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regat pour

L. 3. C. 7.

cette diète, nomma François Cheregat évêque de Teramo, AN. 152. qu'il avoit connu en Espagne, & le chargea premièrement Totame Che- d'une ample inftruction qu'il avoit dictée lui-même, & qui fon nonce à devoit être communiquée en pleine diète; en fecond lieu, cette diete. d'un bref adreffé aux électeurs, aux princes & aux députés Pullavis. hift. des villes de l'empire. Le nonce devoit repréfenter d'abord, Extant katte- que Dieu avoit placé un Allemand fur la chaire de S. Pierre, pour s'attirer plus de créance du côté de la nation; que l'EmAdrian.apud Gold. t. 1. p. pire étoit intéreffé à s'oppofer de toutes fes forces à l'héréfie de Luther, parce que l'intérêt du falut du prochain les y inEn fafe. rer. vitoit; qu'il y alloit de la réputation des Allemands & de leur exper.&c.t. 1. a. 1533. t. 1. honneur, de fe montrer dignes enfans de leurs pères, qui conftit, impe- avoient témoigné tant de zèle contre Jean Hus & Jerôme de rut à Gol- Prague; que Luther calomnioit leurs ancêtres, en publiant

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448.

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XXIX. Instruction

qu'ils étoient tous damnés ; qu'il n'attaquoit la puiffance eccléfiaftique que pour opprimer enfuite la féculière, en voulant établir l'ancienne égalité parmi les hommes, & fe fervant du prétexte de la liberté évangélique pour troubler la tranquillité des états; que cet hérétique fe fervoit des mêmes voies dont Mahomet s'étoit fervi pour féduire les peuples, en inspirant une religion dont il bannit tout ce qui paroit contraire à la chair & au fang, & en permettant aux prètres incontinens, aux moines & aux religieufes de fe marier.

Le pape ajoutoit dans cette inftruction, que fi quelqu'un obqre ce pape jetoit que Luther avoit été condamné fans être ouï & fans s'édonne à fon tre défendu, & qu'il faut du moins entendre fes raifons;le nonmence pour ce devoit répondre qu'il étoit jufte de l'écouter pour ce qui

la diete.

Sleidan in

comm

8. 91.

4.

Onuph in concerne le fait,qui eft de favoir s'il a prêché telle ou telle docvita Ar. I. trine: mais qu'on ne doit pas lui permettre de défendre ce qu'il a enfeigné fur les matières de foi, parce qu'on ne doit jamais mettre en doute ce qui a été une fois approuvé par les cociles généraux & par toute l'églife; que perfonne n'ignore que Luther n'ait enfeigné telle doctrine, puifqu'il en eft convenu lui-même en parlant au cardinalCaïetan.Le papepermettoit au nonce d'avouer que toute cette confufion étoit l'effet des péchés des hommes, & particulièrement des eccléfiaftiques,& que la cour de Rome n'en étoit pas exempte ; & que depuis quelques années ils'étoit introduit beaucoup d'abus dans l'adminiftration des chofes fpirituelles, & d'excès dans l'exécution des préceptes; que la contagion avoit paffé du chef aux membres, des papes aux prélats; que pour y remédier & fatisfaire

aux obligations de fa charge, il étoit réfolu de s'employer AN. 1512. tout entier à la réformation de la cour Romaine.

Il dit encore qu'on ne doit ni fe plaindre ni s'étonner fi l'on ne voit pas fitôt corriger tous ces abus, parce que le mal ayant pris racine & s'étant profondément fortifié, il faut aller pas à pas dans fa guérifon, & y procéder avec beaucoup de retenue, en commençant par les chofes les plus importantes; parce que infailliblement on gâteroit tout en entreprenant de tout guérir en même temps. Il ordonnoit encore à fon nonce de promettre en fon nom l'cbfervation de tous les concor dats du faint fiège avec la nation Germanique, & le renvoi des procès évoqués à la rote, pour être jugés fur les lieux felon les coutumes. Enfin il devoit folliciter les princes & les états de répondre à fes lettres, & de lui propofer les moyens par où on pourroit plus aifément réprimer Luther & tous ceux de fa fecte. Outre cela le nonce devoit remontrer, que dans toute l'Allemagne on voyoit les religieux fortir de leurs monaftères & rentrer dans le monde, des prêtres fe marier au grand mépris de la religion, & commettre mille crimes énormes; qu'il étoit abfolument néceffaire d'y pourvoir, en caflant ces mariages facrileges, en puniffant ceux qui fe marient ainfi, & en remettant les moines apoftats entre les mains de leurs fupérieurs.

XXX.

Le pape écrit

aux électeurs

Onuphr. iz

Le nonce étoit encore chargé d'un bref adreffé aux électeurs, & à tous ceux qui compofoient la diète de Nuremberg, pour les prier de bien confidérer quelle honte ils s'alloient at- & aux dépu tirer, s'ils ne réprimoient pas un frénétique qui mettoit la tés de la dieconfufion par-tout par de folles & déteftables pratiques, vou- te. Sleidan in lant renverser une doctrine écrite & fcellée du fang des mar- comment, lib. tyrs, confirmée par les livres des faints docteurs, & défen- 3. p. 86. due par les armes de tant de bons & vaillans princes. Il·les vita Adr. VI. conjure de marcher fur les traces de leurs ancêtres, fans fe In bullar. 1. laiffer éblouir par les fauffes lumières d'un homme de néant pour fuivre des erreurs condamnées par un fi grand nombre de conciles. Le pape ajoutoit, que depuis fon élévation au fouverain pontificat, il n'avoit rien eu tant à cœur que de remplir les devoirs d'un bon pafteur, & ramener au bercail la moindre brebis égarée, autant que fa vigilance & fa follicitude paftorale l'exigeoient; que Dieu lui étoit témoin du peu de mérite qu'il fentoit avoir pour remplir la dignité à la quelle il l'avoit élevé fans qu'il s'y attendit; que pour le con

1.

conft. 4.

Adr. VI.

duire en vrai père, il exhortoir les princes chrétiens à finir AN. 1522. leurs difcordes ; que ceux qui avoient la guerre devoient employer toutes leurs forces contre les ennemis de la foi; qu'il avoit fait les efforts pour procurer la paix entre eux, & pour fecourir les chevaliers de Rhodes opprimés par les Turcs, en leur envoyant des fommes d'argent affez confidérables.

Sleidan, in comment. 1. 3. p. 87.

« Pour paffer enfuite, continue-t-il, de ces dangers exté»rieurs aux maux internes & domeftiques, avec quelle dou» leur ai-je appris que Martin Luther fi fouvent averti avec » toute la tendreffe d'un père, enfin condamné & profcrit » par Leon X, par plufieurs univerfités, par l'empereur dans » la diète de Wormes, non-feulement ne s'arrête point, mais » continue plus fortement que jamais à répandre fes perni» cieuses erreurs, & à compofer de nouveaux livres qui ren» verfent & la religion chrétienne & la fainteté des mœurs. » Et ce qui m'eft plus fenfible, eft d'apprendre que cet héréti » que fe trouve appuyé non-feulement par le peuple, mais » encore par beaucoup de feigneurs, qui protégeant l'héré»fie, font caufe qu'on commence à fecouer le joug de l'obeif» fance due aux eccléfiaftiques, à piller leurs biens & à exci»ter des guerres civiles; qu'il eft vrai que faint Paul dit qu'il » faut qu'il y ait des héréfies: mais que celle-ci paroît dans le » temps le plus fâcheux & le plus funefte, où le démon em» ploie toutes fes forces pour nous accabler de malheurs, & » où la religion éprouve toute la fureur des Turcs, qui ne » cherchent qu'à étendre leur cruelle domination, & qui y » réuffiffent. Comment s'oppofer à leurs progrès, tant que la » république chrétienne fera déchirée par une héréfie, qui » ne fauroit manquer de caufer des féditions? »

Il ajoute que, lorsqu'il étoit en Efpagne, il avoit entendu parler des nouveaux fentimens de Luther, & qu'il en avoit été d'autant plus touché, que ce mal avoit pris naiffance dans fa patrie, où l'on avoit toujours fait profeffion de fuivre la religion dans fa pureté: qu'il ne pouvoit trouver fa confolation qu'en deux chofes; l'une, en ce que cette doctrine de Luther étoit fi vifiblement mauvaise, que tout homme de bon fens ne devoit pas croire qu'on pût la tolérer; l'autre, en ce qu'il étoit perfuadé que ces plantes envenimées & peftiférées, venues d'ailleurs, ne prendroient point racine dans un pays qui avoit toujours produit des ennemis de l'héréfie. « Cependant comme le contraire arrive, continue-t-il, foit par un

jufte jugement de Dieu, foit par la négligence de ceux qui » devoient y remédier; & que ce mauvais arbre ayant pris AN. 1522 racine, pouffe fort loin fes branches: on pourroit croire que "lanation femble avoir oublié fon ancienne vertu, &qu'elle » approuve un fi grand crime. Elle ne fait pas réflexion qu'il "eft tout-à-fait honteux, qu'un peuple fi religieux & fi fer» me dans la religion qu'il avoit reçue de J. C. & des Apô "tres, & que tant de martyrs avoient fcellée de leur fang, fe » foit ainfi laiffé féduire par un miférable petit frère qui s'é» carte du chemin que nos ancêtres ont tenu jufqu'à présent: » comme finous avions été dans l'erreur; comme fi J. C. » qui nous a promis fon affistance, avoit fouffert son église » enfevelie dans les ténèbres; comme fi enfin Luther étoit le feul qui fût fage, & que Dieu l'eût fufcité pour décou»vrir.l'erreur de tout l'univers. Pour peu qu'on ait de rai»fon, on voit auffitôt le ridicule de cette conduite.

