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gnon ; de lui offrir de la part de ce prince tout ce qu'il AN. 1407. pourroit faire pour le bien & l'honneur de leur ville. Le docteur Jean Petit porta la parole pour les ambaffadeurs, & son discours fut fort applaudi. Les senateurs promirent de feconder avec joie les bonnes intentions du roi, pourvû qu'il voulût les fecourir contre Ladiflas, à qui il leur étoit impoffible de réfifter feuls pendant le schisme ; & convinrent de faire une députation de leur corps pour travailler à l'union conjointement avec les ambaffadeurs, fauf toutefois & toujours l'honneur de leur obedience & du pape Gregoire.

LXXXI.
Ils voient les car-

goire,

Enfin les ambaffadeurs de France avant leur départ, dinaux de Gre- voulurent faire encore une nouvelle tentative par l'entremise des cardinaux. Ils leur firent remontrer par l'évêque de Digne en Provence, qu'ils avoient jusqu'à fix fois prié inutilement Gregoire d'accomplir le traité de Marseille; qu'il y avoit du péril à differer leur départ, parce qu'ils favoient que Ladislas étoit sur le point de fermer les embouchures du Tibre ; que pour Benoît, il ne tiendroit jamais à lui qu'on n'en vînt à une heureuse conclusion ; & qu'ainfi il les prioit d'agir encore dès ce jour-là même auprès de Gregoire, pour en tirer une réponse pofitive. Les cardinaux aïant déliberé là-deffus, prierent les ambassadeurs de refter encore à Rome, jufqu'à ce qu'ils euffent fait venir les cardinaux de Liege & des Urfins pour les soutenir, & promirent de preffer fortement Gregoire de tenir fa parole. Ils le firent en effet, & Gregoire leur donna la réponse, par laquelle il leur promit de se rendre à Savonne à des conditions qui ne tendoient qu'à éluder le traité de Marseille, quelque protestation que ce pape fit au contraire, Il leur donna un écrit le dernier

de Juillet, où il alleguoit à peu près les mêmes raifons, pour ne point accepter Savonne. Dans un autre écrit AN. 1407. du troifième d'Août, il promettoit que s'il ne pouvoit pas convenir avec Benoît d'un autre lieu que Savonne, il s'y rendroit le premier de Novembre fous les con ditions qu'il avoit déja proposées aux ambassadeurs de France.

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Requête que les

fentent aux cardi

Mais le lendemain il fe dédit ; il propofa Pife, Sien- LXXXII. ne ou Florence pour l'entrevûë: de forte que les am ambassadeurs prebassadeurs rebutez de ces variations perpetuelles, pre-aux de Rome. fenterent requête aux cardinaux, pour les prier de ne point faire d'élection en cas que Gregoire vînt à mourir; de folliciter de tout leur pouvoir la voie de la ceffion, felon leur engagement, & de fe trouver à Savonne, quand même Gregoire ne s'y rendroit pas. Les cardinaux répondirent qu'il n'étoit pas en leur pouvoir d'engager leurs confreres en leur abfence, mais qu'euxmêmes presens au nombre de huit, n'oublieroient rien pour obliger le pape à donner une conftitution, qu'en cas qu'il vînt à mourir, on s'abftiendroit d'élire un autre pape jufqu'à la réunion des deux colleges : &

qu'en fin fi le pape ne faifoit pas fon devoir, ils fe

roient le leur. Après cela, les ambaffadeurs de France partirent, laiffant quelques-uns des leurs à Rome.. Les légats de Benoît partirent auffi, & l'allerent trouver à l'ifle de faint Honorat, une des ifles de Lerins fur les côtes de Provence, où il s'étoit retiré à cause de la pestè qui regnoit à Marseille.

munie tous ceux

Quoiqu'on n'eût pas notifié la soustraction à Be- LXXXIII noît, il n'ignoroit pas toutefois qu'elle avoit été réfo-Benoît excomlue. Pendant que les ambaffadeurs s'emploïoient à Ro- qui favorisent la me à faire agréer à Gregoire la voie de ceffion, le roi de France avoit envoïé dès le commencement de l'année

ceffion.

deux ambaffadeurs à Benoît, Jean de Châteaumorant, AN. 1407. & Jean de Tourfay, pour lui déclarer que fi dans l'Afcenfion prochaine l'union n'étoit rétablie dans l'église, lui, fon clergé & tous fes fujets n'obéiroient ni à lui ni à fon competiteur, & feroient neutres. Benoît fut extrêmement fâché de cette propofition, & répondit aux ambaffadeurs qu'il feroit favoir au roi fa résolution par des perfonnes qu'il lui envoïeroit: en effet il envoïa peu de temps après deux couriers au roi qui arriverent à Paris le quatorziéme de Mai, & presenterent à ce prince une bulle écrite à Porto - Venere le dixhuitième d'Avril, par laquelle il lui déclaroit que s'il faifoit executer la neutralité qu'il avoit projettée, il encoureroit non feulement les peines de droit, mais auffi celles qui étoient portées dans une autre bulle qu'il lui envoïoit, difoit-il, pour s'acquitter de fon devoir envers Dieu.

