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Celtique du P. Oudin, il fuffit d'en copier ici quelques articles. Je ne penfe pas, dit-il, que les Celtes ayent jamais eu dans leur Langue un mot d'origine Celtique pour fignifier Vin, cette liqueur leur ayant été inconnuë. Diodore de Sicile dit expreffément, qu'au lieu de vin ils ufoient d'un breus vage violent, nommé Zythum, qui les enyvroit. Tite-Live (4), en parlant des Gaulois qui pafferent en Italie, remarque eam gentem vini novâ tum volup tate captam, Alpes tranfiffe. Ceux qui leur firent connoître le vin, leur en apprirent auffi le nom; il n'eft donc pas furprenant, qu'on trouve dans leur Langue le terme Guin, qui n'eft que le mot Latin un peu déguifé. Les Grecs ayant fourni de vin l'Italie, les Latins en retinrent le nom civos; & comme ils entendoient fouvent prononcer dvov par ceux qui demandoient du vin, ou qui en préfentoient, ils dirent vinum, & non pas vinus. Au refte le vin de Bourgogne eft originairement Grec.;, le plant en fut apporté par les Fonda teurs de Marseille, qui en donnant aux: Bourguignons cette précieufe liqueur, (4) Lib. v. c. 339

οἶνον

leur en apprirent le nom. On voit dans l'Hiftoire de Pline (5), que les Gaules ne produifoient point de vin. Je conçois pourquoi l'on a dit Wiin: ce terme prononcé de cette manière, oüiin, yient fans doute d'ivos; les deux ii font là pour exprimer la prononciation marquée dans le mot Grec par l'accent circonflexe.

Vellonaudunum (6), ou Vellaudunum ̧ comme l'écrit toujours Vigenère : car dans le fond c'eft la même chofe. Dunum ne fait point de difficulté ; il figni fie collis, oppidum in colle, ou fimplement oppidum. Deux Sçavans, Dom Touffaint Dupleffis, Bénédictin, & M. l'Abbé le Beuf, fe font exercés fur ce mot Celtique (7). An, ou Aug, veut dire pré. Aven, ou Aun, car nos Ancêtres étoient grands mangeurs de voyelles, c'est prairie, & quelquefois

(s) Lib. xiv. c. 22. & Lib. xxır. c. 25.

(6) MM. le Tors, Maillard & l'Abbé le Beuf ont eu divers fentimens fur la position de cette ancienne ville. Voy. le Catalog. de leurs écrits dans la Biblioth. des Aut. de Bourg.

(7) Le Recueil de leurs Differtations critiques eft imprimé à Paris, chez J. B. de l'Efpine, 1736.in-12.

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marécageux: delà le nom de Aulnes, du Aunes, dont Virgise dit (8) :

Fluminibus falices, craffifque paludibus Alni Nafcuntur.

Ce mot Latin vient de la Langue des Celtes vell, vallis irrigua & fertilis. Ainfi Vellaunodunum eft une ville fituée dans une plaine fertile & arrofée, in planitie pratenfi, ou in colle imminente regioni irrigua & pratenfi. On voit dans Pline (9), que les Anciens habitans du Valentinois fe nommoient Segavellauni; voilà le même mot, mais avec la différence de la fyllabe feg ou fego: ce mot feg doit être entendu par grandeur, abondance, étendue. Deflors on peut dire que terme fegvellaven, qui fi→ gnifie, latè fufa vallis irrigua pratenfis, marque la nature du pays aux environs de Valence, telle que les Voyageurs la décrivent.

le

Les Lepontii occupoient un grand & vafte terrein. Cluvier l'a remarqué (10): in tanto terrarum fpatio. Leur nom

(8) Georg. 2. 110.

(9) Lib. 1. c. 4.

(10) Ital. Antiq. Lib. 1. cap. 14. pag. 100% lin. IL..

lé porte auffi: Lée, fignifie en Celtique, étenduë, & Bont ou Pont, habitans. Lepontii font donc latè habitantes. Strabon a exprimé le Lée Celtique : car il les appelle ληποντιάς.

ARTICLE XII.

Vie de M. le Préfident Bouhier, par
le P. Oudin.

L

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ORSQUE la République des Lettres perdit M. le Préfident BouHier, l'un des plus fçavans hommes de ce fiècle, le P. Oudin s'acquitta de ce qu'il devoit à la mémoire d'un ami qu'il avoit cultivé pendant près de quarante ans, en faifant l'éloge de ce grand Magiftrat. On s'étoit propofé de traduire cette pièce en François, & de la publier à la tête d'un Recueil de plufieurs. Lettres de Sçavans, dont M. Bouhier avoit préparé lui-même l'édition; mais au premier effai, on s'apperçut que les Beautés de ce Difcours Latin pafferoient difficilement dans notre Lan-gue, & que ce traveftiffement lui.fe-roit trop perdre de fes avantages: .ce

pendant nous attendons avec impatience que les monumens du commerce épiftolaire de M. le Préfident Bouhier foient mis au jour. On n'a pas moins d'empreffement & de curiofité pour d'autres Ouvrages qu'il a compofés par forme d'amufement dans fes momensde loifir; telle eft fa petite Hiftoire des Sçavans, qui ont été fujets à la goutte, fes découvertes fur d'anciens monumens, fes remarques critiques, fes anecdotes littéraires, &c.

J'ai toujours admiré dans les productions de M. le Préfident Bouhier cet: efprit analytique qui préfide à la diftribution des faits, qui lie les raifonnemens, qui arrange toutes les parties & qui donne aux Ouvrages un ordre fyftématique. Cependant il femble qu'il ait craint quelquefois de commu-niquer fes fçavantes recherches à une fiècle, dont le goût s'eft malheureusement trop décidé en faveur de la Sa→ tyre & des Romans. I a. du moins ofé s'en plaindre, & condamner hautement les études & les lectures futiles. »Je connais, dit-il (1), le dédaîn de

(1) Voy. l'Avertiffement qui eft à la tête de fes Differtations. fur Hérodote, pag. Iv. & la

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