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l'Ouvrage. Le plan de cette Bibliothè que fut lû au mois de Juin dans l'affemblée des Affiftans, à laquelle étoit préfent le Général; on approuva les vûes de l'Auteur, & l'on conçut deflors de grandes efpérances, que fon affiduité n'a point rendu vaines : en effet il fe fixa prefqu'uniquement jufqu'aux derniers momens de fa vie à cette pénible occupation. Outre les quatre premières Lettres qu'il avoit achevées (20), il s'eft encore trouvé dans fes porte-feuilles 700 articles fur le refte de l'Ouvra ge, parmi lefquels font les Écrivains les plus confidérables, & les morceaux les plus curieux & les plus chargés.

Le projet du Père Oudin eft d'une grande étendue, & diftribué avec beauCoup d'art & de goût. Le nom propre de chaque Écrivain fuivant l'ordre alphabétique précède toujours le furnom: la patrie, la naiffance, l'entrée dans la Société, les études, le tems des derniers vœux, les différens emplois, les voyages, le caractère, le genre de vie & de mort; toutes ces circonftances n'ont jamais formé de détails fecs & rebutans : il a fçu ga(20) Excepté deux feuls Auteurs.

que

rantir fon Hiftoire de cette ennuyeufe uniformité, à laquelle engagent pref néceffairement une même marche dans les faits, un même tour dans la phrase, en variant fes articles par des anecdotes intéreffantes & jamais étrangères au fujet. Sa prudence eft remarquable dans les jugemens personnels: s'il n'accorde l'éloge qu'aux Sçavans du mérite le plus diftingué, auffi n'a-t'il jamais ofé blâmer que dans le cas où fon filence l'auroit peut-être commis lui-même perfonnellement.

Delà le P. Oudin paffe à la fuite chronologique des Ouvrages, divifée par numero. Le titre exactement rapporté, & traduit en Latin lorfque le Livre est écrit en une autre Langue ; 1e lieu & le tems de l'impreffion, la forme des volumes & les diverses éditions. Quand le fujet a exigé une attention particulière, non-feulement il le développe, il en apprend auffi l'occafion & l'origine; il en fait l'analyse, il en relève le mérite & les défauts. S'il fe trouve engagé dans le détail hiftorique des critiques & des réponses, il raconte avec fincérité, peint avec feu, juge avec liberté, écrit d'un style

foutenu

foutenu & élégant. Ce qui m'a toujours étonné, c'eft que dans les bornes étroites de chaque article il ne lui foit échapé aucun des faits importans, ni des principales circonftances. Les extraits des Ouvrages manufcrits, ses recherches fur les Auteurs inconnus ou déguifés, ne font pas la moindre partie de ce tréfor bibliographique, où il fait entrer les Écrivains mêmes qui font fortis de la Société, en n'indiquant néanmoins les productions de leur plume que pendant le tems qu'ils y ont vécu.

Cependant on reconnut à Rome, dans la révifion des trois premières Lettres qui y furent envoyées, ou que les mémoires avoient quelquefois manqué au P. Oudin, comme il s'en eft plaint fouvent, ou même qu'il avoit travaillé fur des inftructions qui n'étoient pas toujours exactes. C'eft pour prévenir ces inconvéniens qu'on vient de proposer à fon fucceffeur (21) d'al

(21) Le P. Jean-Louis Courtois, né à Charfe-Ville, dans le Diocèfe de Rheims, le 6 Janvier 17r2, a remporté en 1732 le prix de l'Académie Françoise, dont le fujet étoit l'Amour des Lettres inspire l'Amour de la vertu. On Tome II Y

ler à Rome ouvrir lui-même les ar chives de la Société, y recueillir des obfervations, parcourir les Bibliothèques, & confulter les Ouvrages des Auteurs Jéfuites, dont le P. Oudin auroit fouvent parlé plus au long & plus justement, s'il avoit eu cet avantage, auquel on voit qu'il a fuppléé par une lecture prodigieufe & par des recherches immenfes. Enfin le génie, le goût, l'érudition & les foins du fçavant continuateur nous répondent aujourd'hui du fuccès de cette vafte entreprise.

ARTICLE XIV.

Ouvrages imprimés du Père Oudin.

E Catalogue doit être regardé comme un tableau de la vie laborieuse du P. Oudin. La variété des fujets donnera une jufte idée de fon érudition, & mes remarques pourront fer

peut liques, Tom 2. pag. 272-296, un effai de fes talens poëtiques: Aqua Picata, l'eau de gou

voir dans le Recueil des Poëmes Didafca

dron.

vir à faire connoître plus particuliérement fon génie, fon goût, fes études & fa manière d'écrire. Si j'épargne ici au Lecteur le défagrément de revoir une feconde fois la notice des éditions que j'ai déja citées, je tâcherai du moins de ne point m'expofer aux reproches de défaut d'exactitude dans I'Hiftoire chronologique & critique que je vais donner des Ouvrages imprimés de l'Auteur.

1. Somnia. Avec quelle fatisfaction, dit M. l'Abbé Goujet (1), ne lira-t'on pas tant qu'il reftera du goût dans le monde, ce beau Poëme que le P. Oudin compofa à l'âge de 22 ans? On y fent le premier feu d'une belle imagination: cet effai de fa jeuneffe

Levibus qua prima juventus

Edidit indulgens ftudiis, &c.

comporte des beautés dignes de la plume du plus grand Poëte. Ce petit Ouvrage a été imprimé à Dijon, Jean Reffayre, 1697. in-8°. & l'année fuivante (à Langrés, in-12. Claude Per

(1) Dans La Biblioth. Franç. Tom. VII. pag

273.

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