amis le lui confeilloient; mais le faint envisageant ces confeils comme une tentation dangereuse, prit les ordres facrés, & fe fit ordonner prêtre par le cardinal Cefis, dans l'églife de fainte Marie Majeure, dont il fut fait archiprêtre par te pape, qui l'honora encore de la dignité de grand pénitencier, de plufieurs légations, & de la protection de plufieurs ordres religieux & militaires. Après avoir reçu la prêtrife, il ne fongea plus qu'à travailler fortement à la réforme des mœurs, au rétablissement de la difcipline de l'églife, & à remédier aux maux caufés par les héréfies de Luther & de Calvin, qui venoient d'être condamnées dans le concile de Trente affemblé depuis près de dix-huit ans, & conclu enfin par fes foins l'an 1563, malgré les délais que l'on vouloit encore apporter. Après la fin du concile il fit de grandes inftances auprès du pape pour en obtenir la permiffion de fe retirer à son église de Milan, préférant fes obligations & fon devoir à tous les avantages qu'il avoit à Rome; mais le pape perfuadé qu'il y alloit de l'intérêt du faint fiége & de toute l'églife, de conferver auprès de fa perfonne un homme fi plein de zèle pour le bien public, n'y voulut jamais confentir: ainfi il fut obligé de céder par obéiffance à la volonté du faint pere, qui le difpenfa de la réfidence ordonnée par le concile de Trente; il demeura donc dans les exercices de fes charges ordinaires, à la réserve du gouvernement de l'état, qu'il abandonna pour vaquer avec plus d'attention aux affaires purement spirituelles & eccléfiaftiques. Il envoya, pour fon grand-vicaire à Milan, Nicolas Ormanette, dont il connoiffoit la capacité, la prudence & la piété, & qui, fecondant les intentions du faint cardinal, s'efforça de réformer ce diocèfe, qui étoit fort déréglé; les contradictions qu'il éprouva principalement de la part du clergé, firent prendre la réfolution au faint prélat de fe rendre à Milan, avec la permiffion du pape, qui avant fon départ de Rome, le nomma fon légat à latere pour toute l'Italie. Il arriva à Milan au mois de feptembre 1563, & il y fut reçu aux applaudiffemens du peuple, qui l'attendoit avec la plus vive impatience. Cet abrégé ne nous permet pas de rapporter tout ce que ce faint cardinal fit pour la réforme de fon diocèfe; ce qui fe passa dans les fix conciles provinciaux qu'il tint, & les onze fynodes qu'il assembla, les réglemens qu'il fit pour les perfonnes con acrées au fervice. de Dieu, ce qu'il eut à fouffrir pour la défenfe de la jurif diction eccléfiaftique, le zele avec lequel il entreprit de rétablir les obfervances régulieres dans plufieurs ordres religieux, & les fondations qu'il fit d'un grand nombre de monafteres, de féminaires & de colléges. Nous nous contenterons de parler ici de l'établiffement de la congrégation des Oblats de S. Ambroife, à laquelle peut être rapporté tout ce qu'il a fait de plus beau, tant pour le bon ordre de fon églife, que pour l'utilité du prochain. la Ce grand faint avoit reconnu, par une longue expérience, qu'il lui étoit difficile de maintenir, dans fon diocèse difcipline eccléfiaftique, d'y faire exécuter les faintes ordonnances qu'il avoit faites, d'y gouverner les coléges, les féminaires & les autres lieux de piété qu'il avoit fondés, fans être affifté de quelques bons ouvriers, qui étant dégagés de tous les embarras & de toutes les affaires da fiécle, ne s'appliquaffent uniquement qu'à gouverner les églifes qu'il leur confieroit; il favoit fur tout combien on avoit befoin de bons pafteurs dans les paroiffes voifines des pays infectés d'héréfie, & combien il étoit fouvent à propos de changer les curés, & de les envoyer en d'autres cures vacantes où ils étoient plus néceffaires, particuliérement dans les paroiffes abandonnées; il prit donc la réfolution, après avoir tenu fon cinquieme fynode en 1578, de fonder une congrégation de prêtres féculiers, qui, étant unis à lui comme à leur chef, fuffent entiérement foumis à faire tout ce qu'il leur ordonneroit, & dont il pût difpofer à fon gré pour le gouvernement de fon diocèfe. Pour cet effet il fit choix de quelques eccléfiaftiques qu'il connoiffoit avoir de l'inclination pour ce faint inftitut; il y en joignit plufieurs autres, qui touchés des difcours qu'il leur avoit faits au dernier fynode, vinrent s'offrir volontairement à lui, pour être agrégés dans cette nouvelle congrégation qu'il mit fous la protection de la fainte Vierge & de S. Ambroife dont il leur donna le nom, en y ajoutant celui d'Oblats, à caufe qu'ils s'étoient offerts d'euxmêmes. Cette fainte fociété commença le 16 août 1578, jour de la fête de S. Symplicien l'un des prédéceffeurs de notre faint. Le pape Grégoire XIII l'approuva, & lui accorda plufieurs graces fpirituelles, & quelques revenus qui avoient appartenu à l'ordre des Humiliés, lequel fut fupprimé à caufe des déréglemens de fes fectateurs & de l'attentat qu'ils commirent contre la perfonne de ce faint cardinal, qui affigna à ces Oblats, pour faire leurs fonctions, l'églife du S. Sépulcre qui étoit en grande vénération à Milan, & il acheta en même temps des maifons voifines pour les loger. Ce ne fut pas fans beaucoup de raifons qu'il choifit cette églife pour les placer; car, outre fon ancienneté, ( ayant été bâtie dès l'an 1171) elle est au milieu de la ville & fort commode pour le peuple qui y a grande dévotion, à cause du fépulcre de N. S. & de quelques myfteres de fa paffion qui y font représentés en relief & fort touchans. Depuis longtemps elle avoit été deffervie par des prêtres de la vie la plus exemplaire, & quand faint Charles vint à Milan, il trouva le pere Gafpard Belinzago, homme de grande piété & fort zélé pour la gloire de Dieu & le falut des ames; quelques autres prêtres, qui vivoient fous fa conduite, s'employoient à toutes fortes de bonnes œuvres, fans être engagés à aucun bénéfice; ils affiftoient les pauvres, vifitoient les malades, & tâchoient de rétablir la piété chrétienne dans un temps qu'elle étoit prefque éteinte à Milan. Quelques-uns des prêtres, après la mort du pere Gafpar, arrivée en 1575, entrerent dans la congrégation des Oblats & entre autres le pere François Gripa, homme véritablement apoftolique, & regardé comme un faint. La piété de ces bons prêtres fut un puiffant motif au faint cardinal pour établir dans ce lieu fa congrégation des Oblats, auxquels il les affocia dans l'efpérance qu'ils la foutiendroient par leur vertu, qui étoit comme héréditaire depuis plufieurs années dans cette célebre églife. Après que le faint cardinal eut établi cette congrégation, qui n'étoit qu'une affemblée d'ouvriers évangéliques dont il pût difpofer lui & fes fucceffeurs felon le befoin de fon diocèfe, il leur prefcrivit des régles & des obligations conve→ nables à cet état : les principales étoient qu'ils feroient un vœu fimple d'obéiffance entre les mains de l'archevêque de Milan; qu'ils le reconnoitroient comme leur fupérieur; qu'ils Tome VIII. E |