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lui feroient unis comme les membres à leur chef; qu'ils n'au-
roient point d'autre volonté que la fienne; qu'ils
; qu'ils ne recher-
cheroient que la gloire de Dieu & le falut des ames; qu'ils
fe comporteroient en tout avec une modeftie & une fain-
teté dignes de cette union; qu'ils n'auroient point d'autre occu-
pation que celle d'affifter l'archevêque dans la conduite &
le gouvernement de fon diocèfe, & de travailler avec zèle
dans tous les emplois & les différentes fonctions dont il les
chargeroit, comme de vifiter la ville & le diocèfe; d'aller en
miffion, à l'exemple des apôtres, dans les lieux les plus diffi-
ciles & les plus fâcheux, où les ames font abandonnées &
ont befoin d'instruction; de deffervir les cures vacantes; d'être
grands-vicaires ou archiprêtres; de diriger les colléges &
féminaires, les écoles de la doctrine chrétienne & les con-
frairies; de faire faire les exercices fpirituels à ceux qui afpi-
roient aux ordres facrés; en un mot, d'être difpofés pour
toutes les fonctions eccléfiaftiques, comme de prêcher, con-
feffer, enfeigner & adminiftrer les facremens. Il voulut en-
core que dans l'église du faint fépulcre on fit tous les jours
les mêmes exercices qui fe pratiquent à Rome dans l'église
des prêtres de l'Oratoire, & qui font très-utiles pour les
ames, pui qu'ils donnent lieu à quantité de perfonnes d'em-
ployer faintement leur tems.

Ces Oblats furent divifés en deux ordres. Les uns réfidoient toujours dans la maifon du S. Sépulcre, sans être engagés dans aucun bénéfice, afin d'être plus libres pour s'employer aux principaux exercices que nous venons de rapporter, & les autres étoient difperfés par la ville & par le diocèfe. Quoique féparés ainfi les uns des autres, S Charles trouva cependant un moyen pour les tenir auffi unis d'efprit que s'ils avoient demeuré enfemble, afin de les conferver dans le premier efprit de l'inftitut, de les avancer dans la piété, & de les perfectionner dans les fonctions eccléfiaftiques & la conduite des ames; ce fut de partager toute la congrégation en fix affemblées ou communautés, dont il y en avoit deux dans la ville & quatre dans le refte du diocèfe; il donna à chacune un fupérieur & un directeur pour le fpirituel, ordonnant que tous les Oblats de chaque communauté s'affemblaffent une fois par mois;

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ceux de la ville dans la maison du S. Sépulcre, en la préfence de l'archevêque, & ceux de la campagne, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, felon que le régleroit le supérieur ou le directeur de la communauté; que l on commenceroit ces affemblées par lire la régle des Oblats; qu'enfuite on traiteroit par maniere de conférence du moyen de la pratiquer fidellement, de s'avancer dans la piété & de fe perfectionner dans la conduite des ames, & que le fupérieur ou président de l'assemblée feroit une conférence particuliere à tous ceux qui les compoferoient pour les exhorter à la vertu. Par ce moyen tous ces prêtres, quoique difperfés en divers endroits de la ville & du diocèse de Milan, ne laiffoient pas d'être toujours étroitement unis par les liens d'un même efprit & d'une charité fraternelle, & ils étoient toujours difpofés à recevoir de l'archevêque, comme de leur chef, les lumieres néceffaires pour fe conduire eux-mêmes & pour conduire les peuples..

