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contre de tels ennemis, chaque pêcheur eft armé d'un poignard, Auffi-tôt qu'il apperçoit quelqu'un de ces poiffons voraces, il l'attaque avec précaution, le bleffe & le met en fuite. Cependant il périt toujours quelques pêcheurs, & il y en a un grand nombre d'eftropiés.

Les perles de Panama font communément d'affez belle eau. Il y en a même de remarquables par leur groffeur & par leur figure. L'Europe en achetoit autrefois une partie : mais depuis que l'art eft parvenu à les imiter, & que la paffion pour les diamans en a fait tomber ou diminuer l'ufage, c'eft le Pérou qui les prend

toutes.

Cette branche de commerce contribua cependant beaucoup moins à donner de la célébrité à Panama, que l'avantage dont elle jouiffoit d'être l'entrepôt de toutes les productions du pays des Incas, deftinées pour notre hémisphère. Ces richeffes, arrivées par une flotille, étoient voiturées, les unes à dos de mulet, & les autres par Châgre, à Porto-Bélo, fitué fur la côte feptentrionale de l'ifthme qui fépare les deux mers.

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Quoique la pofition de Porto-Bélo eût été reconnue & approuvée par Colomb, en 1502, elle ne fut bâtie qu'en 1584, des débris de Nombre-de-Dios. Elle eft difpofée, en forme de croiffant, fur le penchant d'une montagne qui

entouré le port. Ce port célèbre, autrefois trèsbien défendu par des fortifications que l'Amiral Vernon détruifit en 1740, paroît offrir une enfrée large de fix cents toifes; mais elle eft tellement rétrécie par des rochers à fleur d'eau, qu'elle fe trouve réduite à un canal étroit. Les vaiffeaux n'y arrivent qu'à la toue, parce qu'ils trouvent toujours des vents contraires ou un grand calme. Ils y jouiffent d'une fûreté entière.

2o. DU PÉROU.

LE Pérou occupe une partie confidérable de l'Amérique Méridionale à l'Oueft. Il commence un peu au Nord de l'Equateur, & s'avance au Sud jufqu'au vingt-cinquième degré où commence le Chili.

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.

LES Cordilières ou Andes, qui coupent l'Amérique prefqu'entière, dans fa longueur, préfentent différens rameaux qui s'étendent irrégulièrement dans fa largeur. C'eft fur-tout fous la Ligne & au Pérou que ces célèbres montagnes impofent par leur majefté. A travers les maffes énormes de neige qui couvrent les plus confidérables, on démêle aifément qu'elles furent autrefois volcans. Les tourbillons de fumée & de flamme qui fortent encore de quelques-unes ne

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permettent pas le moindre doute fur ces érup-. tions. Chimboraco, la plus élevée, & qui a près de trois mille deux cent vingt toiles audeffus du niveau de la mer furpaffe de plus d'un tiers le pic de Ténériffe qui n'a que dix-neuf cent quatre toifes, la plus haute montagne de l'ancien hémisphère. Le Pichincha & le Caraçou, qui ont principalement fervi de théâtre aux obfervations entreprifes pour la figure de la terre, n'en ont que deux mille quatre cent trente,

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deux mille quatre cent foixante dix; & c'eft-là cependant que les voyageurs les plus intrépides ont été forcés de s'arrêter. La neige permanente a toujours rendu inacceffibles les fommets qui avoient plus d'élévation.

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Une plaine, qui a depuis trente jufqu'à cinquante lieues de largeur, & dix-neuf cent quarante neuf toifes au-deffus de l'Océan, fert dé rante-neuf bafe à ces étonnantes montagnes. Des lacs plus ou moins confidérables, occupent une partie de ce vafte espace. Celui de Titi-Caca, qui reçoit dix ou douze grandes rivières & beaucoup de petites, a foixante-dix toifes de profondeur & quatre-vingt lieues de circonférence. De fon fein s'élève une île où les Inftitureurs du Pérou prétendirent avoir reçu la naiffance. Ils la devoient difoient-ils, au Soleil qui leur avoit prefcrit d'établir fon culte, de tirer les hommes de la bar A up

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barie, & de leur donner des loix bienfaifantes, Cette fable rendit ce lieu vénérable; & l'on y éleva un des plus auguftes temples qui fuffent dans l'Empire. Des pélerins y accouroient en foule des Provinces avec des offrandes d'or, d'argent & de pierreries. C'eft, dans le pays, une tradition généralement reçue, qu'à l'arrivée des Espagnols, les prêtres & les peuples jetèrent tant de richeffes dans les eaux, comme cela venoit de fe pratiquer à Cusco, dans un autre lac, fix lieues au Sud de cette célèbre Capitale. De la plupart des lacs fortent des torrens qui, avec le tems, ont creufé des gorges d'une profondeur effrayante. A leur fommet font ordinairement les mines, dans un terrein généralement aride, C'est un peu plus bas que le blé croît, que les troupeaux paiffent. Dans le fond font cultivés le fucre, les fruits & le mais.

La côte, d'une longueur immenfe, & depuis huit jusqu'à vingt lieues de largeur, qui s'étend de la plaine dont nous venons de parler à la mer, & que nous connoiffons fous le nom de vallées n'eft qu'un amas de fables. La folitude & une éternelle stérilité fembloient devoir être le parLage de ce fol ingrat,

La nature varie, & varie d'une manière trèsremarquable, dans ce terrein fi inégal. Les lieux les plus exhauffés font éternellement couverts de

neige. Viennent enfuite des rochers & des fables nuds. Au-deffous, on commence à voir quelques mouffes. Plus bas eft l'icho, plante que l'on brûle, affez femblable au jonc, & qui devient plus longue & plus forte à mesure qu'on defcend. Des arbres fe montrent enfin, au nombre de trois efpèces particulières à ces montagnes, & qui toutes annoncent par leur ftructure & par leur feuillage la rigueur du climat où ils font nés. Le plus utile de ces arbres eft le caffis. Il est pefant, il a de la confiftance, il eft de durée ; & ces avantages le font destiner aux travaux des mines. Ces grands végétaux ne fe retrouvent plus fous un ciel plus doux, & ils ne font remplacés que par un petit nombre d'autres d'une qualité différente. Il n'y en auroit même d'aucune espèce dans les vallées, fi l'on n'y en avoit porté qui fe font naturalifés.

Dans cette région, l'air a une influence marquée fur le tempérament des habitans. Ceux des contrées les plus élevées font expofés à l'afthme, aux pleuréfies, aux fluxions de poitrine & aux rhumatifmes. Ces maladies dangereufes pour tous les individus qu'elles attaquent, font communément mortelles pour quiconque a contracté des maladies caufées par la débauche ou par l'ufage des liqueurs fortes ; & c'eft malheureusement l'état ordinaire de ceux qui font nés ou que l'avarice a conduits dans ces climats. A iv

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