"Mais tout cela, continue toujours le pape, n'eft encore que le prélude des maux qui font préparés à l'Allemagne; » & par une contagion funefte à toute l'églife, Luther & fes "fectateurs commencent déjà à manifefter leurs pernicieux » deffeins, par les brigandages qu'ils exercent, par le mépris » qu'ils font des faints canons, des décrets des conciles &

des fouverains pontifes, qu'ils ont déchirés & brûles publi» quement.Croit-on qu'ils doivent avoir plus de respect pour » les lois de l'empire? Et puifqu'ils ont fecoué le joug de l'o» béiffance due au fouverain pontife, aux évêques & aux

prêtres, il ne faut pas efpérer qu'ils obéiffent aux magif» trats; puifqu'ils n'ont épargné ni les perfonnes, ni les cho" fes confacrées à Dieu, il ne faut pas croire qu'ils épargnent » les perfonnes, les maifons & les biens des laïques.”

Le pape finit en priant & exhortant les princes & les autres à travailler d'un commun accord à l'extinction de cet incendie, à faire tous leurs efforts pour obliger Luther & fes partifans à rentrer dans leur devoir, à renoncer à leurs erreurs ; & s'ils ne veulent pas écouter les avis falutaires qu'on leur donnera, Adrien veut qu'on procède contre eux, & qu'on les puniffe felon les lois de l'Empire & la févérité du dernier édit. Ce bref du pape eft daté de Rome le 25e. de Novembre 1522.

XXXI Arrivée de Cheregat, nonce du pa pe, à Nurem

Cheregat, muni de ces inftructions & de ce bref, partit de Rome en qualité de nonce du pape pour la diète de Nuremberg.

AN. 1522.

Ada convent.

berg, où il arriva fur la fin de l'année 1522, & s'y préfen ta au commencement de Janvier de l'année fuivante 1523. Nuremberg. Il y fit un difcours, dans lequel il n'ajouta rien à ce qui étoit Extat. apud contenu dans fes inftructions, finon qu'il expofoit d'une maGoldaft. in nière encore plus pathétique le double fcandale que l'hérétie confiit. imperat. t. 2. & de Luther donnoit aux gens de bien : le premier en voyant, in fafciculo. dans tous le Cercles d'Allemagne, les moines & les religieurer.expetend. fes violer impunément les vœux, tortir par force & par adref

&c.

XXXII.

nonce du pa

pe.

2. 2. c. 4.

comment. 1. 3. P. 95.

fe de leurs monaftères, retourner dans le monde, & mener une vie plus licencieufe que celle des féculiers les plus relàchés: le fecond fur ce que les prêtres enchériffoient furtant de facriléges en fe mariant en public, fans que les évêques fuflent afiez forts pour réprimer ces énormes défordres, & que les magiftrats vouluffent leur prêter la main. Après fon difcours, il préfenta aux membres de la diète l'instruction & le bref du pape.

La diète donna fa réponse par écrit. Ferdinand qui préfidoit Réponte de àl'affemblée, & les princes, après avoir témoigné leur joie de la diete au l'élévation d'Adrien fur le fiège de Rome, l'afluroient dans cette réponse, qu'ils ne font pas moins touchés que lui des déPallavic. hift. fordres de l'Allemagne, & du danger où se trouvoit la reliExtat apud gion; qu'ils embrafferont avec zèle tous les remèdes que la Goldaft. t. 1. modération pourroit leur prefcrire, faifant profeffion d'oP. 452. béir au fouverain pontife & à l'empereur; que s'ils ont différé Rayn, ad an. 1523.7. 2. & d'exécuter la fentence de Leon X & l'édit de Charles V, c'éfeq. toit pour des raifons très-importantes, & dans la crainte de Sieidan, in caufer de plus grands maux. Que les livres de Luther avoient perfuadé tous les peuples, que la cour de Rome avoit par divers abus caufé plufieurs griefs & beaucoup de maux à la nation Germanique; enforte que fi l'on tentoit l'exécution de la fentence, les peuples fe perfuaderoient aisément qu'on n'agitainfi que pour entretenir ces abus dont Luther fe plaignoit, & détruire la vérité de l'évangile; ce qui cauferoit encore de plus grands troubles, & ce qui conduiroit infailliblement à une guerre civile. Que fa fainteté devoit être perfuadée que les remèdes violens augmenteroient ce mal au lieu de le guérir, puifqu'elle avouoit ingénument que les hommes en étoient la caufe, & qu'elle promettoit de réformer la cour de Rome avant toutes chofes, & de faire exécuter le concordat Germanique. Ouvrage véritablement digne des foins du pape, & qui feroit par-là ceffer les griefs du peuple.

La

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