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ne.

Fet. de Angler.cp.795.

le chevalier Bayard eut inutilement tenté de fe'rendre ma AN. 1513. tre de la ville. LXXXVIII. Dans ce même temps-là l'empereur affembloit fon armée Les Efpa- en Espagne ; les lanfquenets arrivoient dans la Franche-comgnols afliégent inutile. té, & les Anglois fe rendoient à Calais pour agir en Picarment Bayon- die conjointement avec l'armée Flamande. Lautrec, qui commandoit après fa difgrace, ayant appris que les Efpagnols s'affembloient au nombre de près de trente mille hom mes du côté de S. Jean-de-Luz, s'appliqua à ravitailler Fontarabie, réfolu de s'enfermer dans Bayonne avec quelques gentilshommes du pays. Franget, officier de réputation, avoit été laiffé l'année précédente dans Fontarabie par le ma réchal de Chabannes pour y commander. Lautrec fut affiégé daps Bayonne le feizième de Septembre, & canonné avec tant de vigueur, que la brêche fut confidérable. Le dix-huitième, l'armée Espagnole étoit foutenue d'une flotte qui répandit la confternation dans tout le pays, parce que la ville étoit foible du côté de la mer; mais Lautrec donna fi bon ordre à tout, qu'après un affaut des plus vigoureux, les Efpagnols furent contraints de lever le fiége, laiffant un grand nombre de morts dans les foffés, & allèrent affiéger FontaLXXXIX. rabie, que Franget rendit lâchement en très-peu de jours. Ils fe ren- On fe contenta néanmoins de le dégrader publiquement de de Fontara- nobleffe; ce qui fe fit fur un échafaud dreffé dans la ville de Lyon: » On crut, dit Mezerai, que la poltronnerie Mém du » étoit moins digne de mort que l'infamie. »

dent maîtres

bie.

P. 287.

Guife bat le

"

Bellai, l. 2. Mezerai, Le fuccès des Espagnols ne fut pas fi heureux en Bourgoabrégé chro- gne & en Champagne. La Motte-des-Noyers,officier du conné nol. tom. 4 table de Bourbon,étoit allé en Allemagne au-devant du comte XC. de Furftemberg, qui venoit avec un corps de fept à huit mille Le comte de lanfquenets par la Franche-comté: il fe jeta d'abord dans la général Furf Champagne, où il prit Coiffy & Monteclaix, petites places. temberg en qui ne firent pas beaucoup de réfiftance. Le comte de Guise, Bourgogne. qui commandoit en Bourgogne en la place du fieur de la TriMém, du mouille, informé de la perte de cette place, & que Furfremberg n'avoit point de cavalerie, accourut avec toute la nobleffe de la province & environ huit à neuf cents hommes d'armes, jeta dans les places la noblesse qu'on avoit assemblée, & harcela les ennemis qui n'avoient point de cavalerie. Le comte de Furftemberg le trouvant trop foible au milieu d'un pays ennemi, prit le parti de fe retirer en Lorrai

Bellai, 1. 2.

he, après avoir abandonné les deux petites places qu'il avoit AN. 1523. prifes; & il ne put pourtant faire fa retraite fans perdre une bonne partie de fon arrière-garde, que le comte de Guife attaqua au paffage proche de Neuf-Châtel. Voilà à quoi fe termina toute l'expédition des Allemands.

XCI.

Le roi d'An

cardie.

XCII.

