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férée, avec la permiffion de ce pontife, de l'Oratoire de S. Laurent in Damafo, dans l'églife qui dépendoit de leur nouvelle maison; le pere Paul Motta s'y retira, & y mourut le 22 Janvier 1650 lui laiffant fa riche bibliotheque. Il ne reftoit plus en 1669 que deux de ces fept prêtres, à qui cette maison appartenoit ; n'étant pas en nombre fuffifant pour y remplir toutes leurs obligations, ils la céderent à la congrégation; cette ceffion fut approuvée par Clément IX, qui ordonna qu'elle appartiendroit à perpétuité aux prêtres qui y vivroient en commun. Le pere Marc Soccini de la congrégation de l'Oratoire de Rome ayant dreffé les conftitutions de celle de S. Jofeph, elles furent approuvées en 1684 par le pape Innocent XI, qui ordonna encore que cette congrégation ne feroit compofée que des prêtres qui vivoient en commun, ayant feulement accordé aux autres & aux Laïcs qui étoient de la congrégation commencée à S. Laurent in Damafo, l'ufage de l'églife de S. Pantaléon des Monts, pour y faire leurs exercices fpirituels fous la direction d'un des prêtres de la congrégation de S. Joseph.

Ces Prêtres font tous les jours une heure d'oraison mentale en leur particulier le matin, & une demi-heure le foir en commun. Ils prennent la difcipline trois fois la femaine. Ils font une lecture de l'écriture-fainte & de quelque livre spirituel pendant le repas; enfuite le fupérieur propofe quelque cas de confcience ou une question de théologie, & chacun dit fon fentiment. Une fois le mois ils reconnoiffent leurs fautes devant le fupérieur. Ils font affidus au confeffional, font toutes les fêtes & les dimanches le catéchisme, des conférences fpirituelles & des exhortations; ils vifitent les hôpitaux, & s'emploient à plufieurs autres oeuvres de charité. Ils ne font engagés par aucun voeu. Leur maison est comme un féminaire, qui fert auffi de retraite à d'autres eccléfiaftiques qui veulent vivre à Rome éloignés du bruit & du tumulte du monde. Il eft forti de cette congrégation plufieurs perfonnes diftinguées par leur vertu, entr'autres le cardinal Michel-Ange Ricci qui mourut en 1682, quelques mois après avoir été élevé à cette dignité par le pape Inno

cent XI.

Carlo Bartholom. Piazza, Eufevolog. Rom. part. 1 Tratt. 5 cap. 31 & part. 2 Tratt. 2 cap. 24, & Philipp. Bonanni, Catalog. Ord. Relig. part. 3.

Congrégation de la Sainte Trinité.

Nous avons déja dit que S. Philippe de Nery institua à Rome en 1548 la Confrairie de la fainte Trinité, pour avoir foin particuliérement des pélerins qui viennent de toutes parts dans cette capitale du monde pour vifiter les tombeaux des faints apôtres; que pour cet effet les confreres eurent une maison où ils les recevoient pendant trois jours, ainfi que les pauvres convalefcens, qui, pour être renvoyés trop tôt des hôpitaux, retomboient malades faute de fecours pour les aider à reprendre leurs forces, & que le pape Paul IV leur ayant donné en 1558 l'églife de S. Benoît proche le Pont Sixte, ils donnerent à cette églife le nom de la fainte Trinité; depuis on a bâti auprès un hôpital fort ample pour recevoir les pélerins & les convalefcens. Cette confrairie devenue dans la fuite fi confidérable que la plus grande partie de la nobleffe de Rome de l'un & l'autre fexe s'eft fait un honneur d'être du nombre des confreres, a donné commencement à la congrégation de la fainte Trinité : fes gardiens & adminiftrateurs, voyant que le fréquent changement des prêtres qui deffervoient leur églife caufoit du trouble & de la confufion dans le gouvernement du fpirituel, lequel varioit continuellement avec eux par la différence entre leur méthode & celle de leurs prédéceffeurs, fur-tout dans l'inftruction & la conduite fpirituelle des Pélerins qui étoient leur principal emploi, réfolurent d'établir un gouvernement fixe; pour cet effet, ils érigerent une nouvelle congrégation de douze prêtres qu'ils logerent dans un quartier de l'hôpital comme dans un monaftere, où ils vivoient en commun felon les ftatuts & réglemens qu'ils drefferent & firent approuver par le pape Innocent XI en 1677. Cette innovation a eu tout l'effet qu'on s'en étoit promis, & afin de mieux s'affurer de la perfévérance des prêtres qui fe préfentent pour être reçus dans cette congrégation, ils doivent avoir les conditions fuivantes. 1o. Il faut qu'ils

