Gaëte, les Napolitains appelerent Louis II, duc d'Anjou ce qui caufa des guerres fanglantes.

Chevaliers du Dévidoir & de la Lionne.

Ce fut pendant ces troubles que la nobleffe du royaume fe trouvant divifée en deux factions, plufieurs gentilshommes de ceux qui s'étoient déclarés pour la maifon d'Anjou, prirent pour devife un dévidoir d'or, qu'ils portoient fur le bras gauche dans un fond rouge, & d'autres prirent une lionne qui avoit les pieds liés, qu'ils portoient fur l'eftomac, attachée à un ruban. Les uns & les autres fe qualifioient Chevaliers du Dévidoir, ou de la Lionne. Ceux qui portoient le dévidoir pour devife, le firent par mépris pour la reine Marguerite, veuve de Charles III, qui vouloit gouverner pendant la minorité de fon fils Ladillas, faifant entendre par cette devife, qu'ils étoient capables de déméler les brouilleries de Naples; eux qui portoient la lionne avec les pieds liés, vouloient faire connoître par là, qu'ils tenoient la reine Marguerite comme liée par les pieds. Ladiflas eut d'abord l'avantage, & Louis II ne fut pas plus heureux que fon pere Louis I, lorsqu'il voulut chaffer du royaume Charles III. A la vérité la victoire fe déclara pour lui; mais ce prince n'en ayant pas profité, fon compétiteur refta maître du royaume, auquel Jeanne II, cu Jannelle fa foeur, fuccéda, Louis III, auffi duc d'Anjou, tenta inutilement de la dépofféder. Cette princeffe l'ayant appelé dans la fuite, & P'ayant fait reconnoître par fes fujets pour roi de Naples, il chaffa du royaume les Catalans & les Arragonois qui y étoient entrés avec Alfonfe leur roi, dont l'ingratitude obligea cette Princeffe, qui l'avoit adopté pour fon fils, à annuller fon adoption & à appeler Louis III d'Anjou, qui mourut fans enfans en 1434.

Son frere René, à qui la reine Jeanne avoit laiffé fes états par fon teftament, en prit poffeffion après la mort de cette princeffe en 1495; mais Alphonfe V, roi d'Arragon, retourna en Italie & chaffa René d'Anjou du royaume de Naples, dont il fe rendit maître en 1442. René, qui étoit auffi comte de Provence, s'y retira & inftitua en 1448,

Gaëte, les Napolitains appelerent Louis II, duc d'Anjou: ce qui caufa des guerres fanglantes.

Chevaliers du Dévidoir & de la Lionne.

Ce fut pendant ces troubles que la nobleffe du royaume fe trouvant divifée en deux factions, plufieurs gentilshommes de ceux qui s'étoient déclarés pour la maifon d'Anjou, prirent pour devife un dévidoir d'or, qu'ils portoient fur le bras gauche dans un fond rouge, & d'autres prirent une lionne qui avoit les pieds liés, qu'ils portoient fur l'eftomac attachée à un ruban. Les uns & les autres fe qualifioient Chevaliers du Dévidoir, ou de la Lionne. Ceux qui portoient le dévidoir pour devife, le firent par mépris pour la reine Marguerite, veuve de Charles III, qui vouloit gouverner pendant la minorité de fon fils Ladillas, faifant entendre par cette devife, qu'ils étoient capables de déméler les brouilleries de Naples; eux qui portoient la lionne avec les pieds liés, vouloient faire connoître par là, qu'ils tenoient la reine Marguerite comme liée par les pieds. Ladiflas eut d'abord Pavantage, & Louis II ne fut pas plus heureux que fon pere Louis I, lorfqu'il voulut chaffer du royaume Charles III. A la vérité la victoire fe déclara pour lui; mais ce prince n'en ayant pas profité, fon compétiteur refta maître du royaume, auquel Jeanne II, cu Jannelle fa fœur, fuccéda, Louis III, auffi duc d'Anjou, tenta inutilement de la dépofféder. Cette princeffe l'ayant appelé dans la fuite, & Payant fait reconnoître par fes fujets pour roi de Naples, il chaffa du royaume les Catalans & les Arragonois qui y étoient entrés avec Alfonfe leur roi, dont l'ingratitude obligea cette Princeffe, qui l'avoit adopté pour fon fils, à annuller fon adoption & à appeler Louis III d'Anjou, qui mourut fans enfans en 1434.

Son frere René, à qui la reine Jeanne avoit laiffé fes états par fon teftament, en prit poffeffion après la mort de cette princeffe en 1495; mais Alphonfe V, roi d'Arragon, retourna en Italie & chaffa René d'Anjou du royaume de Naples, dont il fe rendit maître en 1442. René, qui étoit auffi comte de Provence, s'y retira & inftitua en 1448,

étant à Angers, un nouvel Ordre du Croiffant, qu'il mit fous la protection de S. Maurice, comme il paroît par les lettres patentes de ce prince, qui commencent ainsi :

un

Au nom du Pere, du Fils & du Saint-Esprit Dieu en trois perfonnes feul & omnipotent; avec l'aide de fa très-Benoifie & glorieufe Mere la Vierge Marie, aujourd'hui onzième jour du mois d'Août de l'an 1440, tenant en fainte Eglife le Siége Apoftolique Nicolas Pape Quint, a efté encommencé & mis fus un Ordre pour perpétuellement à jamais durer au plaifir de Dieu par les Chevaliers & Efcuiers qui feront & pourront eftre jufques au nombre de cinquante. Lequel Ordre fera appelé & nommé l'Ordre du Croiffant; parce que lef dits Chevaliers & Efcuiers porteront deffous le bras dextre un Croiffant d'Armes camaillé, fur lequel fera efcript de lettres bleues Loz EN CROISSANT, & fera fait par la façon & maniere que cy-devant eft figure & pourtrait, duquel Ordre eft pris pour Chief, Patron, conduifeur & deffenfeur Monfieur Saint Maurice, Chevalier, très-glorieux Martyr. De laquelle fraternelle union & compagnie deffufdits les points de la Regle à garder & à obferver s'enfuivent cy-après. par articles.

Ces articles contenoient entre autres chofes qu'aucun ne pouvoit être reçu dans cet Ordre, s'il n'étoit duc, prince, marquis, comte ou Vicomte, ou iffu d'ancienne chevalerie & gentilhomme de quatre races, & il falloit que fa perfonne fût fans reproche. Ces Chevaliers faifoient ferment fur les faints évangiles, d'entendre tous les jours la messe, quand ils le pourroient: lorfqu'ils y manquoient, ils devoient donner en aumône autant que l'on donnoit à un chapelain pour dire une meffe, & ils ne devoient point boire de vin ce jour-là. Ils promettoient auffi de dire tous les jours l'office de la fainte Vierge, s'ils le favoient, & s'ils y manquoient ils ne devoient point s'affeoir à table ce jour-là, ni au dîner, ni au fouper. Ceux qui ne favoient pas l'office de la Vierge étoient obligés de dire à genoux quinze Pater & autant d'Ave, & en cas de maladie de les faire dire par d'autres. Ils promettoient de s'aimer les uns & les autres comme ils