L'armée ennemie s'a

XCIII
Le duc de

Pendant que la guerre fe faifoit en Italie, en Béarn & en Champagne, le roi d'Angleterre fe préparoit à envoyer une gleterre enarmée en France fous la conduite du duc de Suffolck, celui voie une arqui avoit épousé Marie veuve de Louis XII. Ce duc étoit mée en Pipaffé à Calais avec 14 à 15 mille Anglois, qui, joints au comte des Bures général de l'armée des Pays-Bas, faifoient vingt-cinq à trente mille hommes de pied, & cinq à fix mille chevaux. Le duc de la Trimouille qui commandoit en Picardie, fe voyant fort inférieur, n'ofa tenir la campagne, & fe contenta de jeter du fecours dans les places les plus expofées, & d'en informer promptement le roi qui étoit à Lyon. Ce prince'étoit affez embarraffé; l'armée ennemie s'étoit déjà emparée de plufieurs places en Picardie, & s'étoit même avan- vance à onze cée vers la rivière d'Oife jufqu'à onze lieues de Paris; mais lieues de Pafans fe la fer abattre, il envoya le plus de troupes qu'il put ris, & y met l'alarme. en Picardie, fous la conduite du duc de Vendôme. La nouvelle de fa marche arrêta en effet les Anglois & les Allemands; & craignant d'être enveloppés par fes troupes & par celles Vendômerodu duc de la Trimouille qui étoit derrière eux, ils aban- blige à se re◄ donnèrent Montdidier & Nefle, qu'ils brûlèrent l'un & l'au- tirer. tre, & fe retirèrent dans l'Artois. En fe retournant ils fe rendirent maîtres de Bouchain, où ils mirent une garnifon Angloife; mais peu de temps après la Trimouille recouvra cette place, dont il donna le gouvernement au fieur d'Eftrées. Les XCIV. Flamands s'en allèrent chez eux, & les Anglois fe rembarquè- Le grand rent à Calais, affez peu fatisfaits de leurs progrès qui avoient maître de été beaucoup moins confidérables qu'ils ne s'étoient flattės. Le grand-maitre de Villiers-l'île Adam fortit de Rhodes le valiers & arpremier de Janvier de cette année 1523, & mit à la voile rive à Canpour l'ile de Candie, avec le peu de chevaliers qui lui ref- Jarques de toient après la conquête de Soliman. L'ordre de S. Jean de Jé- Bourbon, rerufalem avoit régné dans Rhodes près de deux cents vingtans. lat. du fidge Le prince Amurat fils du malheureux Zizim, qui vivoit dans cette ile aux dépens de l'ordre, auroit bien voulu fuivre Spond. ad Pile-Adam, mais Soliman lui donna des gardes de peur qu'il an. 1523. the nes'échappat. Il fe cacha néanmoins pendant quelque temps

Rhodes part

avec fes che

die.

de Rhodes,

P. 684.

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avec fes deux fils & fes deux filles; mais il fut trouvé, & AN. 1523. on voulut l'obliger à renoncer à la foi chrétienne qu'il avoit embraffée. Amurat ne voulut point abandonner la vraie religion, & aima mieux s'expofer à la mort. Le fultan n'ayant pu le vaincre, ordonna en effet qu'on le fît mourir avec fes deux fils, & il fit conduire fes deux filles à CP. La flotte du grand-maître étoit compofée de cinquante vaiffeaux, foit galères, ou galiotes, brigantins & felouques de différentes, grandeurs, fur lesquels il y avoit, fans les chevaliers, plus de quatre mille habitans, tant de cette ville que de celles qui en dépendoient. Après quelques jours de navigation, il fut furpris d'une violente tempête qui difperfa cette petite flotte parmi les îles de l'Archipel. Plufieurs vaiffeaux furent démâtés, d'autres trop chargés coulèrent à fond; & après un furieux orage qui dura trois jours & trois nuits, les vaiffeaux difperfés les uns après les autres gagnèrent différens ports de Candie, & fe réunirent dans la fuite au parti du grand-maître, qui ne put contenir fes larmes, en voyant que la plupart de ceux qui avoient quitté leur patrie pour fuivre fa fortune, étoient malades, quelques uns étoient fans vivres, & quelques autres à demi nus & fans linge, parce qu'on avoit jeté leurs hardes dans la mer. Il fut bien reçu à Candie, & y demeura tout le temps néceffaire pour faire radoubcr fes vaiffeaux. Ce fut de-là qu'il dépêcha différens ambaffadeurs vers le pape & la plupart des princes chrétiens, pour leur faire part de la perte de Rhodes, & fe plaindre d'en avoir été fi légèrement abandonné. Comme il craignoit aussi Bulle du pa- que les chevaliers qui reftoient, las de leur mauvaife forturêter les che- ne, ne fe retiraffent chacun dans fon pays; il chargea l'amvaliersauprès baffadeur qu'il envoya à Rome, de repréfenter au pape que du grand fi cela arrivoit, l'ordre, déjà réduit dans une trifte fituation, maître.