Cette derniere bulle étoit dattée de Marseille le dix-neuviéme de Mai de l'année précedente. Benoît y excommunioit tous ceux qui avoient quelque part à la résolution qu'on avoit prife en France directement ou indirectement, de quelque condition qu'ils fussent, cardinaux, patriarches, archevêques, empereurs, rois, &c. Il déclaroit que cette fentence ne pourroit être levée que par le pape, ou à l'article de la mort; & même qu'en ce dernier cas, fi celui qui auroit été abfous recouvroit la fanté, il feroit tenu de se presenter inceffamment au siege apoftolique pour faire fatisfac¡tion & demander fa grace, fans quoi il demeureroit excommunié. Il ajoûtoit que fi dans le terme de vingt jours après la publication de la fentence, lefdits excommuniez perfiftoient dans leur réfolution, les ccclefiaftiques feroient dépouillez de leurs dignitez &

dc

de leurs benefices, l'univerfité mife à l'interdit, auflibien que toutes les terres de la domination des fecu- AN. 1407. liers. Il dégageoit tous leurs vaffaux de leur ferment de fidelité, confifquoit tous les fiefs & biens immeu, bles que lesdits seigneurs pouvoient tenir de l'église Romaine, & rendoit aux autres églifes ce qu'elles pouvoient en tenir de biens. Il engageoit dans les mêmes liens d'excommunication & d'interdiction toutes perfonnes, états, républiques, villes, châteaux; univerfitez, colleges, communautez qui favoriferoient directement ou indirectement la fouftraction, & prêteroient quelque fecours aux fouftraits. Mais comme cette bulle, quoique dattée du mois de Mai 1407. ne fut envoïée au roi que l'année fuivante, il faut rapporter ce, qui fe paffa dans cet intervalle.

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Lettre des ambaf

Les ambaffadeurs envoïez à Gregoire aïant quitté LXXXIV. ce pape, fe retirerent à Genes, d'où ils lui écrivirent fadeurs de France le vingt-deuxième d'Août une lettre très-forte & très, à Gregoire, bien raisonnée, pour lui offrir de nouveau toutes fortes de sûretez, de bons traitemens, de fecours d'argent & de troupes de la part du roi de France, du gouverneur de Genes, dont ils parlent avec beaucoup d'éloge, de la part des Genois, de ceux de Savonne & de leur propre part, afin de diffiper les ombrages qu'il avoit alleguez pour juftifier fon refus d'aller à Savonne: mais ce fut inutilement. Comme Benoît ne demandoit pas mieux que de voir reculer Gregoire, il refufa de changer le lieu de la conference, & deos 16" prendre Pife; & fe mit en chemin pour Savonne fur la fin du mois de Septembre. Il y fut reçû avec de grandes acclamations, & en même temps on lui ame- Savonne. na d'Espagne trois galeres bien équipées, Gregoire lui avoit envoïé trois légats pour l'engager à changer

Tome XXI.

H

LXXXV. Benoît fe rend à

cette ville en une autre. Benoît ne refufa point,& conAN. 1408. tent de s'être trouvé le premier au rendez-vous, il offrit de s'avancer jufqu'à Porto-Venere dans l'état de Genes, & envoïa des légats à Gregoire pour négocier le lieu & les conditions de l'entrevûë, propofant d'autre côté à Gregoire de se rendre à Pietra-Sancta : ce que Gregoire accepta d'abord, mais qu'il n'executa

LXXXVI.
Gregoire part de

Sienne.

1.3. c. 24.

pas.

Cependant le premier terme du rendez-vous étoit Rome, & ferend expiré. Benoît étoit déja à Savonne, où s'étoient renà Viterbe & à dus beaucoup de prélats; & il paroît qu'il étoit bien Niem de fchifm. éloigné de ceder, par les réponses ambigues qu'il fit aux ambaffadeurs de Caftille dans un endroit affez proche de Savonne. Gregoire de fon côté étant parti de Rome le neuviéme d'Août, vint d'abord à Viterbe, où il demeura trois femaines ; & au commencement de Septembre il paffa à Sienne avec fa cour, & y demeura le reste de l'année. Là il ne cherchoit qu'à amufer les cardinaux, & leur promettoit de ceder, à condition toutefois qu'il conferveroit pendant fa vie le titre de patriarche de Conftantinople, les évêchez de Modon & de Coron dans l'état de Venife, & un prieuré qu'il avoit en commende avant que d'être élû pape; de plus qu'on lui donneroit l'archevêché d'Yorck en Angleterre, qu'on fuppofoit vacant, quoiqu'il ne le fût pas.

LXXXVII. Il arrive à Lucques.

Enfin, Gregoire après s'être épuifé en artifices & en défaites, arriva à Lucques au commencement de Niem c. 19. 21. Janvier avec fes cardinaux & fa cour. Là les nonces du pape Benoît le prierent de travailler efficacement à finir le fchifme: tous ceux qui étoient auprès de lui le conjuroient à mains jointes d'aller à Savonne; & fur la réponse qu'il fit d'abord, qu'il étoit prêt de ceder f

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