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lan.

X.
Mort de Jean

Dans cette année 1402. mourut Jean Galeas duc de Milan, au milieu de fa plus grande profperité. Par fa AN. 1402, mort, l'Italie fut délivrée d'un redoutable ennemi. Ses états démembrez par le partage qu'il en fit entre trois Galeas duc de Mide fes fils, dont l'un étoit bâtard,.dévinrent la proie Leonard Aret. du plus fort. Boniface profita de l'occafion, & recou- 1.12. Poggel. 4. vra plusieurs places, comme Boulogne, Perouse, & une bonne partie du Milanois, fans s'embaraffer. beaucoup des prétentions de l'empereur Robert, qui foutenoit que ces terres & ces provinces lui appartenoient & que Jean Galeas les avoit ufurpées fur l'empire.

xr.

Tamerlan fait la

En Orient, Bajazet qui depuis dix ans tenoit Conftantinople affiegée, ou plûtôt bloquée, fut obligé d'a- guerre à Bajazet. bandonner fon entreprise pour aller contre Tamerlan empereur des Mogols ou Tartares. Son vrai nom étoit Leunelav. liv. 7. Themir-lanc, ou Timour-lenc, qui en Perfan fignific boiteux. Pendant trente-fix ans de regne, il s'étoit rendu maître de la Syrie, de Corafan, de l'Inde & de Chalcondil. lib la Perfe; s'étoit avancé jufqu'en Natolie; & avoit pris Sebaste sur les Turcs. Bajazer pour s'opposer à fes conquêtes, vint l'attaquer. Les deux armées se rencontrerent à Angouria, qui étoit autrefois Ancyre: la bataille s'y donna le vingt-huitiéme Juillet 1402. & fut trèsfanglante. Bajazet entierement défait demeura prifonnier, & Tamerlan le fit enfermer dans une cage de fer, contre les barreaux de laquelle il se donna fi rudement

de la tête, qu'il en mourût au bout de huit mois de pri- Leunclav. liv. gi fon, l'an 804. de l'hegire. Chalcondile ne parle point chalcondil. l. 3. de ce genre de mort. Un auteur Perfan contemporain petit de la Croixà traduit en François depuis quelques années, rapporte hift.de Tam. que ce prince mourut d'une attaque d'apoplexie le

vingt-troifiéme Mars 1413.

XII.

Le duc d'Orleans qui fouhaitoit fort qu'on rendit Le duc d'Orlean Tome XXI.

B

livrance de Bemoit.

les VI. p. 152.

l'obédience à Benoît, mais qui ne se voïoit pas en état AN. 1403. d'entreprendre hautement fâ délivrance, parce que les entreprend la dé- ducs de Berri & de Bourgogne avoient renforcé fa garde, qui étoit compofée de foldats Normands, réfolut d'en venir à bout par adreffe. Il fe fervit pour cela d'un gentilhomme Normand, nommé Robinet ou Robert de Braquemont, qui commandoit une garnison Françoife dans une petite ville proche Avignon. Ceux du parti du duc d'Orleans, qui étoit très-grand à la cour, s'adresserent à ce gentilhomme, & l'engagerent fans peine à une entreprise qui lui pouvoit acquerir une auffi grande gloire que celle d'avoir délivré un pape. Juvenal des Ur- Braquemont avoit l'entrée libre du palais, où il alloit fins hift. de Char- de temps en temps vifiter fes compatriotes, qui ne fe défioient point de lui. Il s'ouvrit au pape, & lui raconta la commiffion dont il étoit chargé de la part du duc. Benoît informé par les amis qu'il avoit à la cour > des mesures qu'on prenoit pour lui procurer la liberté, & averti qu'il pouvoit fe fier à ce gentilhomme, s'abandonna entierement à fa.conduite: & voici les mefurés que prit Braquemont. Il trouva moïen d'affembler environ cinq cens chevaux, compofez en partie de fa garnison, en partie de gens envoïez fecrettement par le duc, & en partie d'Arragonois. On leur affigna un rendez-vous proche d'Avignon pour le douzième de Mars; & quelques gentilshommes François qui s'étoient rendus dans cette ville fous divers prétextes, s'affurerent d'un logis où l'on devoit mener le pape auffi-tôt qu'on l'auroit tiré du palais.

XIII.. Benoît fe fauve

Tout étant ainfi difpofé, & le jour marqué étant de la prison dé- venu, Braquemont, felon fa coûtume, entra dans le palais, & y paffa toute l'après-dînée, attendant le foir, auquel temps on laiffoit entrer & fortir plus librement

guifé.

Juvenal des Vr

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ن:

1. 22. c. II.

ceux qui apportoient de la ville des provifions pour le -fouper. Il en fortit fans difficulté, fuivi du pape tra- AN. 1403. vefti, & enveloppé d'un manteau de l'un de fes gens, Moine de S. Denis comme s'il eut été de fa fuite. Benoît fut conduit dans la maison où les gentilshommes François l'attendoient avec beaucoup d'inquiétude; alors tous fe jettant à fes pieds, ils les lui baiferent; & l'emmenerent fur le champ au milieu d'eux hors la ville, au lieu affigné aux cinq cens hommes qui se mirent en bataille, & le conduifirent à Château-Raynard, petite ville peu éloignée d'Avignon.

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Juvenal des Vr

de Char

fins hift.
Les VI, p. 15

On dit qu'il n'emporta fur lui de tout ce qu'il avoit dans le palais, qu'une lettre du roi de France, qui l'affuroit qu'il n'avoit pas confenti à la fouftraction, & le corps de Jefus-Chrift dans une boëte; voulant dans cette occafion conferver la coûtume des papes, devant lefquels on porte le faint facrement quand ils voïagent. Le moine de faint Denis, dont M. le Laboureur a donné l'histoire en François, ajoûte un trait qui fait voir le genie de Benoît, & le caractere de fon elprit. Comme il avoit laiffé croître fa barbe durant tout le temps de sa prison, sans penfer qu'on lui en pourroit faire un crime, parce que cela étoit contraire aux canons; il fit venir un barbier pour le rafer, & s'avifa de lui demander de quel païs il étoit. Le barbier lui dit qu'il étoit Le Moins de 32 Picard; les Normands font donc des menteurs, répli- DAGL qua le pape, d'avoir juré plus d'une fois qu'ils me feroient la barbe. Cette raillerie fut toute la vengeance qu'il tira des Normands, quoiqu'ils l'euffent traité d'une maniere indigne : ce qui montre qu'il n'avoit pas l'ame vindicative.

Le pape reprit fes habits pontificaux, & toute fon autorité, bien résolu de la retenir jusqu'à la mort, quoi

Denis l. 22. c. IX.

AN.

qu'il pût dire pour déguifer fes intentions. Enfuite 1403. après qu'on eut ôté la garde devant le palais d'Avìgnon, les bourgeois qui lui avoient fait une fi cruelle guerre, vinrent le fupplier de leur rendre fes bonnes graces; ce qu'il leur accorda, en aboliffant la memoire du paffé, à condition toutefois que les magiftrats,aufquels il ne voulut plus fe fier, repareroient les bréches qu'on avoit faites au palais, dans lequel il mit une forte garnison de foldats Arragonois.

XIV.

Il écrit au roi de

Benoît écrivit au roi de France pour lui notifier sa France pour lai fortie. Il lui protefte qu'étant en liberté, il pourra plus notifier få fortie. sûrement & plus honorablement avec le fecours de Dieu, pourfuivre la paix & l'union, comme il est expedient pour le service de l'église ; que fi l'on tâche de détourner la nobleffe de la créance qu'elle doit avoir en ce qu'il promet, il la prie & l'exhorte de n'y point ajoûter foi, & qu'il ne tiendra jamais à lui qu'il n'acHift. univers compliffe fa promeffe. Il écrivit auffi aux princes & à l'univerfité de Paris de belles lettres, dans lesquelles après les avoir affuré de fon zele pour la paix de l'églife, il demandoit la reftitution de l'obéisfance qui lui étoit dûë, & qu'on renonçât à la foustraction,

Parif. tom. IV.

XV.

Il fe reconcilie

qui l'avoient

bandonné

a

Les cardinaux qui l'avoient abandonné,travaillerent avec les cardinaux auffi à fe réconcilier avec lui. Il fe fit un peu prier: mais après leur avoir fait beaucoup de reproches fur leur conduite paffée, & les avoir exhortez à être à l'a venir plus fideles, il leur pardonna, & révoqua la bulle de dégradation, qui les rendoit incapables d'élire un pape, quand l'occafion s'en prefenteroit, & qu'il avoit fulminée contre eux. Ils fe rendirent auprès de lui le vingt-neuvième d'Avril, ils lui demanderent pardon à genoux, & Benoît les retint à dîner en figne de reconciliation: mais ce ne fut pas fans quelque crainte de

leur part; car n'aïant vû à table les places remplies que d'officiers de guerre, & toute la falle pleine de genst d'armes, au lieu de prélats & autres officiers ecclefiaftiques qu'ils s'attendoient d'y trouver, ils s'imaginerent qu'on les alloit tous maffacrer. Cependant ils en furent quittes pour la peur, le pape aïant interêt de les ménager; & n'étant occupé alors que de la sûreté de sa perfonne, pour laquelle il ne laiffoit pas de craindre, quoiqu'une forte garde l'accompagnât à l'église, & l'environnât jufqu'à l'autel. Il paroît qu'il n'y eut que quatre cardinaux, qui étoient Gui de Maillezais, cardinal du titre de fainte Croix, appellé le cardinal de Poitiers, parce qu'il en fut évêque; Nicolas de Brancas, cardinal d'Albe; Amedée de Saluces, cardinal de faint Marc; Pierre, cardinal de faint Ange. Ces quatre avoient procuration de ceux qui étoient reftez à Avignon.

AN. 1403.

XVI. Traité du pape les cardi

naux.

D. Martene

1266.

Après la réconciliation, le pape & fes cardinaux firent dans toutes les formes un traité, où furent com- avec pris les bourgeois & les citoïens d'Avignon. Louis d'Avignon en fut le médiateur, & tout le conclut en Anecd. tom. 2. p. prefence du cardinal de Pampelune, de Jacques du Prat, parent de l'empereur Robert, des ambaffadeurs du roi d'Arragon, & de ceux du duc d'Orleans. Les conditions du traité furent. 1. Que le pape accorderoit une entiere amniftie aux cardinaux & aux citoïens d'Avignon. 2. Que toutes chofes feroient rétablies comme elles étoient avant la fouftraction. 3. Que les cardinaux & les habitans de la même ville lui rendroient l'obédience. 4. Que les cardinaux emploïeroient tout leur crédit & tout leur pouvoir à lui faire rendre la même obédience en France. 5. Enfin, qu'alors il affembleroit un concile de toute fon obédience.

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