Imágenes de páginas
PDF
EPUB

eft trop large pour être défendue; elle eft du S.-E au N.-O.

Sonfonate, Acapulco, Matanchel & San-Jofeph, font les feuls ports de la Nouvelle-Efpagne que les Espagnols fréquentent fur cette mer du Sud. Sonfonate l'eft par les vaiffeaux du Pérou, qui y viennent chercher du goudron & des bois; Acapulco l'est par le galion de Manille, qui y apporte des marchandifes de l'Inde & de la Chine, & en rapporte le prix en piaftres; Matanchel eft l'entrepôt de la Californie; & San-Jofeph eft l'aiguade du galion de Manille, fon arrivée fur les côtes de la Nouvelle-Espagne. ( M. de Pagès.)

S. I I.

1

à

NOUVEAU - MEXIQUE ET CALIFORNIE.

1o. DU NOUVEAU - MEXIQUE.

CETTE vafte contrée, fituée pour la plus grande partie dans la Zone Tempérée, fut affez long-tems inconnue aux Efpagnols. Le Miffionnaire Ruys y pénétra le premier en 1580. Il fut bientôt fuivi par le Capitaine Espajo, & enfin par Jean d'Onâte, qui, par une fuite de travaux commencés en 1599 & terminés en 1611, par

[ocr errors][ocr errors][merged small]

vint à ouvrir des mines, à multiplier les troupeaux & les fubsistances, à établir folidement la domination Espagnole. Des troubles civils dérangent, en 1652, l'ordre qu'il a établi. Dans le cours de ces animofités, le Commandant Rofas eft affaffiné, & ceux de fes amis, qui tentent de venger fa mort, périffent près lui. Les atrocités continuent jusqu'à l'arrivée tardive de Pagnaloffe. Ce Chef, intrépide & févère, avoit prefque étouffé la rébellion, lorfque, dans l'accès d'une jufte indignation, il donne un foufflet à un moine turbulent, qui lui parloit avec infolence, qui ofoit même le menacer. Auffi-tôt les Cordeliers, maîtres du pays, l'arrêtent. Il est excommunié, livré à l'inquifition, & condamné à des amendes confidérables. Inutilement, il preffe la Cour de venger l'autorité royale violée en fa perfonne, le crédit de fes ennemis l'emporte fur fes follicitations. Leur rage & leur influence lui font même craindre un fort plus funefte; &, pour fe dérober à leurs poignards, pour se souftraire à leurs intrigues, il fe réfugie en Angleterre, abandonnant les rênes du Gouvernement à qui voudra ou pourra s'en faifir. Cette retraite plonge encore la Province dans de nouveaux malheurs ; & ce n'eft qu'après dix ans d'anarchie & de carnage, que tout rentre enfin dans l'ordre & la foumiffion. (H. P.)

On n'a pas déterminé les bornes du NouveauMexique au Nord: fa partie Septentrionale est mal connue. Je crois que l'on fixe la ligne de démarcation entre cette Province & la Floride, à la rivière de Guadaloupe, qui, venant du Nord, fe jète dans la baie de Saint-Bernard. Il paroît au reste que nous ne connoiffons pas trop bien l'intérieur de ce pays; que nos Cartes en général y mettent plus d'habitations, & des habitations plus confidérables qu'il n'y en a réellement. Je ne puis mieux faire, que de faire parler M. de Pagès, qui a traverfé ce pays. Il venoit de la Louifiane, & entroit dans le nouveau Mexique, après avoir traversé la Guadaloupe. Le premier poste que l'on trouve eft San-Antonio. (M. de Pagès)

Le pofte de San-Antonio eft en plaine. Une de fes faces occupe l'ouverture du coude que forme une petite rivière; il représente un carré long, partagé par une petite branche des eaux de cette même rivière. Il eft ceint par les murs de pierres des maisons dont il est bordé, & les chemins font bornés par des pieux en forme de paliffades. Comme il est fort grand, & que quelpas exacteques maisons font ruinées, il n'eft ment fermé, & il faut beaucoup de monde pour le garder. Ses dehors font d'ailleurs embarraffés par des cabanes qui couvrent & favorisent l'ap

[ocr errors][merged small]

proche de l'ennemi. Le coude de la rivière eft également plein de cabanes, habitées par des colons, naturels des îles Canaries. Il eft au refte très-agréablement fitué, formant une prefqu'île en pente douce, qui domine l'autre bord de la rivière. Tous les environs, plantés de maïs, font fertiles & bien arrofés par l'eau de la rivière, dont on forme différens canaux.

[ocr errors]
[ocr errors]

Le nombre des maifons peut être de deux cents, dont les deux tiers font bâties en pierres Celles-ci font toutes couvertes en terraffes de terres bien battues, ce qui fuffit fous un beau ciel, & dans un climat où l'on a peu de pluie.

à

A cent lieues de diftance, dans le Nord-Ouest, eft le pofte de San-Saba, & à deux cents cinquante, ceux de Paffe-Nord & de Santa Fé ..Je crois que la latitude de ces lieux, qui font les plus au Nord des poffeffions Efpagnoles, est de 33 34 degrés. On voit donc qu'il y a une erreur confidérable dans les Cartes qui marquent le Nouveau-Mexique beaucoup plus dans le Nord qu'il ne l'eft réellement. Les Efpagnols ont eu, il eft vrai, des poftes plus au Nord; mais, vexés par les Sauvages, ils ont été forcés de les abandonner. Ils ne s'entretiennent qu'avec beaucoup de peine à San-Saba, à Santa-Fé & à Paffe-Nord, Il y avoit même eu des ordres pour abandonner San-Saba. Les routes de la NuévaSénora, qui conduifent

conduisent aux nouvelles mines du Serro-Prietto, font prefqu'impraticables, & j'ai vu faire des armemens confidérables pour les dégager des Sauvages ennemis. Comment peut-on allier de pareils faits avec la quantité de poftes que les Cartes ordinaires défignent (1)?

Excepté le poste de San-Antonio, qui a une Colonie d'Espagnols des Canaries, les autres poftes ne font compofés que de Soldats & de quelques Indiens, autrefois fauvages. Leur occupation eft d'élever des chevaux, des mules, des vaches & des brebis. Ils laiffent errer ces' animaux par troupes dans les champs, & les amènent tous les deux mois dans des parcs qu'ils ont près de leurs maisons. Alors, ils les lacent, les attachent; enfin, ils les manient le plus qu'ils peuvent pour diminuer de leur férocité. Deux ou trois jours après, lorfqu'ils apperçoivent que la faim commence à tourmenter ces animaux ils les lâchent, & en amènent d'autres ainfi moyennant le foin qu'ils prennent de ne pas laiffer leurs troupeaux devenir tout-à-fait fauvages; ils font quelquefois riches de cinq à fix

mille de ces animaux.

Il y a aux environs du pofte de San-Antonio

(1) L'Auteur avoit pris des informations très-circonftanciées, dont il rend compte dans fon Ouvrage.

Tome VI,

M

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »