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Son port,

fa majefté, fa douceur & fa grace,
De l'Enfant de Cythere, & du Dieu de la Thrace,
Confondoient en fon air le charme & la fierté:
Je crus voir dans ce Prince une Divinité..

Il tenoit dans fes mains les flammes du tonnerre;
On voyoit fous fes pieds tout le plan de la Terre;
Les fleuves, les citez, les plaines & les bois,
Qui fervoient de théâtre à fes fameux exploits.

Là, proche de Rocroy, cette orgueilleufe ar-
́mée,

Sous qui la France en deuil devoit être opprimée,
Etoit peinte en défordre, & l'Ibere abattu,
Admiroit en mourant fa naiffante vertu..
La fiere Ambition fous un fanglant trophée,
Et fous un tas de morts paroiffoit étouffée ;
Et d'immortels rayons ce Prince couronné,
Etoit peint fur un char de gloire environné.
Thionville plus loin vaillamment défendue,
Etoit à fa valeur & foumife, & renduë..
Le combat de Fribourg difputé tant de jours,
Sur des monts dont la cime épouvante les ours,
Et qui femblent armez de roches effroyables,
Montroit de fon grand cœur des marques incroya
bles.

Il étoit peint à pied, forçant les Bavarois

Dans l'effroi des deferts, & dans l'horreur des bois..
Cet orgueilleux rempart qui couvroit l'Allemagne,

Philisbourg.

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Et devant qui tout autre eût paffé la campagne, MONT- Par l'effort du canon dans peu de jours ouvert, PLAISIR. Montroit à nos Guerriers l'Empire à découvert. Cent fameuses citez qui fuivoient for exemple, Ouvroient à ce Vainqueur leurs portes & leur Tentple;

Et le Rhin couronné de joncs & de rofeaux,
Sembloit lui rendre hommage à moitié hors des

eaux..

LIVRE VII.

MADAME

DE LA SUZE.

H

ENRIETTE DE COLIGNY, fille.

du Maréchal de Châtillon, Mc DE LA avoit époufé en fecondes nô

ces le Comte de la Suze, de la Maifon des Comtes de Champagne. La jaloufie qu'il conçut contre elle, lui fit prendre la réfolution de la mener à une de fes Terres. On prétend que la Comteffe, pour éviter de l'y suivre, abjura le Calvinisme qu'elle & fon mari profeffoient ce qui fit dire à la Reine de Suede, que Madame DE LA SUZE S'étoit renduë Catholique pour ne voir fon mari ni en ce monde, ni en l'autre. Elle lui fit offrir vingt-cinq mille écus à condition qu'il confentiroit à la rupture de leur

SUZE.

SUZE.

mariage : il accepta l'offre, & après pluMC DE LA fieurs jugemens rendus en différens Tribunaux, le mariage fut caffé par Arrêt du Parlement. Cette Dame a fait des Elégies 'fi belles, & fi précisément du caractere qu'elles doivent être pour plaire à l'efprit & toucher le cœur, qu'Anciens & Modernes n'ont peut-être rien fait en ce genre-là qui les furpaffe. On attribuë à M. de Fieubet les Vers fuivans, où Madame DE LA SUZE est élégamment comparée à Junon pour la naiffance, à Minerve pour l'efprit & le fçavoir, & à Venus pour la beauté.

Qua Dea fublimi vehitur per inania curru ?
An Juno? an Pallas? an Venus ipfa venit?
Si genus infpicias, Juno; fi fcripta, Minerva;
Si fpectes oculos, mater Amoris crit.

Madame DE LA SUZE, outre fes Elégies & quelques autres petits ouvrages, a fait à la louange de la Reine de Suede une Ode, qui n'eft pas, à beaucoup près, digne de fa réputation. Cependant, comme fi un grand nom pouvoit donner du relief à un ouvrage médiocre, Meffieurs de P. R. l'out inférée dans leur Recueil n'auroient-ils pas mieux fait de n'y rien mettre du tout de cette Dame illuftre, que. de la faire connoître par fon plus foible endroit ?

Perfonne n'a été plus loué

que

la Com

SUZE.

teffe DE LA SUZE de fon vivant & après Me DELA sa mort, qui arriva le 10 Mars 1673. Elle eft inhumée en l'Eglife Saint Paul.

ELEGIE S.

Déplorable fituation d'un cœur qui n'a pas fçû réprimer dans fa naissance une passion, dont les fuites font également préjudiciables au repos & à

la vertu.

B

ELLE & fage DAPHNE', merveille de nos
jours,

à qui dans mes malheurs

Que toutes les Vertus accompagnent toujours,
Et qui connois fi bien leurs graces naturelles,
Que tu n'as jamais pris leur fantôme pour elles;
Illuftre & chere amie,
J'ai toujours découvert mes fecretes douleurs,
Qui fçais ce que l'on doit ou défirer, ou craindre,
Et qui ne blâmes pas ce qu'on ne doit que plaindre,
Ecoute mes ennuis, foulages-en le faix;
J'ai bien plus à te dire aujourd'hui que jamais,
Et tes prudens confeils, tant de fois falutaires,
Ne me fçauroient jamais être plus néceffaires.
Défens ma liberté, ma Daphné, je combats
Un Dieu dont j'ai fouvent méprifé les appas,

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