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AN. 1523

des églifes & des monaftères. Cette promeffe, toujours flatteufe pour les princes qui font moins touchés de la religion. que de leurs intérêts, flattoit extrêmement Gustave qui fe trouvoit à l'étroit, & à qui toute religion étoit affez indifférente. Olaus lui ayant donc fait goûter ces propofitions par un fecrétaire en qui ce prince avoit mis toute fa confiance, & qui avoit été féduit lui-même par un archidiacre ambitieux nommé Laurent Dandré,Guftave ydonna volontiers les mains. Il commença d'abord à permettre qu'on prêchât publiquement le Lutheranisme, laiffant toutefois à fes fujets la liberté de confcience.Adrien VIlui envoya néanmoins un Suédois,nommé Jean Magni, homme d'un rare mérite, avec la qualité de Le pape en. légat, afin de tâcher que le prince ne fe montrât pas le provoie un légat tecteur de la nouvelle héréfie. Guftave qui de fon côté efpéroit de gagner Jean Magni & de s'en fervir dans fon deffein, le reçut avec beaucoup d'honneur, & lui fit accepter l'archevêché d'Upfal en la place de Gustave Trolle qui en avoit été chaffé. Ce prince fe flattoit qu'il obligeroit ce prélat à tenir un fynode, dans lequel la doctrine Luthérienne feroit approuvée; mais il ne put fléchir ce grand homme, qui, voyant la patrie menacée d'un changement de religion, fe retira à Rome où il étoit auparavant, & y mourut de chagrin.

Le roi affembla les états à Upfal, & enfuite à Arofen, pour marquer à fes fujets qu'il avoit deffein de les délivrer des fuperstitions & de la tyrannie de l'église Romaine; & que fi l'on ne confentoit pas à fes volontés, il étoit réfolu d'abandonner le royaume. Comme les Luthériens étoient en plus grand nombre, leurs voix l'emportèrent fur celles des Catholiques; & il y fut ordonné qu'en laiffant aux évêques & aux pafteurs de quoi s'entretenir fuivant leur condition, tous les biens de l'églife feroient réunis au domaine, & que chacun pourroit reprendre ce que fes ancêtres avoient donné aux églifes & aux monaftères, qu'on aboliroit, en confervant feulement les cathédrales & les paroiffes; qu'on permettroit aux eccléfiaftiques de fe marier; qu'on cafferoit la juridiction des officiaux, en renvoyant toutes les affaires aux tribunaux féculiers; que les eccléfiaftiques n'emploieroient point les foudres contre leurs ennemis & contre leurs débiteurs ; que les évêques enfin ne s'empareroient point de la fucceffion des prêtres de leurs diocèfes, & l'on révoqua plufieurs des priviléges dont le clergé jouiffoit. Quelques prélats s'étant plaints

Q q iij

LIX.

en Suede. Spond. in annal. an.

1523. 11. 17.

qu'Olaüs eût publié en langue Suédoife une traduction du AN. 1523. nouveau teftament fur celle de Luther en Allemand, le roi leur dit d'entrer en difpute avec ce même Olaus fur les fentimens; ce que les évêques refusèrent, & fe contentèrent de lui oppofer un théologien nommé Gallus. On difputa long-temps fur les points conteftés; & le roi pria l'archevêque d'Upfal de faire faire une traduction du nouveau testament, pour l'oppofer à celle d'Olaüs, malgré les oppofitions de l'évêque de Lincopine. Tel fut le résultat de cette conférence.

LX.

pun's en

Sleidan. in

101.

Le Luthéranifme ne s'étendoit pas feulement dans les Hérétiques royaumes du Nord, il parvint auffi en Flandre & en France. Le premier de Juillet de cette année, deux religieux France & en Auguftins furent arrêtés à Bruxelles & mis en prison. SleiFlandre. dan les nomme Jean & Henri. Ils furent d'abord interrogés comment. lib fur leur créance par l'inquifiteur : ils répondirent qu'ils 4. p. 1o. & croyoient ce qui étoit contenu dans l'ancien & le nouveau Surins, in teftament, & dans le fymbole des Apôtres, comme renfermant tout ce qui eft de foi. On leur demanda s'ils ne croyoient pas auffi aux décrets des conciles & à l'autorité des faints pères: ils répondirent qu'il y ajoutoient foi, pourvu qu'ils fuffent conformes à la fainte écriture. « Mais » croyez-vous, dit le juge, que ce foit un péché mortel » de violer les décrets des pères & des fouverains pouti» fes? Il n'y a, dirent-ils, que le violement des com» mandemens de Dieu qu'on doive taxer de péché. »

comm. an.

1523.

Raynald, ad

an. x 523. n. 16.

LXI.

