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tres vifceres, qui concourent à la digeftion des alimens, font contraints de faire des efforts d'action prodigieux: il faut auffi que les bras, les jambes & tous les mufcles foient dans un mouvement perpétuel, pour qu'ils puiffent remplir leur tâche. Il réfulte un mouvement combiné des deux organes, l'intérieur & l'extérieur. Le collement des différens faisceaux de fibres fe fait bien plutôt. Les parties fe durciffent plus vîte, & la vieilleffe arrive bien plus promptement.

Les hommes qui, par leur état, font obligés de faire à cheval de longues courfes, & de les répéter fouvent, arrivent bientôt au terme de leur deftruction. Il eft même néceffaire qu'ils foient nés avec la plus heureuse conftitution, pour qu'ils puiffent y réfifter quelque tems: tels font les Couriers du cabinet, & les Poftillons des poftes deftinés à conduire les voyageurs.

Le mouvement du cheval un peu forcé produit quelquefois dans le corps le même effet qu'un accès de fievre. Non-feulement il excite une fueur abondante, mais il occafionne encore

dans les urines un dépôt pareil à celui qui s'y rencontre à la fin des maladies ou de plufieurs accès de fievre. Ce que je dis là, j'ai eu occasion de l'obferver plufieurs fois fur moi-même. Je pourrois encore citer l'exemple des Piqueurs qui chez les grands Seigneurs font destinés à conduire & à diriger les chaffes. Ils deviennent vieux auffi avant le tems, fur-tout s'ils font continuellement occupés.

L'ufage immodéré des plaifirs de l'amour, l'excès habituel du vin, la paffion du jeu font encore des caufes qui font -vieillir: elles occafionnent dans les individus qui s'y livrent fans ménagement une agitation extraordinaire. On éprouve à la fuite de chacun de ces excès une chaleur confidérable, & le malheur eft que l'un eft fouvent l'effet des deux autres. Le Joueur éprouve un tourment continuel: fon ame eft toujours partagée entre la crainte & l'efpérance, & fouvent elle eft plongée dans le plus affreux défespoir. Il est dans un état d'effort habituel : fon efprit eft continuellement tendu : fes nerfs agiffent fans ceffe : ils doivent être dans une tenfion confidérable. De-là

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l'excès du mouvement, qui, s'il dure long-tems, conduit bientôt, de la maniere que nous l'avons dit, à la vieilleffe. Vous êtes né avec du goût pour les plaifirs, Monfieur; mais vous avez appris de bonne heure que la modération eft la fource du vrai plaifir. Vous vous portez bien. J'efpere que vous vivrez long-tems. Je fuis, &c.

LETTRE I X.

Ily a plufieurs centres d'action dans le

JE

corps humain.

E m'occupe du matin au foir, Monfieur, pour pouvoir répondre à votre empreffement. Vous voudriez favoir quelles font les maladies qui font propres à la vieilleffe. Ce n'eft pas encore ici le moment de vous en entretenir. Il y a bien des chofes à vous dire, avant d'entrer dans ce détail. Peut-être eft-il néceffaire de vous faire auparavant un tableau raccourci des maladies de l'enfance. Mais elles tiennent les unes & les autres à des principes qu'il eft bon de développer.

La tête femble devoir exifter, comme je l'ai dit, dans la Lettre précédente, avant toutes les autres parties, puifque c'est d'elle que l'action & le mouvement fe diftribuent à tout le corps par le des nerfs, qui y prenmoyen nent leur origine. La force du mouve ment doit donc fe diriger principale ment vers la tête, qui eft le premier centre d'action principal, qui foit établi. La tête doit être le terme aboutiffant des grands efforts que fait la na ture lors de l'enfance. Les faits viennent à l'appui de ce que je dis là: car l'on obferve 1°. que les enfans font fujets aux convulfions, foit qu'ils faffent des dents, qu'ils aient des vers, ou qu'ils foient attaqués de maladies éruptives, telles la rougeole & la petite vérole. Les premiers fymptômes font prefque toujours des mouvemens convulfifs. 2°. La tête eft le fiége du plus grand nombre des maladies des enfans: au moins reçoit-elle l'impreffion de celles qui peuvent être enraci· nées dans d'autres parties.

que

Cette marche dans les opérations de la nature, répond à fes vues: fon objet principal eft d'étendre & d'alonger les

différentes parties du corps: fes mouvemens doivent donc fe porter à l'extérieur ils doivent fe porter en enhaut vers la tête, parce qu'elle eft le principal centre de l'action alors exiftant. Le cœur a bien fon influence fur le refte de la machine; mais c'est toujours d'une maniere fubordonnée au cerveau, puifqu'il eft vrai que c'eft de cette fource qu'il tire fa faculté active. Destiné à être l'entrepôt des liqueurs, qui doivent fe diftribuer aux différentes parties par le moyen des arteres, il obéit à l'action des nerfs, qui retardent ou précipitent fon mouvement, & dirigent le courant des humeurs vers l'endroit où va aboutir leur effort.

ne

Quant à l'épigaftre qui joue un fi grand rôle dans les perfonnes du moyen âge, fon action paroît prefque nulle dans l'enfance. Le diaphragme, qui est la principale piece de ce centre, femble avoir d'autre effet, que d'aider & diriger en quelque forte les fonctions vitales. Il faut pourtant convenir qu'il y a des enfans, chez qui il agit plus fortement. Ces enfans font ceux qui montrent plus d'efprit & de raifon

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