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vé du tems de refte pour répondre aux Lettres, furtout n'ayant jamais eu, felon le P. Oudin (16), ni Sécretaire, ni Lecteur. J'ai appris néanmoins qu'il ayoit tiré pendant plufieurs années de grands fecours de la main d'un copiste externe. Mais quel dommage, que le riche fonds de fon commerce Epiftolaire ait été brûlé, fous le prétexte affés frivole en cette occafion, que les Lettres des morts étoient des titres facrés, dont on devoit enfévelir le fecret dans l'abîme du filence & de l'oubli !

LE

ARTICLE VII.

De la Formule Sub Afciâ.

E s plus petits Ouvrages des grands maîtres portent toujours un caractère diftinctif. On reconnoît la plume du P. Oudin à l'érudition immenfe dont il embellit les sujets qu'il traite. Si les autorités qu'il emploie, ordinairement placées en notes fous le texte, décelÏent une lecture infinie, le choix qu'il en fait marque un difcernement exquis.

(16) Mém. du P. Niceron, ibid. pag. 191.

Qu'on life fa Differtation critique fur l'Afcia fépulcrale des Anciens (1); on y verra un grand fond de génie dans l'arrangement de fes idées fur un point fyftématique d'Antiquité, beaucoup de cette fineffe d'efprit fi néceffaire à ceux qui ofent hazarder de nouvelles opinions, & de cette critique judicieu fe qui fert à difcuter les faits, & à fixer le fens des Auteurs qu'on prend pour guides. Quelques Sçavans ont tâché de trouver le mot de l'énigme fur la Doloire, ou l'Erminette fépulcrale: le P. Oudin examine leurs divers fentimens, & perce jufques dans l'Antiquité la plus reculée pour établir le fien avec fuccès. Ce fujet qui rentre naturellement dans l'Hiftoire des Celtes, appartenoit en quelque forte au P. Oudin; fes décou

(1) Inférée dans le ze. Tome du Recueil de divers écrits, &c. par M. l'Abbé le Beuf, qui prétend que ces mots Sub Afciâ dedicavit, fignifient que tel, ou telle, pour marque qu'il agréoit l'emplacement de la fépulture en tel endroit, a frappé de quelques coups de l'outil qu'on lui a mis entre les mains, fur le tombeau : cette cérémonie ne feroit donc pas feulement une fimple dédicace; mais encore une espèce d'inveftiture, ou de prife de poffeffion. Voy. pag. 244. du 3. Tom. de ce même Recueil."

vertes fur cette partie de notre ancien ne Hiftoire ont enrichi & fondé fon fyftême. Le terme d'Afcia, dans les Infcriptions fépulcrales, eft, felon lui ̧ purement Celtique, à la terminaison près qui eft Latine. Cette idée eft neuve; les Sçavans jugeront fi elle est recevable. Je me promets, dit-il, qu'ils ne la rejetteront pas fans examen, & qu'ils m'accorderont que la première démarche d'un Critique qui travaille à rechercher les Antiquités d'un peuple, devroit être d'en étudier la Langue. Ce mot Afcia, compofé de deux. primitifs Celtiques, As & Sci, réunis fous la terminaifon Latine, eft la même chofe que Divine protection; ainfi Dedicare tumulum fub Afcia, c'eft mettre un tombeau fous la protection de Dieu. Ne confondons point l'Afcia fépulcrale, avec l'Afcia employée dans les Auteurs Latins pour défigner un outil à façonner le bois. L'on ne profanoit pas impunément ce qui étoit mis Sub Afcia, fous la fauve-garde de la Divinité: de tout tems elle trouva des hommes prêts à la venger. Quelqu'ingénieufe que foit cette explication, les Antiquaires ne l'ont pas généralement

adoptée (2) ; & le P. Lempereur, fondé fur un paffage de Lazius, crut avoir rencontré plus heureusement le fens de cette Formule, qui accompagne prefque toujours les Infcriptions de nos tombeaux Gaulois. Je vais donner ici fon Mémoire, où il a fait entrer quelques réflexions critiques fur la Differtation du P. Oudin.

De la Formule Sub Afciâ, qui fe trouve en plufieurs Inferiptions Antiques découvertes dans les Gaules.

» De toutes les chofes obfcures que préfentent les anciens monumens, il » n'y en a guères qui ait plus exercé »les Sçavans, ni peut-être plus infrucque la Formule Sub

» tueufement

"

Afcia.

(2) D. Jacques Martin a combattu avec chaleur, dans fon Livre de la Religion des Gaulois, le fentiment du P. Oudin, qu'il croyoit déja mort. Il y a bien du mécompte dans les conjectures de ce fçavant Bénédictin, qui a fou-vent abusé de l'esprit en voulant trop en mon trer. Voy. auffi un Ouvrage de Scipion Maffei, intitulé Gallia Antiquitates quadam feleita, &c. Paris, Carolus Ofmont, 1733. in-4°. Epift. Xia. pag. 52.

"Je ne rapporterai point ici leurs différentes opinions, ni les défauts » que j'y ai apperçus : cela me mene»roit trop loin; & d'ailleurs on con" vient affez, qu'il n'en a paru encore » aucune qui fatisfaffe pleinement l'ef»prit. Ce qui fait la difficulté, c'est " que pour parvenir au vrai fens de » cette Formule, il faut rencontrer quelque chofe qui convienne à la véritable fignification du mot Afcia, & qui foit en même-tems particulière » aux peuples qui habitoient ancien»nement les Gaules; & c'eft ce qu'on » n'a pas bien démêlé jufqu'à préfent, » à moins qu'on ne recoure à des éty» mologies Gauloifes de ce terme Af» cia, comme l'a fait depuis peu un » fort fçavant homme de mes amis, je » veux dire le R. P. Oudin, qui m'a » communiqué fur cette matière une » Differtation fort curieuse de sa façon. » Mais on lui fera fans doute à ce fujet plufieurs objections qui lui fe» ront difficiles à réfoudre, fans comp» ter l'incertitude de ces étymologies. » Car 1°. fi Afcia est un mot Gaulois, qui fignifie protection des Dieux, on lui demandera pourquoi dans une

Infcription

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