foient véritablement appelés à cet inftitut fans aucun intérêt ni refpect humain ; ils doivent s'éprouver par les exer'cices fpirituels, afin de connoître la volonté de Dieu. 2°. Que ce foient des perfonnes d'une vertu finguliere, d'une réputation intacte & qui ne foient d'aucun ordre religieux, non plus que de race Néophite. 3o. Qu'ils aient la science & la piété requises pour les fonctions de l'inftitut, comme pour confeffer & prêcher. 4°. Qu'ils aient l'efprit de communauté. 5o. Qu'ils fachent le plein chant. 6o. Qu'ils n'aient aucun emploi incompatible avec ceux de l'inftitut. 7°. Qu'ils foient réfolus de vivre & mourir dans la congrégation, afin d'acquérir le Ciel par les œuvres fpirituelles auxquelles ils s'emploieront. 8°. Qu'ils aient beaucoup de charité, d'humilité & de patience, ayant occafion d'exercer continuellement ces vertus. 9°. Qu'avant d'être reçus ils aient pratiqué pendant quelques jours les exercices de l'inftitut, & poftulé un certain temps pour entrer dans la congrégation.

Les fonctions de ces prêtres, à l'égard des pélerins, font de les recevoir avec beaucoup de charité & de civilité, principalement les pauvres prêtres : ils s'en acquittent revétus d'un fac rouge pareil à ceux des confreres, fur lequel, du côté gauche, eft l'image de la fainte Trinité; ils les conduifent à l'église en proceffion, deux à deux, pour y adorer le faint Sacrement, & y réciter quelques prieres prefcrites par les ftatuts; ils font chargés enfuite de leur apprendre à faire l'examen de confcience, & les inftruire de la maniere dont ils doivent fe confeffer & s'approcher de la fainte table : ce devoir acquitté, ils les menent, en chantant le Te Deum, à l'endroit où on leur lave les pieds, & de 1 au réfectoire, où l'un des prêtres fait la bénédiction de la table & la lecture fpirituelle. Le repas fini, ils les conduisent ausli en proceffion au dortoir, d'où, après avoir dit les prieres du foir, ils fe retirent jufqu'au lendemain matin, qu'ils y retournent pour y faire la priere & réciter l'itinéraire avec ceux qui doivent s'en aller, après avoir resté trois jours dans l'hôpital: ils exercent la même charité envers les convalefcens, & il leur eft défendu, fous de groffes peines, de recevoir aucune aumône fous aucun prétexte. Quoiqu'ils aient pour fupérieur le primicier de la confrairie de la fainte Tri

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nité, qui eft ordinairement un prélat, dont ils dépendent; ils ne laiffent pas d'élire entre eux un fupérieur tous les trois ans, avec d'autres officiers pour leur congrégation.

Carl. Bartholom. Piazza, Eufevelog. Romano, part. 1 Trattato 5 cap. 32, & Philip. Bonanni, Catalog. Ord. Relig. part. 3.

CHAPITRE VI.

De la Congrégation des Oblats de S. Ambroife; Vie de S. Charles Borromée, Cardinal & Archevêque de Milan, leur Fondateur.

