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pere

fervir de compagne. Leur four Gridonie, qui étoit la plus jeune, voulut auffi les fuivre, malgré le deffein qu'elle avoit formé d'accompagner fon oncle, qui étoit fur fon départ pour la cour d'Espagne. Ainfi, ces trois princeffes, d'un commun confentement, céderent au prince de Caftiglione tous les biens qui leur pouvoient appartenir, à condition qu'il fonderoit deux maifons; l'une pour elles, & l'autre pour les peres de la compagnie de Jéfus: elles fortirent le premier Juin 1607 du palais du prince où elles avoient pris naissance, & allerent demeurer dans celle du marquis & de la marquise Aliprandi leurs aïeuls maternels, qui, après avoir marié leur fille au prince Rodolphe, étoient venus demeurer à Casti-• glione, où ils avoient fait bâtir ce palais avec beaucoup de magnificence. Ce fut-là qu'elles commencerent leur communauté, d'abord compofée de treize filles. Elles y demeurerent pendant quatre mois, fans changer leur habillement s'occupant à divers exercices de piété pour se difposer à l'institut qu'elles vouloient embraffer fous la direction du Cepaire de la compagnie de Jéfus, qui étoit venu pour cet effet de Rome à Caftiglione. Elles quitterent enfuite leurs habits mondains pour en prendre un noir, tel qu'il eft repréfenté dans la figure. Le pere Cepaire dreffà leurs conftitutions, qu'elles obferverent exactement; & cet inftitut, qui prit le nom de Vierges de Jéfus, fut approuvé de vive voix par le pape Paul V. Cynthie fut la premiere fupérieure de cette communauté, jufqu'en 1624 que fes grandes infirmités l'obligerent à fe démettre de cette charge en faveur de fa foeur Olympie, qui néanmoins mourut avant elle en 1645. Cynthie mourut en 1649, & environ dix-huit mois fa mort fut fuivie de celle de fa foeur Gridonie, qui quitta ce monde en 1650. Dieu, pour manifefter la fainteté de ces trois foeurs, a voulu préferver leurs corps de corruption; car ils furent trouvés tout entiers environ trente ans après, quoique leurs cercueils fuffent pourris, & les habits dans lefquels elles avoient été enfevelies mangés des vers. Cette communauté a produit plufieurs faintes filles d'une eminente vertu; comme Olympie Bertonacci de Caftiglione, Hippolyte Giugini de Milan, qui furent les premieres compagnes des fondatrices; Ifabelle Fracallani, Victoire de Guidi-de-Bagno, & plufieurs

autres,

Vierge de Castiglione.

de Poilly f

!

autres. Marie de Gonzagues, fille du marquis Louis-François de Gonzagues & de Catherine de Gonzagues, prit auffi l'habit de cet inftitut en 1645.

Ces Vierges de Jéfus ne gardent point de clôture. Elles font vœu de chafteté perpétuelle, & promettent par ferment de vivre & mourir dans cette fociété. Elles promettent encore à l'abbeffe & à celles qui lui fuccéderont, obéiffance perpétuelle: elles font ce vou pendant la messe, qui se dit dans leur chapelle domestique, en présence de toute la communauté; elles renouvellent ce vœu & ces promeffes deux fois l'année; la premiere, le jour de la Circoncifion, & la feconde, le jour de la fête du bienheureux Louis de Gonzagues, après avoir fait auparavant une retraite de trois jours. Elles fe confeffent & communient trois fois la femaine, le dimanche, le mercredi & le vendredi. Elles jeûnent tous les famedis, & la veille de la fête du bienheureux Louis de Gonzagues. Le vendredi elles ne foupent point, & prennent la difcipline. Le mercredi elles ne mangent point de viande. L'été elles fe levent à quatre heures, & l'hiver à cinq; elles font dans leurs chambres une heure d'oraifon mentale, & vont à leur chapelle pour dire l'office de la Vierge; enfuite, après qu'on a lu un chapitre de l'imitation de J. C., elles vont travailler en commun. Vers le midi elles font un quart-d'heure d'examen de confcience, & paffent au réfectoire; elles ont une heure de récréation, après laquelle elles récitent les litanies de la Vierge dans leur chapelle; elles en fortent pour aller chacune dans leur chambre, faire la méridienne pendant une heure : enfuite elles difent vêpres & complies, & vont au travail comme le matin. Le temps du travail expiré elles difent matines & laudes pour le lendemain, en faifant, ainfi qu'à vêpres, mémoire du bienheureux Louis de Gonzagues. Après les matinės elles vont fouper, ont encore une heure de récréation, difent les litanies des faints, & quelques autres prieres; & après un quart-d'heure d'examen de confcience, elles fe retirent dans leur chambre. Ces filles vont fe confeffer & communier à l'églife des jéfuites; elles y ont leur fépulture couverte d'une tombe de marbre, où font écrits ces mots : offa Virginum Jefu. Celles qui veulent être reçues dans cette fociété doivent être nobles, ou au moins de famille Tome VIII.

F

honorables, & apporter une dot fuffifante. La fupérieure a le titre d'abbeffe; celle qui gouverne fous elle, & qui a le nom de ministre, prend foin du temporel de la maison. Il y a une maitreffe des novices, & quelques autres officieres.

Pomp. Savazin, vit. Olympia Gonzag. Bolland. act. SS. tom. IV. junii, pag. 1155, & Philip. Bonanni, catalog. ord. Religiof. part. 3.

CHAPITRE VIII.

Des Sociétés des Vierges de la Purification de la fainte Vierge à Arone, & des Vierges, dites les Filles de la fainte Vierge, à Crémone.

ARONE, petite ville du Milanez fur le Lac Majeur, recom

mandable pour avoir donné naiffance à S. Charles Borromée, qui naquit dans le château qui lui fert de défense, avoit été avantagée, par ce faint cardinal, d'un collége qu'il donna aux peres de la compagnie de Jéfus, pour y enfeigner aux jeunes gens les fciences humaines, & les élever dans la piété & les bonnes mœurs. Deux freres, bourgeois de la même ville, nommés Jean-Antoine, & Jean-Baptiste Séraphini, se voyant fans enfans, réfolurent, à l'imitation de ce grand faint, d'employer leurs biens à la fondation d'une communauté de faintes Vierges, qui auroient auffi le foin d'inftruire les jeunes filles, & de les élever jufqu'à ce qu'elles fuffent en âge d'entrer en religion ou de s'engager dans le mariage. Ils communiquerent leur deffein au pere Jean Mellini, recteur du collége des jéfuites, & lui offrirent leur maison, le priant de travailler à cet établiffement. Le pere Mellini accepta cet offre, & ayant assemblé en 1590, dans la maison cédée par les deux freres, un nombre de filles qui voulurent s'engager à l'inftruction des perfonnes de leur fexe, il leur dreffa des constitutions tirées de celles de la compagnie de Jéfus, & approuvées par l'archevêque de Milan; on donna à cette communauté le nom des Vierges de la purification de la fainte Vierge. Elles font au nombre de vingt-quatre, font vœu de chafteté, & promettent de perfévérer jusqu'à la

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