S. Charles témoignoit affez combien il aimoit ces Oblats ; il les confidéroit comme fes propres enfans & leur donnoit ordinairement ce nom. Il les alloit voir fouvent à la maifon du S. Sépulcre où il avoit une chambre pour lui, dans laquelle il fe retiroit quelquefois pour jouir plus familiérement de leur converfation; il s'y comportoit avec autant d'humilité, que s'il eût été le dernier de la maison. Il y affiftoit à tous les exercices avec tant de joie & de fatisfaction, qu'il difoit n'avoir point de plus grand plaifir que lorfqu'il s'y trouvoit auffi avoit-il coutume d'appeler cette maison les délices de l'archevêque de Milan, Il avoit dessein d'en établir de pareilles dans les villes, les bourgs & les lieux les plus confidérables du diocèfe, & il vouloit mettre dans toutes ces maifons plufieurs Oblats; mais la mort l'empêcha d'exécuter ce deffein. Il affocia à la même congrégation des laïques qui restoient dans le monde, & il leur donna auffi des régles particulieres. Leur principale obligation étoit de s'employer à toute forte d'oeuvres pieufes, & fur-tout à enfeigner la doctrine chrétienne. Il inftitua encore dans P'églife du S. Sépulcre une congrégation de femmes, qu'il appela la Compagnie des Dames de l'Oratoire; il leur prefcrivit quantité de régles & d'exercices convenables aux per

fonnes, même les plus qualifiées de la ville, qu'il fouhaitoit attirer dans cette compagnie, dont les principales obligations étoient d'affifter fidélement à tous les fermons & à tous les autres exercices de piété qui fe pratiquoient au S. Sépulcre, felon l'ufage de l'Oratoire, & à s'appliquer fouvent à la méditation de la paffion de N. S. J. C., ce qui eut un fuccès admirable.

Le zèle de ce faint cardinal pour le falut des ames étoit infatigable; il alloit par-tout chercher les brebis égarées de fon troupeau, & même quelquefois dans des lieux fi inacceffibles, qu'il étoit obligé de mettre des crampons de fer à fes fouliers pour pouvoir grimper fur les rochers escarpés où leurs crimes, leurs déréglemens ou leur rebellion à l'église les obligeoient de fe retirer, fans que les rigueurs les plus infupportables du froid & du chaud, de la faim, de la foif & de la laffitude, qu'il fouffroit avec joie, fuffent capables de le rebuter. Comme un bon pafteur il expofa fa vie pour fon troupeau, dans la pefte qui affiigea la ville de Milan; il alloit lui-même confeffer les malades, leur donnant le viatique & l'extrême-onction, & les enfeveliffant de fes propres mains. Ses aumônes n'avoient point de bornes : non-feulement il diftribua tous les revenus de fon archevêché aux pauvres & aux affligés, mais encore il vendit, pour les foulager, fes meubles & fa principauté d'Oria, au point qu'il fe vit réduit à n'avoir plus que de la vaiffelle de terre, & à n'avoir pas un lit pour fe coucher. Ses auftérités étoient fi furprenantes qu'elles abrégerent fes jours, étant mort dans la quarante-feptieme année de fon âge le 3 Novembre 1584. Le grand nombre de miracles, qui fe firent à fon tombeau, obligerent le pape Clément VIII en 1601 à changer la meffe des morts que l'on difoit tous les ans pour lui dans l'églife du grand hôpital, en une meffe folemnelle du S. Efprit. Trois ans après, il donna commiffion à la facrée congrégation des Rites de travailler aux procédures de fa canonifation. L'année fuivante 1605, fon fucceffeur Léon XI donna ordre, dès les premiers jours de fon pontificat, de poursuivre cette affaire, & il fe difpofoit à faire bâtir une églife à Rome en l'honneur de ce Saint, & à en faire même. un titre de cardinal; mais fon pontificat n'ayant duré qu'un

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mois, il ne put exécuter fon deffein. Paul V, qui lui fuccéda, mit la dernière main à cette canonifation, qu'il célébra avec une folemnité toute particuliere le premier jour de Novembre 1610. S. Charles eut pour fucceffeur, dans l'archevêché de Milan, le cardinal Frédéric Borromée fon coufin, qui fit imprimer en 1613 les conftitutions des Oblats de S. Ambroife. Jean-Baptifte Giuffano, de la même congrégation, a été l'un des écrivains de la vie de ce faint fondateur.

Gio. Baptift. Giuffano, Vit. di fan Carlo. La même traduite en françois par le pere Edme Cloifeaut de la Congré gation de l'Oratoire. Baillet, Vies des Saints 4 Novembre, Herman, Hift. des Ord. Relig Tom. III. Epitom. Inftitutionum ad Oblatos S. Ambrofii pertinentium & Confiitutiones ejufd. Congreg.

CHAPITRE VII.

Des Sociétés des Vierges de Hall dans le Tirol, & de Caftiglione de Stiviera dans le Mantouan.

TROIS

ROIS princeffes de la maifon d'Autriche, filles de l'empereur Ferdinand I, Madeleine, Marguerite & Hélene, ne voulant d'autre époux que J. C., prirent la réfolution de vivre dans la retraite, éloignées du tumulte & de l'embarras de la cour; mais pour ne point quitter les pour ne point quitter les peres de la compagnie de Jéfus fous la direction defquels elles s'étoient miles, & dans la crainte de n'avoir plus cette liberté, en se renfermant dans un monaftere, elles établirent une communauté de filles dans Hall, ville du Tirol, pour s'y retirer, & y vivre fous la direction & la difcipline de ces peres, auxquels elles fonderent auffi un collége dans la même ville. Elles écrivirent d'Infpruck à S. François de Borgia, général de la compagnie de Jéfus, afin d'avoir fon confentement, & elles acheterent à Hall deux maifons, l'une pour elles, & l'autre pour les jéfuites. La princeffe Marguerite mourut pendant que l'on difpofoit leur maison & bâtissoit les lieux

réguliers; ainfi il n'y eut que fes deux foeurs Madeleine & Helene qui, avec quelques autres demoiselles de qualité, entrerent dans cette communauté le fecond dimanche de l'avent 1569, & quelques jours après les peres de la compagnie de Jéfus prirent poffeffion du collége que ces princesses leur avoient fondé.

Ces filles font un vœu folemnel de chafteté perpétuelle, & promettent à leur fupérieure pauvreté & obéiffance, ne pouvant difpofer d'aucune chofe fans fa permiffion. Elles emploient la matinée à la priere & à l'oraison, & l'aprèsdîné au travail & aux exercices corporels. Elles ne gardent point de clôture, & fortent pour aller entendre la meffe fe confeffer & communier dans l'églife des jéfuites; quelquefois il leur eft permis de fortir de la ville pour aller se promener ou vifiter les terres qui leur appartiennent : elles vont toujours deux à deux. Leur habillement, dans la maison, confifte en une robe ou tunique de laine noire traînante par derriere elles ont un petit collet; & pour couvrir leur tête, elles mettent un petit voile blanc, avec un bonnet par deffus en forme de toque. Lorfqu'elles fortent, au lieu de ce bonnet, elles portent un chapeau pointu, à la manière du pays, avec un petit manteau qui tombe jufqu'à la ceinture, ou un peu plus bas..

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Conrad Janning, apud Bolland act. tom. IV. SS. junii; & Philippe Bonanni, Catalog. Ord. Religiof. part. 3, pag. 32.

Société des Vierges de Caftiglione.

Environ trente-cinq ans après cet établissement, trois autres fœurs, princeffes de la maison de Gonzagues, à l'exemple de ces princeffes de la maifon d'Autriche, ou par quelque autre motif, établirent une pareille communauté de filles dans la ville de Caftiglione de Stiviera. Ces trois princeffes étoient Cynthie, Olympie & Gridonie, fille de Rodol phe, prince de Caftiglione, & nieces du bienheureux Louis de Gonzagues, de la compagnie de Jéfus. Leur pere étant mort en 1592 fans enfant mâle, & le prince François de Gonzagues fon frere lui ayant fuccédé dans la principauté de Caftiglione, elles furent envoyées à Mantoue, pour y être

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