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qu'elle avoit gravées dans fon cœur, elle fut toujours fidelle aux mouvemens de la grâce. Elle y coopéroit avec tant de foumiffion & de facilité, qu'elle s'en fit une fainte habitude qui devint en elle la fource d'une infinité de faintes actions qui la faifoient avancer à grands pas dans les voies de la perfection. Sa ferveur ne fut point paffagere; elle s'accrut & fe fortifia avec l'âge. L'amour de Dieu fut toujours l'unique motif qui lui fit entreprendre les grandes chofes qu'elle a faites pour fa gloire & le falut des ames. Cet amour divin la dépouilla de tous fes biens, & elle compta pour rien le facrifice qu'elle en fit à Dieu, fi elle ne fe confacroit ellemême à fon fervice. C'eft pourquoi elle entra dans l'institut des Filles de l'Union Chrétienne, qui n'avoit encore aucune forme d'établissement. Elle le commença avec les fœurs des Bordes & de Martaigneville, & donna fa propre maison pour en faire le premier féminaire & le chef de toutes les communautés qui en font forties. Elle y a vécu dans une vie exemplaire & toute fainte; elle y a exercé les emplois de supérieure, de premiere affiftante & de maitreffe des novices, dont elle a rempli dignement tous les devoirs jufqu'à fa mort arrivée le premier jour de feptembre 1710, à quatre heures du foir, après avoir reçu tous les facremens de l'églife; elle étoit âgée de plus de quatre-vingt-cinq

ans.

On a vu quelle étoit la fin principale de l'inftitut de ces filles & veuves de l'Union Chrétienne; il ne nous reste plus qu'à parler de leurs principales obfervances. Elles ont choifi pour dévotion spéciale la fainte famille de Notre Seigneur. Elles folemnifent comme fêtes de patron, celles de Noël de l'Annonciation de la fainte Vierge & de S. Joseph, & elles renouvellent tous les ans leurs vœux le jour de la Présentation de la fainte Vierge. Tous les jours elles difent en commun fon petit office, & font l'oraifon mentale de demi-heure le matin & autant le foir. Les fêtes & dimanches elles y emploient trois quarts d'heures. Tous les ans elles font une retraite de neuf jours, vers les fêtes de l'Afcenfion & de la Touffaints. Pendant les huit jours de la fête de l'attente des couches de la fainte Vierge, chaque jour quelques foeurs font en retraite pour le préparer avec

l'église à la naiffance du Sauveur du monde. Elles font la même chose les trois derniers jours du carnaval, & les jours de jeûne des quatre-temps. Elles prient auffi tous les jours en commun pour le pape, les prélats de l'églife, le roi, leurs fupérieurs fpirituels & temporels, pour leurs fondateurs & bienfaiteurs, pour la converfion des pécheurs, des hérétiques & infideles, & pour les miffionnaires apoftoliques qui s'employent à leur converfion. Elles ne font point d'autres pénitences corporelles, que celles ordonnées par l'église, excepté le jeûne du vendredi qu'elles obfervent toute l'année. Elles tiennent les petites écoles gratuitement pour les pauvres filles. Lorfqu'elles favent qu'il exifte quelque divifion entre des perfonnes de leur fexe, elles tâchent de les réconcilier; en un mot, ; en un mot, elles font tous le bien qu'elles peuvent fans jamais rien refufer. Celles qui veulent être reçues dans cet inftitut, doivent faire deux années d'épreuve avant d'y être affociées; enfuite elles font trois vœux fimples de chafteté, d'obéiffance & de pauvreté, & un quatrieme d'union, en la maniere fuivante.

O mon Seigneur Jésus-Chrift, je N. profternée en efprit d'humilité, en préfence de votre divine majefté au très-faint Sacrement de l'autel, & entre vos mains, M. notre trèshonoré fupérieur, fous l'autorité de Monfeigneur l'archevêque ou évêque de N. fais vœu à Dieu de pauvreté, de chafieté perpétuelle, d'obéissance & d'union avec mes fœurs de cette maifon, comme auffi avec toutes les communautés du même inftitut, qui entreront par uniformité de conftitution dans Pobligation de ce vœu d'union; par lefquels vœux j'entends m'obliger aux termes & conditions énoncés dans l'explication defdits vœux & dans lefdites conftitutions, que je promets de garder & obferver de tout mon pouvoir, efpérant que Dieu me fera cette grâce, & d'y perfévérer jufqu'au dernier foupir de ma vie, par les mérites de Notre-Seigneur Jéfus-Chrift, le tout dans une parfaite foumiffion à la fainte Eglife Catholique, Apoftolique & Romaine, fous l'invocation & protection de la fainte famille de Notre-Seigneur Jésus"Chrift, à laquelle cet inftitut eft dédié, au nom du Pere, du Fils & du Saint-Efprit. Ainfi foit-il.

