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des mefures efficaces pour les éloigner de ces parages qu'on trouvoit qu'ils fréquentoient depuis trop long-tems.

Cependant, ce ne fut qu'en 1740 que les Efpagnols commencèrent à doubler eux-mêmes le cap de Horn. Ils employèrent des bâtimens & des pilotes Malouins dans leurs premiers voya ges: mais une affez courte expérience les mit en état de fe paffer des fecours étrangers; & ces mers orageufes furent bientôt plus familières à leurs Navigateurs qu'elles ne l'avoient jamais été à leurs maîtres dans cette carrière. On fait que depuis, M. de Bougainville a paffé le détroit de Magellan; que les Anglois ont paffé celui de la Maire, & qu'enfin ces paffages font actuelle, ment auffi fréquentés que les occafions l'exigent,

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CHAPITRE III

DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. L'AMÉRIQUE Septentrionale communique, comme on l'a vu, avec l'Amérique Méridionale par l'ifthme de Panama. Cette vaste région eft aujourd'hui partagée entre trois Puiffances, dont une feule y forme un Etat indépendant. Les deux autres n'y ont que des Colonies: ce font les Anglois, au Sud des Etats-Unis, & les Efpagnols au Sud & à l'Ouest.

Je commencerai par les poffeffions de ces der niers en parlant fucceffivement du Mexique, de la Californie, du Nouveau-Mexique, de la Louifiane & de la Floride.

Les Etats unis forment treize Provinces, que je ferai connoître enfuite.

Enfin je parlerai des poffeffions de l'Angle terre, dont les principales font le Canada & la Nouvelle-Ecoffe

PARAGRAPHE PREMIER.

DU MEXIQUE.

1o. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. A

belong LA A grande Cordilière, après avoir traversé route l'Amérique Méridionale, s'abaiffe & fe rétrécit dans l'ifthme de Panama; fuit dans la même forme les Provinces de Cofta-Ricca, de Nicara gua, de Guatimala; s'élargit, s'élève de nouveau dans le refte du Mexique, mais fans approcher jamais de la hauteur prodigieufe qu'elle a dans le Pérou. Ce changement eft fur-tout remarquable vers la mer du Sud. Les rives y font très-profondes, & n'offrent un fond que fort près de terre, tandis que dans la mer du Nord on le trouve à une très-grande diftance du Conti nent. Auffi les rades font-elles auffi bonnes, auffi multipliées dans la première de ces mers, qu'elles font rares & mauvaises dans l'autre.

no aul Le climat d'une région fituée prefqu'entières ment dans la Zone Torride, eft alternativement humide & chaud. Ces variations font plus fenfibles & plus communes dans les contrées baffes, marécageufes, remplies de forêts & incultes de l'Eft, que dans les parties de l'Empire qu'une

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nature bienfaisante a traitée plus favorablement. La qualité du fol eft auffi très-différente. Il eft quelquefois ingrat, quelquefois fertile, felon qu'il eft montueux, uni ou fubmergé.

Les Espagnols ne fe virent pas plutôt les maîtres de cette riche & vafte région, qu'ils s'emprefsèrent d'y édifier des villes dans les lieux qui leur paroiffoient le plus favorables au maintien de leur autorité, dans ceux qui leur promettoient de plus grands avantages de leur conquête. Ceux des Européens qui vouloient s'y fixer, obtenoient une poffeffion affez étendue : mais ils étoient réduits à chercher des cultivateurs que la loi ne leur donnoit pas.

Un autre ordre de chofes s'obfervoit dans les campagnes. Elles étoient la plupart diftribuées aux conquérans pour prix de leur fang ou de leurs fervices. L'étendue de ces domaines, qui n'étoient accordés que pour deux ou trois géné rations, étoit proportionnée au grade & à la faveur. On y attacha, comme ferfs, un nombre plus ou moins grand de Mexicains. Cortès en eut vingt-trois mille dans les Provinces de Mexico, de Tlafcala, de Mechoacan & de Oaxaca, avec cette diftinction qu'ils devoient être l'apanage de la famille à perpétuité. Il faut que l'oppreffion ait été moindre dans ces poffeffions héréditaires que dans le reste de l'Empire, puif

qu'en

qu'en 1746 on y comptoit encore quinze mille neuf cent quarante Indiens, dix-huit cents Efpagnols, métis ou mulâtres, & feize cents efclaves noirs.

Le pays n'avoit aucun des animaux néceffaires pour la fubfiftance de fes nouveaux habitans, pour le labourage & pour les autres befoins inféparables d'une fociété un peu compliquée. On les fit venir des îles déjà foumifes à la Castille qui elles-mêmes les avoit naguère reçus de notre hémisphère. Ils propagèrent avec une incroyable célérité. Tous dégénérèrent; & comment, affoiblis par le trajet des mers, privés de leur nourriture originaire, livrés à des mains incapables de les élever & de les foigner; comment n'auroient-ils pas fouffert des altérations fenfibles? La plus marquée fut celle qu'éprouva la brebis. Mendoza fit venir des béliers d'Efpagne pour renouveler des races abâtardies; &, depuis cette époque, les toifons se trouvèrent de qualité fuffifante pour fervir d'aliment à plufieurs manufactures affez importantes.

La multiplication des troupeaux amena une grande augmentation dans les cultures. Au maïs qui avoit toujours fait la principale nourriture des Mexicains, on affocia les grains de nos contrées. Dans l'origine, ils ne réuffirent pas. Leurs femences jetées au hafard dans des ronces.

Tome VI.

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