Adrian. VI. rendit tous les honneurs dont il fut capable. François Sforce to. 3. p. 426. nouveau duc de Milan, Profper Colonne & le marquis de hift, des pa- Pescaire vinrent lui baifer les pieds, & le prier de les abfoupes, vie d'A- dre, s'ils avoient encouru quelques cenfures dans le fac de drien VI. P. Gènes. Mais Adrien, qui avoit été irrité de cette action, ne Aug. Juft, fut point touché de leur humiliation, & il leur répondit d'un ton fec: « je ne le peux, ni ne le dois, ni ne le veux. » De Foliet,1.12. Gènes le pape fe rendit au port de Livourne, où il fut reçu Bizar. l. 19. Rayn.adan, du cardinal de Medicis & de cinq autres des ambaffadeurs des 1522. n. 16. princes d'Italie, & de François de Gonzague, chef de l'armée eccléfiaftique; ils le conduifirent tous à Civita - Vecchia, où les cardinaux Pompée & Colonne, & François des Urfins, députés par le fénat, vinrent au-devant de lui à fon débarquement, & le conduifirent fous un dais jufqu'à l'églife. Le lendemain il s'embarqua pour Oftie avec dix-huit galères, & monta fur le Tibre jufqu'au monaftère de faint Paul. II coucha dans ce monaftère le vingt-huitième d'Août, & s'y revêtit de la mitre & de la chape, voulant entrer dans Rome avec cet habillement. Il y arriva le lendemain vingt-neuvième 11 fe rend à du même mois; le peuple & le clergé vinrent au-devant de lui, & l'accompagnèrent comme en proceffion jufqu'au Vatican. Adrien se rendit d'abord au grand autel, où tous les cardinaux vinrent lui baifer les pieds, & enfuite toutes les autres perfonnes fans obferver aucun rang. L'après-midi il monta à cheval avec fon chapeau & l'étole au cou, & fe rendit à faint Pierre, après avoir traversé la rue des Juifs & le champ de Flore. Quand il y fut arrivé, il y prit fa place ordinaire, & y reçut de nouveau des cardinaux les marques de refpect qu'on nomme improprement l'adoration.

Rome.

II.

Pallav, hift. liv. 2. c. 3.

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Couronne

Le trentième, après avoir dit la melle pontificalement

AN. 1522 ment du non

dans la chapelle de faint André, il reçut la thiare fur les degrés de l'églife de faint Pierre par les mains du cardinal Cornero, & fut folennellement couronné: après cette cé- veau pape. rémonie il traita tout le facré collége dans la falle d'Inno- Ciacon. de cent VIII. Il défendit les arcs de triomphe que vit. pontif. in les Romains Adrian. VI avoient coutume de faire dans ces circonftances, & en fit to. 3. p. 426interrompre un qui étoit déjà fort avancé, & qui coûtoit Onuphr. plus de cinq cents ducats d'or, parce qu'il regardoit ces fortes vit. pontif. de décorations, difoit-il, comme des reftes du paganisme qui ne convenoient point à des chrétiens.

IV.

V.

La première chofe à laquelle Adrien s'attacha, étant arrivé Il choifit Caà Rome, fut de réformer les mœurs du clergé, & de rétablir raffe & Gaë la difcipline eccléfiaftique : dans ce deffein, il fe choifit deux tan pour réhommes excellens & d'une probité connue; le premier fut tablir la difcipline. Jean-Pierre Caraffe, archevêque de Théate, vulgairement Pallav. hif Chieti, & le fecond Marcel Gaëtan de Thiene. Adrien pre- liv. z. c. 4. noit leur confeil & fuivoit leurs lumières. Quand ils lui faifoient voir un abus, il examinoit avec eux les moyens de le réformer, & leur permettoit de les mettre en œuvre. Senfible aux maux que la prédication des indulgences & leur multiplication avoient faits à l'églife, il s'appliqua particulièrement à en empêcher les abus. Il ôta aux frères Mineurs le pouvoir de prêcher celles qui avoient été accordées en Quel fut fon faveur de ceux qui contribueroient à la construction de l'églife de faint Pierre. Il défendit qu'on vendît les charges & les offices de la cour Romaine, comme on avoit fait sous fon prédéceffeur, qui avoit autorisé cette vénalité; il modérales taxes de la daterie, abolit les coadjutoreries & les regrès, & fit enforte que les bénéfices ne fuffent conférés qu'à des perfonnes capabies & de bonnes mœurs. Quelques perfonnes de diftinction lui en ayant demandé un affez confidérable pour fon propre neveu, à qui il en avoit déjà donné un de foixante & dix écus d'or, ce qui n'étoit pas un revenu confidérable pour le neveu d'un pape, il les refufa, & dit qu'il fouhaitoit ardemment qu'on donnât les hommes aux bénéfices, & non pas les bénéfices aux hommes.

Cette attention ne l'empêchoit pas de veiller aux intérêts temporels de l'églife Romaine, & de lui faire reftituer ce qu'on avoit ufurpé fur elie. Ce fut ainfi qu'il recouvra Rimini, dont Sigismond & Pandolfe Malatefta s'étoient emparés: Adrien les força par les armes de lui rendre cette ville. Ce

délintérelle

ment.

Ciacon. t. 3. p. 426. Rayn, an

1522. H. 19.

n'eft pas qu'il aimâr la guerre ; mais il croyoit qu'il étoit AN. 1522. nécefaire au bien de l'églife Romaine d'obliger les ufurpa

Il s'accorde

avec le duc d'Urbin.

teurs de fon domaine à reftituer ce qu'ils ne vouloient pas rendre de bon gré. Au refte Adrien n'exigeoit pas toujours VI. tout à la rigueur; il pardonna au duc d'Urbin, leva les cenfures dont Leon X l'avoit frappé, & l'inveftit de nouveau de fon duché, avec la claufe néanmoins, fans préjudice des droits contraires. Il reçut auffi en 'grâce Alphonfe d'Eft, duc de Ferrare, qu'il inveftit une feconde fois de tout ce qu'il poffèdoit avant la guerre entre Leon X & les François ; il y joignit les bourgs de Saint-Felix & de Final, que ce prince avoit repris pendant la vacance du fiège.

