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quentandam facturam Poëtarum feu Rheto ricorum lectionem, quam diebus non legibilibus, maximè feftivis, in Collegio deeffe nolumus; pracipientes præfertim & Magiftro ftudentium, ut de fufficiente lectore bujufmodi artis in Collegio provideant.

I I.

Un Allemand qui avoit fait le voyage de Paris, étant de retour, & racontant ce qu'il avoit vû de fingulier, difoit: vidi docentem Petavium, & difcipulos dormientes. Le P. Petau enfeignoit alors la Théologie pofitive, que l'on appelloit la Sopitive.

II I.

Le ftyle du P. Petau étant bien rempli, & marchant toujours à périodes me-furées, convient mieux à de grands Ouvrages: celui du P. Sirmond plus leste & plus dégagé, eft auffi plus propre à des notes & à des differtations. Ce dernier ne s'est guère appliqué à autre chofe; ce qu'il a écrit en ce genre peut fervir de modèle. C'eft une réflexion qu'en ma jeunesse j'ai oui faire à M. de la Monnoye, & dont j'ai reconnu la vérité en lifant les ouvrages du P, Sirmond,

Pour l'ordinaire, dans une première differtation un Auteur épuife fon fujet; d'où il arrive que les répliques ne font que des redites ennuyeufes des mêmes chofes que l'on a déja lûes, ou des reproches perfonnels & des injures qui caufent encore plus d'ennui. Quand le P. Sirmond faifoit une Differtation, il réfervoit toujours quelque chofe pour mettre dans fes réponses, au cas qu'il fût obligé d'en faire; mais quand il avoit épuifé fon fujet, il laiffoit crier fon homme, sûr que le Public lui rendroit juftice; & c'est ce qui eft arrivé.

I V.

Caroli Alphonfi du Frefnoy, de Arte: Graphicâ Liber. Cet Ouvrage ne contient que 549 vers. J'avois commencé à le lire, & je l'avois quitté deux fois, ne pouvant pouffer ma lecture au-delà des trente premiers vers. Enfin j'en fuis venu à bout, & j'ai réflechi fur ce qui m'avoit caufé ce dégoût : une expreffion baffe, rampante, obfcure, pleine de folécifmes contre la Grammaire & la Profodie; une manière fèche, fans digreffion, fans agrément : les précep-tes font jettés les uns fur les autres, à

peu-près comme les règles de Jean Def pautère. C'est dommage que l'Auteur, qui entendoit bien la Peinture, ait été fi mauvais Poëte; s'il avoit fçu l'art d'écrire en vers, au lieu d'un Livre, il en auroit fait du moins quatre, qu'il eût embellis d'une infinité d'ornemens qui pouvoient fe trouver dans le fonds de fon fujet il en auroit fait un Poëme gracieux, tandis qu'il n'a donné qu'un amas d'affés mauvais Latin.

V.

Camillo Baldi a fait un Traité, dans lequel il montre comment par une Lettre miffive on peut connoître le naturel de celui qui l'a écrite. Trattato come da lettera miffiva fi conofcano la natura e qualita dello fcrittore. Il y a de bonnes chofes dans cet ouvrage imprimé à Milan 1625. On y voit ( chap. IV. pag. 24.) que les Génois ne parlent que du bout des lèvres, & de la pointe de la langue; les Florentins prononcent du gofier; les Vénitiens prononcent lentement, & dans leurs mots ont force voyelles ; à Boulogne, on aime les confonnes; les Siennois changent le Z en SS; & les Piémontois en TT. Il y en a qui chan

gent le G en Z. On dit du pays de Gènes, qui eft fec & montagneux : Montagne fenza legna; Mare fenza pefce. Ce Traité peut être lû, quand on n'a rien

à faire.

V I.

Jacques d'Auzoles la Peyre, fils de Pierre d'Auzoles, & de Marie Fabry d'Auvergne, eft un vrai modèle d'ori ginalité. Dans fon Epiphanie, imprimée à Paris en 1638, il foutient que les trois Mages étoient Melchifedech Henoc & Hélie ; & que les préfens qu'ils apporterent, furent les prémices qu'Abraham avoit données à Melchifedech. Son Épître dédicatoire eft fort fingulière: on y apprend l'hiftoire de la penfion de cent piftoles, qui lui fut accordée

par l'affemblée du Clergé en 1626, & retranchée en 1636. On voit quels étoient les Prélats de cette dernière affemblée; la taxe des Bulles de l'Archevêché de Rouen eft de vingt-quatre mille livres, comme à Tolède. Le fchif me d'Angleterre a ôté à l'Archevêque de Rouen deux cens cinquante mille livres de rente, à ce qu'il dit ; & le premier qui ait parlé des corps des trois

Mages qu'on a à Cologne, eft Guillaume de Neubrige en 1200.

VII.

On diroit que Voffius le père a eu en vûe Saumaise, lorfqu'il a fait le portrait de certains Critiques pleins de vanité, quibus nihil jucundius, quàm fatyrico fale veteres pariter ac juniores defricare ac dum nunc librariorum,nunc criticorum priorum errores oftendere volunt potiùs oftendunt fuos (3).

VIII.

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Quelques perfonnes ont défapprouvé cette expreffion que j'ai employée dans une de mes Hymnes fur la création : Nihil fit omnia. Elle me parut d'abord heureuse, & même fublime; & je n'ai pas changé de fentiment. Thomas Brown a dit fur le même fujet rien eft devenu quelque chofe (4). M. l'Evêque de Verdun ayant communiqué mes Hymnes à M. de Fontenelle, & Jui en ayant demandé fon fentiment il répondit ainfi au Prélat (5): » Je les

(3) De Philof. C. xxi. §. 8.
(4) Part. I. N. 36.

(5) Du 30 Septembre 1720.

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