XCV.

pe pour ar

périroit abfolument, & de le prier d'y pourvoir. Le pape en-
tra dans les vues du grand-maître ; & pour retenir les cheva-
liers fous fon obéiffance, il donna une bulle par laquelle il
leur commande, en vertu de la fainte obedience, de demeu-
rer unis fous l'autorité du grand maître, & menace d'excom-
munication ceux qui n'obéiront pas. L'ambaffadeur envoya
auffitôt certe bulle à Meffine, où il croyoit l'ile-Adam ar-
rivé, parce qu'il étoit parti de Candie vers le commence→
ment de Mars; mais ayant encore été battu de la tempête
il ne put entrer avec fa petite flotte dans le port de Melfine

XCVI: Le grand maître arrive

chia. Spond. ad ann. 1523. n.

XCVII.

qu'au commencement du mois de Mai. A fon arrivée le prieur de Meffine lui remit la bulle du pape. L'île-Adam en fut fort AN. 1523 fatisfait, & la fit lire devant les chevaliers, qui la reçurent tous avec beaucoup de refpect, & proteftèrent qu'ils s'y foumettoient de bon cœur. La pefte ayant attaqué ce pays, le grand-maître fe rembarqua au plus vite, aborda au golfe de Baïes, & fit un camp proche les ruines de l'ancienne ville de Cumes: après y être demeuré un mois, il fe remit en mer & arriva en peu de jours à Civita-vecchia, d'où il envoya un de fes chevaliers à Rome pour demander une audience au pape; mais l'évêque de Cuença vint lui dire de la part d'A- à Civita-vecdrien VI, qu'il ne croyoit pas qu'il dût fitôt fe mettre en chemin; qu'il lui confeilloit de fe repofer quelque temps, & qu'il lui feroit favoir quand il pourroit lui donner audience. 3. Le grand-maître fut fàché de ce contre-temps; mais il fallut prendre patience. Pendant ce temps là le pape fit publier une déclaration de guerre contre la France; la publication s'en La maladie dupapediffefit folennellement à Rome le quinzième d'Août dans l'églife re l'audience de fainte Marie-majeure, où Adrien célébra la meffe affifté qu'il demande tous les cardinaux : comme la cérémonie avoit été fort Bofio, hift. longue, & qu'il en avoit été très-fatigué, il fut attaqué de la de Rhodes, fièvre en rentrant dans fon palais; cette indifpofition retarda 1. 2. p. 20. encore l'audience que l'ile-Adam attendoit avec impatience. Enfin au bout de quinze jours, le pape lui fit dire qu'il pouvoit fe rendre à Rome. Le grand-maître fe mit auffitôt en chemin avec tous fes chevaliers. Anne de Montmorency fon neveu, qui fe trouvoit alors à Rome pour les affaires de François I, vint fort loin au-devant de lui avec un fuperbe cortège; & quand il arriva, chacun s'empreffa de lui rendre beaucoup d'honneur. Le duc de Seffa, ambaffadeur de Charles V, le joignit au champ de Flore, & l'accompagna jusqu'au pa- Il arrive à lais. Le pape, quoique très-affoibli par fa maladie, fe leva de Rome, où le deffus fa chaife quand il le vit entrer: il avança même quel- ne audience. ques pas, l'embraffa tendrement, le fit affeoir au milieu des cardinaux; & après lui avoir dit plufieurs chofes obligeantes, il l'affura qu'il n'oublieroit rien pour conferver un ordre fi utile à toute la chrétienté: enle congédiant, il l'appela un grand athlète de Jefus-Chrift & un très-ardent défenfeur de la foi catholique.

de.