On voulut les engager à renoncer à cette opinion, qui refferroit les objets de foi & les caufes de péché, & qui marquoit affez qu'ils étoient dans le parti de Luther; mais ils ne voulurent pas fe rendre. Cette opiniâtreté leur coûta la vie; on les dégrada, felon l'ufage, & enfuite ils furent brûlés. Jean le Clerc cardeur de laine, & un des premiers minifJean le Clerc tres que les hérétiques aient eu en France, fut auffi arrêté eft condam- cette année à Meaux où il étoit né. Comme il prêchoit un à être fouet- jour dans cette ville, il eut l'audace d'avancer que le pape étoit l'antechrift. Pour lui faire expier cette infolence, on le condamna à être fuftigé, & à avoir, felon quelques-uns, la 1523. n. 15. fleur-de-lys au front par la main du bourreau, & banni du royaume; mais ce châtiment ne le rendit pas plus fage. Il alla Beze in Icon. à Metz débiter fes erreurs & fes impoftures. Il y fut brûlé

né à Meaux

té.

Spond. in annal. ann.

pour avoir brifé les images. C'eft ce héros du Luthéranifme

que Theodofe de Beze appelle le reftaurateur des églises deMetz & de Meaux.

AN. 1523.

LXII.

bardie.

La Lombardie vit naître auffi cette année une fecte de fanatiques, qui en troubla la paix pendant quelque temps: ces Autre héréfanatiques nioient les effets du baptême, fouloient aux pieds fie qui s'élèla fainte croix, abufoient des facremens de l'églife & parti- ve en Lomculièrement de l'euchariftie, prenoient le Démon pour leur Spond. in: feigneur & leur maître, & lui rendoient leur refpe&t & leur annal. ann. obéiffance. On les accufoit encore de jeter des forts fur les 1523. . 16. Labbe, coll. animaux & fur les fruits de la terre. Pour remédier à ces conc. t. 14. maux, le pape donna commission le vingtième de Juillet p. 410. à l'inquifiteur de la foi dans la ville de Côme, de faire Bullar. Adr. une recherche exacte des auteurs & des partifans de cette conft. 2. doctrine abominable.

On voit par fon bref que cette fecte dominoit depuis quelque temps en Lombardie, puifqu'il eft dit que Jules II avoit déjà donné la même commiffion à George de Cafali de l'ordre des frères Prêcheurs, inquifiteur de Cremone; mais qu'il n'avoit pu réuffir, parce que plufieurs, tant clercs que laïques, l'avoient rendu odieux.

VI. t. 1.

Raynald ad ann. 1523 le

88.

LXIII.

Raynald, ad an. 1523. 1.

LXIV.

Animé du même zèle, Sigifmond roi de Pologne fit un édit le cinquième de Septembre contre l'héréfie de Luther, On condampar lequel il défend fur peine de la vie d'avoir & de lire fes ne en Pologne Luther ouvrages. Cet édit fut confirmé le fixième d'Octobre dans & fes livres. un fynode que les évêques du royaume affemblèrent Bzovius, an. par ordre de ce prince. On y confirma auffi les bulles des 1523. papes contre cette héréfie. Le pape Adrien VI canonifa dans cette année S. Ben- 80. & feq. non & S. Antonin archevêque de Florence. Le premier vint Canonifa au monde l'an 1010 près de Goftard, & fut élevé à Hil- tion de faint densheim, ville de la baffe Saxe, dans le duché de Brunf- Bennon par wick, par Wiger prieur du monastère de S. Michel, dans la Adrien VI. piété & dans les lettres, fous les aufpices de Bernward évê- 241. que d'Hildensheim fon parent.Il entra dans un monastère à Baron. in l'âge de 18 ans, s'appliqua à l'étude de l'écriture-fainte & des not. ad Martyrol. p. 254. Sts. pères, & fut honoré du titre de docteur. On le fit prêtre Molanus, f à trente ans. L'abbé Adalbert qui l'obligea à recevoir la prê- 188. trise étant mort, les religieux voulurent l'élire en fa place: 26 de Juilt. mais une partie de la communauté ayant donné fa voix à Sigebert, Bennon, quoique la pluralité fût pour lui, voulut céder à fon concurrent; & content de fervir Dieu dans

Surius, pag.

Baillet au

fa retraite & dans la pratique des vertus religieufes, il fut fait AN. 1523. chanoine de la chapelle de Goftar, où il pratiqua la régularité dont il avoit fait profeffion. Il fut fait enfuite théologál & maître des chanoines, & occupa ce pofte pendant dix-fept ans ; après lefquels l'empereur Henri IV le nomma à l'archevêché de Meiffen ou Mifne, ville qui a donné fon nom à la Minie dans la haute Saxe. Il fut facré par l'archevêque de Magdebourg, après une longue réfiftance. Il confacra tous fes travaux & fes veilles à fon églife, & remplit tous les devoirs d'un bon pasteur; il fe trouva enveloppé dans les troubles que les guerres de l'empereur Henri IV excitèrent dans l'empire & dans l'églife. Bennon fe réconcilia enfuite avec Gregoire VII, & ce ne fut que pour maintenir fon églife dans la fidélité qu'elle devoit au faint fiége. Il alla à Rome, & s'y trouva même au concile où l'on excommunia l'empereur; ce qui lui attira beaucoup de perfécutions. Enfin il mourut plus chargé du mérite de fes faintes actions, que du poids de fa vieilleffe, le 16e. de Juin de l'an 1106, après quatre-vingtfeize ans de vie & quarante ans d'épifcopat.

