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XXIV.

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On prétend qu'un Procureur de Dijon avoit l'oreille fi fine, fi délicate & fi bien faite à la cadence fonore des vers de Santeuil, que fans fçavoir le Latin, il les diftinguoit de ceux de tout autre Poëte. Santeuil ayant confulté M. -de la Monnoye fur un de fes Poëmes Latins, ce dernier lui fit obferver que Mater puerpera, qu'il y avoit employé, faifoit un pléonasme. Santeuil demanda au P. Oudin fi aucun Poëte ne s'étoit déja fervi de cette expreffion. Le P. Oudin la lui ayant montrée dans Vida, Santeuil fe rendit auffitôt chez M. de la Monnoye, & lui dit : Eh bien! ignorant, grosse bête; tiens, voilà Vida, qui a mis dans fes Poëfies Mater puerpera Tu m'avois cependant défié de le trouver dans quelque Poëte Latin que ce -fût. Alles, répondit M. de la Monnoye je çavois bien que Vida étoit un âne comme

-vous.

M. de la Monnoye difoit que Santeuil étoit plus jaloux d'acquérir une grande réputation, que de la mériter.

Le

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X X V.

Le P. Nicolas Abraham a fait une Hiftoire de l'Univerfité de Pont-àMouffon, dont le Manufcrit est resté au Collège des Jéfuites de cette ville. Il y parle du P. Céfar Boulanger, qui étoit d'une belle figure, fort inconftant, & avec lequel Nicolas Bourbon de l'Académie Françoife s'étoit trouvé au Collège de Navarre. Céfar Boulanger avoit toujours aimé les Jéfuites; cependant il en fortit, principalement à caufe qu'il craignoit qu'on ne lui permît pas d'imprimer fon Traité du Théâtre & du Cirque. Il est étonnant qu'ayant dédié le dernier de ces deux Ouvrages à M. le Président de Thou, avec lequel il étoit en liaison, ce sçayant Hiftorien n'ait point fait mention de lui. Boulanger avoit deux neveux mal partagés des biens de la fortune: il rentra dans le monde pour les élever & les entretenir des fruits de fa plume. Il donna par la fuite dans la Chymie, & s'en entêta tellement, qu'il vendit fa Bibliothèque pour fournir aux frais des fourneaux & du charbon. Il fut Profeffeur à Pife,

Tome 11.

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XXV I.

Muret écrivoit de Rome le 22 Septembre 1984, à M. Gillot : Quant à » M. le Préfident Briffon, je fuis fort » fon ferviteur, & lui écrirois volon» tiers ce que je pense de ses Formules, , fi je fçavois quàm habeat aures patien »tes veri, & quomodò fer at amicorum li» bertatem; mais j'ai trop fouvent expé> rimenté que les hommes ne prennent » point tant de goût au vinaigre com» me à l'huile. Ne illi quidem, qui mul»tis precibus orant, ut fibi vera dicantur; » non enim tam fibi vera dici cupiunt » quam, ut vera, dici ea que ipfi cupiunt. « "Vraiment il est homme de grande doc» trine, & l'on voit manifeftement qu'il » ne s'épargne point à la peine pour fer» vir au Public..

On im» prime ici un affés gros volume Com »mentariorum de rebus geftis PiiII.Pontifi »cis;& encore qu'on l'attribue à certain », perfonnage qui fut fon Chapelain,ce» pendant on fçait bien affürément que » ce fut le Pape même qui les écrivit. » L'Archevêque de Sienne, qui les fait imprimer,m'engageal'autre jour à fai»re des vers pour y mettre, & ne vou¬,

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fut point me laiffer partir de la maison, que je ne les fiffe fur l'heure : devinés. » fi ce fera chofe qui vaille ; mais il n'y ❞ a point de remède. Cogor interdum ineptire, ut amicis ferviam. De libro » Anton. Auguftini, idem planè mihi vide» tur quod tibi præftiterat, non edi. « C'est un Recueil qu'il fit en fa jeunesse étudiant à Bologne.

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XXVII

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- Le P. Oudin s'étoit particuliérement appliqué à étudier l'Hiftoire de fa trie, & à connoître les principaux Auteurs qui ont fait des recherches fur la ville de Langres. Denis Gaulterot publia en 1649, l'Anaftafe de Langres, tis rée du tombeau de fon Antiquité : Ouvrage, où l'Auteur donne une connoiffance fort étendue des anciens Monumens

du pays Langrois. Jean-Baptifte Charfet, né à Langres le 29 Août 1655 mort le 5 d'Octobre 1720, avoit beaucoup travaillé fur l'Hiftoire du Diocèfe de Langres; mais il n'a jamais été qu'un compilateur infatigable, fans goût fans critique & fans ftyle: cependant on eftime fes Mémoires. M. l'Abbé Papillon qui les avoit examinés, y prit

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l'idée, & même, à ce qu'on prétend;. quelques morceaux de fa Bibliothèque des Auteurs de Bourgogne. L'ouvrage de M. Charlet étoit divifé en trois parties: Langres Sçavante, Langres Antique & Langres Sainte: auffi l'Auteur, en parlant de ce Manufcrit, difoit-il mes Sçavans, mes Antiques, mes Evêques. II y ajoûta dans la fuite l'Hiftoire Naturelle du Diocèfe de Langres, en s'étendant jusqu'à Chaumont, Dijon, &c. M. Dupin qui avoit parcouru la Langres Sçavante, y trouvoit affés d'exactitude;. Teiffier en fait mention (19). M. Charlet s'étant avifé d'envoyer fa Langres Antique au P. de Montfaucon, ce fçavant Bénédictin en inféra les principaux Monumens dans fon Antiquité éclaircie, &c. fans oublier d'en faire honneur à l'Auteur.

M. Charlet avoit fait auffi les Vies des Evêques & Doyens de l'Eglife Cathédrale de Langres. Il a été fucceffivement Chapelain de l'Eglife de Saint Pierre de cette ville, Chanoine & Doyen de Grancey, & Prieur-Curé d'Ahuy, pro-, che Dijon. On fçait qu'il étoit en com

(19) Pag. 40. de fes Eloges, &c. édit. de 1705.

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