Car les Dieux irrités ne nous répondent plus, HIDASPE. Tandis que par vos foins vous pouvés tout apren dre, Quel befoin que le Ciel ici fe faffe entendre? On ne voit point leur bras fi prodigue en miracles, Seroit-il dans le temple un cœur affés perfide? Je vais, je vais moi-même, accufant leur filence, Par mes vœux redoublés flechir leur inclemence. Toi,fi pour me fervir tu montres quelque ardeur De Phorbas que j'attens cours hârer la lenteur. Dans l'état déplorable où tu vois que nous fommes, Je veux interroger & les Dieux & les hommes. ור ACTE ACTE III. SCENE PREMIERE. JOCASTE, EGINE. O JOCASTE. U1, j'attens Philoctete, & je veux qu'en Pour la derniere fois il paroiffe à mes yeux, EGINE. Madame, vous fçavés jusqu'à quelle infolence Moy? fi je la prendrai ! dûffent tous les Thebaine Porter jufques fur moi leurs parricides mains; Sous ces murs tout fumans dûffai-je être écrasée, Je ne trahirai point l'innocence accufée. Mais une jufte crainte occupe mes efprits. Mon cœur de ce heros fut autrefois, épris ; On le fçait, on dira que je lui facrifie Ma gloire, mon époux, mes Dieux & ma patrie, Que mon cœur brûle encore... EGINE. Ah! calmés cet effroi ; Cet amour malheureux n'eut de témoin que moi, Et jamais... JOCASTE. Que dis-tu ? crois-tu qu'une Princeffe Puiffe Jamais cacher fa haine ou fa tendreffe? Des courtifans fur nous les inquiets regards Avec avidité tombent de toutes parts ; A travers les refpects leurs trompeufes foupleffes Penetrent dant nos cœurs, & cherchent nos foibleffes: A leur malignité rien n'échape & ne fuit, Un feul mot,un regard, un coup d'œil nous trahit ; Portant fur notre vie une trifte lumiere, Vont de nos paffions remplir la terre entiere. EGINE વે Eh! qu'avés-vous, Madame, à craindre de leurs coups? Quels regards fi perçans font dangereux pour vouse JOCASTE. Et c'eft cette vertu qui me trouble aujourd'hui. Je le fervirois mieux fi je l'euffe aimé moins Mais voulés-vous qu'il parte? |