1o. DE PANAMA. PANAMA, qui avoit été la porte par où l'on étoit entré au Pérou, s'étoit élevée à une grande profpérité, lorsqu'en 1670 elle fut pillée & brûpar des pirates. On l'a rebâtie dans un lieu plus avantageux, à quatre ou cinq milles de la Tome VI. lée A première Place, & à trois lieues du port de Péria, formé par un grand nombre d'îles, & affez vafle pour contenir les plus nombreufes flottes. Elle donne des loix aux Provinces de Panama, de Véragoas & de Darien, régions fans habitans, fans culture & fans richeffes. De fon propre fond, Panama n'a jamais. offert au commerce que des perles. La pêche s'en fait dans quarante-trois îles de fon golfe. La plupart des habitans y emploient ceux de leurs nègres qui font bons nageurs. Ces efclaves plongent & replongent dans la mer, jufqu'à ce que cet exercice violent ait épuifé leurs forces ou laffé leur courage. Chaque noir doit rendre un nombre fixe d'huîtres. Celles où il n'y a point de perle, celles où la perle n'est pas entièrement formée, ne font pas comptées. Ce qu'il peut trouver au-delà de l'obligation qui lui eft impofée, lui appartient incontestablement. Il peut le vendre à qui bon lui femble; mais pour l'ordinaire, il le cède à fon maître pour un prix modique. Des monftres marins, plus communs aux îles où fe trouvent les perles, que fur les côtes voifines, rendent cette pêche dangereufe. Quelquesuns dévorent en un inftant les plongeurs. Le mantas, qui tire fon nom de fa figure, les roule fous fon corps & les étouffe. Pour fe défendre |