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pape lui don

XCIX.

Le pape avant fa mort

Le pape ne jouit pas long-temps de l'efpérance de voir ré- fait un cartablir fa fanté, la fièvre le reprit & le réduifit bientôt à l'ex dinal

Val. And.

trémité. Lorsqu'il vit qu'il étoit près d'aller rendre compte å AN. 1523, Dieu de fon adminiftration, il fe fit apporter le viatique, & bibl. Belg. ayant fait venir tous les cardinaux dans fa chambre, leur Gazet, hift. recommanda les intérêts de l'église & de la religion chrédes Pays-Bas. tienne. Comme il n'avoit point fait de promotion de cardiAubery, hift. des cardin. naux durant fon pontificat, il voulut en faire une avant que Paul. Jov. de mourir elle tomba fur Guillaume Enckenwoert Allemand, qu'il eftimoit beaucoup pour fon mérite & ses rares talens. Il avoit été d'abord chanoine d'Anvers, & Adrien après fon exaltation lui avoit conféré la prévôté d'Utrecht; mais voulant l'avoir auprès de lui, il le fit dataire, & lui donna enfuite l'évêché de Tortofe.

C.

Mort du pa

VI.

& Pallavicin

mettent la

r. 426.

Adrien VI ne vécut pas long-temps après cette promotion: pe Adrien Il mourut le quatorzième de Septembre * fur le foir, âgé de foixante & quatre ans fix mois & treize jours, après un an *Ciaconius huit mois & fix jours de pontificat. Les Romains furent réjouis de fa mort ; ils ne l'avoient jamais aimé, tant parce mort de ce qu'il étoit étranger, que parce qu'il avoit paru ennemi de pape le 24 de la grandeur & de la magnificence que fes prédéceffeurs Septembre. Ciac. in vit. avoient tant recherchée. Ils s'étoient fouvent plaints auffi qu'il Fontif. to. 3. n'étoit point libéral : c'eft-à-dire qu'il n'étoit ni faftueux, ni prodigue; car il étoit bienfaifant. Une autre cause pour Duchesne, hift des pa- laquelle ils ne l'aimoient pas, c'eft fans doute parce qu'il res, vie d'A- étoit zélé pour la réforme du clergé ; il avoit retranché beaucoup d'abus dans les offices de la cour Romaine, dans la colOnuphr. in lation & réserve des bénéfices, dans les dépenfes fuperflues, vit. pontif. dans la difpenfation des indulgences. La joie qu'on témoigna Oldoinus à fa mort, fit foupçonner qu'on l'avoit empoifonné; mais c'eft apud Ciacon. Val. And. affez la coutume du peuple, de porter de femblables jugebibl. Belgic. mens à la mort des grands hommes. Pendant fa vie on avoit vt. Adr. VI. témoigné plufieurs fois publiquement qu'on défiroit sa mort, Le Mire, in & il y eut plus d'une cabale pour la lui procurer. Paul Jove bibl. eccl. & dit qu'un certain Marius de Plaisfance, irrité contre ce pape dog. Belg.

drien VI.

Guice. I. 15.

Paul Jov. in

qui lui avoit ôté quelque emploi, conçut le deffein impie de
le tuer, lorfqu'il fortiroit de fa chambre; & qu'ayant atten-
du quelque temps inutilement, il fe perça lui-même de fon
épée, fans doute par l'appréhenfion d'un plus grand fupplice,
parce que celui à qui il avoit communiqué fon deffein cri-
minel, manqua de venir à l'heure marquée. Un autre jour
ayant couru rifque de fa vie par la chute de la voûte de la
chapelle pontificale, où il alloit pour célébrer la messe, les

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