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ACTE V.

SCENE

PREMIERE.

OEDIPE, HIDASPE, DIMAS,

F

LE CHOEUR, Suite.

OE DIPE.

INISSE's vos regrets,& retenés vos larmes ;
Vous plaignés mon exil, il a pour moi des
charmes.

Ma fuite à vos malheurs affure un promt fecours,
En perdant votre Roi vous confervés vos jours.
Du fort de tout ce peuple il eft tems que j'ordonne,
J'ai fauvé cet Empire en arrivant au trône;
J'en defcendrai du moins comme j'y fuis monté,
Ma gloire me fuivra dans mon adverfité.

Mon deftin fut toûjours de vous rendre la vie.

à la fuite.

Que Phorbas vienne ici,c'eft fon Roi qui l'en prie : Auteur de tous ses maux,

c'eft peu

de les vanger,

C'est peu de m'en punir, je dois les foulager:
Il faut de mes bontés lui laiffer quelque marque,
Et descendre du moins de mon trône en Monarque,

Vous, qu'on faffe aprocher l'étranger devant moi,

Vous, demeurés,

SCENE II.

OEDIPE, HIDASPE, ICARE, Suite.

OE DIPE

I Care,

Care, eft-ce vous que je voi?

Vous de mes premiers ans fage dépofitaire,
Vous digne favori de Polibe mon pere.

Quel fujet important vous conduit parmi nous
ICARE.

Seigneur, Polibe eft mort,

Mon pere...

QE DIPE.

Ah!

que m'aprenés-vous ?

ICARE.

A fon trépas vous deviés vous attendre.

Dans la nuit du tombeau les ans l'ont fait defcen

dre;

Ses jours étoient remplis, il eft mort à mes yeux.

2

OE DIPE.

Qu'êtes-vous devenus, oracles de nos Dieux ?

Vous qui faifiés trembler ma vertu trop timide, ¡ I ijl

Vous qui me prepariés l'horreur d'un parricide.
Mon pere eft chés les morts,& vous m'avés trompé.
Malgré vous dans fon fang mes mains n'ont point.
trempé :

Ainfi de mon erreur efclave volontaire,
Trop foigneux d'écarter un mal imaginaire,
J'abandonnois ma vie à des malheurs certains ;
Trop credule artisan de mes triftes destins.

O Ciel ! & quel eft donc l'excés de ma misere?
Si le trépas des miens me devient necessaire;
Si trouvant dans leur perte un bonheur odieux,
Pour moi la mort d'un pere eft un bienfait des
· Dieux.

Allons, il faut partir; il faut que je m'acquite Des funebres tributs que fa cendre merite. Partons ; vous vous taisés,je voi vos pleurs couler; Que ce filence!

ICARE,

O Ciel! oferai-je parler?

OE DIPE.

Vous refte-t-il encor des malheurs à m'aprendre?

ICARE.

Un moment fans témoins daignerés-vous m'en

tendre ?

OE DIPE.

Allés, retirés-vous... Ciel que dois-je penfer?

ICARE.

A Corinthe, Seigneur, il vous faut renoncer;
Si vous y paroiffés, votre mort est jurée.
OE DIPE.

Eh! qui de mes Etats me défendroit l'entrée ?
ICARE.

Du fceptre de Polibe un autre eft l'heritier.
OEDIPE.

Eft-ce affés? & ce trait fera-t-il le dernier ?
Pourfais deftin, pourfuis, tu ne pourras m'abattre.
Eh bien j'allois regner, Icare, allons combattre.
A mes lâches fujets courons me presenter.
Parmi ces malheureux promts à fe revolter,
Je puis trouver du moins un trépas honorable.
Mourant chés les Thebains je mourrois en coupa-
ble.

Je dois perir en Roi. Quels font mes ennemis?
Parle, quel étranger fur mon trône eft affis?
ICARE.

Le gendre de Polibe, & Polibe lui-même
Sur fon front en mourant a mis le diadême.
A fon maître nouveau tout le peuple obeït.'
OE DIPE.

Eh quoi ! mon pere auffi, mon pere me trahit!
De la rebellion mon pere eft le complice ?
Il me chaffe du trône?

ICARE.

Il vous a fait juftice;

Vous n'étiés point fon fils.

OEDIPE.

Icare...

ICARE.

Avec regret

Je revele en tremblant ce terrible secret:
Mais il le faut, Seigneur, & toute la Province....

OE DIPE.

Je ne fuis point fon fils!

ICARE.

Non, Seigneur, & ce Prince

. Preffé de ses remords a tout dit aux abois,

Et vous a renoncé pour le fang de nos Rois;
Et moi de fon fecret confident & complice,
Craignant du nouveau Roi la severe justice
Je venois implorer votre apui dans ces lieux.
OE DIPE.

Je n'étois point fon fils ! & qui fuis-je, grands

Dieux ?

ICARE.

Le Ciel qui dans mes mains a remis votre enfance,
D'une profonde nuit couvre votre naiffance;
Et je fçai feulement qu'en naiffant condamné,
Et fur un mont desert à perir destiné,

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