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ci ceux qui l'ont employée. Politien dans fon Epigramme à la louange de Crasfus:

Utque intret biferi fi Virge rofaria Pafti, Quam primùm carpat vix fciat illa rofam: Sic tot Fama tua cernens miracula laudis, Palmam cui primùm deferat, in dubio est.

Joachin du Bellay dans fon Ode au Prince de Melfe:

Mais comme errant par une prée
De diverfes fleurs diaprée,
La Vierge fouvent n'a loifir
Parmi tant de beautez nouvelles
De reconnoître les plus belles,
Et ne fait lefquelles choifir:
Ainfi confus des merveilles
Par tant de vertus pareilles
Qu'en toi reluire je voi,
Je perds toute connoiffance,
Et pauvre par l'abondance,
Ne fai que choifir en toi.

Madelenet, dans fon Ode pour la Reine de Suede:

Tu, Diva, primùm quid memorem, doce.
Nam fluctuantem pertrahit omnium

Me turba virtutum. Laceffunt
Corporis hinc, animi inde dotes.

Sic Nympha mollem gramine flores
Nectens coronam, Veris honoribus
Denfis laborat, nec fcit utros

Anxia dextra metat colores.

Mr. Maury dans une de fes Epitres à Mr. de Sorbiere:

Non fecus ac pictos tenero qui pollice flores
Vernante in prato decerpit fedula Virgo,
Hifque finum, calathofque implet, neclitve co-
rollas:

Talis & ipfe velut per florea prata vagaris.

Et Mr. Du Perier dans fon Ode à Mr. de Guife:

Sic Nympha, picto gramine nobilem
Pulchra corollam necteré geftiens
Fronti, renidentum laborat
Luxurie nimia colorum.

J'ai dit dans mon Elégie au Cardinal Mazarin, Saltem aliquis veniat, qui mihi dicat, abi. On dit que ce vers eft pris tout entier d'un ancien Poëme, imprimé dans la Collection de Pierre Pithou. Et moi je dis que ce vers eft devenu fi commun qu'il eft de tout le monde: & qu'ainfije ne l'ai pas dérobé, mais que je l'ai cité. Je dis la même chofe de ce vers de mon Epigramme fur l'Image de Saint Bruno, Sic oculos, fic Bruno manus, fic ora ferebat: qui a été pris de ce vers du 3. de

l'Enéï

l'Enéïde, Sic oculos, fic ille manus, fic ora ferebat.

A l'égard de ce vers de Martial, Reptantes vidit fuftinuitque manus, que j'ai employé dans mon Elégie, fur mon retour en ma patrie après vint ans d'abfence, il eft vrai que je l'ai pris de Martial: mais ç'a été à l'imitation des plus célebres Poëtes modernes qui prennent ainfi des vers des Anciens pour faire honneur aux Anciens. Bucanan a commancé fon Séaume 82. par ces deux vers,

Regum timendorum, in proprios greges
Reges in ipfos imperium eft Jova:

Qui font tous entiers d'Horace à la referve du mot Jove, pour lequel Horace a dit Jovis.

Et il a dit dans le Séaume 137. Super flumina: Regia finitimis invidiofa locis. Et Ovide, dans fon Epitre de Didon à Enée, a dit, Monia finitimis invidiofa locis.

Il a dit dans fon Elégie fur la mifére de ceux qui régentent:

Arcadico juveni quòd lava in parte mamilla
Nil falit, iratus clamat uterque parens.

Ce qui eft pris de cet endroit de la Satire
VII. de Juvenal.

Culpa docentis

Scilicet arguitur, quòd lava in parte mamilla

Nil falit Arcadico juveni.

Il a dit dans une de fes Epigrammes contre Nævolus, Et cernis, quantum noctua manè videt: ce qui eft pris de cet endroit de Martial, Livre 3. Epigramme 93. Videafque quantum noctua vident manè.

Jules Scaliger dans fon Epigramme intitulée Lufus non fictus, a employé de même ce vers de l'Empereur Galien,

Brachia non hedera, non vincant ofcula conche.

Martial a dit, Livre x11. Epigramme 47. Nec tecum poffum vivere, nec fine te: Et Ovide a dit dans fes Amours, Sic ego nec fine te, nec tecum vivere poffum.

Virgile à dit dans le fixiéme de l'Enéï

de,

Tu maximus ille es,

Unus qui nobis cunctando reftituis rem.

à l'imitation d'Ennius qui avoit dit, Unus Homo nobis cunctando reftituit rem.

Il y a mille autres femblables larcins dans les Poëtes anciens & modernes.

J'ai fini l'Envoy de mes Poëfies Italiennes à la Reine de Suede par ce vers, Pianger cercai, non già del pianto onore : & mon Madrigal 8. par cet autre vers, Che fù principio a fi lungo tormento. On dit que j'ai pris de Pétrarque ces deux vers tous entiers. Et moi, je dis que je n'ai pas dérobé ces vers à Pétrarque, mais que je les ai citez de Pétrarque : & que

les

plus célebres Poëtes Italiens en ufent de la forte à l'égard de Dante & de Pétrarque: & que les Poëfies du Cardinal Bembo, celles de Monfeigneur della Cafa, celles d'Annibal Caro, & celles du Taffe, font pleines de vers entiers de Dante & de Pétrarque: & que ces citations de ces deux grands Poëtes font affectées par les Poëtes Italiens. Les vers de Dante & de Pétrarque inférez dans la Traduction de l'Enéïde du Caro font imprimez dans les éditions in quarto, d'un caractere différant de celui des autres vers: & fi Mr. Baillet a ces éditions, il peut voir en un moment le grand nombre de vers que l'Auteur a employez de ces deux Poëtes dans cette Traduction. Je les ai contez. Ils font au nombre de douze.

J'ai fait cette Epigramme fur un Amant décrépite:

Bis feptem. fcis alme Puer, jam luftra peregi: Et tamen emeritum fub tua figna vocas. Urimur, en totas populatur ftamma medullas.

Parce precor: remove, dire Cupido, faces. Quid tibi cum tumulo? ficcis hærere medullis Quid juvat? an cineres urere, ftulte, pa

ras?

Savo in amore mifer traduxi tempora vita.

Non fatis hoc? nos vis in amore mori?

On dit que j'ai pris ce ficcis hærere medullis de cet endroit de Properce, Livre 2. Elégie 9.

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