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reçut avec cette dévotion édifiante dont il avoit donné le bon exemple pendant fa vie : les circonftances en font trop remarquables pour les paffer fous filence. » Mon R. Père, dit-il, en » s'adreffant au Recteur du Collège, » comme la foibleffe où je me trouve » ne me permet pas de lever les mains » au Ciel pour implorer les miféricor», des de Dieu, je vous fupplie de le » faire pour moi. «

Après cette fainte cérémonie, quelques Jéfuites étant reftés auprès du P. Oudin:,, Mes Pères, leur dit-il enco»re, je meurs convaincu démonftrati»vement des vérités de ma Religion; » c'est ainsi que j'ai toujours penfé, & »tels font mes derniers fentimens. » C'est pourquoi, fi après ma mort on » s'avifoit de parler de moi, rendés pu»bliquement ce témoignage à ma mé>> moire; dites que je meurs Chrétien, » fincérement foumis & attaché aux » décisions de l'Églife. «

La mémoire du P. Oudin, qui depuis trois ou quatre ans s'étoit affoiblie, & qu'il recouvra comme par une grace fpéciale de Dieu quelques mois avant fa mort, devint fi lumineufe furtout à

fes derniers momens, qu'il récitoit par cœur tous les Pfeaumes fans héfiter, & qu'il fe rappelloit une infinité de passages de l'Ecriture Sainte. Enfin, la poitrine s'étant remplie, il mourut après une agonie de dix-huit heures, le Vendredi 28 Avril 1752, à huit heures du matin, dans la 79°. année de fon âge & la 61, de fon entrée dans la Compagnie.

ARTICLE IL

Remarques critiques & littéraires.

A plupart desSçavans prennent plaifir à jetter fur le papier quelquesunes de leurs pensées, des obfervations & des fragmens de critique. Ce ne font pas toujours des pièces de rebut, & fouvent même il y a plus d'agrément, de faillie, d'efprit & de liberté, que dans les réflexions faites pour être enchaînées, & pour prendre place par ordre dans un corps d'Ouvrage. J'avoue que ces petites productions n'ont ordinairement rien de léché ; mais on y trouve du moins beaucoup de naturel,

toujours je ne fçais quoi de fingulier qui ne déplaît pas. Les Recueils connus fous le titre d'Ana, dont la République des Lettres eft inondée, offrent furtout des anecdotes, qui ont de grands attraits pour les Philologues. C'est à ceux qui en dépouillent les porte-feuilles des Sçavans, de faire un choix judicieux, & d'y laiffer ces minuties littéraires, que les grands hommes mêmes s'amufent quelquefois à recueillir. Il est encore des traits hardis, qui ne fe font confervés dans ces archives fecrettes, que par goût de curiofité, fans deffein de les expofer au jour: il faut entrer dans la fage attention de l'Ecrivain, & qu'un prudent Editeur ne foit jamais tenté de les tirer de l'oubli. Cependant ces précautions ne font pas à prendre généralement pour toutes ces fortes de compilations. II en eft d'agréablement variées, & faites avec beaucoup de foin, où brillent le goût, le discernement, une belle érudition & des réflexions folides. J'ai eu occafion de voir un Buberiana, dont chaque article comporte le mérite de ces différentes qualités. L'illuftre Magiftrat qui l'avoit formé dans fes momens de

Tome II.

B

loifir, y a mêlé des fujets importans & quelques autres plus agréables, d'une façon digne de fon goût & de fa fcience profonde.

Quoique le P. Oudin n'eftimât pas infiniment les collections littéraires, furtout celles que nos François connoiffent fous le nom d'Ana, il ne crut pas devoir laiffer perdre des pensées & des traits d'Hiftoire & de Critique, dont il aimoit à fe reffouvenir. J'en avois retenu quelques-unes de celles qu'il me citoit par fois dans la converfation ; mais m'ayant un jour avoué confidemment, qu'il avoit parmi fes papiers des Mêlanges littéraires qu'on pourroit appeller un Oudiniana, je lui marquai une vive curiofité de les parcourir, & après quelques inftances, il m'accorda la fatisfaction de voir ce Recueil, & même la permiffion d'en tirer quelques morceaux qui méritent d'être lûs. Il feroit à fouhaiter qu'un homme de goût & d'efprit fe chargeât de revoir & de choifir quelques-unes de ces petites pièces détachées; on en pourroit former un volume, auquel les Littérateurs feroient certainement un accueil favorable.

I.

On trouve dans un Gloffaire Latin qui eft à la tête du troisième volume de l'Hiftoire de Paris, Ariftotelici dies: jours deftinés à l'étude de la Philofophie. Præter lectiones ordinarias, bonum erit habere aliquem præceptorem pro diebus Dominicis, feftis & Ariftotelicis, qui certis horis legat aliquid de moralibus, vel de Grammaticâ, Rhetoricâ, vel Poëticâ. Le P. Lobineau, ou tout autre compilateur de ce Gloffaire, n'a pas entendu cet endroit. Dies Ariftotelici, font les jours de congé. En Flandres, le jour de congé s'appelle encore le jour d'Ariftote. Le texte fait voir ce que je dis (1). Habeantur bini & docti præceptores, qui diebus confuetis fine intermiffione legant. A ces leçons, qui fe doivent faire les jours ouvriers, diebus confuetis, eft oppofée cette leçon ordinaire faite par un maître particulier les jours de Dimanche, de fête & de congé; dies Ariftotelici font mis avec les Dominici & fefti. On lit plus haut (2): Compellendi omnes, fertim de dormitorio.

(1) Tom. 3. pag. 181.
(2) Pag. 174.

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