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QUINAULT.

Jupiter l'a contraint de vomir à nos yeux
Les reftes enflammez de fa rage mourante.
Jupiter eft victorieux,

Et tout céde à l'effort de fa main foudroyante.
Le Ciel ne craindra plus que
fes fiers ennemis
Se relevent jamais de leur chûte mortelle ;
Er du Monde ébranlé par leur fureur rebelle
Les fondemens font raffermis.

Triftes effets de l'orgueil.

J'AI perdu la beauté qui me rendit fi vaine:
Je n'ai plus ces cheveux fi beaux

Dont autrefois le Dieu des eaux

Sentit lier fon cœur d'une fi douce chaîne.
Pallas, la barbare Pallas

Fut jalouse de mes appas,

Et me rendit affreufe autant que j'étois belle:
Mais l'excès étonnant de la difformité

Dont me punit fa cruauté,
~Fera connoître, en dépit d'elle,
Quel fut l'excès de ma beauté.

1 C'eft Médufe qui parle, Acte III. Scene 1. de Perfée. Elle étoit doiiée d'une beauté fi rare, que Neptune en devint épris. Ce Dieu l'ayant trouvée dans le Temple de Minerve, l'engagea à confentir à fa paffion. Minerve irritée de la profanation de fon Temple, changea les cheveux de Médufe en ferpens, dont l'aspect étoit fi effroyable, que tous ceux qui regardoient cette tête, étoient fubitement transformés en rochers.

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Je ne puis trop montrer fa vengeance cruelle.
Ma tête eft fiere encor d'avoir pour ornement

Des ferpens, dont le fifflement
Excite une frayeur mortelle.

Je porte l'épouvante & la mort en tous lieux;
Tout fe change en rocher à mon afpect horrible:
Les traits que Jupiter lance du haut des cieux,
N'ont rien de fi terrible

Qu'un regard de mes yeux.

Les plus grands Dieux du Ciel, de la Terre & de
ronde,

Du foin de fe venger fe repofent fur moi:
Si je perds la douceur d'être l'amour du Monde,
J'ai le plaisir nouveau d'en dévenir l'effroi.

L'Amour ainsi que la Mer a fes orages.

'HEUREUX, qui peut voir du rivage

Le terrible Océan par les vents agité!
Heureux, qui dans le port peut plaindre en fûreté
Ceux qui font dans l'horreur d'un dangereux orage!
Plaignons les malheureux Amans;
Evitons leurs cruels tourmens.

Gardons-nous de fouffrir que l'Amour nous engage
Dans les trompeurs enchantemens :
Gardons-nous des embarquemens

Où le repos du cœur fait un fatal naufrage.

Scene V. du I. Acte de Phaeton.

QUI

NAULT.

QUINAULT.

Au Soleil.

IO Dieu de la clarté, vous réglez la mesure
Des jours, des faisons & des ans :

C'est vous qui produisez dans les fertiles champs
Les fruits, les fleurs & là verdure;

Et toute la Nature

N'eft riche que de vos préfens..

C'est par vous, ô Soleil, que le Ciel s'illumine;
Et fans votre fplendeur divine,

La Terre n'auroit point de climats fortunez.
La nuit, l'horreur & l'épouvante
S'emparent du féjour que vous abandonnez:
Tout brille, tout rit, tout enchante
Dans les lieux où vous revenez,

Un moment, une circonstance eft quelquefois l'ori-
gine d'une paffion violente.

2 UN Héros contre un monftre un jour prit ma défense,

J'étois morte fans fon fecours :

Il ne voulut pour récompenfe

Que le plaifir fecret d'avoir sauvé mes jours.
Je n'ai point fçû quel Héros m'a fervic,
Je m'informai de fon nom vainement;

Scene I. du IV. Acte de Phaeton.

2 De la Scene II. de l'Acte II. d'Amadis.

1

Mais

Mais fon cafque tomba, je le vis un moment,
Ce moment fut fatal au refte de ma vie.
Cet Inconnu fi généreux

Ne me parut que trop aimable;

Il m'en revient fans ceffe une image agréable,
Qui me plaît plus que je ne veux.

J'ai honte de mon trouble extrême :

Je fuis partout l'Amour, je fens partout les traits;
Je cherche en vain les paifibles forêts;
Hélas! jufqu'au filence même,

Tout me parle de ce que j'aime.

Défir de fe venger, fufpendu par l'amour.

I ENFIN il eft en ma puiffance

Ce fatal Ennemi, ce fuperbe Vainqueur.
Le charme du fommeil le livre à ma vengeance:
Je vais percer fon invincible cœur.
Par lui tous mes Captifs font fortis d'esclavage;
Qu'il éprouve toute ma rage....

Quel trouble me faifit! qui me fait hésiter!
Qu'est-ce qu'en la faveur la pitié me veut dire?

1 Monologue d'Armide, tenant un poignard, dont elle veut frapper Renaud endormi. Cette Scene, qui eft la V du II. Acte, n'a pas befoin du fecours de la Mufique, pour faire toute fon impreffion. On y reconnoît ce naturel & cette élégance que peu d'Ecrivains ont fçû réunir ensemble & qui font le plus grand charme des Opera de M. QUI

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QUINAULT..

Frappons.... Ciel! qui peut m'arrêter! QUI- Achevons.... Je frémis ! Vengeons-nous.... Je fou

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Eft-ce ainsi que je dois me venger aujourd'hui ?
Ma colere s'éteint quand j'approche de lui!

Plus je le vois, plus ma fureur eft vaine.
Mon bras tremblant fe refuse à ma haine.
Ah! quelle cruauté de lui ravir le jour !
A ce jeune Héros tout céde für la Terre.
Qui croiroit qu'il fût né feulement pour la guerre?
Il femble être fait pour l'amour.

Valeur, puiffance & fageffe de LOUIS XIV.

* L'EFFORT des Ennemis, les glaces des hivers, Les rochers, les fleuves, les mers,

Rien n'arrête l'ardeur de fa valeur extrême..

Il fçait l'art de tenir tous les monftres aux fers
Il est Maître abfolu de cent Peuples divers,
Et plus maître encor de lui-même.

Foibleffe excufable.

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D'UNE amoureuse ardeur un grand cœur peur

brûler;

C'est un amusement qu'il faut qu'on lui pardonne:
Mais il faut que l'amour foit prêt à s'immoler
Si-tôt que la Gloire l'ordonne.

1 Extrait du Prologue d'Armide..

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