'Attendant des autels élever des tombeaux: Sa mort de mon trépas devoit être fuivie; Mais vous fçavés, grands Dieux, pour qui j'aime la vie. Dimas, à cet amour fi conftant, fi parfait, Tu vois trop que Jocafte en doit être l'objet. Jocafte par un pere à fon himen forcée, Au trône de Laïus à regret fut placée : L'amour nous uniffoit, & cet amour fi doux Etoit né dans l'enfance, & croiffoit avec nous. Tu fçais combien alors mes fureurs éclaterent, Combien contre Laïus mes plaintes s'emporterent. Tout l'Etat ignorant mes fentimens jaloux, Du nom de politique honoroit mon couroux, Helas de cet amour acru dans le filence Je t'épargnois alors la trifte confidence, Mon cœur qui languiffoit, de moleffe abatu Redoutoit tes confeils, & craignoit ta vertu. Je crus que loin des bords où Jocafte refpire Ma raifon fur mes fens reprendroit fon empire: Tu le fçais, je partis de ce funefte licu, Et je dis à Jocafte un éternel adieu. Cependant l'univers tremblant au nom d'Alcide Attendoit fon deftin de fa valeur rapide; A fes divins travaux j'ofai m'affocier, Je marchai prés de lui ceint du même laurier a Mais parmi les dangers, dans le fein de la guerre, Quel fruit efperés-vous d'un amour si funeste ? Son époux, jufte Ciel! ah que me dites-vous ? DIMAS. Oedipe à cette Reine a joint fa destinée... PHILOCTETE. Voila, voila le coup que j'avois preffenti, DIMAS. Seigneur, la porte s'ouvre, & le Roi va paroître; Tout ce peuple à longs flors conduit par le grand Prêtre Vient conjurer des Dieux le couroux obstiné; SCENE I I. LE GRAND PRESTRE, LE CHOEUR. La porte du Temple s'ouvre, & le grand Prêtre paroît au milieu du peuple. CONNAGE 1. PERSONNAGE DU CHOEUR. Sprits contagieux, tirans de cet Empire, E qui ces murs la Qui fouflés dans ces murs la mort qu'on y refpire, Redoublés contre nous votre lente fureur Et d'un trépas trop long épargnés-nous l'horreur, SECOND PERSONNAGE. Frapés Dieux tout puiffans, vos victimes font prêtes: LE GRAND PRESTRE. Ceffès, & retenés ces clameurs lamentables 2 Foible Foible foulagement aux maux des miferables; Il fçait que dans ces murs la mort nous environne; TAYLOR SCENE III. OEDIPE, JOCASTE, LE GRAND OE DIPÉ. Euples qui dans ce temple aportant vos dou- Prefentés à nos Dieux des offrandes de pleurs," Et tout ce qu'il peut faire eft de le partager. B au grand Prêtre. Vous, Miniftre des Dieux que dans Thebe on adore, Dedaignent-ils toûjours la voix qui les implore? LE GRAND PRESTRE. Roi, peuple, écoutés-moi... cette nuit à ma vûë Du ciel fur nos autels la flamme eft defcendue, L'ombre du grand Laïus a paru parmi nous, Terrible & refpirant la haine & le couroux. Une effrayante voix s'eft fait alors entendre: " دو " Les Thebains de Laïus n'ont point vangé la cen dre, Le meurtrier du Roi refpire en ces Etats, Et de fon foufle impur infecte vos climats. Reconnoiffés ce monftre, & lui faites juftice, Peuples, votre falut dépend de fon fuplice. OE DIPE. Thebains, je l'avoûrai, vous fouffrés justement |