ENTRE

NTRE les œuvres pieufes que S. Charles Borromée a établies pour le bien de l'églife, l'une des plus fignalées eft l'institution des Oblats de S. Ambroife. Ce grand cardinal, qui dans les derniers fiécles a fait revivre la fainteté de l'épifcopat, naquit au château d'Arone dans le Milanez, le 2 octobre 1538. Il étoit fils du comte Gilbert Borromée, & de Marguerite, foeur de Jean-Jacques de Médicis, marquis de Marignan, & du cardinal Jean-Ange de Médicis, qui fut depuis élevé au fouverain pontificat fous le nom de Pie IV. Dès fes plus tendres années il donna des marques d'une finguliere piété ; il employoit à la priere ou à d'autres exercices de dévotion le temps que les perfonnes de fon âge emploient ordinairement aux divertiffemens ou à la promenade, après avoir fatisfait au devoir de leurs études. Ces marques qu'il donnoit déja de fa vocation au service de Dieu, engagerent fon pere à lui faire recevoir la tonfure, & à lui en faire auffi porter l'habit, tout enfant qu'il étoit : ce fut pour lui un fujet de joie, d'autant plus vif, que fon pere ne faifoit en cela que fuivre fes inclinations. A l'âge de 12 ans fon oncle le cardinal Jules - Céfar Borromée, lui réfigna l'abbaye de S. Gratinien & de S. Felin, fituée dans le territoire d'Arone. Le jeune abbé, dont les pensées & les connoiffances étoient fort au-deffus de fon âge, comprit d'abord les obligations qu'ont les bénéficiers d'ufer faintement des biens de l'église :

il ne voulut pas fouffrir que le revenu de fon abbaye fut

confondu avec celui de fa famille, & il pria fon pere de lui en laiffer la difpofition, pour en faire l'usage qu'il croyoit en conscience être obligé d'en faire.

Lorfqu'il eut achevé ses humanités à Milan, il fut envoyé à Pavie à l'âge de feize ans, pour y étudier en droit fous le célebre Alciat, qu'il fit élever depuis au cardinalat par reconnoiffance du foin qu'il avoit pris de lui pendant lon féjour dans cette ville: il y vécut avec tant de régularité & de prudence, qu'il fut éviter une infinité de piéges qu'on voulut tendre à fa chafteté. Il étoit encore dans cette ville, lorfque fon oncle, le cardinal Jean-Ange de Médicis, lui donna une feconde abbaye & un prieuré confidérable; mais fon pere étant mort quelque temps après, il fut obligé d'en fortir & d'interrompre fon droit pour aller à Milan, afin d'y prendre le foin de fa famille, qu'il régla avec la prudence d'un homme confommé dans les affaires. Lorfqu'il eut mis ordre à tout ce qui regardoit fes intérêts, il alla en 1559 prendre le bonnet de docteur à Pavie, & retourna à Milan; il y apprit, peu de temps après fon arrivée, l'élection de fon oncle au fouverain pontificat, fous le nom de Pie IV. Le pape l'appela auprès de lui, le fit d'abord pronotaire, & enfuite référendaire de l'une & l'autre fignature. Le dernier jour de janvier de l'année 1560 il le créa cardinal, & le 8 février fuivant il lui conféra l'archevêché de Milan; il n'étoit pour lors âgé que de vingt-deux ans, mais la maniere admirable dont il réuffiffoit dans tous les emplois, fit que le pape lui confia tout ce qu'il y avoit de plus grand dans le gouvernement de l'églife, & dans l'administration de l'état eccléfiaftique, avec une autorité fi abfolue, que le faint, doutant de fes forces pour foutenir un fi grand poids, fit quelques difficultés pour accepter cet honneur; il s'attira quelques reproches du faint pere, & auffi de la part de fes parens, qui efpérant tout de fon crédit & de fon autorité pouvoient fouffrir fon humilité, qu'ils traitoient de baffeffe de cœur,

ne

Son frere unique, Frédéric Borromée, étant mort à la fleur de fon âge, on croyoit que pour le foutien de fa famille il quitteroit le chapeau de cardinal. Son oncle, fes parens, fes

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