VII.

prépare à af

Rhodes.

17.1. 32.

maître cfttra

L'heureux fuccès que Soliman, empereur des Turcs, avoit Soliman fe eu au fiége de Belgrade, lui fit naître le deffein de venir af iéger l'ile de fiéger Rhodes. Philippe de Villiers de l'Ile-Adam étoit alors le quarante-troifième grand-maître de l'ordre de faint Jean Belar. liv. de Jérufalem, lequel fiégeoit à Rhodes. Il avoit fuccédé l'année précédente à Fabrice Carreto; mais fon élection fut VIII. fatale à tout l'ordre. Adrien d'Amaral qui en étoit chanceLe grand- lier, & qui prétendoit à cette dignité, fàché de n'avoir hi parle chan- point été élu, réfolu de donner les mains aux prétentions celier de l'or- de Soliman fur l'ile de Rhodes, lui envoya un Turc qu'il avoit fait prifonnier de guerre & rendu fon efclave, & le Jacques de Bourbon, re- chargea d'une lettre dans laquelle il faifoit favoir à Soliman lation du fé- quel étoit l'état de l'île de Rhodes, quels endroits étoient ge de Rhodes. les plus foibles, & par où il pouvoit l'affiéger. Il l'informoit c. 19. & feq. auffi du petit nombre de combattans qui étoient dans l'i'e, Belcar. I. 17. & n'oublioit rien pour encourager le Turc à une entreprise

dre.

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Jacob. Befio.

à laquelle il n'étoit déjà que trop porté. Soliman étoit encore bien fervi par un médecin Juif, qui lui fervoit d'espion, & Jui donnoit prefque tous les jours des avis par le moyen d'un Grec de Scio, qui les faifoit tenir à Conftantinople. Profitant donc de ces avis, il affembla fon armée de terre & de mer; il donna le commandement de celle de terre au bacha Mustapha fon beau-frère; le corfaire Turtogli fut nommé grand amiral; il propofa le bacha Achmet pour conduire les travaux du fiège, & nomma Pyrus fon ancien gouverneur pour fervir de confeil à Muftapha.

Pour encourager fes bachas à bien faire leur devoir, & à donner du cœur à leurs foldats, il leur dit que la conquête qu'il méditoit étoit facile, & néanmoins feroit très-glorieule;

que

que les chevaliers qui défendoient Rhodes étoient en petit

nombre; qu'il n'y avoit rien à craindre du côté des princes AN. 1522 chrétiens, parce qu'ils étoient en guerre les uns contre les autres; qu'il avoit fait fa paix avec les Vénitiens, & que d'ailleurs il teroit honteux à l'empire du Turc de fouff is plus longtemps un petit nombre de coraires & de voleurs, qui trous bloient impunément fes ports, fes iles & fes peuples voiûns; qu'enfin il avoit trouvé dans les avis de fonpère Selim, qu'il étoit néceffaire pour affermir fes états, de fe rendre maître de Belgrade & de Rhodes; qu'il s'étoit emparé de la première, & qu'il efpéroit emporter dans peu la feconde. Le grand maître IX. Précaution de fon côté, informé de l'armement du grand feigneur, prit fes du grandprécautions pour fe défendre avec valeur; il fic venir de Na- maître pour ples, de Sicile & de Candie une grande quantité de bled, de fe bien dévin, de poudre & d'armes ; il envoya un frère fervantà Can- fendre. Jacques de die pour lever cinq cents archers, qui furent obliges de fe dé- Hourbon, reguifer, les uns en marchands, les autres en matelots, parce lation du fiés. que le gouverneur de Candie, qui redoutoit Soliman, avoit ge de Rhodes, fait faire défenfe à fon de trompe, fous peine de punition cor- la nouvelle porelle de prendre parti avec l'agent du grand-maître & de hiftoire de fortir de l'ile. Cet agent gagna encore Gabriel Martiningue, gentilhomme Breflan & très habile ingénieur, qui partit fans congé du gouverneur, & qui étant arrivé à Rhodes demanda la croix, & fut reçu au nombre des chevaliers.

P. 632, dans

Malte, t. 2

X.

Il envoie den

mander du

coursdel'Eu

Le grand-maître fit partir auffi des chevaliers pour toutes les cours de l'Europe, afin de tâcher d'obtenir un prompt fecours du pape & des princes chrétiens; mais ce fut affezinu- fecours dans tilement, comme Soliman l'avoit bien prévu. Charles V toutes les étoit occupé en Italie & en France contre François I. Le pape rope. re voulut pas difpofer des troupes du faint fiége, qui lui Rayn, ann étoient néceffaires pour foutenir le parti de l'empereur. Il eft 1522. n. 27. vrai que le roi de France accorda à l'ordre la permission de faire armer tous les vaiffeaux qui le trouveroient dans les ports de Provence, & de les conduire à Rhodes; mais les gouverneurs ou commandans, craignant d'être attaqués par l'empereur ne voulurent point exécuter fes ordres. Les chęvaliers retournèrent en cour folliciter de nouveaux ordres plus précis; & pendant toutes ces négociations, la flotte de Soliman fe difpofa à fe mettre en mer.

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Le fultan voulut en informer auparavant lui-même le grand- Lettre de maître & les chevaliers, par une lettre fort dure qu'il leur écri- Soliman,em Tome XVII,

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