L'habillement de ces filles confifte en un manteau de

laine noire, de crefpon ou d'étamine & une jupe de mêmeElles n'ont point de cheveux abattus fur le front: la pointe de leur coiffure, qui eft auffi noire, ne paroît point trop bas au-deffous de la coiffe, qui eft de taffetas noir; celle de deffous eft d'étamine, de foie, ou de crapaudaille. Leurs mouchoirs de cou font de taffetas noir, avec un bord double de toile de baptiste, environ de la hauteur de trois doigts, & elles portent une croix d'argent fur la poitrine. Les foeurs de fervice ont les jours ouvrables un habit gris-brun, les fêtes & dimanches un manteau noir de ferge, une jupe un peu courte, & un tablier auffi de ferge noire, un mouchoir de biais & une coiffe blanche. Elles peuvent néanmoins avoir une coiffe noire de gros taffetas, & après leur engagement elles portent auffi une croix d'argent.

Les conftitutions de l'inftitut furent d'abord dreffées par M. Vachet, & imprimées à Paris en 1673. Ces constitutions furent présentées en 1677, à M. Harlay de Chanvalon, archevêque de Paris, qui les approuva, & y fit ajouter des remarques qu'il jugea néceffaires pour les mettre en meilleur ordre; il chargea de ce foin M. Coquelin, chancelier de l'Univerfité de Paris; mais fes maladies continuelles l'empêcherent d'achever cet ouvrage. Les maifons de l'inftitut s'étant multipliées, les foeurs de ces maifons envoyerent à celle du féminaire de Paris quelques remarques fur les différens ufages qu'elles avoient été obligées de prendre, felon les lieux où elles étoient fituées; après avoir examiné & confronté le tout avec leurs anciennes constitutions dreffées par M. Vachet, l'ouvrage commencé par l'ordre de M. de Chanvalon, & pris l'avis de plufieurs ferviteurs de Dieu, il fe tint en 1695 une affemblée générale dans le féminaire de Paris. Leurs conftitutions, du confentement unanime, tant des fœurs de ce même féminaire que de celles qui y affiftcient comme députées des autres communautés, & de l'avis de l'abbé d'Argenfon, alors fupérieur du féminaire furent mises en ordre & préfentées à M. le cardinal de Noailles, qui ayant fait encore quelques changemens, chargea l'abbé Roquette, fupérieur du féminaire à la place de M. d'Argenfon, nommé à l'évêché de Dol, de confommer cet ouvrage. Quand on y eut mis la derniere main, il fut

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approuvé, non-feulement par fon éminence en 1703; mais encore par les évêques de Metz, de Poitiers & de la Rochelle, & imprimé la même année à Paris. Cette congrégation a pour armes un cœur enflammé, furmonté d'une croix, avec ces paroles pour devife: In charitate Dei & patientia Chrifti.

Richard, vie de M. Vachet. Herman, Hiftoire des Ordres Religieux, tom. IV, les Conftitutions de cet Inft. édit. de 1673 & 1703, & Mémoires donnés par les fœurs du féminaire

de Paris.

CHAPITRE XX I.

Des Prêtres Miffionnaires, communément appelés Eudiftes Vie de M. Eudes, leur Inftituteur.

LES

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Es Eudistes forment une compagnie de prêtres féculiers établie en France fous le nom & titre de JESUS & MARIE: ils font employés à la direction des féminaires, & à faire des Miffions. On les appelle Eudiftes, parce que M. Eudes a été leur instituteur.

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M. Eudes, connu fous le nom de Pere Eudes, vint au monde le 14 décembre 1601, dans la paroiffe de Rie, près d'Argentan, diocèse de Sées en Normandie. Son pere & fa mere furent trois ans fans avoir de fruits de leur mariage; mais ayant fait un voeu à Dieu fous l'invocation de la fainte Vierge, ils obtinrent un fils qui fut nommé Jean fur les fonts de baptême, & plufieurs autres, parmi lefquels fe diftingua le célébre M. de Mezeray, hiftoriographe de France. Comme Jean Eudes, dont nous parlons ici, étoit destiné à devenir l'inftrument des grands deffeins que Dieu avoit fur lui, il fut prévenu de tant de bénédictions du ciel, qu'il ne fit rien paroître de puérile dans fon enfance. Dès qu'il fut en état de recevoir des inftructions, il les rechercha avec empreffement; & comme elles étoient négligées dans fa paroiffe, il fit tant auprès de fon pere de fa mere, qu'ils lui permirent de les aller chercher chez

&

Fille de Lunion Chretienne

de Poilly f

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