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Bospitaliere de St Marthe

de Poilly f

CHAPITRE II.

Des Filles Hofpitalieres de fainte Marthe, tant dans le Duché que dans le Comté de Bourgogne.

ON compte un grand nombre d'hôpitaux, tant dans le

,

duché que dans le comté de Bourgogne, deffervis par des Hofpitalieres, qui tirent leur origine des Béguines de Malines, Le plus ancien & le plus confidérable de ces hôpitaux eft celui de Beaune, dans le duché de Bourgogne, fondé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui fit venir de Malines fix béguines pour en avoir foin. Plufieurs perfonnes, à l'exemple du fondateur, y donnerent des fommes confidérables, & le pape Nicolas V confirma toutes ces donations. Cet hôpital, bâti avec beaucoup de magnificence, renferme une falle fort longue commune pour les pauvres malades, de quelque nation qu'ils foient, & qui y font reçus avec beaucoup de charité. Au bout de cette falle du côté de l'orient, eft une chapelle difpofée de telle forte, que tous les malades peuvent commodément entendre la meffe, & voir le faint facrement lorsqu'il est expofé. Derriere l'autel, il y a pour ceux qui font dangereufement malades, une autre falle qui a fes offices particuliers. Derriere cette falle eft un autre lieu destiné pour les corps morts, avec plufieurs lavoirs & grandes tables de pierre. Le long de la grande falle du côté du midi, on trouve une grande cour quarrée, bordée de galeries hautes & baffes. Le long des galeries hautes on voit plufieurs appartemens pour recevoir les gens de condition: les gentilshommes éloignés de quatre ou cinq lieues, ne font point difficulté de fe faire porter à cet hôpital, où ils font auffi-bien traités & soignés qu'ils pourroient l'être dans leurs châteaux. Chaque appartement eft compofé de chambre, antichambre, cabinet & garde-robe richement meublés; dans chaque chambre il y a trois lits, pour changer le malade felon les befoins. Chaque appartement à fon linge particulier, fes uftenfiles & fes

meubles. Chaque chambre a auffi son nom, comme celle du roi, celle des ducs de Bourgogne, & ainfi des autres. On y . reçoit les gentilshommes, & les bourgeois les plus confidérables de la ville. Ils font apporter de chez eux la viande, le pain & le vin, & paient les remedes qu'on leur adminiftre: on ne demande rien pour les meubles & le fervice des fœurs, mais perfonne ne fort fans laiffer quelque aumône par reconnoiffance. Il y a auffi des chambres le long des galeries basses, où l'on reçoit les perfonnes de moindre condition; on les traite & médicamente aux dépens de l'hôpital, de la même maniere que les malades de la falle commune; mais s'ils veulent quelque chofe de plus, comme bois, viande, & le fervice particulier de quelques femmes, c'est à leurs dépens. L'apothicairerie eft fort belle, & la Bourgeoife, petite rivière qui a fa fource à cinq cents pas de la ville, paffe au milieu de la cour, d'où elle fe répand par plufieurs canaux dans les offices: cette riviere contribue à la propreté de cet hôpital, où l'on ne fent point de mauvaise odeur, comme partout ailleurs.

que

Le plus célebre hôpital du même inftitut, après celui de Beaune, eft l'hôpital de Châlons-fur-Saône. Le duc de la Trémoille, gouverneur de Bourgogne, ayant fait démolir celui qui y étoit, fous prétexte de quelques fortifications l'on fit au même endroit, les bourgeois préfenterent une requête à François Ier en 1528, pour prier fa majefté de leur accorder une place dans la ville pour y en bâtir un autre. Ce prince leur en accorda une dans le fauxbourg S. André : mais comme elle étoit attenante à un clos de vigne appartenant à l'évêque, qui fembloit vouloir apporter quelque oppofition à cet établiffement, on leur en accorda un autre au fauxbourg S. Laurent, où les fondemens de cet hôpital furent jetés la même année, & la premiere pierre pofée par les échevins le 19 août. Le roi accorda l'année fuivante des lettres d'amortiffement, voulant que cet hôpital fût toujours fous la jurisdiction des bourgeois de la ville, & le pape Paul III, accorda en 1538 des indulgences à ceux qui le vifiteroient, & qui contribueroient de leurs biens pour l'entretenir. Il eft magnifique, & contient plufieurs falles pour les malades; on n'y eft point incommodé de la mauvaise

odeur,

odeur qui a coutume d'infecter les autres hôpitaux. Il y a toujours pendant l'hiver un grand nombre de caffolettes & de réchaux parfumés; & pendant l'été on attache aux voûtes des vafes remplis de toutes fortes de fleurs. On admire dans cette maifon quatre grandes chambres hautes, tapiffées de hautesliffes, & richement meublées, où des perfonnes de qualité fe font porter, étant traitées dans leurs maladies par les foeurs Hofpitalieres avec toute l'adreffe, la propreté & la douceur que l'on pourroit attendre de ceux que le devoir & non la charité obligeroit à ces exercices. Ces chambres ont la vue d'un côté fur la riviere, & de l'autre fur la prairie. Ces chambres ont leur cuifine particuliere. Le dortoir des fœurs eft à côté, & tous les offices de l'hôpital font au-dessous auffi-bien que la cuifine, le réfectoire & l'infirmerie des foeurs. Il y a auffi une belle apothicairerie. On y voit un jardin avec toutes fortes de fimples, & un puits placé au milieu d'une cour ombragée de quantité d'arbres, qui fournit par des canaux affez d'eau à toute la maifon.

Nous ne parlerons point des autres hôpitaux que deffervent ces Hospitalieres dans le duché & comté de Bourgogne, où ils font en grand nombre & fe multiplient tous les jours; nous nous contenterons de dire que ces Hofpitalieres y pratiquent partout également la charité envers les perfonnes de l'un & l'autre fexe. Elles ne font que des voeux fimples d'obéiffance & de chafteté, pour le temps feulement qu'elles font employées au fervice des pauvres; car il leur eft libre de fortir & de quitter l'habit quand bon leur femble.

Celles du duché different de celles du comté, en ce que les premieres font exemptes de la jurifdiction des ordinaires, par plufieurs bulles des fouverains pontifes, & que celles du comté font foumises à l'ordinaire, à la réserve des Hofpitalieres de Dole qui fe font maintenues dans leur exemption, par un procès qu'elles ont gagné contre l'archevêque de Befançon. Les fupérieures des exemptes font perpétuelles, & les autres ne font que triennales. Pendant l'été les exemptes font habillées de blanc, & de gris pendant l'hiver; les autres font habillées de gris en tout temps. Autrefois elles porto ent le blanc pendant l'été comme les exemptes. Les unes & les autres ont un grand voile blanc qui avance par Tome VIII. B.

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