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Seigneur,que votre bras, que les Dieux ont trompé, Verse un reste de fang qui vous eft échapé;

Et puis qu'il vous fouvient de ce fentier funefte Où mon Roi...

OE DIPE.

Malheureux, épargne-moi le refte.

J'ai tout fait, je le voi, c'en eft affés... ô Dieux, Enfin aprés quatre ans vous defillés mes yeux.

JOCASTE.

Helas! il eft donc vrai ?

OE DIPE.

Quoi ! c'est toi que ma rage

Attaqua vers Daulis en cet étroit paffage ?
Oui, c'eft toi, vainement je cherche à m'abuser;
Tout parle contre moi, tout fert à m'accufer,
Et mon œil étonné ne peut te méconnoître.

PHORBA S.

Il est vrai, sous vos coups j'ai vû tomber mon maî

tre;

Vous avés fait le crime, & j'en fus foupçonné;
J'ai vécu dans les fers, & vous avés regné.
OE DIPE.

Va, bientôt à mon tour je me rendrai juice.
Va, laiffe-moi du moins le foin de mon fuplice;
Laiffe-moi, fauve-moi de l'affront douloureux
De voir un innocent que j'ai fait malheureux.

J

SCENE III.

OE DIP E, JOCASTE.

OEDIPE.

Ocaste... (car enfin la fortune jalouse M'interdit à jamais le tendre nom d'épouse ) Vous voyés mes forfaits; libre de votre foi, Frapés, délivrés-vous de l'horreur d'être à moi. JOCASTE.

Helas!

QE DIPE.

Prenés ce fer, inftrument de ma rage, Qu'il vous ferve aujourd'hui pour un plus jufte

ufage,

Plongés-le dans mon sein.

JOCASTE.

Que faites-vous, Seigneur a

Arrêtés, moderés cette aveugle douleur,

Vivés.

OE DIPE.

Quelle pitié pour moi vous interesse

Je dois mourir,

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Ils ne font point éteints, vous êtes mon époux.

OE DIPE.

Non, je ne le fuis plus, & ma main ennemie
N'a que trop bien rompu le faint noeud qui nous lie.
Je remplis ces climats du malheur qui me fuit;
Redoutés-moi, craignés le Dieu qui me poursuit:
Ma timide vertu ne fert qu'à me confondre,

Et de moi deformais je ne puis plus répondre. Peut-être de ce Dieu partageant le couroux L'horreur de mon deftin s'étendra jusqu'à vous. Ayés du moins pitié de tant d'autres victimes; Frapés, ne craignés rien, vous m'épargnés des cri

mes.

JOCASTE

Ne vous accufés point d'un deftin fi cruel,
Vous êtes malheureux, & non pas criminel.
Dans ce fatal combat que Daulis vous vit rendre,
Vous ignoriés quel fang vos mains alloient ré-
pendre ;

Et fans trop rappeller cet affreux souvenir,
Je ne puis que me plaindre, & non pas vous punir.

Vivés...

OE DIPE.

Moi que je vive!,il faut que je vous fuic. Helas! où traînerai-je une mourante vie? Sur quels bords malheureux, dans quels triftes cli

mats

Enfevelir l'horreur qui s'attache à mes pas ?

Irai-je errant encore, & me fuyant moi-même,
Meriter par le meurtre un nouveau diadême ?
Irai-je dans Corinthe, où mon trifte deftin
A des crimes plus grands referve encor ma main?
Corinthe, que jamais ta detestable rive...

SCENE

SCENE I V.

OEDIPE, JOCASTE, DIMAS.

DIMAS.

Eigneur, en ce moment un étranger arrive;
Il fe dit de Corinthe,& demande à vous voir.
OE DIPE.

Allons, dans un moment je vais le recevoir.
à focafte.

**Adieu; que de vos pleurs la fource fe diffipe.
Vous ne reverrés plus le malheureux Oedipe ;
C'en eft fait, j'ai regné, vous n'avés plus d'époux
En ceffant d'être Roi, je ceffe d'être à vous.
Je pars; je vais chercher dans ma douleur mortelle
Des païs où ma main ne foit point criminelle;
Et vivant loin de vous fans Etats, mais en Roi,
Juftifier les pleurs que vous verfés pour
moi.

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I

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