Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ame double & fans foi, dont les fombres >> pensées

» Sont d'un nuage épais toujours embarraffées » (1), &c.

I V.

M. le Baron de la Baftie ayant foutenu au P. Oudin que Virgile étoit fort chafte, lui cita pour prouver fon fentiment, un Livre intitulé: Continentia Virgiliana. Il s'étoit imaginé que cet Ouvrage traitoit de la continence & de la chafteté de ce Poëte. Cependant ce n'eft qu'un abregé des principales chofes contenues dans les Œuvres de Virgile: ea qua in operibus Virgilianis continentur. Je ne fçais comment cette méprife donna par la fuite occafion au P. Oudin de travailler fur le Culex de Virgile.

V.

M. Huet s'eft toujours plû à écrire fur des fujets qui avoient déja été trai tés. L'Ouvrage de Gerard-Jean Voffius fur l'origine de l'Idolâtrie lui a fourni la matière de fa Démonftration Évan

(1) Ce dernier vers eft pris de l'Art Poëtique de Defpreaux.

gélique, dont il emprunta le titre d'Eu febe. Le P. Jobert, grand Antiquaire, furtout dans la partie des Médailles, avoit abregé & mis en François la Démonftration Evangélique; mais M. Huet ne voulut point que ce Livre fût imprimé, de peur qu'on ne préférât l'abregé à l'original Latin.

V I.

Le P. Oudin, fur la fin de fa vie; étant devenu un peu fourd, difoit que lorfqu'il voyoit remuer les lèvres à un certain ignorant qui l'accabloit de vifites, il étoit tenté de remercier Dieu de fa furdité.

VII

M. Toinard difoit que le plus fâcheux des deux frères Valois (Henri & Hadrien) étoit, à fon avis, celui que l'on voyoit le dernier : ils étoient l'un & l'autre bourus jusqu'à la brutalité.

VIII.

Le P. Martine, Jéfuite, grand ami du P. Gourdan, a fait quelques petits. Poëmes affés bons; mais toujours en

guerre avec lui-même, il n'étoit jamais content de ses vers, & ne ceffoit de les corriger. M. Huet avoit jetté les yeux fur lui pour donner une édition de Lucain à l'ufage de M. le Dauphin.

IX.

Il faut confidérer la Langue Grecque dans la compofition & dans la prononciation. Quelques Auteurs écrivent plus doucement, ou plus harmonieufement que d'autres. Par exemple, Cicéron écrit en Latin bien plus doucement que Tertulien. Il eft vrai qu'il y a dans la Langue Grecque un grand nombre de dactyles, qui la rendent coulante, & qui y répandent des beautés & des graces. Horace n'a-t'il pas dit: Graiis dedit ore rotundo Mufa loqui (2). Refte à fçavoir fi cela tombe fur l'organe des Grecs, ou fur le fonds même de leur Langue. Quant à la prononciation, une même Langue, chez divers peuples, éprouve des changemens confidérables à l'oreille : la Langue Allemande eft dure dans la bouche d'un Suiffe, & douce dans celle d'un Saxon. Ceux qui parlent avec une (2) De Arte Poëticâ.

grande volubilité, adouciffent à l'oreille toutes les Langues. Les Gafcons prononcent le François avec beaucoup de douceur & d'agrément.

X.

*Le P. Oudin eftimoit peut-être trop le Poëme de la Pucelle par Chapelain: il croyoit que cet Ouvrage traduit en beaux vers Latins, feroit admirable. Il prétendoit auffi avoir comparé fuffifamment les Poëfies de Chapelain avec celles de Defpreaux, pour être en état de prouver que ce dernier avoit tiré beaucoup d'hémiftiches, & même des vers entiers du Poëme de la Pucelle.

X I.

Étienne Algay de Martignac eft un mauvais Traducteur; il a rendu ces deux vers de la première Éclogue de Virgile :

Hic inter denfas corylos modò namque gemellos Spem gregis, ah ! filice in nudâ connixa reliquit.

» Il n'y a pas long-tems qu'elle (une » chèvre) a fait ici deux petits, qui » étoient l'efpérance de mon troupeau:

,, mais, hélas! elle les a laiffés parmi ,, des branches de coudrier fur un ro» cher tout pelé. «

XII.

Le P. Oudin, en me parlant d'une Tragédie dont le fujet eft bas & la verfification fort belle, difoit que le Poëte avoit jetté quelques couleurs brillantes fur un tas de bouë.

XIII.

Dom Martène Bénédictin a commis dans fes Voyages littéraires des fautes groffières, principalement touchant quelques Infcriptions Grecques : s'il avoit confulté fur ces deuxOuvrages le P. de Montfaucon, il auroit été plus retenu dans fes conjectures, dont plufieurs portent à faux. Ce fçavant Voyageur n'a pas été moins hardi au fujet d'autres Infcriptions Latines. Par exemple, en difant qu'à Dole, fur l'arc qui joint le Collège à la cour des claffes, on voit une Peinture à frefque, qui représente deux Jéfuites, avec cette infcription au bas: Succeffori divi Thoma il prétend que c'eft Suarès c'eft Suarès que ces mots indiquent. Il n'a pas pris garde fans

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »