Imágenes de páginas
PDF
EPUB

marche il arriva à Viterbe, où il demeura le refte de cette année.

AN. 1405.

XLII.
Les Romains

La retraite du pape fournit à Jean Colonne une occafion favorable pour entrer dans Rome & s'emparer du palais pontifical, où il commandoit avec tant d'autorité,qu'on l'appelloit par dérifion Jean XXIII. comme s'il eût été pape. Comme il ne pouvoit pas s'y foutenir long-temps, il appella le roi Ladiflas, qui y envoïa une armée, avec un comte pour s'emparer de la fouveraineté de Rome. Mais les Romais réfolus de fouffrir les dernieres extrêmitez plûtôt que fa domination, chaffent les parti agirent avec tant d'union & de vigueur pour défendre fans de Ladıñas. leur liberté, qu'ils affiegerent le capitole, & chafferent ». XLVI en peu de temps les Colonne & tous les partifans de Ladıflas. Quant aux juges, outrez du meurtre de leurs concitoïens, ils écrivirent des lettres pleines d'invectives contre le pape & fon nevcu, effacerent par tout fes armes, publierent qu'ils ne vouloient plus le reconnoître pour pape.

Voyez ci-après

XLIII.
Le pape Benoît va
Italie, & arri-

en

ve à Genes. Theod. de Niem

Pendant que ces chofes fe paffoient en Italie, Benoît s'embarqua à Nice en Provence, & arriva à Genes au mois de Mai 1405. Cette ville qui étoit alors fous la domination de la France, avoit renoncé à l'obédience 2..38. d'Innocent, & s'étoit foumife à celle de Benoît, par le confeil de Pilco Marino fon archevêque. La république de Pife en avoit fait de même, y aïant été portée par Gabriel Marie Visconti, qui y avoit ufurpé la souveraine autorité. La pape Benoît fut reçû dans Genes avec de grands honneurs par le maréchal de Boucicaut, & par les Genois. Mais il ne laiffa pas d'y recevoir quelque mortification à l'occafion des gens de guerre qu'il у avoit amenez, & dont le nombre augmentoit tous les jours : les Genois en prirent de l'ombrage, & aïants, le moike

Juvenal des V

de Charles VI.

trouvé le moïen de les tirer adroitement hors de la ville, AN. 1405. fous prétexte d'une revûë, ils ne voulurent plus perde S. Denis hift. mettre qu'ils y rentraffent. Benoît en cut beaucoup de chagrin, & en fit fès plaintes ; mais les Genois ne changerent pas de réfolution pour cela, & le pape fut obligé de s'appaifer.

XLIV. Innocent refufe

Benoît.

Quelque temps après Benoît voulant soutenir sa déun fauf-conduit à marche, fit demander au pape Innocent un fauf-conduit pour de nouveaux ambaffadeurs, qui auroient plein Niem loco cit. pouvoir de traiter avec lui de la paix. Mais Innocent qui étoit toûjours à Viterbe le refufa, foit qu'il ne voulût pas être fa dupe, foit qu'il ne fût pas d'humeur d'entrer en aucune négociation. Benoît ravi de ce refus,ne manqua pas d'écrire par tout, & de publier que fon competiteur étoit fauteur du fchifme, qu'il ne vouloit point entendre parler d'union par le refus qu'il faifoit d'un fauf-conduit. Innocent ne manqua pas de répondre à ces lettres par d'autres plus longues, qu'il eut foin de faire répandre dans toute l'Italic. Ces deux competiteurs ne cherchoient par-là qu'à éluder la voie de cefsion, & à fe maintenir chacun dans fa dignité. Innocent voïant qu'il lui étoit impoffible d'affembler le concile qu'il avoit convoqué pour la Touffaints, publia une bulle dattée de Viterbe le vingtiéme d'Octobre, dans laquelle il parle des mouvemens arrivez dans Rome, & du danger qu'il y auroit fur les chemins pour ceux qui viendroient au concile; c'eft pourquoi il fixe le terme au premier de Mai de l'année suivante, pour travailler à l'extinction du fchifme.

XLV. Broülleries entre

& le duc de Bour

Ce fut à peu près vers ce temps-là que l'étroite union le duc d'Orleans qui paroiffoit entre le duc d'Orleans & la reine, leur aïant attiré la haine des peuples, & même des princes, "Monfrelet 1.1.c. les ducs de Bourgogne & de Bretagne fe retirerent de

gogne.

[ocr errors]

la cour, où ils furent auffi tôt rappellez par le roi, qui tint pour cet effet une grande aflemblée. Le duc de AN. 1406. Bourgogne revint; mais aïant amené un grand nombre

de

gens de guerre, tant pour fa sûreté, que parce qu'il favoit que la reine & le duc d'Orleans vouloient fe faifir des enfans du roi; la reine & le duc prirent l'épouvante de cette arrivée, & fe retirerent à Melun, aïant laiffé des ordres à Louis de Baviere, frere de la reine, d'amener au château de Pouilly le dauphin, & même les enfans du duc de Bourgogne. Mais ce duc en étant informé, fit une fi grande diligence, qu'il attrapa le dauphin à Juvifi, & le ramena à Paris. Toute cette conduite ne fit qu'augmenter la brouillerie qui étoit parmi les princes. Elle parut néanmoins suspenduë pour un temps, par la médiation du roi de Navarre & du duc de Bourbon, puifque les ducs d'Orleans & de Bourgogne s'embrafferent dans Paris, & fe promirent réciproquement leur amitié ; mais cette réconciliation ne fut pas fincere.

&

XLVI.

Le pape Innocent eft rappellé à Rome, & y re

[ocr errors]

1. 2. c. 39.

Les Romains délivrez du roi Ladiflas & des Colonne, rappellerent Innocent VII. à Rome, avec promesse de lui en donner le gouvernement abfolu, comme l'avoit eu fon prédeceffeur. Ce pape reçût la propo- Niem de schism, fition avec joïe. Barthelemi évêque de Cremone, son commissaire à Rome, fut chargé d'en prendre possession. La commission eft dattée de Viterbe le vingtfeptiéme Janvier 1406. & vers le milieu du mois de Mars le pape y rentra avec beaucoup d'honneur & de joïe de la part du peuple. Mais comme il n'y avoit aucune sûreté pour lui, tant que Ladıflas, appuïé des Colonne, feroit maître du château faint Ange, il publia le dix-huitiéme Juin une bulle d'excommunication no. Niem c. 41. contre eux & leurs partifans. Par cette bulle il dépouille

XLVII.

Il excommunie

Ladiflis & les Co

lonnes

Raynald. hoc. an

Ladifas fait fa paix avec lui.

Ladiflas de tous fes états & de tous fes droits, avec les AN. 1406. peines les plus grieves, & les claufes les plus terribles. XLVIII. Ce prince effraïé d'un coup pareil, qui le mettoit en danger de perdre fon roïaume, & le gouvernement de la Campagne de Rome, rechercha la paix, & l'obtint par l'entremise de Paul des Urfins & de Louis Meliorato neveu du pape, à condition de rendre le château faint Ange, & tout ce qu'il avoit pris fur l'églife. Ce. traité cft du treiziéme d'Août. Ladillas fut fait en même temps gonfalonier de l'églife: mais il ne discontinua de la perfecuter dans la perfonne du pape.

XLIX.

Benoît envoie le

lant légat en Fran

ce.

Le moine de s.

Denis l. 26. c. I.

Juven. des Vrfins 12.179.

pas

Benoît ne fit pas un long féjour à Genes. La pefte cardinal de Cha- qui y furvint l'obligea de s'en retourner à Marseille. Ce fut là qu'il apprit que les députez de l'univerfité de Paris vers Innocent avoient apporté la bulle de convocation du concile pour le mois de Mai, & que cette même univerfité renouvelloit fes pourfuites contre lui, qu'Henri III. roi de Caftille avoit envoïé des ambaffadeurs en France, pour y folliciter la voie de ceffion; qu'enfin il y avoit une affemblée de prélats convoqueé à Paris, pour examiner la voie de la fouftraction. Ces nouvelles le déterminerent à envoïer en France en qualité de légat à latere, le cardinal de Challant Savoïard, pour arrêter toutes ces pourfuites, & pour empêcher que l'on n'envoïat au concile convoqué par Innocent. Le cardinal étant arrivé en France, eut affez de peine à obtenir audience, parce qu'on difoit hautement qu'il n'étoit venu que pour amufer le monde, en promettant toûjours ce que fon maître n'avoit aucune envie de tenir. On lui permit néanmoins de propofer en plein Cardinal en plein confeil le fujet de fa commiffion : ce qu'il fit le vingtneuvième d'Avril par un difcours latin, également foible & ennuïcux, dans lequel il exalta beaucoup

L

Difcours de ce

Confeil,

Benoit,

Benoît, vanta fes bonnes intentions, fes services, fes travaux, & sur-tout la derniere démarche qu'il avoit AN. 1406. faite en allant en Italie: & tout cela aux dépens du pape Innocent, contre lequel il déclama fort. Il conclut fon difcours en priant toute l'assemblée de tenir pour Benoît, fi l'on vouloit affoupir le fchifme.

LI.

Jean Petit lui ré

l'univerfité.

Hift. Vniverf

Moine de S. Denis

On ne permit qu'avec peine à l'univerfité de répondre publiquement à ce difcours, parce qu'on ne trouvoit pas qu'il y eût beaucoup à y compter. Elle ne le fit que le dix-feptiéme de Mai, par l'organe de Jean pond au nom de Pepit cordelier, docteur de Paris, qui harangua en prefence des princes, & qui après avoir refuté tout ce que Parif. tom. IV. le cardinal de Chalant avoit dit, conclut à ces trois p. 120. choses. 1. Que la lettre de l'univerfité de Toulouse 126.c.1, 2.3. contre la voie de la ceffion, fût condamnée, comme injurieuse au roi & au roïaume. 2. Qu'on délivrât l'églife de France des exactions dont Benoît avoit commencé de l'opprimer. 3. Qu'on renouvellât la fouftraction d'obédience qu'on lui avoit déja faite. Il y cut fur le fecond article de grandes conteftations, parce qu'il y avoit dans ce confeil plufieurs perfonnes aufquelles Benoît faifoit part de l'argent qu'il tiroit de France: c'eft pourquoi les princes renvoïerent l'affaire au parlement, afin d'en juger avec plus d'impartialité. La caufe y fut plaidée le cinquiéme de Juin par Pierre Plaoul, profeffeur en theologie, & Jean Petit, dont l'on vient de parler. Le premier attaqua fortement la lettre de l'univerfité de Toulouse, qui traitoit de crime la foustraction d'obédience; & le fecond, après avoir tre exaggeré les vexations qu'on faifoit à l'églife, conclut à la fouftraction, fans laquelle il n'y avoit point d'union à efperer. On ne conclut rien ce jour-là: mais le lendemain fixiéme de Juin, Jean Juvenal des Urfins, ciculo rerum, e Tome XXI.

E

LII. Arrêt du parle ment contre la let

de l'univerfité Bochel in decret. ecclef. Gallic. I.

de Toulouse.

4. tit. 21.6.4: Clemangis in faf

« AnteriorContinuar »