Dieu honora fon tombeau de plufieurs miracles, qui atteftèrent la fainteté de fa vie, & qui fervirent de fujet à fa canonisation. Son corps, qui avoit été enterré dans un coin de fon église d'une manière fort fimple, en fut levé vers l'an 1270, par l'évêque de Vitigon, qui en fit une tranflation fort folennelle, en mettant fes reliques dans un magnifique tombeau dreffé au milieu de fon églife. Quoiqu'on parlât dès-lors de travailler à fa canonifation, l'affaire toutefois fut différée jufqu'au pontificat du pape Alexandre VI, qui nomma des cardinaux pour examiner les informations qui s'étoient faites de fa vie & de fes miracles: la mort de ce pape & des commiffaires retarda encore ces procédures, qui finirent enfin sous le pape Adrien VI qui le canonifa, & en fit la cérémonie le dimanche de la Trinité de l'an 1523, qui tomboit au 3 1e. jour de Mai. La nouvelle de cette canonifation bleffa teileOuvrage de ment le cerveau de Luther, qu'elle le rendit furieux. Ce fut Luther con- dans l'excès de fa frénéfie qu'il compofa ce traité impie en nonifation. Allemand, auquel il donna ce titre : Contre la nouvelle idole Cochlaus de qu'on devoit élever à Mifne. Jerôme Emfer, qui avoit déjà com ac. & fcript. Luthe pofé la vie du faint avant que l'on eût encore oui parler de cet héréfiarque, répondit dans la même langue à toutes fes calomnies. Depuis ce temps-là le culte de S. Bennon devint

LXV:

tre cette ca

public dans toutes les églifes d'Allemagne, & fa fête fut marquée au feizième de Juin.

AN. 1523.
LXVI.

767.

LXVII.

Privilége

accorde à Charles V.

Adrien VI pourfuivit auffi l'affaire de la canonifation de Canonifation S. Antonin archevêque de Florence, commencée par Leon de S. AntoX, & la termina. La bulle de canonifation ne fut néanmoins nin. Apud Bol. publiée que par fon fucceffeur Clement VII, le fixième de land. ad Septembre fuivant. Adrien qui aimoit l'empereur Charles V, diem 2. Maii & qui ne manquoit guère d'occafion de contribuer à fon P. 357. & in agrandiffement, envoya un bref à ce prince, par lequel il lui append. p. donnoit pouvoir & à tous les rois d'Efpagne fes fucceffeurs, d'élire & de préfenter des fujets à tous les évêchés du royaume. Leon X avoit accordé le même pouvoir aux rois de France. Par une autre bulle du vingt-quatrième de Septembre, il affecta à perpétuité à la couronne de Caftille l'admi- que le pape niftration de l'ordre de Calatrava, & des autres ordres établis en Espagne; au lieu que les papes fes prédéceffeurs n'avoient accordé cette administration que pour un temps aux rois de Castille. Par la même bulle il rend la charge de grandmaître héréditaire, d'élective qu'elle étoit auparavant. Dans ce temps-là même l'empereur reçut en Espagne la nouvelle, que le duc de Geffa, fon ambaffadeur à Rome, avoit fait en fon nom avec le pape une ligue offenfive & défensive au fujet de la liberté d'Italie, pour en éloigner les François, & pour la guerre d'Allemagne contre les Luthériens : laquelle avoit été faite par la négociation de tous les cardinaux qui y étoient intervenus, parce que fa fainteté les avoit chargés du foin d'y faire entrer plufieurs princes, & particulièrement la république de Venife; ce que l'on ne peut bien entendre fans reprendre les chofes de plus haut.

LXVIII.

ou une trève les

La perte de l'île de Rhodes étant arrivée en partie par la faute du pape Adrien, il y alloit de fon honneur de la ré- Le pape veut parer. Dans cette vue, & animé du défir de rendre fon pon- faire la paix tificat glorieux, il employa tous fes foins pour ménager la entre paix ou du moins une trève entre les princes chrétiens, afin princes chréqu'ils puffent enfuite unir ensemble toutes leurs forces contre tiens., Daniel, hift. les infidelles:il envoya pour cet effet des légats à l'empereur, de France, aux rois de France & d'Angleterre, pour les folliciter à fe réu- in-quarto. nir. «Mais c'étoit, dit un hiftorien moderne, un ouvrage tom. V. p. » au-deffus du génie du faint père, plus homme de bien, 7 vol & tom. » qu'habile dans le maniement des affaires & des efprits, & VII. in-quaren qui François I ne pouvoit avoir de confiance; & qui, édit, ente vo

492. edit. en

to dern.

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